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sur 9262 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Non seulement un témoignage, mais ce livre est avant tout une analyse d'un camp de concentration, une analyse de l'intérieur. On y découvre un monde avec ses propres codes, ses propres règles, malgré la difficulté, la quasi-impossibilité d'y survivre.
Pas de colère, pas de haine, pas d'apitoiement...
Ce livre est un constat de ce qu'a vécu Primo Levi, et tant d'autres.

Quant à l'appendice en fin de livre, les questions-réponses, il s'agit aussi d'un témoignage après coup de l'auteur, et c'est tout aussi poignant !
Merci M. Levi.
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Si les romans sur les camps de concentration sont nombreux, les autobiographies parmi eux sont rares, et paradoxalement, souvent les moins biens vendus. le récit de Primo Levi a toutefois échappé à la règle, bien que tardivement.

Sa manière d'aborder les camps ne peut que surprendre : avec un ton détaché, il raconte ce qu'il a vécu, à la manière d'un sociologue. La première phrase du livre « j'ai eu la chance de n'être déporté à Auschwitz qu'en 1944 » interpelle déjà : on a bien du mal à voir de la chance pour tout ce qui peut concerner les camps.

Comment survivre au camp ? Il faut d'abord réussir à préserver une parcelle de son humanité, mise en pièce par les règlements absurdes, les traitements réservés d'habitude au bétail, les milles et une petites cruautés (« Le travail rend libre » affiché à la porte du camp, le départ pour la journée de travail accompagné par la fanfare, les rations de soupe supplémentaires données à ceux qui vont être gazés dans les prochains jours). Il est aussi nécessaire de se débarrasser de ses bonnes vieilles idées, qui veulent que si on obéit aux ordres et qu'on fait le travail demandé, on sera forcément récompensé. Au contraire, seuls ceux qui se lancent dans des petites combines : vol de matériel, échanges avec les civils à l'extérieur, parviennent à gagner le tiers de ration de pain qui leur permet de tenir encore un petit peu. La solidarité n'est pas de mise, pour survivre, il ne faut compter que sur soi.

Dans l'appendice, Primo Levi répond aux questions qui lui sont fréquemment posées, et qui me sont d'ailleurs venues à l'esprit aussi pendant ma lecture. L'appendice permet aussi de connaître un peu mieux les sentiments de l'auteur : le manque d'émotion dans le texte (et particulièrement le manque de ressentiment envers ses bourreaux) m'avait interpellé.

Primo Levi est l'un des rares auteurs que j'aurais bien voulu rencontrer. le nombre de victimes écrasant ne nous permet pas d'appréhender facilement la vie d'un seul individu dans ces camps de la mort. Grâce à son précieux témoignage, on partage leur vie, l'espace d'un instant.
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Il y a longtemps que je redoutais la confrontation avec ce livre, bien qu'ayant vu plusieurs films, notamment "Nuit et brouillard" d'Alain Resnais et "La liste de Schindler" de Steven Spielberg ; et lu aussi "Aucun de nous ne reviendra" de Charlotte Delbo. J'avais tort.
Le témoignage de Primo Levi est d'autant plus efficace qu'il n'est pas une plainte, qu'il n'est pas morbide, bien que relatant des circonstances pire que la mort : celle de la perte d'appartenance à" l'Espèce humaine", selon le titre d'un autre récit, celui de Robert Antelme, réchappé quant à lui du camp de Dachau.
La réflexion de Primo Levi est de celle qui éclaire au milieu de la stupeur et de l'incompréhension.
Je vais me procurer dans la foulée le livre d'Antelme et aussi celui de Paul Steinberg, rencontré par l'auteur au camp de Monowitz et désigné par lui sous le prénom du peu lumineux "Henri" : "Chroniques d'ailleurs".
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"S'incorporer » le livre, le ressentir avec nos tripes est impossible. Peu d'hommes et de femmes sont revenus pour raconter leur histoire dans les Lager, un grain de sable de la Shoah.
C'est à la page 130 que je comprends le titre : Si c'est un homme, il est solidaire avec moi, avec mon malheur. Lorenzo, un « civil » italien fut un de ces hommes qui rendirent espoir à Primo, en lui apportant le morceau de pain, le fond de sa soupe tous les jours durant ses six derniers mois de détention au Lager de Buna ( Auschwitz III ), et surtout, Lorenzo fut un des seuls, parmi la multitude de civils, Reich deutsche, triangles verts, ou Kapos du camp à considérer un Häftling ( détenu juif ) comme un autre homme, avec un coeur comme lui. Quant aux SS, on n'en parle même pas.
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En prolongeant la réflexion de Primo Levi, je constate que rares sont les « humains », même maintenant ! Des barbares égoïstes sont cachés sous un vernis culturel ; ce vernis s'effrite dans les conditions extrêmes comme la guerre ou la détention. Apparaît alors la barbarie.
En fait, la définition de l'homme :
« Un Homme, est un être humain de sexe, ou de genre masculin et d'âge adulte…. »
Cette définition, cet homme, ont été encensés de différents qualificatifs positifs qu'il ne mérite pas.
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Bien plus tard, Primo Levi meurt. Je m'interroge sur la mort de l'auteur, sous anti-dépresseur. Ces questions rejoignent celles que je me pose sur la fin de Stefan Zweig ou celle de Thomas More, ou même celle de mon "copain" Nietzsche.
Je me demande si la cause réelle de leur fin tragique n'est pas la déception face au comportement de l'humanité.
Je les rejoins, bien que je n'aie aucune envie d'anti-dépresseurs, de suicide, de condamnation capitale, ou de tomber dans la folie : la vie pourrait être tellement plus agréable sans ce caractère impossible ( euphémisme ) de la plupart des dits « humains » !
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Je n'ajouterai rien, sinon « lisez-le ». C'est dur, c'est l'homme brut.
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Comme Guylaine l'a dit avant moi, je poste
juste quelques mots parce qu'il ne faut pas taire le passé, pour la mémoire, pour rendre hommage à Primo Levi qui transmet avec justesse ce que je pensais indicible.

L'auteur est un juif italien, arrêté en 1944 et déporté à Auschwitz. « Si c'est un homme » est le témoignage de sa vie au Lager.

Pas de pathos, pas d'envolée lyrique, pas de pleurs, c'est une description que je qualifierais de clinique de la vie d'un camp que l'auteur nous livre. Un récit détaillé où ni haine, ni rancoeur ne transpirent ; Primo Levi malgré tout ce qu'il a pu endurer dresse même un portrait froid voire détaché des gardiens nazis. C'est ce qui fait la force de ce livre, son originalité, le lire c'est un peu passer la porte du camp, observer le quotidien de ces damnés, leurs dérisoires combines, les règles et la hiérarchie qui régissent leur vie, le tout avec un frisson dans le dos ou parfois même un coup de poing dans le ventre.

L'indicible c'est un homme qui regarde un autre sans le voir, parce qu'il ne le reconnaît pas comme humain. Pourtant Primo Levi trouve les mots justes pour décrire ce regard qui transperce. Un déni qui vous glace le sang. Vivre au Lager est une lutte de chaque instant pour ne pas oublier que l'on est un homme.

A lire. Comme une cruelle mais nécessaire définition du mot humanité.
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C'est sans doute LE témoignage sur la Shoah et son horreur, parmi toutes les oeuvres qui ont vu le jour depuis. À ne jamais oublier, à relire, surtout dans notre époque raciste, où la cruauté de ces évènements est perpétuellement relativisée par les pseudo-intellectuels qui croient se rebeller contre le politiquement correct en tenant des propos négationnistes ou anti-sémites...
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.L'étonnement dans ce livre tient dans le ton détaché avec lequel il est écrit.
Détaché pour ne pas succomber à l'horreur.
Détaché pour n'en pas mourir.
Etonnement aussi qu'il ne soit pas un réquisitoire de haine pour les SS
Etonnement des relations entre prisonniers.
Mais c'est simplement un témoignage, un témoignage d'une période abominable vécue.
A la manière d'un sociologue, Primo Levi décrit son internement à Auschwitz, l'organisation des détenus entre eux, pas toujours tendres, pas toujours coopératifs, pas toujours compréhensifs.
Une véritable tour de Babel où chacun lutte pour sa vie. Prennent toute la place comme préoccupations essentielles la faim, le froid la fatigue et la peur.
Mais comment peut-on réagir dans cette abominable entreprise de déshumanisation ?
Il ne s'agit plus de vivre, mais de survivre, et surtout… surtout….de réussir à ne pas oublier qu'on est un homme.
Le lager, « une gigantesque expérience biologique et sociale » dont on ne sort évidemment pas indemne, et qu'il ne faut surtout pas oublier, jamais, d'où ce poignant témoignage.
Trop, c'est trop. Peut-on réellement survivre ? Peut-on réellement vivre, même après avoir écrit ce livre, avoir tant et tant témoigné en paroles, même après que tant d'années soient passées ?
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Il y avait bien longtemps que je souhaitais lire "Si c'est un homme" de Primo Levi, roman autobiographique sur l'expérience concentrationnaire dans le camp (plutôt le lager comme il dit) d'Auschwitz. Je comprends que cette oeuvre ait marqué les esprits, car elle a permis et elle permet encore (c'est l'une des grandes forces de l'écriture sur support papier) de témoigner des atrocités subies par des millions de femmes et d'hommes de tous âges sans véritable raison. C'est un remarquable document historique offrant un éclairage salvateur sur cet effrayant système concentrationnaire allemand. Primo Levi a le don de rendre sensible la progressive descente aux Enfers d'hommes devenant en bout de chaîne de simples parasites, des bêtes immondes et répugnantes qu'il paraît, au bout du compte, logique d'exterminer. Ces métamorphosés sont confrontés à une sorte de sélection naturelle à la Darwin, où le plus volontaire, le plus malin et le plus chanceux (ce dernier facteur étant apparemment capital) passera entre les fourches caudines de la barbarie allemande. Et le plus terrible est l'abattement total de nombreux prisonniers, conscients de leur nouveau statut, conscients de ce que le sort leur réserve, mais qui ne peuvent plus réagir, car il est trop tard, ils sont trop isolés, coupés du monde et oubliés du plus grand nombre.
Autre fait marquant, les principales causes des souffrances. Ce ne sont pas, contrairement à ce que l'on pourrait penser, les coups et les mauvais traitements infligés aux détenus par des kapos brutaux et sadiques, mais la faim et le froid. Se faire taper par un abruti ne dure guère longtemps, on encaisse et ça passe, mais vivre par vingt degrés en dessous de zéro, avoir les doigts de pied gelés et ne plus tenir sur ses jambes à cause d'une faim tenace qui vous ronge le corps est plus qu'insupportable. Primo Levi fait partie des miraculés ayant survécu à cette horreur, peut-être parce qu'au fond de lui il voulait crier au monde ce qu'il avait vécu.
Enfin, il est bon de rappeler que cette oeuvre, la première de Primo Levi, écrite après la guerre, n'est pas irréprochable littérairement parlant. Contrairement à "Être sans Destin" d'Imre Kertész, qui traite également d'une expérience à Auschwitz, où témoignage et littérature se complètent magnifiquement bien, l'intérêt de "Si c'est un homme" réside avant tout dans le témoignage.
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S'il n'y a qu'un livre à lire sur un juif dans l'enfer d'un camp d'extermination, c'est celui-ci. La référence. C'est le témoignage de ce qu'il a subit, vécu, ressenti. le tout sans colère. À lire une fois dans sa vie, voir une deuxième fois, ce que j'ai fait à trente ans d'intervalles. Difficile de trouver les mots pour donner son avis, simplement lire Primo Levi.
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Voilà un livre classique, enseigné même certaines années dans les écoles, et qu'il faut lire dans un juste état d'esprit. Il serait dommage que 70 ans après, on aborde cet ouvrage avec le respect religieux qu'on doit aux sanctuaires , ou aux grandes souffrances, car on voit bien aujourd'hui que ce respect religieux peut se changer facilement en haine ou en indifférence. Il n'est pas sûr que notre version française rende bien justice au raffinement de l'italien de l'auteur.

L'auteur fait face aux souvenirs pénibles de sa déportation avec la foi absolue dans le caractère salvateur de la raison, de l'ordre du récit, de la capacité humaine à surmonter les épreuves grâce à l'intelligence. Ce qui lui arrive, à lui et au peuple dont il fait partie malgré lui, ne perturbe pas une foi religieuse qu'il n'a pas, ni ne remet en cause un ordre cosmique et providentiel en lequel il ne croit pas. Il ne croit pas non plus dans le destin particulier du peuple juif, qu'il découvre seulement au moment de partager sa déportation et son extermination. Il affronte l'épreuve du souvenir en humaniste, et cet humanisme lui permet d'écrire cette expérience humaine en projetant sur elle les lumières de la raison, mais pas de la conscience juive élaborée au cours de l'histoire. C'est ce qui explique la proximité de ce récit avec l'essai, l'analyse intellectuelle, plus qu'avec l'autobiographie. L'émotion y est maîtrisée, les sensations décrites avec précision, le "nous" du collectif l'emporte sur le "je" du moi souffrant. Le sommet du livre est atteint, je crois, dans les chapitres sur Dante et Ulysse reprenant la mer : c'est là ce que l'auteur pourra exprimer de plus personnel, mais ce sera toujours de cette même façon pudique et indirecte.

Donc, l'aspect métaphysique de cet événement que fut l'extermination du peuple juif n'est pas à chercher dans le livre de Primo Levi, qui se situe toujours à hauteur d'homme, d'homme au sens étroit que lui donne l'humanisme athée occidental. C'est sa grandeur et sa limite.
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