Performance

À la suite d'un AVC, un écrivain âgé de 71 ans peine à écrire. Il est contacté par une société de production afin de participer à l'élaboration d'un scénario pour une série télévisée. Celle-ci sera consacrée aux Stones ; elle couvrira la période de leur arrestation pour usage de stupéfiants en 1967 à celle de la mort de Brian Jones. La jeune Esther qui partage la vie de l'écrivain ressuscitera-t-elle l'inspiration qu'il a perdue ?

➡️ J'ai beaucoup aimé la trajectoire prise par l'auteur pour conduire son histoire. du presbytère de Sainte-Croix-antre qui héberge l'écrivain et Esther- à l'Espagne, la demeure et la route furent un témoin. Celui de ce corps masculin qui peine, connaît la déchéance. Témoin aussi de la bonté et la candeur d'Esther, de ses addictions.
Beaucoup d'apaisement émane de cette narration malgré les doutes, appréhension et vicissitudes qu'ils traversent.
➡️Les deux personnages du roman sont magnifiques dans leur alliance, leurs échanges. La spontanéité et tout le naturel d'Esther sont tempérés par cet homme. Ils s'ajustent.
➡️Quant à l'écriture de Simon Liberati, encore une fois, je l'ai aimée pour sa précision, sa justesse. Une acuité telle, qu'elle rend cette narration très visuelle, cinématographique.
➡️ J'aurais pu vous en dire davantage tant la prose est riche de ce qu'elle dit et laisse entrevoir. J'aurais pu évoquer les pointes d'humour, les pages cornées. Je vais me taire et vous laisser plonger dans cette histoire, au coeur de la vie d'Esther et de cet écrivain sous l'ombre de Marianne Faithfull et Anita Pallenberg.

📘Premier roman que je lis de cette rentrée littéraire. Pour clore cet été qui s'achève et que j'aurais tant aimé voir s'étirer, j'ai choisi de finir ce mois d'août, heureuse. J'ai voulu la certitude, celle d'aimer ce livre. J'ai été comblée.

En résumé : Contemporain. Les derniers éclats et les dernières noirceurs d'un septuagénaire qui voit se profiler le terme de sa vie.

En détail :

Ce roman raconte la fin de l'histoire, celle du protagoniste, un septuagénaire pétris de maux, dont la déchéance physique, morale et financière est à son comble. le narrateur ne s'épargne aucun constat, même les plus sordides, et est très conscient que son état actuel n'est que la somme de tous les excès de sa vie. Il est néanmoins bien décidé de jouir de ses derniers moments de lucidité, à travers ses ultimes projets d'écriture mais également son dernier amour.

Le protagoniste est écrivain et son écriture se mêle à celle du roman. Il pose sur les personnes et les évènements un regard tôt baroque tant romantique, emprunt de mysticisme. Son procédé d'écriture se fond dans la narration du récit dont il est lui-même protagoniste et narrateur. Son sujet d'écriture : les Rolling Stones et les évènements de la fin des années 60. Il retrace cette période chaotique pour le groupe et le destin de chacun des membres, qui s'animent et prennent corps à ses côtés, abolissant la mise en abime du roman.

Le récit suit les méandres de la pensée du protagoniste, colle à ses idées noires et, plus rarement, à ses moments de grâce. Cet accompagnement du cheminement intellectuel donne un vrai sentiment de partager la condition du personnage dans toute son intimité. Parfois, il n'est même pas nécessaire que ses mouvements soient décrits, juste en suivant le fil de sa pensée, le lecteur comprend que le héros s'est levé ou se contemple dans le miroir.

Sa relation avec Esher, une très jeune femme, est atypique et se déroule presque en retrait du reste du monde. Elle cumule également des problématiques, qui relèvent plus de la santé mentale : anorexie, addictions, agoraphobie, troubles obsessionnels compulsifs...

Ils sont à la fois opposés et complémentaires dans une relation aussi toxique que flamboyante. Cette dernière ne pouvant être qu'éphémère, ils semblent y jeter toutes leur forces.

Du même auteur : California girls
Dans le même genre : Toboggan, de Jean-Jacques Beineix