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3,89

sur 861 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Édouard Louis, ses personnages il les a autour de lui. Après son autobiographie, puis celle de son père, voici celle de sa mère.
Une femme qui a eu cinq enfants et deux maris alcooliques et violents. le titre est bien choisi et ici on se rend bien compte qu'une personne se fait selon son entourage. C'est dur et tendre à la fois pour se terminer par la jolie anecdote avec Catherine Deneuve. Un roman court qui va à l'essentiel de la relation fils-mère dans une vie pas toujours choisie.
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Premier livre que je lis de cet auteur pourtant souvent aperçu à la télévision ; toujours calme et pertinent.
Il est question ici d'un sujet très personnel presque sociologique ; le regard d'un fils devenu écrivain, ayant réussi à échapper à sa classe-sociale, sur sa mère qui subit la violence de son milieu, la fureur des hommes et qui va petit à petit se transformer.
Le fils aussi va évoluer et devenir moins sévère.
C'est court et sans concession.
L'écriture est ciselée et intime.
J'ai apprécié ce récit.
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Style précis, chirurgical et contre-romanesque, c'est le parti pris d'Édouard Louis. Littérature combat, littérature politique, littérature témoignage mais aussi littérature soin.
Édouard Louis s' est donné une mission, écrire pour les invisibles, les sans-grade, les damnés de la Terre brisés par une vie subie.
"Notre rapprochement n'a pas seulement changé son avenir, il a aussi transformé notre passé."
Portrait d'une mère aimée et parfois haïe, portrait d'une femme souvent ignorée.
Radical, "Combats et métamorphoses d' une femme" est le récit d' un pardon à demander et à donner. Un poignant récit de retrouvailles.
"Je venais de le comprendre, un fils face a sa mère, même s'il est un fils, reste un homme face à une femme." Il n'y a pas à chipoter: Édouard Louis est un bon fils.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Je ne connaissais pas du tout cet auteur, qui semble pourtant très célèbre, mais j'ai eu grand plaisir à le découvrir une fois de plus grâce à Audiolib, que je remercie pour sa confiance. Il s'agit d'un texte court (cent vingt pages, un peu plus d'une heure et demie) mais percutant et très touchant. Il est très bien lu par Irène Jacob, toutefois j'ai été surprise qu'il s'agisse d'une lectrice et pas d'un lecteur, vu que le texte comprend de nombreux passage en Je, écrit par un homme, même si l'auteur ne se définit pas comme tel. C'est plus surprenant que gênant et il s'écoute d'une traite avec plaisir .

Je ne connaissais pas du tout l'histoire de l'auteur, qui parle de sa famille. Il dresse ici un beau portrait de sa mère Monique. Ils se sont vraiment rencontrés sur le tard. Sa mère commence un apprentissage de cuisinière, mais tombe rapidement enceinte et doit arrêter sa formation pour se marier. A vingt ans, elle est mère au foyer avec 2 enfants, mais rapidement son mari devient alcoolique et elle le quitte pour s'installer chez sa soeur. Elle rencontre ensuite le père d'Eddy, se remarie et fonde une nouvelle famille. Là aussi, le prince charmant se mue rapidement en un mari alcoolique, violent et humiliant, Monique est coincée dans ses tâches ménagères, ses relations avec ses enfants sont difficiles, certains tournent mal, reproduisant le schéma de leurs pères et Eddy est différent, il est gay, ce qui ne passe pas dans son milieu. Il est le seul de sa famille à faire des études, ce qui accroit encore le fossé avec les autres, il a surtout honte de son milieu très pauvre, et honte d'avoir honte. Monique a l'impression de ne pas vivre sa vraie vie, que son destin est accidentel et que sa vie, nettement plus rose l'attend tout à côté. Elle subit des violences de son mari et aussi de ses enfants d'une certaine manière, mais quelques lueurs trouent sa nuit : un séjour à la montagne payé par les aides sociales, puis une amitié de quelques mois avec Angélique, l'assistante sociale. Après plus de vingt ans d'humiliation, alors qu'Eddy est parti étudier à Paris, elle met son mari à la porte, balance ses affaires dans un sac poubelle sur le trottoir et c'est le début d'une libération. Elle rencontre enfin un homme bien, un gardien d'immeuble parisien et trouve son coin de ciel bleu. Eddy peut enfin rencontrer vraiment sa mère.

L'auteur insiste lourdement sur l'oppression subie par sa mère, à la fois en tant que femme dans un milieu où les hommes semblent systématiquement violents envers leurs compagnes, les frappant ou les insultant en pleine rue, et surtout en tant que membre de la classe sociale la plus pauvre. Il se demande s'il est devenu un bourgeois, ce qui semble assez évident pour un intellectuel parisien, il insiste beaucoup sur la notion de transfuge de classe. J'avoue me demander si cette dichotomie entre bourgeois et ouvriers est encore vraiment pertinente de nos jours, on croirait lire un sociologue du début du vingtième siècle. Même s'il est évident que les milieux sociaux ne se mélangent pas, mais je pense que la société est plus nuancée que ce partage en deux classes, forcément opposées et en lutte. Il note aussi que la violence envers les femmes existe aussi dans le milieu bourgeois, même si c'est moins systématique et plus subtil.

La misère décrite par l'auteur m'a frappée, non pas tant le dénuement matériel, qui a été largement révélé par la pandémie, mais la pauvreté sociale, ces personnes n'ont aucune perspective autre que l'aide sociale. Et si la télévision ne tournait pas en continu dans leur foyer, on croirait être chez Zola, comme si rien n'avait changé depuis le dix-neuvième siècle dans le Nord de la France. En fouillant sur le net pour en savoir plus sur l'auteur, j'ai vu qu'il est né en 1992, sa mère est donc de ma génération et j'ai été choquée que des femmes puissent encore vivre une telle vie à notre époque. La pauvreté matérielle n'explique pas tout, il y a une soumission, un déterminisme effrayant dans cette histoire. On ne peut qu'admirer cette femme d'avoir quand même réussi à sortir de ce cercle vicieux, même si elle se sent toujours méprisée par les bourgeoises de son immeuble parisien.

J'ai beaucoup aimé ce livre très surprenant vu de la Suisse. Je ne pensais pas que des zones aussi ravagée par la misère sociale existait encore si près de chez nous. Je ne dis pas que la Suisse est parfaite, loin de là, la pandémie a révélé beaucoup de précarité, mais il me semble qu'on a quand même fait des progrès depuis L'assommoir de Zola ! Un grand merci à Netgalley et Audiolib pour cette découverte.

#Combatsetmétamorphosesdunefemme #NetGalleyFrance !
Lien : https://patpolar48361071.wor..
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On pourrait reprocher à Edouard Louis de ne jamais en finir avec Eddy Bellegueule, ce petit livre revenant sur la vie ratée de sa mère. Un destin qui se reproduit d'une génération à l'autre, de femmes au bas de l'échelle sociale, subissant la violence de leur mari, et pour qui le mot bonheur reste un rêve inaccessible.
La métamorphose de cette femme est très rapide, en quelques pages, suivant l'évasion du fils d'une caste sociale prédestinée !
Bien écrit, avec légèreté, un portrait optimiste à la Ken Loach, tendre mais sans concession.
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Eddy Bellegueule est entré au lycée, puis à l'université. Il s'est éloigné, physiquement et émotionnellement, de sa famille toxique. Prenant du recul sur son enfance, il raconte sa mère, sa jeunesse raccourcie par les grossesses et l'alcool, puis, après la rupture avec le père, son changement de vie épanouissant. Un récit autobiographique plus apaisé, plus dans l'empathie et la compréhension, mais aussi moins percutant et dur pour le lecteur. Un début de pardon et de réconciliation.
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Entrer en littérature avec les mots d'Édouard Louis procure à la fois des émotions mais aussi de l'admiration ! Et, encore, lorsqu'il décrit les déterminismes d'une classe dont on ne parle que trop peu. Combats et métamorphoses d'une femme raconte le chemin d'une femme, sa mère, pour sortir des dominations qui l'enchaînent.
A partir d'une photographie de sa mère retrouvée lorsqu'elle avait vingt ans, Édouard Louis part à la reconquête de ses souvenirs pour décrire les soumissions diverses qu'elle a accepté plus tard. Jusqu'aux injures d'un père pourtant presque absent ! A partir de son récit du quotidien, la jeune fille pleine d'espoir de la photographie décline vers la femme dominée, inexistante, avec son mariage pour seul horizon, les maternités obligées et la violence du mari.
Alors, Édouard Louis décrit sa honte et sa volonté de la cacher aux regards d'autres. Jusqu'au moment, où achevant sa mue, elle puisse enfin accepter de le retrouver et de vivre loin de ses stéréotypes de classe, même si la dépendance est encore présente.
Trois ans après Qui a tué mon père, Édouard louis dépasse sa propre histoire pour révéler le statut des femmes de la classe ouvrière de cette fin du siècle dernier. Elles sont obligées au silence, à la discrétion et surtout au sourire. Car, même si dans l'intimité d'un foyer, il avait de quoi dire, ces femmes ne révélaient rien, ne se confiaient pas et cachaient la pauvreté qui obligeait à quémander pour manger.
Domination de classe et domination masculine ne pourront étouffer l'envie de cette femme pour maîtriser sa vie. Elle prendra le temps qu'il faudra, de cigarettes en cigarettes, de silence en silence , mais y arrivera quasi seule et déterminée.
Alors raconter l'émancipation de cette femme, c'est l'occasion pour ce fils de se réconcilier avec une mère qui l'a laissée pourtant souvent seul assumer sa propre révolte.
Vivre son homosexualité dans une terre du Nord où le chômage fait des ravages, Édouard Louis en a déjà parler. Devenir par son éducation et son statut d'intellectuel, l'oppresseur tant détesté, il faut le cheminement d'une mère pour l'effacer. Mais lui aussi, comme il le décrit, a participé à cette domination pour faire corps avec la masculinité. Pourtant, la fierté de ce fils envers sa mère s'entend à chaque page !
Ni roman, ni récit, ce texte très court, serait-il destiné à être dit sur une scène, comme d'autres de l'auteur ! Car, ici sont mélangés l'écriture italique, le gras et les phrases qu'on dirait off. Entendre la voix traversée d'émotions d'Édouard Louis dire ce texte sera une nouvelle émotion par cet écrivain qui se refuse à faire de la littérature :
« On m'a dit que la littérature ne devait jamais tenter d'expliquer, seulement illustrer la réalité, et j'écris pour m'expliquer et comprendre sa vie. » Qu'importe les mots pourvus qu'ils portent du sens !
https://vagabondageautourdesoi.com/2021/04/11/edouard-louis-combats-et-metamorphoses-dune-femme/
Lien : https://vagabondageautourdes..
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C'est ma première écoute d'un audio-livre, pour cela j'ai choisi un roman très court (1h37 d'écoute) d'un auteur dont je connaissais déjà le style pour avoir lu et apprécié le remarqué En finir avec Eddy Bellegueule. Tentative réussie, je suis parvenue à rester concentrée sur mon écoute grâce à la voix de l'actrice franco-suisse Irène Jacob. une voix capable de retranscrire la sensibilité d'Edouard Louis et qui s'adapte également au ton de la mère lorsque l'auteur lui laisse la parole.

L'oeuvre d'Edouard Louis est autobiographique, il a grandi dans une famille défavorisée de la Somme, où il a reçu une éducation des plus abjectes, mais il est intelligent, hypersensible et doté d'une farouche volonté de s'en sortir. Il parviendra à poursuivre de hautes études à Amiens, avant de publier son premier roman dans lequel il raconte sa terrible enfance, son désir de s'émanciper et d'assumer son homosexualité. Suivent Histoire de la violence (dans lequel il relate le viol subi à l'adolescence) et Qui a tué mon père? (dimension politique pour un livre-hommage à son père), que je n'ai à regret pas encore lus.

Combats et métamorphoses d'une femme se compose de huit chapitres, que j'ai trouvé assez inégaux. le premier est magistral et m'a beaucoup marquée. Tout commence par un autoportrait photographique de sa mère, jeune, plutôt jolie, dont le visage reflète les rêves et les espoirs. Une femme qui a des projets, souhaite étudier et travailler mais qui se retrouve mariée à 18 ans et déjà mère de 2 enfants à 20 ans. Rêves vite brisés : divorcée à 23 pour échapper à un homme alcoolique et violent. Schéma classique et qui se répète quelques années plus tard. le petit Eddy est alors témoin de la vie gâchée de cette mère, qui subit les violences, les brimades, les humiliations d'un homme monstrueux. Elle est trop faible et maltraite ses enfants par désarroi, par épuisement. Grâce au récit de vie, aux moments choisis, on ressent parfaitement l'ambivalence des sentiments que l'enfant éprouve pour elle : il a honte de ce qu'elle est mais il comprend l'injustice dont elle est victime, il la rejette mais regrette de ne pas l'avoir aider plus que cela, il se sent coupable d'être une des causes (avec les autres enfants) de sa déchéance. Elle pense qu'elle n'a pas le choix et s'emprisonne malgré elle dans un engrenage de misère.

L'intensité du premier chapitre faiblit par la suite, le récit m'a semblé parfois assez creux, mais l'ensemble résonne comme une sorte de tentative de réhabiliter une mère défaillante. Je n'ose pas trop m'avancer puisque je n'ai pas lu les deux livres intermédiaires, mais j'ai l'impression que les trois derniers romans de l'auteur sont une tentative de se justifier de l'écriture du premier, et une volonté de se racheter auprès de ses parents, après les avoir volontairement trainés dans la boue. Ce n'est pas péjoratif, l'auteur semble vouloir retranscrire la réalité, aussi dure et cruelle soit-elle. C'est réussi.
Lien : https://loeilnoir.wordpress...
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Édouard Louis en est bien conscient: il fait partie de ces écrivains qui écrivent toujours le même livre, mais en changeant de point de vue . Ici, ce n'est plus de son parcours ou de celui de son père dont il est ,mais de sa mère.
Un parcours qui semblait voué à l'échec, une femme écrasée par le manque de formation, les grossesses enchaînées, un mari peu accommodant , des enfants qui semblent suivre la même pente...
Quant à Eddy (c'est à dire l'auteur) il ne se donne pas le beau rôle, allant jusqu'à mentir pour que sa mère ne lui fasse pas honte à l'école. Il suivra pourtant, impressionné et tendre, la lente métamorphose heureuse de cette femme.
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Après avoir écrit sur son père, Edouard Louis brosse un portrait de sa mère. Il part d'une photo de sa mère à 20 ans où il voit une jeune fille à des années-lumière semble-t-il, de la vie qu'elle a vécue les 25 années suivantes. Il voit une jeune femme libre qui a tout l'avenir devant elle. Il n'a connu qu'une femme écrasée par la domination masculine, la violence et la pauvreté.
Il parle de sa mère mais il parle aussi de lui, de ses relations avec elle. Bien sûr, là encore il décrit un vécu social qui l'a empêchée de vivre ce dont elle avait peut-être rêvé. Il sera lui-même surpris de la transformation quand elle viendra vivre à Paris.
Même si peut-être cet opus m'a moins convaincue que les précédents, je continuerai à lire Edouard Louis car certaines phrases résonnent en moi de façon forte.
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