Ah ! ça ira, ça ira !
A 23 ans, Gabriel Joly n'a nullement l'intention de rentrer à Evreux pour reprendre l'imprimerie familiale. Il arrive à Paris, par une belle journée de mai, et se rend directement au journal que possède son oncle, qui lui confie un petit poste de rédacteur à la rubrique des spectacles. C'est un début, certes, mais Gabriel a de l'ambition et n'entend pas se cantonner à un obscur travail de copiste ! Lui, ce qu'il souhaite, c'est être journaliste, et même un journaliste d'investigation ! Et les sujets ne manquent pas en ce printemps 1789. Les Etats Généraux viennent de s'ouvrir, la disette menace et la capitale bruisse de rumeurs, comme par exemple, celle d'un justicier armé d'un sabre et accompagné d'un loup qui viendrait au secours des femmes en danger…
J'ai beaucoup aimé ce polar historique et pourtant, habituellement, je ne suis pas très attirée par ce genre ! Ici, évidemment, le contexte de la Révolution Française est très présent, l'auteur mêle très habilement personnages réels et personnages fictifs et le cocktail fonctionne à merveille ! Ainsi, Gabriel Joly côtoie-t-il
Camille Desmoulins, Danton, Mirabeau, Sieyès (et d'autres) et une femme remarquable, Anne-Josèphe Terwagne (dont j'ignorais tout jusqu'à la lecture de ce roman) aventurière et féministe. C'est aussi l'occasion d'en apprendre beaucoup sur la vie quotidienne des parisiens en 1789, les différents quartiers, les corporations, les francs-maçons (très présents dans ce livre), les prisons (on assiste aux côtés de Gabriel à la « prise de la Bastille »), le sort réservé aux orphelins, aux prostituées (fréquemment déportées sur les terres du Nouveau Monde), aux « insensés ». Chapeau monsieur
Loevenbruck, quel boulot de documentation, c'est remarquable.
Si je devais trouver un petit défaut, il se porterait sur l'intrigue policière qui passe clairement au second plan, et qui m'a laissée sur ma faim (fin) car les aventures de Gabriel Joly se prolongent dans deux autres tomes (que je lirais prochainement !).