AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,85

sur 149 notes
5
8 avis
4
18 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
0 avis
Du Nouveau-Mexique au Vietnam, il n'y a parfois qu'un pas, surtout quand les souvenirs de guerre s'en mêlent. Mais quand la politique tente de contrôler la mémoire, c'est alors la vérité et le mensonge qui risquent de s'emmêler…

Ma chronique complète et mon premier article sur Fnac.com/Le conseil des libraires :
Lien : https://www.fnac.com/Pour-se..
Commenter  J’apprécie          9110
Voici un roman à l'ironie douce - amère , entre passé et présent .
1969: Vietman, Freemantle , sergent aguerri , à la tête d'une section de combat et Drake , une jeune recrue peu douée sont embourbés au coeur de la jungle, épuisés , marchant sur un terrain piègé, dans un conflit de plus en plus absurde ......
2016 : ces deux - là se retrouvent .....quarante -sept ans plus tard .

Freemantle dirige le commissariat d'une petite ville du Michigan, sans illusion aucune.
Sa deuxième épouse Cara est d'origine vietnamienne .

Drake, ce soldat emprunté et malhabile est en campagne pour son poste de sénateur où il en vient à raconter ses faits d'armes au Vietman en version" "light " afin d'obtenir le vote des " Vétérans .
Il recourt à son ancien chef afin qu'il les valide : un sergent fiable, compétent et solide. En mal de réélection il a absolument besoin de son témoignage ....

On découvre coups bas, mensonges , déloyauté pour Drake, entre gadoue asiatique et arcanes du pouvoir aux Etats - Unis.
L'écriture est simple, directe, efficace et pertinente .Les personnages sont bien campés.
Ce qui frappe c'est l'expression du mensonge qui imprègne cet ouvrage au vitriol .
Mensonge orienté , manipulateur, malsain, mensonge utilisé en guise d'exorcisme, en version édulcorée pas inhabituelle, d'ailleurs ...mensonge d'état ...affirmations non vérifiables ?
Est ce que le mensonge serait parfois justifié ?
Et pour de bonnes ou mauvaises raisons ?
Mensonge nerf de la guerre en politique ?
Ce roman , entre manipulation éhontée et amitié , souvenirs lointains , loyauté et cynisme, corruption et hypocrisie est d'une acuité rare, une satire fine et acerbe où les réseaux sociaux et les fake News trop présents dans les médias jouent un rôle important et prennent une importance démesurée .....
Cette critique ironique au coeur de la politique aux Etats - Unis et ses dérives signe un bon roman noir où la politique , son jargon, sa mesquinerie laissent peu d'illusions ........comme bon nombre d'autres ouvrages de l'auteur , critiques parfois cinglantes et drôles de la société américaine .






Commenter  J’apprécie          642
Ce court roman social engagé de Iain Levison fait le procès de la politique, et du pouvoir...vaste sujet, et je crois que l'anecdote est convaincante .

J'ai bien aimé la façon dont il évoque les paradoxes de la démocratie américaine en mêlant la guerre du Vietnam et sa mémoire douloureuse aux arguments d'une campagne sénatoriale assez lamentable au Nouveau Mexique.

Pour discréditer un candidat, on fouille les poubelles de l'histoire ou de sa vie personnelle. Pour le sénateur Drake qui fut un piètre soldat , cherchant à arranger beaucoup trop la réalité à son avantage, il s'agit de se dépêtrer des accusations de son adversaire, sur son rôle au Vietnam. On est à peine dans la fiction, c'est arrivé à pas mal de candidats traînés dans la boue par Foxnews... Kerry, McCain...

Bataille médiatique, uniquement fondée sur l'image projetée et la vérité réarrangée , convocation de compagnons d'armes plus ou moins soudoyés ou manipulés dans chaque camp, ce n'est jamais un combat pour les gens, juste une bataille rangée de chiffres, de communication et interviews biaisés sous les ordres d'un spin doctor à sang froid, raciste et sans scrupule.

Le voyage dans le temps n'est pas sans conséquence pour les vétérans d'une guerre sale, décidée par ce genre de politiciens . Difficile de croire pour les soldats qu'au nom de la démocratie, il a pu se commettre d'épouvantables exactions, dignes des pires tyrannies. Dérive totalitaire inévitable de toutes les guerres où le pire de l’homme s’épanouit en toute impunité. Comment tenir debout, avant, pendant et avec de tels souvenirs, dans un pays qui ne veut pas savoir, rejette ou renie selon le moment de son histoire.

Cette réflexion sur le pouvoir, la puissance et la démocratie dénote une vision assez pessimiste du fonctionnement des Institutions américaines. On a l'habitude avec cet auteur , j'avais bien aimé sa manière de brocarder la justice . On se croirait presque dans un film de Ken Loach . Il nous donne à penser, mais ne tire pas les conclusions pour nous.

C'est dense, efficace, complexe et bien raconté...on veut aller au bout de la nuit, de cette apocalypse de la pensée, avec un grand de la littérature américaine.

Commenter  J’apprécie          470
Titre : Pour services rendus
Auteur : Iain Levison
Année : 2018
Editeur : Liana Levi
Résumé : 1969, Fremantle et Drake sont embourbés dans la jungle vietnamienne comme des milliers de jeunes américains. Trente ans plus tard, alors que l'un est devenu chef de la police d'une petite ville du Michigan, l'autre est en pleine campagne pour sa réélection au poste de sénateur. Lors d'un débat Drake évoque une anecdote sur cette sale guerre. Les médias et son opposant s'empare alors de cette histoire pour tenter de le décrédibiliser et l'homme politique n'a d'autre choix que de rappeler son sergent à son bon souvenir.
Mon humble avis : Jusqu'à pour services rendus je n'avais lu aucune des oeuvres de Levison. J'en avais entendu beaucoup de bien, les échos évoquaient un auteur de talent, un écrivain acerbe et des romans fustigeant la société et le mode de vie américain. Je m'attaquais donc à ce court roman avec curiosité et envie, impatient de découvrir la plume de cet auteur d'origine écossaise. Pour services rendus démarre dans la jungle Vietnamienne, en plein conflit. Une poignée d'hommes confrontés à la folie meurtrière, des corps qui tombent criblés de balles, des cris, des soupirs et l'horreur partout. Trente ans plus tard nous assistons à l'effervescence d'une campagne américaine où là encore la violence fait rage : coups bas, mensonges ,déloyauté, tout est bon pour Drake afin de conserver son poste de sénateur. Ainsi le roman oscille entre deux époques, entre la gadoue asiatique et les lambris des arcanes du pouvoir US. Les héros de Levison sont fatigués par trop de combats, ils sont revenus de tout et leurs crânes sont maintenant clairsemés, leurs silhouettes épaissies. Avec une finesse rare et une jolie économie d'effet l'auteur narre le quotidien de ces hommes confrontés à un quotidien post-conflit ; certains s'en sont remis, d'autres gardent des séquelles mais tous sont liés par ce traumatisme commun. Les thèmes abordés dans ce roman sont multiples : Levison évoque le souvenir, la loyauté, l'hypocrisie, le cynisme et surtout le mensonge qui est présent à chaque page, poisseux et persistant comme la moisson qui se déverse sur les soldats en cette fin d'année 1969. Pour services rendus est un excellent roman, les personnages sont campés avec une acuité rare, la dénonciation d'une société US disneylandisée est implacable ainsi que le rôle pernicieux des médias dans cet immense Barnum que sont devenus les élections modernes. Bravo Mr Levison, bravo pour la pertinence, l'originalité du traitement, bravo pour l'humanisme qui se dégage de ces pages et enfin bravo pour le personnage de Fremantle : un vieil homme revenu de tout, idéaliste qui ira pourtant de compromis en compromis jusqu'au dénouement qui éclairera le texte d'un jour nouveau. Un beau roman vous dis-je...
J'achète ? : Oui sans aucune hésitation. Pour moi ce fut le premier mais certainement pas le dernier bouquin de cet auteur. J'ai aimé l'écriture simple et directe, l'acuité du regard, la pertinence et le propos bref, à bientôt mister Levison.
Lien : https://francksbooks.wordpre..
Commenter  J’apprécie          401
Mike Fremantle, chef de la police d'une petite ville du Michigan, est un bon patron et un très bon flic mais, à soixante et onze ans il sait que bientôt il va devoir laisser la place.

D'ailleurs il commence sérieusement à s'ennuyer. Billy Drake, un sénateur en pleine campagne électorale le rappelle à son bon souvenir. Il y a bientôt cinquante ans, ils ont vécu un épisode dramatique en pleine guerre du Vietnam. Fremantle doit mentir, juste un peu, pour transformer une bavure en acte héroïque. Un petit mensonge pour s'arranger avec une réalité si lointaine.

Bien sûr, le policier a horreur de ça, son métier c'est justement de faire avouer les menteurs, il en connait tous les rouages, tous les fonctionnements et toutes les conséquences. Il sait qu'un petit mensonge c'est comme un caillou dans une chaussure, gênant au début, insupportable en fin de journée.

Mais un petit mensonge et son poste de Police n'aura plus jamais de problème de budget, un petit mensonge et Jenna sa fille pourra intégrer sans problème l'école de médecine du Nouveau-Mexique.

Un petit mensonge qui prend différentes formes : mensonge pour sauver sa peau, mensonge pour sauver sa tranquillité, mensonge pour plus d'efficacité, mensonge pour attirer la sympathie, mensonge pour récolter des voix, mensonge pour se faire mousser, mensonge par omission.

Mike Fremantle pensait avoir pas mal bourlingué dans la vie mais en ce mois d'Octobre 2016 au contact de l'équipe de campagne du Sénateur Drake, il va avaler plus de couleuvres que dans toute sa vie.

A peine deux cents pages et nous voilà transportés dans l'Histoire de l'Amérique.

Bref, "Pour services rendus", c'est une sorte de vrai mystère littéraire : Iain Levison, en quelques phrases, nous accroche, son court récit devient impossible à lâcher.

Sa description d'une campagne électorale est d'une violence et d'un réalisme impressionnant, mais c'est sans cynisme qu'il pose sur ses personnages un regard désenchanté, tendre et humain.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          380
Iain Levinson, romancier américain d'origine écossaise, a longtemps tiré le diable par la queue, avant de rencontrer le succès grâce à des romans noirs inspirés de ses galères personnelles. Ses personnages sont habituellement des braves types un peu paumés. Pour échapper au décrochage social qui les menace dans un univers américain impitoya-a-ble, ils ont le chic pour s'embarquer dans des projets ne pouvant les conduire qu'à une issue tragique.

Dans son dernier ouvrage, Pour services rendus, Iain Levinson change de registre. Ses deux principaux personnages ne sont pas n'importe qui. L'un est sur la fin d'une longue carrière de chef de la police dans une ville du Michigan, l'autre, sénateur au Nouveau-Mexique, est en campagne électorale pour le renouvellement de son mandat.

Les deux hommes s'étaient perdus de vue après s'être côtoyés, quarante-sept ans plus tôt, dans une section de combat au front, lors de la guerre du Vietnam. Des états de service sur lesquels le sénateur en campagne s'est publiquement étendu en se targuant imprudemment d'une anecdote arrangée à son avantage. Une vantardise insignifiante sur des faits sans intérêt et très anciens. Mais son adversaire, en difficulté dans les sondages, réussit à produire un témoin délivrant une autre version de l'anecdote. En Amérique, il n'est jamais bon d'être confondu de mensonge, même pour des faits sans intérêt et très anciens.

Appelé à la rescousse pour accréditer la version de son ancien camarade de combat, le vieux policier n'aime pas le mensonge et s'avère maladroit. Pourquoi accepte-t-il alors de s'enferrer dans des faux témoignages au profit d'un homme avec lequel il ne partage plus rien depuis si longtemps ? Peut-être dissimule-t-il lui aussi un épisode dont il n'y a pas lieu d'être fier…

Toujours est-il que nos deux notables bien installés pourraient s'avèrer être des losers au même titre que les personnages habituels de l'auteur. Leur risque : s'embourber dans une suite de mensonges et de justifications inextricables qui pourraient leur faire tout perdre.

L'ouvrage est l'occasion d'un retour sur le traumatisme laissé dans les consciences par la guerre du Vietnam. Dans la perception de la présence militaire américaine dans le monde, ce conflit aura marqué sa différence par rapport à la seconde guerre mondiale, où l'enjeu de l'intervention des États-Unis était clair, car il était simple de faire la part entre les bons et les méchants.

Iain Levinson reste fidèle à sa vision critique d'une Amérique cynique et individualiste, où tout est compétition et où « gagner » est une fin qui peut justifier des moyens misérables, jusqu'à discréditer l'adversaire par des informations plus ou moins exactes. Une dérive qui, tant s'en faut, n'est pas l'apanage de la démocratie américaine.

Alors que les réseaux sociaux sont accusés de permettre la manipulation de l'opinion par la prolifération de fake news, il est rassurant de constater que ces mêmes réseaux sociaux ne mettent personne à l'abri du démenti cinglant d'une contre-vérité.

Pour services rendus est un roman sympathique qui se lit rapidement. Son synopsis est intéressant et original, avec des questions qui restent en suspens jusqu'à la dernière page.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
Commenter  J’apprécie          331
Je n'ai pas retrouvé l'humour si jubilatoire d'"un petit boulot", il y a toujours bien sûr la dénonciation du système politique et la mise en avant ici de l'absurdité de la guerre mais l'écriture est moins caustique.

Billy Draker aujourd'hui sénateur en pleine campagne électorale a été 47 ans plus tôt une jeune recrue plutôt gauche, maladroite, et naïve durant la guerre du Vietnam. Fremantle, aujourd'hui chef de police était à l'époque un sergent aguerri, celui qui avait sous ses ordres le jeune Billy.
Pourquoi se retrouvent-t-ils presque 50 ans plus tard ?
Billy fait appel à son ancien sergent pour lui demander un service mais pas n'importe lequel : mentir, mentir pour le faire mousser, mentir pour le faire passer pour un héros.
Notre chef policier qui est habitué à repérer les mensonges, à faire avouer les suspects ne s'encombrent pas longtemps de remords et accepte de rendre service à ce Billy (pour service rendu).
Le mensonge à toutes les pages, les techniques, les arrangements, les coups bas, tout y est.
C'est en fait une description "arrangée" de la campagne électorale américaine. Tout ou presque y est permis.
Iain Levison donne à réfléchir sur le semblant de démocratie qui règne en Amérique sur les dérives du pouvoir. C'est un livre qui , une fois de plus ne redorer pas le blason de nos sociétés dites démocratiques.
Commenter  J’apprécie          320
Vous reprendrez bien un énième livre sur le Vietnam ?
Vous reprendrez bien un énième livre de magouilles politicardes de sénateur US en quête de réélection ?
Eh bien oui, car au carrefour de ces deux thèmes, Pour services rendus de Iain Levison - traduit par Fanchita Gonzalez Batlle - réussit habilement à renouveler le genre.

Si le sergent Fremantle commandait le jeune soldat Drake autrefois au Vietnam, le pouvoir a changé de bord presque 50 ans après. Fremantle dirige désormais la police de Kearns dans le Michigan et n'est plus qu'à quelques jours d'une retraite qu'il appréhende. William Drake de son côté est devenu sénateur de l'état du Nouveau Mexique, engagé dans une dure campagne pour sa réélection où tous les coups sont permis. Alors quand pour gagner quelques voix, il faut légèrement enjoliver son passé de combattant, il n'hésite pas une seconde...

Sauf que, chassez le passé, il vous revient en pleine gueule ! Et aux États-Unis, si on peut s'arranger avec la vérité, on ne plaisante pas avec le Vietnam. Appelé au secours de son ancien soldat, Fremantle va se retrouver dans un monde qui le dépasse mais le fascine un peu en même temps, et de petit mensonge en légers arrangements, va toucher de près la vacuité de la politique politicienne américaine.

C'est un roman court mais dense sur le cynisme et la vérité, sur ces frères d'armes que rien ne rassemble si ce n'est une tranche de vie partagée quelques mois loin de chez eux, suffisante pour les lier indéfectiblement. L'écriture de Levison est cinglante et directe, et ses aphorismes désabusés laissés ci-et-là touchent leurs cibles à chaque coup.

Une jolie trouvaille !
Commenter  J’apprécie          272
Pour relancer sa campagne pour les sénatoriales, Billy Drake reprend langue avec celui qui fut son sergent dans le bourbier vietnamien quelque 47 ans plus tôt pour que celui-ci fasse état devant les caméras de ses glorieux états de service, quitte à tordre méchamment le bras à la véracité des faits. Mais la vérité, qui s'en soucie encore en 2016 aux Etats-Unis?
C'est assez cruel de la part de Iain Levison de mettre en regard l'absurdité de la guerre du Vietnam et la machine à produire des contre-vérités de la politique américaine. Ni l'oncle Sam ni ses compatriotes d'hier et d'aujourd'hui n'en sortent grandis, mais c'est justement là le propos , servi à travers cette intrigue pas forcément très fine mais plutôt efficace.
Sympathique découverte d'un auteur américain qui n'hésite pas à balancer ses coups de boule sur les travers les moins reluisants de son pays.
Commenter  J’apprécie          260
Voilà un court roman qui réussit à aborder, et de façon très convaincante, la guerre du Vietnam, la politique et ses dérives, le mensonge et la corruption. Les deux personnages principaux se sont connus au Vietnam à la fin des années soixante, l'un a sauvé la vie de l'autre et en le quittant a dit… "Ce qu'il dit à tous les blessés auxquels il a le temps de parler, ce qu'il dit à tous les gars qui rentrent chez eux.
"Si jamais vous avez besoin de quelque chose, n'hésitez pas à me le demander."
Celui qui parle, c'est le sergent Fremantle, on imagine Clint Eastwood dans le rôle, un sergent compétent, solide, fiable, qui prend soin de ses hommes et assume ses responsabilités. Quarante-sept ans plus tard, il porte toujours l'uniforme puisqu'il dirige la police d'une petite ville de la banlieue de Detroit. Celui qui écoute, c'est « Billy » Drake, devenu sénateur du Nouveau Mexique.
J'aime raconter des histoires, pas vous ? Des anecdotes qui sortent de l'ordinaire (enfin, j'ai la faiblesse de le croire) que je ressors au fil du temps et des occasions. Elles se veulent surprenantes et amusantes et pour captiver l'auditoire, quelques détails sont ajoutés à chaque nouvelle version, un peu plus nombreux, un peu plus beaux, un peu plus amusants. Je brode, j'enlumine pour que ce moment de mémoire soit encore plus agréable que la fois précédente. C'est ce qui arrive au sénateur Billy Drake qui, devant un public de vétérans, expose sa guerre du Vietnam. Il a une bonne histoire à raconter, ce qui en soi est déjà un exploit dans ce contexte qui ne s'y prêtait guère, mais dans la version originale, l'authentique, il n'avait pas vraiment le beau rôle. Bien sûr, les vétérans auraient bien ri, mais surtout de lui, le bleu imprudent, sauvé in extremis par le sergent Fremantle. Alors, vous savez ce que c'est, il est difficile de résister à une bonne histoire, surtout quand vous avez les auditeurs ad hoc au milieu d'une campagne électorale, fut-ce au prix d'une petite entorse à la vérité. Dans la nouvelle version, Billy devient le sergent Fremantle sauvant un bleu anonyme d'une mort aussi certaine que ridicule. C'est bien mieux et tout aussi drôle, l'histoire a vraiment de la gueule et électoralement parlant, elle devient même très productive. Les vétérans ont apprécié, Billy est ravi, son directeur de campagne aussi.
Mauvaise idée, parce qu'à l'autre bout du pays, un grain de sable nommé Peterson prétend, après avoir vu la vidéo, qu'il était présent cette nuit-là et que Billy a menti. Alors Billy va demander à son ancien sergent de lui sauver la mise une nouvelle fois.
Sur fond de cuisine électorale écoeurante de 2016, de mensonges élevés au rang d'un art, de tentations, de corruptions, de manipulations et de mépris de l'électeur, nous retournons également dans les rizières du Vietnam de 1969. En quelques pages remarquables l'auteur nous fait partager la peur, les horreurs ordinaires de la guerre, les atrocités qui arrivent presque par hasard, les planqués, l'odeur de la défaite, les sacrifices consentis ou imposés à ces jeunes hommes si mal accueillis et compris à leur retour au pays et les tourments de ce sous-officier de terrain qui veut préserver la vie de ses hommes. On (re)découvre également le sort peu enviable réservé aux anciens alliés vietnamiens réfugiés aux USA après la chute de Saïgon (je recommande sur ce thème le Sympathisant de Viet Thanh Nguyen). Ce thème est très subtilement décrit à travers un personnage secondaire mais finalement capital pour expliquer les choix du sergent.
Quelle dérive pourrait bien conduire un honnête homme méritant la reconnaissance de ses concitoyens « Pour services rendus » à s'avouer que « le seul homme honnête dans tout ce bordel s'excuse d'être honnête » et que ce n'est plus lui ? Aurait-il rendu le service de trop ?
C'est magistral, bien écrit avec de courts chapitres, des personnages solides qui échappent à tout manichéisme et une histoire puissante qui tient vraiment la route. A lire absolument, c'est passionnant !
Commenter  J’apprécie          240




Lecteurs (260) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz sur le livre "Ils savent tout de vous" d'Iain Levison.

Qui interroge Brooks Denny au début du roman ?

Dyer
Coffey
Snowe

10 questions
7 lecteurs ont répondu
Thème : Ils savent tout de vous de Iain LevisonCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..