Cette réaction me rappelle, dans le même ordre d'idées, celle qui a suivi la publication d'un livre de Bjørn Lomborg « The Skeptical Environmentalist: Measuring the Real State of the World » (01,
Cambridge University Press, 540 p.) traduit par Anne Terrre en «
L'écologiste sceptique » (04,
Le Cherche Midi, 742 p.). Bjørn Lomborg, statisticien danois, en année sabbatique aux Etats Unis découvre l'écologie. En 97, il décide donc de vérifier avec ses étudiants (J. Simon, Maryland University) des affirmations indiquant que la plupart des connaissances concernant l'environnement étaient inexactes ou simplement faussées. Il reprend donc les données statistiques, son domaine d'expertise. Les données sont issues des statistiques officielles d'organismes internationaux (ONU, FMI, OCDE, OMS, FAO). Il découvre alors que la plupart des problèmes environnementaux, (pollution, pénurie d'eau, déforestation), ou de population (biodiversité, croissance de la population, famine, santé) sont principalement des problèmes localisés et liés à la pauvreté des individus. Il préconise donc un traitement économique et social de ces problèmes. Par contre son point de vue sur le réchauffement climatique et les énergies fossiles (environ 20% du livre) lui a valu une levée de boucliers assez remarquable. On pourra consulter les réponses à un débat dans le « Scientific American », plus précisément « Lomborg's reply to Scientific American January 2002 critique, 16-Feb-02 ».
En particulier Bjørn Lomborg est attaqué sur les problèmes énergétiques, qui « ne seraient pas dus à des fins d'exploration/exploitation, mais à des problèmes liés à l'impact environnemental et aux risques sociaux-politiques ». Il est également surprenant de voir des réactions « d'écologistes professionnels » qui se drapent dans leur dignité offensée, opposant aux arguments scientifiques de Lomborg leur passé et gloriole universitaire (mes médailles contre tes faits !!). Ce qui force la revue, le « Scientific American » à une mise au point : « Lomborg's lack of credentials as an environmental scientist does not disqualify him from making an environmental argument, but it does legitimately bear on whether his knowledge of the field and his paraphrasing of its findings can be trusted.” (Le manque de crédit de Lomborg en tant que scientifique environnemental ne le disqualifie pas pour produire des arguments scientifiques, mais il implique légitimement la confiance que l'on puisse avoir sur sa connaissance sur le chapitre et les paraphrases de ses découvertes). Il m'a paru intéressant de pointer ces réactions de scientifiques soi-disant intègres. Elles sont à rapprocher de ce qu'écrivait
Jean Arp « J'aime les calculs faux / Car ils donnent des résultats plus justes. »