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Critique de belette2911


N'ayant jamais été fan du style de la nouvelle, il fallait tout de même envoyer du lourd pour arriver à me faire saliver devant un recueil de nouvelles.

Yvan a su y faire, on s'est laissé faire. Et nous aurions eu tort de ne pas lire ces romans consacrés aux cinq sens et composé uniquement de nouvelles sombres, avec, à chaque fois, des auteurs différents.

C'est une sortie que j'attends ardemment, je saute sur le livre en librairie et je mordrais le premier qui essaierait de me le prendre des mains et ensuite, tel un vin nouveau, je le fais vieillir sur ma pile, je lui laisse prendre un peu de poussières, je le décante et ensuite, je déguste.

RESPIRER… La chose la plus importante, sans cela, nous mourrons. Et bizarrement, alors que respirer est essentiel, nous respirons mal. Alors, ouvrons en grand nos poumons, prenons une grande bouffée d'oxygène et plongeons dans ce recueil de nouvelles noires, sombres et ne retenons pas notre respiration.

On commence avec "Le parfum du laurier-rose" de R.J Ellory (love). Andersen est un policier qu'un vice de procédure va transformer en coupable. La nouvelle vous frappe dans la gueule, notamment en raison de la longue peine infligée à cet homme qui a rendu justice. L'empathie est toute pour lui. Je n'ai pas réussi à sentir le parfum abricoté du laurier-rose, mais je me suis pris une tarte dans la gueule.

"Respirer la mort" (Sandrine Loubière) est une nouvelle que j'ai particulièrement bien aimé, notamment en raison des deux gamins et de la bouse de vache (vache qui n'a pas chié sur la petite taupe, heureusement). le plus jeune a développé des capacités olfactives du tonnerre. Les gamins sont devenus adultes… le final m'a soufflé, lui aussi.

"Je suis un poisson" (Franck Bouysse) avait tout d'une nouvelle drôle, malgré le syndrome qui affecte le personnage principal. Vie sociale réduite à zéro, vie professionnelle aussi, sauf à aller bosser aux halles de Rungis, rayon poissons ou dans un abattoir… Au moment du final, je me suis tapée sur la cuisse, me disant qu'elle était bien bonne celle-là, riant même un bon coup, avant que mon cerveau ne me rappelle ô combien c'était putain dangereux à cette époque-là. Oh mon dieu ! Reviens, ne fais pas ça !!

Dans "Cristal qui sent", Mo Malø nous entraîne dans le Grand Nord, dans le froid (avec col roulé), un traîneau tiré par des chiens. L'expédition commence et le but est de localiser la sépulture de Villmussen, disparu mystérieusement, 80 ans plus tôt. Là aussi les capacités olfactives sont être développées à l'extrême et j'ai aimé ce serpent qui se mord la queue dans le final.

"Deux heures et trente minutes" (Dominique Maison) fait partie de mes préférées. Palais de l'Élysée, un technicien de surface vient de s'écrouler sur le tapis épais pendant qu'il faisait le ménage (ben non, hein, ce n'est pas Brigitte qui passe l'aspi). le suspense monte crescendo, le mystère aussi, et le final est totalement génial, dommage que l'auteur ne nous ait pas fait le plaisir de nous montrer ce qu'il se passait après… Oups, je risque des ennuis, moi, rien qu'en suggérant cela !

Je ricanais toujours de la chute de la nouvelle précédente, quand François-Xavier Dillard m'a entraîné à "Happy world", sorte de Disneyland. Je m'amusais bien, même si je n'avais pas envie d'aller sur le Speed Mountain quand tout à coup, l'auteur m'a saisi, me glaçant d'effroi. Oh putain, je ne riais plus, mais plus du tout. Sueurs froides garanties. Mais directement dans mes préférées aussi.

Difficile ensuite de reprendre pied et de se téléporter en 1914, avec "Glandy" d'Adeline Dieudonné, qui possède des vrais morceaux de belgitude, se déroule à Marcinelle (manquait plus que Gisèle), en Belgique donc. La chute est vertigineuse entre ces deux nouvelles et celle-ci est très sombre, on sent qu'elle est tirée d'un fait divers, comme l'annonce l'autrice. Réaliste, elle nous fait côtoyer les petites gens, boire du péket (genièvre), renifler les odeurs de vomi. le final est atroce. Noir et sombre.

"Le monde d'après" (Hervé Commère) n'est pas de la SF, mais pourrait appartenir aussi à la catégorie des faits divers. Un village tranquille où tout le monde vit grâce à une entreprise qui, un jour, met la clé sous le paillasson, à cause de la concurrence étrangère. Puis vient le covid, les confinements, la colère monte suite aux parisiens qui viennent s'aérer à la campagne. Respirer le bon air ! Oui, cela aurait pu être un fait divers tragique et c'est affreux. Une nouvelle que j'ai bien aimée aussi tant elle était terrible et réaliste.

De l'anticipation avec "Miracle" de Vincent Hauuy, qui a tout d'une enquête policière, Chase étant à la recherche de la vérité sur la mort de Maria, sa partenaire chez les flics. Bizarrement, j'ai compris avant lui et je me doutais du nom qui allait sortir. Par contre, c'est une de celle que j'ai le moins aimée.

"Les doux parfums du cimetière" (Jérôme Loubry) restera ma préférée de ce recueil, avant toutes les autres, parce qu'au lieu de me coller des sueurs froides ou de me glacer d'effroi, elle était remplie de tendresse, de poésie et contenait un concentré d'émotions qui m'ont explosé au visage. Cela se passe dans un cimetière, je ne dirai rien de plus, si ce n'est qu'elle était émouvante et que j'en ai eu les larmes aux yeux.

Ça va puer très fort avec "L'amour à mort" (Chrystel Duchamp). Un petit côté fantastique, un petit côté glauque, un sourire à la fin lorsque l'on comprend, mais malgré tout, elle ne m'a pas emportée.

Bouquet final avec "Petit nouveau" du duo Karine Giebel et Barbara Abel, une nouvelle qui m'a glacée d'effroi aussi, parce que tout est possible, réaliste, horrible… Pire, à la fin, elles nous expliquent que ça a déjà eu lieu et là, on reste silencieuse. Noir c'est noir, il ne reste plus d'espoir.

Plusieurs récits s'imbriquent les uns dans les autres pour donner un récit sombre, violent et angoissant. Une personne que je ne nommerai pas n'aime pas les traîtres, moi non plus, mais de là à utiliser ce truc… Une nouvelle angoissante, mais dans mes préférées aussi.

Malgré deux nouvelles que j'ai moins aimées, l'ensemble tient la route et m'a apporté assez d'angoisses, de peurs, d'émotions pour que mes batteries soient rechargées pour quelque temps.

Une fois de plus, Yvan du Blog "ÉmOtionS", a réuni une belle brochette d'auteurs et nous propose un menu des plus alléchants. le plumage ressemble au ramage, ce qui se trouve dans l'assiette est conforme à ce qui était annoncé, l'équilibre est là, moi, je dis bravo et vivement le dernier sens !

PS : Yvan, dans ta postface, tu te présentes comme le taulier du Blog "ÉmOtionS", mais le taulier, c'était aussi le surnom de Johnny… Quel bel hommage tu lui rends ! Tiens, ça me donne envie de pousser la chansonnette… mdr

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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