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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Iain Levinson, romancier américain d'origine écossaise, a longtemps tiré le diable par la queue, avant de rencontrer le succès grâce à des romans noirs inspirés de ses galères personnelles. Ses personnages sont habituellement des braves types un peu paumés. Pour échapper au décrochage social qui les menace dans un univers américain impitoya-a-ble, ils ont le chic pour s'embarquer dans des projets ne pouvant les conduire qu'à une issue tragique.

Dans son dernier ouvrage, Pour services rendus, Iain Levinson change de registre. Ses deux principaux personnages ne sont pas n'importe qui. L'un est sur la fin d'une longue carrière de chef de la police dans une ville du Michigan, l'autre, sénateur au Nouveau-Mexique, est en campagne électorale pour le renouvellement de son mandat.

Les deux hommes s'étaient perdus de vue après s'être côtoyés, quarante-sept ans plus tôt, dans une section de combat au front, lors de la guerre du Vietnam. Des états de service sur lesquels le sénateur en campagne s'est publiquement étendu en se targuant imprudemment d'une anecdote arrangée à son avantage. Une vantardise insignifiante sur des faits sans intérêt et très anciens. Mais son adversaire, en difficulté dans les sondages, réussit à produire un témoin délivrant une autre version de l'anecdote. En Amérique, il n'est jamais bon d'être confondu de mensonge, même pour des faits sans intérêt et très anciens.

Appelé à la rescousse pour accréditer la version de son ancien camarade de combat, le vieux policier n'aime pas le mensonge et s'avère maladroit. Pourquoi accepte-t-il alors de s'enferrer dans des faux témoignages au profit d'un homme avec lequel il ne partage plus rien depuis si longtemps ? Peut-être dissimule-t-il lui aussi un épisode dont il n'y a pas lieu d'être fier…

Toujours est-il que nos deux notables bien installés pourraient s'avèrer être des losers au même titre que les personnages habituels de l'auteur. Leur risque : s'embourber dans une suite de mensonges et de justifications inextricables qui pourraient leur faire tout perdre.

L'ouvrage est l'occasion d'un retour sur le traumatisme laissé dans les consciences par la guerre du Vietnam. Dans la perception de la présence militaire américaine dans le monde, ce conflit aura marqué sa différence par rapport à la seconde guerre mondiale, où l'enjeu de l'intervention des États-Unis était clair, car il était simple de faire la part entre les bons et les méchants.

Iain Levinson reste fidèle à sa vision critique d'une Amérique cynique et individualiste, où tout est compétition et où « gagner » est une fin qui peut justifier des moyens misérables, jusqu'à discréditer l'adversaire par des informations plus ou moins exactes. Une dérive qui, tant s'en faut, n'est pas l'apanage de la démocratie américaine.

Alors que les réseaux sociaux sont accusés de permettre la manipulation de l'opinion par la prolifération de fake news, il est rassurant de constater que ces mêmes réseaux sociaux ne mettent personne à l'abri du démenti cinglant d'une contre-vérité.

Pour services rendus est un roman sympathique qui se lit rapidement. Son synopsis est intéressant et original, avec des questions qui restent en suspens jusqu'à la dernière page.

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Pour relancer sa campagne pour les sénatoriales, Billy Drake reprend langue avec celui qui fut son sergent dans le bourbier vietnamien quelque 47 ans plus tôt pour que celui-ci fasse état devant les caméras de ses glorieux états de service, quitte à tordre méchamment le bras à la véracité des faits. Mais la vérité, qui s'en soucie encore en 2016 aux Etats-Unis?
C'est assez cruel de la part de Iain Levison de mettre en regard l'absurdité de la guerre du Vietnam et la machine à produire des contre-vérités de la politique américaine. Ni l'oncle Sam ni ses compatriotes d'hier et d'aujourd'hui n'en sortent grandis, mais c'est justement là le propos , servi à travers cette intrigue pas forcément très fine mais plutôt efficace.
Sympathique découverte d'un auteur américain qui n'hésite pas à balancer ses coups de boule sur les travers les moins reluisants de son pays.
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Iain Levison, né en 1963 à Aberdeen en Ecosse, est un écrivain américain. Après le départ de son père pour les Etats-Unis, il a vécu avec sa mère célibataire dans un quartier pauvre de la ville. En 1971 la famille se réconcilie et s'installe à Merion, une banlieue aisée de Philadelphie. Il vit actuellement à Taiyuan en Chine où il enseigne. Son dernier roman, Pour services rendus, est sorti en début d'année.
En 1969, ils étaient au Vietnam, Mike Fremantle, en tant que sergent aguerri, à la tête d'une section de combat, et Billy Drake, jeune recrue naïve. Presque cinquante ans plus tard, en 2016, les deux hommes vont se retrouver. Fremantle, proche de la retraite, dirige le commissariat d'une petite ville du Michigan, et le soldat malhabile est devenu un sénateur en campagne pour sa réélection, à l'autre bout du pays, au Nouveau Mexique. Ce dernier a raconté ses faits d'armes au Vietnam pour s'attirer un électorat de vétérans, et il recourt à son ancien chef pour les valider. Ce ne sera qu'une petite formalité, une interview télévisée amicale, dans laquelle Fremantle ne devra pas vraiment mentir, non, il devra juste omettre de dire toute la vérité…
Sans atteindre des sommets, nous voilà en présence d'un bien sympathique roman très agréable à lire de surcroit. Sans s'éterniser, le bouquin est assez court, Iain Levinson aborde d'intéressants sujets, le thème principal tournant autour de la vérité et de son corollaire, le mensonge. Si pour certains, mensonge et vérité se distinguent aisément, la réalité sait être plus complexe, « Les faits ne sont pas l'histoire, dit-il après un bref silence. Vous pouvez connaître tous les faits et vous tromper sur l'histoire », et d'enchainer avec un exemple troublant où sont comparés Martin Luther King et Adolphe Hitler ! Quant à Fremantle, lui qui a horreur qu'on lui mente et qui s'y connait en la matière, en tant que shérif, le tout petit mensonge initial devant rendre service à Drake va le ramener dans le bourbier vietnamien – attisé par les médias et l'adversaire politique du sénateur – et offenser sa morale.
Et là, l'écrivain en profite pour égratigner les moeurs des politiques en campagne électorale (ce qui nous parle bien !) qui s'ajoutent au pouvoir des puissants (Un petit mensonge de Fremantle contre l'assurance de voir sa fille entrer à l'Ecole de médecine). Ajoutons à ces piques lancées par l'auteur, des pages sur le Vietnam venant noircir un tableau déjà bien chargé.
Le roman est bien torché, le portrait psychologique des acteurs bien campé et le ton désabusé, sans éclats de voix, en rend la lecture très agréable. Cerise sur le gâteau, on appréciera le coup de théâtre final qui en quelques lignes à peine, éclaire définitivement le titre de l'ouvrage.
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