Ce recueil regroupe un roman (qui lui donne son titre) et deux nouvelles :
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La peste écarlate est un roman très court aux airs de fable ou de conte post-apocalyptique. Un vieil homme et ses trois petits-fils cheminent sur un sentier. Nous sommes en 2073, 60 ans après l'épidémie qui a bien failli éliminer toute l'humanité. A l'Est de ce qui était les Etats-Unis ils ne sont plus qu'une poignée. Probablement n'y a-t-il guère ailleurs que quelques autres poignées disséminées sur toute la surface de la Terre. L'humanité a régressé à un niveau antérieur à l'invention de l'écriture, et l'écroulement a été brutal et rapide. le vieillard raconte au coin du feu, il tente de prévenir ce qui risque d'advenir quand l'homme repeuplera la Terre, mais qu'il est difficile de raconter ce qui n'existe plus à de jeunes sauvageons du néolithique ! Ce récit date de 1912 et on y retrouve bien des thèmes développés ultérieurement par des maîtres de la
Science-fiction. Il est en effet difficile de ne pas songer à «La route», «Je suis une légende» ou «Un cantique pour Leibowitz», avec en prime la patte de
Jack London dans la peinture des lieux, d'une nature réensauvagée.
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Construire un feu est une nouvelle dramatique où, dans un froid extrême, il est question d'instinct de survie : l'homme redevient animal. le lecteur ne sait pas grand chose de cet homme, si ce n'est qu'il est simple, terre à terre et expérimenté, mais aussi un peu trop sûr de lui, manquant d'humilité face à une nature hostile. Cette nouvelle est un petit bijou,
Jack London a ciselé un petit chef d'oeuvre et fait monter la tension avec un talent fou (il semble qu'il y a aussi une deuxième version de la même histoire, mais qui finit bien !). L'environnement est si bien décrit qu'il n'est pas difficile de s'imaginer cheminer, tel un homo sapiens lors de la dernière glaciation !
* Comment disparut Marc O'Brien termine ce recueil par une note inattendue, humoristique et alcoolisée. Marc O'Brien est chercheur d'or et aussi, dans le camp, juge. La sentence pour vol ou meurtre est toujours la même : on met le condamné dans un bateau avec quelques vivres, ou pas, et advienne que pourra… Un soir de beuverie, ses compagnons lui font une farce : ils l'embarquent ivre-mort sur un bateau, en se disant qu'il allait revenir à pied et furieux quelques jours plus tard.