AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,93

sur 778 notes
5
15 avis
4
26 avis
3
14 avis
2
2 avis
1
0 avis
L'université d'État d'Euphoria (États-Unis) et l'université de Rummidge (Angleterre) ont un point commun : une réplique de la tour penchée de Pise, ce qui a paru suffisant pour que deux professeurs échangent leur poste chaque année.
En 1969, Philip Swallow découvre les États-Unis, l'université d'Euphoria et ses étudiants. Dans le même temps, Morris Zapp découvre l'Angleterre, l'université de Rummidge et ses étudiants.
J'ai éclaté de rire au début du livre sur une vengeance savoureuse d'une élève du professeur Zapp. Pour le reste, j'ai souri, parfois.
Le style sarcastique de l'auteur est un délice, mais j'ai peiné à m'intéresser aux personnages.

Lien : https://dequoilire.com/chang..
Commenter  J’apprécie          280
Deux profs d'université, l'un anglais (Philip), l'autre américain (Morris), échangent leur poste pendant six mois. Pour Philip le terne, l'éclat du soleil californien régénère les sens de manière inattendue. Pour Morris le fanfaron, la morose université d'une ville industrieuse anglaise est une vraie punition, à moins que ? Un livre tout pété d'humour anglais, écrit en 1975, se déroulant en 1969.
Aux USA, c'est l'heure de la révolution sexuelle, des hippies, mais aussi de la contestation. Contestation de la guerre du Vietnam notamment, mais contestation en passe de devenir un art de vivre pour les étudiants. S'il n'y a rien à contester, on trouvera quelque chose ! On le fabriquera, s'il le faut. Et là, dans la description de "l'affaire du Jardin du Peuple", j'ai tilté.
Ce qu'il décrit du bordel californien des années 70 est incroyablement actuel. Ce besoin de contester, de s'indigner, sur tout et sur rien, de le faire savoir, de s'en faire un hobby qui se déguise parfois en destinée, ou même en raison de vivre. Manifester pour manifester, pour le droit de manifester, contre l'interdiction de manifester, contre les exactions commises pendant les manifestations, contre les lois émises pour contrer les manifestations, ad lib… le gilet jaune zadiste, l'étudiant anti-guerre du Vietnam, le bordel est joyeux au départ, puis un cercle vicieux s'empare du mouvement, semant le malheur ou la destruction sur son passage et on ne rit plus du tout. Tout y est, les politiques débordés, les agitateurs qui s'en donnent à coeur joie, les flics qui déploient des trop gros moyens pour des choses au départ anecdotiques, l'engrenage, la colère puis la furie, la violence qui tire à vue...
Bien vu aussi le jeu des media, qu'ils soient pro (télé) ou amateurs (internet aujourd'hui, journaux étudiants ou radios libres à l'époque). On y trouve les mêmes mecs dépassés par leur mouvement, ceux qui manifestent pour manifester, ceux qui applaudissent les contestataires pour ne pas passer pour ringard ou facho, ceux qui réclament le retour à l'ordre et passent pour ringard ou facho, des monsieur je-sais-tout, des qu'est-ce que je fous là…
… et les media leur tendent le micro, qu'importe le contenu, il faut remplir ! Des stars naissent et disparaissent en quelques semaines, quelques jours. La ringardisation ringardise les ringards de l'anti-ringarderie. On encense l'un avant de le détester, on attaque l'autre avant de le cajoler, tout est très sérieux, on s'empoigne, on s'invective, on est sûr d'avoir raison… et le lendemain, tout est balayé par des têtes nouvelles clamant à leur tour leur manifeste…
Dans le livre de David Lodge, tout commence avec des étudiants (un peu en mal de luttes indignées) qui décident de s'installer dans un terrain vague appartenant à la fac californienne où enseigne Morris ("échangé" avec Philip). A la manière des zadistes de NDDL, ils le font progresser, ce petit parc qu'ils baptisent Jardin du Peuple. Ils plantent, créent des bosquets des potagers, répandent la verdoyance, et on ne peut qu'applaudir toutes ces bonnes volontés positives. Fin des années 60, parmi les volontaires jardiniers, hippies du flower power, écolos à la main verte, jeunes filles en fleur, amoureux poètes, fumeurs de joint, se glissent aussi des toxicos, et les clochards de la ville qui viennent s'installer là, et des bagarres la nuit et des grosses fiestas bruyantes autant que défoncées… ce qui fait que les habitants du voisinage finissent par réclamer l'intervention de la police… et c'est l'engrenage, manifs pour sauver le jardin, répression, manifs contre la répression, répression plus féroce, manifs féroces contre la férocité, gaz lacrymo, un mort, demande de démission du gouvernement, répression, manif etc…
C'est tellement bien décrypté, autour du prof anglais perdu dans cet univers en ébullition, que je ne pouvais que répéter : c'est écrit en 1975 ! C'est drôle, c'est bien vu, et alors quoi ? Non qu'il soit visionnaire, David Lodge. Très observateur oui, mais pas forcément visionnaire : disons plutôt que ça nous rappelle que le schéma est établi et se répète en montrant toutes les failles de n'importe quel gouvernement démocratique - ailleurs, sans démocratie, l'armée tire dans le tas et colle les survivants en prison.
Lui raconte ça avec humour et cocasserie, mais ça vient aussi télescoper mes lectures de l'année, situés à la même époque, les années Vietnam en Amérique. Je note que dans ces livres racontant cette décennie, il n'est pas question des assassinats des Kennedy par exemple, alors qu'on aurait pu penser que c'était assez marquant pour tous… Non, ils racontent les luttes étudiantes, tous parlent de la dénonciation de la guerre du Vietnam (il faut dire, la guerre la plus inutile du monde, si tant est qu'il y ait des guerres utiles). A différents degrés. Dans différents coins du pays. La jeunesse de Caroline du Sud (les deux livres de Pat Conroy) n'y comprend pas grand chose, est plutôt réfractaire limite réactionnaire, et voit surtout que c'est le bordel. La jeunesse californienne par contre (comme dans David Lodge), s'esbaudit au soleil, rendant ce bordel assez joyeux, tandis qu'à l'Est dans la Pastorale Américaine de Roth, on fait n'importe quoi, sombrant dans la violence sous des prétextes restants à déterminer.
On découvre aussi que dans ces années-là, le problème des Noirs apparaissait comme une curiosité pas évidente aux jeunes de l'époque. Moi qui pensais que l'anti-racisme régnait chez les étudiants qui soutenaient sans faille le Black Power, pas du tout : un Noir était un être un peu étrange, qui en s'émancipant (malhabilement, au départ) allait donner quelque chose que les Wasp ne saisissaient pas clairement, même en étant très ouverts… quand ils l'étaient, ce qui n'était pas acquis partout.
On apprend aussi que ces filles en violet et ces gars en rose, dansant pieds nus dans les prés, étaient des gens. Ils en seraient presque devenus des personnages mythiques, des easy riders, des fantômes aujourd'hui disparus comme cette époque… Pas du tout. C'était des gens. Malhabiles, complexés, déçus en amour, perdus face au monde du travail, expérimentant des choses interdites avant de se couler gentiment dans le moule sans vouloir trop déranger. Des gens gentils, timides, des gens comme nous, quoi ! Même chose pour les profs, ces héros. Pour les chefs, jamais trop faits pour le job mais fiers de leurs prérogatives. Même chose pour les époux, les épouses.
En gros, David Lodge nous parle des gens ! Nous parle de nous. Et son humour nous rend tout ce souk pas si désagréable…
Une note pas dithyrambique toutefois, car il cède à quelques facilités de scénario, nous laissant un peu sur le cul autant que sur notre faim. Et ne réussit pas complètement à nous faire adopter ses personnages principaux. Un petit manque de tendresse ? Sans doute...
Commenter  J’apprécie          10
Changer de décor c'est aussi peut-être changer de vie..... C'est le cas de deux universitaires, l'un américain et l'autre britannique ,qui échangent leur poste de professeur de littérature américaine et anglaise pour six mois, et peut-être pas seulement leur poste.....?? On retrouve les thèmes de prédilection de David Lodge: le milieu universitaire avec tous ses travers, la religion , les évolutions de la société des années 1960..... de l'humour, un style agréable, un bon moment de lecture!
Commenter  J’apprécie          50
Je m'attendais à rire un peu plus en lisant ce roman : cela n'a pas été le cas. L'intrigue est linéaire et finalement assez peu captivante : cela évoque « on a échangé nos papas » à l'écrit. J'étais soulagé d'atteindre la fin, elle-même assez originale.
Commenter  J’apprécie          10
Qu'est-ce que cela signifie ? A peine fini un livre sur le changement de moi (L'Homme-dé), voilà que je me

plonge dans un roman Changement de décor ! Deux romans des années 70 et deux auteurs anglophones en plus !

Celui-ci au moins est à la fois divertissant, drôle et enrichissant. Sur un rythme alerte, nous découvrons un sujet aussi sérieux que la comparaison des systèmes universitaires anglais et américains des années 70. En effet, Morris Zapp l'Américain, spécialiste de Jane Austen quitte son université de Plotinus à Esseph pour un échange de six mois avec l'université de Rummidge en Angleterre. Il laisse en suspens la séparation que demandait son épouse Désirée. Philip Swallow l'Anglais est un universitaire a priori moins brillant. C'est lui qui prendra un poste à Plotinus pendant six mois, laissant le soin à son épouse, Hilary, de s'occuper de leurs enfants. le premier chapitre peut sembler un peu long, les deux protagonistes sont en avion et se dirigent en sens inverse. Déjà, pourtant, une surprise de taille : Morris Zapp réalise soudain que dans son avion, il est le seul homme ! L'explication ne tarde pas : aux Etats-Unis, l'avortement est à cette époque interdit alors qu'il est légal en Angleterre. Toutefois l'expérience des deux protagonistes révèlera ensuite à quel point l'Angleterre est restée traditionnelle et conservatrice alors que les USA sont en perpétuelle ébullition. A la fin du roman, Philip et Hilary, Morris et Désirée se retrouvent en Amérique : il s'agit de décider qui vivra où et avec qui !

La comparaison des deux décors est saisissante :

"Lorsqu'il tirait les rideaux de sa salle de séjour tous les matins, le panorama remplissait tout le cadre de sa baie vitrée comme par l'un de ces tours de force[2] que réservait le Cinérama à ses débuts. Au premier plan, à sa droite et à sa gauche, les maisons et les jardins des professeurs les plus riches d'Euphoria s'accrochaient avec pittoresque aux flancs des collines de Plotinus. Juste en dessous de lui, là où les collines plus basses descendaient en gradins jusqu'aux rives de la Baie, s'étalait le campus avec ses bâtiments blancs et ses allées boisées, son campanile et sa plaza, ses amphithéâtres, ses stades et ses laboratoires, bordé tout autour par les rues rectilignes du centre ville de Plotinus. La Baie remplissait le panorama au milieu, s'étendant à perte de vue de chaque côté ; l'oeil était entraîné naturellement dans un mouvement semi-circulaire qui balayait tout le paysage : il suivait l'Autoroute de la Côte toujours très encombrée, s'écartait et traversait la Baie en suivant le long Pont d'Esseph (seize kilomètres d'un péage à l'autre), avant d'atteindre la masse impressionnante de la ville, avec la ligne sombre des gratte-ciel du centre ville qui se détachaient contre les collines résidentielles toutes blanches, et de là il franchissait la Porte du Pacifique, épousant les courbes gracieuses du pont suspendu de l'Arche d'Argent, pour retomber sur les pentes vertes du Comté de Miranda, célèbre pour ses forêts de séquoias et sa côte spectaculaire. Même très tôt le matin, ce vaste panorama était sillonné par tous les moyens de transports connus – bateaux, yachts, voitures, camions, trains, avions, hélicoptères et hovercrafts – qui se déplaçaient tous en même temps, ce qui rappelait à Philip la couverture somptueusement illustrée d'un livre, Les Merveilles du transport moderne à l'usage des petits garçons, qu'il avait reçu pour son dixième anniversaire.

[...] Morris Zapp était, quant à lui, infiniment moins séduit par sa vue – une longue enfilade de jardinets humides, de cabanes pourrissantes, de linge dégoulinant, d'énormes arbres disgracieux, de toits crasseux, de cheminées d'usines et de flèches d'églises – mais il avait très vite abandonné ce critère lorsqu'il s'était mis à chercher un meublé à Rummidge. On pouvait s'estimer heureux, comme il l'avait très vite compris, si on réussissait à trouver un logement qui voulût bien se maintenir à une température adaptée à l'organisme humain, qui offrît tous les conforts les plus élémentaires de la vie civilisée, et qui ne vous donnât pas envie de vomir au premier coup d'oeil avec les couleurs et les motifs bigarrés de la tapisserie. Il avait envisagé un moment de vivre à l'hôtel, mais les hôtels autour du campus étaient encore pires, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, que les maisons privées. Finalement, il avait pris un appartement au dernier étage d'une immense maison ancienne qui appartenait à un médecin irlandais et à sa nombreuse famille."
Lien : http://www.lirelire.net/2020..
Commenter  J’apprécie          100
Jubilatoire, une grosse loupe sur le petit monde universitaire, univers conventionnel où les travers , les joies et les bassesses ne sont pas bien différents de ceux d'un monde ordinaire. Vif, clinique, j'adore.
Commenter  J’apprécie          41
Savoureux et délectable. Quel humour ! Et quelle subtilité dans l'association de la critique à la fiction. Un de ses meilleurs.
Commenter  J’apprécie          80
Attention, profs en vacances ! Pas en vacances scolaires ou universitaires, tellement banales et si vite revenues qu'on finirait (enfin j'imagine) par s'en lasser. Non, de vraies vacances de six mois, bien dépaysantes, exotiques à souhait puisqu'il s'agit pour Philip Swallow, l'Anglais, de s'en aller enseigner sur la mythique Côte Ouest et pour Morris Zapp, l'Américain, d'aller s'enterrer au coeur des Midlands, dans un de ces échanges universitaires aussi réjouissants que fructueux (au moins pour ceux qui en profitent), grandioses témoignages d'ouverture au monde et de partage d'expérience.
Autant le dire tout de suite, on sort très vite des brochures en papier glacé et de leurs slogans lénifiants pour découvrir les vraies motivations de cet échange d'enseignants en littérature anglaise. David Lodge écrit avec beaucoup d'humour et ses lecteurs en profitent tout au long de ce récit sur lequel l'ombre de Feydeau plane assez fréquemment. Les portes ne claquent pas mais les couples se font, se défont, s'échangent sur un rythme assez soutenu. Tandis que Philip découvre les joies de la révolution sexuelle des seventies et les heurts de la contestation étudiante dans une cité qui ressemble beaucoup à San Francisco, Morris entreprend, à sa façon, de moderniser les pratiques de la grise université de Rummidge où sa grande expérience des conflits estudiantins fait l'admiration et le profit de ses collègues anglais lorsque commencent à déferler sur la sage Angleterre… «les cheveux longs des garçons, les jupes courtes des filles, la promiscuité sexuelle, les Rapports, les crayons à bille - en somme presque tout ce qui constitue le monde moderne. »
Tout cela est fort réjouissant, les situations et les dialogues sont remplis de cet humour pince-sans-rire qui fait une bonne partie du succès des auteurs anglais de ce côté-ci du Channel. On ne s'ennuie jamais et c'est très bien écrit.
Mais il serait regrettable de négliger les apports intellectuels de nos deux professeurs, car, après tout, s'ils échangent leurs postes (et beaucoup d'autres choses), c'est également pour enseigner la littérature. Autant que le lecteur en profite pour enrichir une culture générale déjà conséquente (merci) mais tout de même pas encore encyclopédique.
Prenez Morris, par exemple, grand spécialiste de Jane Austen (il a même caressé un temps l'idée d' « une série de commentaires sur Jane Austen qui prendrait en compte toute la littérature sur le sujet, examinant chaque roman l'un après l'autre et disant absolument tout ce qu'on pouvait en dire…Le but de l'exercice, comme il l'avait souvent expliqué avec toute la patience dont il était capable, était non pas d'aider le lecteur à mieux aimer et à mieux comprendre Jane Austen, encore moins à célébrer la gloire de la romancière elle-même, mais de mettre un terme une fois pour toutes au tas de conneries que l'on pourrait être tenté d'écrire sur le sujet.) »
Il a reculé devant l'ampleur de la tâche d'autant que sa femme, ayant appris qu'il serrait de trop près une de ses étudiantes, s'en était émue (je parle de l'étudiante serrée, pas de Jane Austen), entraînant… des complications… assez chronophages…enfin, vous voyez.
A la réflexion, ça ne doit pas être facile tous les jours d'être un auteur classique… Revenons à la grande Jane Austen, dont Morris est toujours le spécialiste :
« Aux yeux de Morris Zapp… la vie était transparente, la littérature opaque. La vie était composée de choses, la littérature de mots. Avec la vie, il fallait s'en tenir aux apparences…avec la littérature, il ne fallait jamais s'en tenir aux apparences… Cette incapacité à maintenir la vie et la littérature dans deux catégories distinctes conduisait à toutes sortes d'hérésies et d'absurdités : à dire que l'on puisse « aimer » ou « ne pas aimer » certains livres, par exemple, ou à déclarer que l'on préfère tel auteur plutôt que tel autre et toutes ces fariboles qui, comme il ne cessait de le rappeler à ses étudiants, ne présentaient absolument aucun intérêt pour personne, sauf pour eux (parfois, il les scandalisait en déclarant qu'…il trouvait personnellement Jane Austen totalement chiante.) »
Pauvre Jane !
« Tout ce qu'il savait de l'Angleterre… les innombrables repères concrets qui foisonnaient dans le pays et qui constituaient autant de preuves historiques de l'existence des grands auteurs : les registres de baptême, les plaques commémoratives, les faux lits, les cabinets de travail reconstitués, les pierres tombales gravées et tout ce genre de niaiseries. Il y avait au moins une chose qu'il n'allait pas faire pendant qu'il était en Angleterre, c'était aller sur la tombe de Jane Austen.
Il a dû exprimer cette pensée à haute voix, car Mary Makepeace (sa voisine dans l'avion) lui demande soudain si Jane Austen est le nom de son arrière-grand-mère. Il dit que c'est peu probable. »
Cela me fait réaliser avec effroi que j'ignore tout de Jane Austen, mis à part, ce qui me place tout de même nettement au-dessus de Mary Makepeace, le fait qu'elle n'est pas l'arrière-grand-mère de Morris Zapp. Je n'ai rien lu d'elle. Vous pensez qu'il faudrait que je m'y mette ? Je demanderais bien conseil à Zapp pour savoir par où commencer, mais j'ai un peu peur des complications (et aussi de ce qu'il raconte à ses étudiants), alors je compte sur vos suggestions. Quant à ceux d'entre vous qui ne connaitraient pas encore David Lodge, débuter avec ce Changement de décor me semble une excellente et réjouissante idée.
Commenter  J’apprécie          345
Le pari était risqué mais parfaitement tenu ! Deux professeurs d'université, un Anglais, Philip Swallow et un Américain, Morris Zapp, vont pendant six mois faire l'échange de leurs postes… et de fil en aiguille de leurs vies…

Nous sommes en 1969. Morris Zapp est un spécialiste de Jane Austen mais n'a jamais mis les pieds en Angleterre. Homme moderne, divorcé et remarié, père de trois enfants nés de ces deux mariages, il n'hésite pas à s'offrir quelques étudiantes. Sa femme est sur le point de le quitter, raison pour laquelle il accepte ce séjour à l'université de Rummidge dans ce pays pluvieux et conservateur…
Pour Philipp Swallow, homme marié et fidèle, subvenant difficilement aux besoins d'une femme au foyer et de trois jeunes enfants, un séjour à l'université américaine d'Euphoria, dans un pays où la clémence du climat et la liberté des moeurs sont un enchantement, se présente sous les meilleurs auspices. Également professeur de littérature mais sans aucune spécialité ni aucune publication à son actif, il s'apprête à retourner avec plaisir sur les traces de sa jeunesse…

Avec un humour désopilant, David Lodge nous raconte cet échange rocambolesque entre ces deux personnages que tout semble opposer au premier abord, en profitant pour faire une satire comparée des moeurs universitaires. Et si l'Anglais s'adapte vite aux révoltes étudiantes et s'avère beaucoup moins coincé que prévu, l'Américain va remettre de l'ordre à l'université de Rummidge, touchée à son tour par le mouvement de rébellion estudiantin et empêcher une jeune femme d'avoir recours à l'avortement… L'un et l'autre font connaissance de leurs femmes respectives et le glissement se fait peu à peu pour aboutir à une situation inextricable.

Le moins qu'on puisse dire c'est qu'on ne s'ennuie pas tout au long de cette histoire de destins croisés qui utilise divers styles, romanesque, épistolaire, journalistique, pour terminer en scénario d'un film…qui nous laisse sur la fin.
Commenter  J’apprécie          370
Deux vies parallèles et un échange de bons procédés. le contraste entre la sage Angleterre et la rebelle Amérique amuse. L'humour gentiment provocateur permet plus d'un sourire. Et l'approche méta du livre, variant les styles - romanesque, correspondance, coupures de presse, synopsis - s'avère d'une grande originalité. Malgré son ancrage dans les années 70, révoltes estudiantines et émancipation féminine demeurent d'actualité. Un moment de lecture croustillant et délicieux.

Sous la forme d'un haïku :

La sage Angleterre.
On a échangé nos vies.
Rebelle Amérique.
Commenter  J’apprécie          41




Lecteurs (1890) Voir plus



Quiz Voir plus

David Lodge

Avec David Lodge il vaut mieux avoir

La vie en berne
La vie en sourdine
La vie en lambeaux
La vie aux trousses

10 questions
39 lecteurs ont répondu
Thème : David LodgeCréer un quiz sur ce livre

{* *}