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3,65

sur 283 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce roman est excellent, tant par le thème, l'intrigue que la qualité de l'écriture ! Il y a beaucoup de passage qui m'ont tellement plu que je les ai relu pour savourer le style de l'auteur. À vrai dire, je suis surprise, très agréablement surprise, par ce roman. le résumé m'avait laissé imaginer une autre histoire que celle que j'ai lu. L'auteur aborde beaucoup de thème comme le consumérisme mais aussi la conscience de soi, l'espoir, le ressentiment... tout cela avec beaucoup de justesse.
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"Dream on my dear...
It's a sleep from which you may not awaken."
(Dead Can Dance, "The Ubiquitous Mr. Lovegrove")

En tant qu'écrivain, Mr. Lovegrove possède vraiment un rare don d'ubiquité... cela fait d'ailleurs tout son charme.
On le trouve tantôt dans le passé, tantôt dans le futur, en visite privée à Baker Street 221b, en mission officielle à Arkham, ou encore à parcourir incognito le plus grand "gigastore" du monde.
J'étais vraiment curieuse de "Days".
Dans ses pastiches, Lovegrove se débrouille à merveille en écrivant "comme Doyle" : il a le style, le vocabulaire, l'humour intelligent, et ce roman était une bonne occasion de le découvrir enfin en écrivant simplement "comme Lovegrove".
Le livre date de 1997, et j'essaie de comprendre ce qui a motivé les éditions Bragelonne pour le ressortir à nouveau à la lumière du jour en 2021. Avant l'avènement de l'internet, on aurait pu qualifier "Days" de pur roman d'anticipation, mais Lovegrove n'a pas pu imaginer les possibilités du virtuel, ni les changements dans nos habitudes d'acheter qui en découleront. Vu sous cet angle, ce roman qui a déjà un bon quart de siècle s'est transformé en une sorte d'uchronie, ce qui le rend d'autant plus intéressant à l'heure actuelle.

"Tout ce qui est vendable est chez Days, et tout ce qui est chez Days sera vendu" : voici le principe de base de ce luxueux temple commercial de 700 hectares, où on peut trouver tout ce que le coeur désire : depuis une boîte d'allumettes rarissime, en passant par casseroles, cravates, armes, ordinateurs, machines agricoles, plantes, animaux sauvages... ou même êtres humains. Days est un rêve devenu réalité ; un symbole inébranlable de la prospérité du pays et de ses prospères habitants.
Il n'est pas évident d'obtenir la "carte de Days", ce rectangle magique en plastique qui vous autorise à y dépenser tout votre argent. Mais même si vous ne possédiez qu'une pauvre carte Aluminium bas-de-gamme, vous serez toujours un élu, un privilégié qui peut regarder de haut les misérables lèche-vitrines agglutinés devant, qui se consomment eux-mêmes d'envie et de frustration. Vous, vous pouvez parcourir à volonté les 666 immenses rayons en quête de votre bonheur, limité tout au plus par la "couleur" de votre carte.

Lovegrove ne propose guère plus que l'autopsie d'une journée ordinaire dans ce magasin. Ceci dit, une journée n'est jamais tout à fait "ordinaire" chez Days, et celle-ci le sera encore moins.
A commencer par Frank, qui décide de jeter l'éponge au bout de trente trois ans de bons et loyaux services. Frank est employé comme "fantôme", un gardien qui se fond dans la masse et repère tout et tous ceux qui peuvent nuire à Days. C'est un fin limier, peut-être le meilleur, mais la machinerie huilée de Days l'a doucement transformé en "fantôme" véritable, dont la substance se limite aux quatre murs du gigastore. Il veut s'en sortir avant qu'il ne s'efface pour de vrai. Il commence la journée avec la ferme intention de donner sa démission avant sa fin. C'est loin d'être simple, d'autant plus que le travail ne manquera pas, ce jour-là.
Puis voici Linda, qui a tout sacrifié pour obtenir sa carte Silver. Ses voisines sont vertes de jalousie derrière leurs rideaux, en la regardant partir pour la première fois chez Days... mise sur son trente et un, et en taxi, s'il vous plaît ! Malgré un mari un peu récalcitrant comme compagnon, elle sait que rien ne gâchera le plaisir de ce grand jour. Elle a tellement hâte de découvrir la caverne magique et ses usages codifiés ! Et elle ne sera pas déçue....
Et puisque ce monstre commercial de génie doit être dirigé par quelqu'un, la troisième ligne narrative nous fait monter dans le royaume au septième - et dernier - étage, d'où les sept frères Days gèrent avec la régularité d'une horloge l'héritage de leur père Septimus.

Le chassé-croisé de tout ce beau monde est passionnant. J'admets que l'histoire numérologique des sept frères m'a moins enchantée, mais elle a son importance, car toute cette belle harmonie qui repose assez ingénieusement sur le chiffre sept va s'écrouler peu à peu au cours de la journée... et le lecteur aura la chance d'y assister.
Lovegrove nous livre en prime une bonne (à la fois drôle et terrifiante) satire du consumérisme, avec ses cartes "privilège", les soldes VIP et les "ventes flash", capables de transformer les clients distingués en guerriers barbares, qui ne savent plus ce qu'ils achètent ni pourquoi, mais ils sont prêts à tout pour l'avoir. Bien sûr, Lovegrove voulait aller ad absurdum et imaginer le pire, alors toute ressemblance avec les bagarres pour un pot de Nutella à - 70% en 2018, la ruée sur le PQ en 2020, et toute autre chose qui vient à l'esprit reste purement fortuite.
Rien de fantastique, presque rien d'une SF, seulement une journée dans un grand magasin imaginaire ; un récit faussement banal qui peut parfois bercer le lecteur par de distrayantes descriptions de l'opulence de Days, et par une lénifiante visite guidée du mécanisme de ses rouages... pour le tirer ensuite violemment de ses rêveries. 4/5, le discret Lovegrove,"l'une des figures de proue de la nouvelle SF britannique" (dixit la quatrième de couverture), m'a convaincue une fois de plus.
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Plus qu'un roman de science-fiction, Days est une caricature des grands centres commerciaux, et à ce titre relève plus d'un fantastique dystopique. C'est un conte satirique, cruel et cynique sur la société de consommation. Si cette histoire est plutôt terrifiante, c'est parce qu'elle est assez réaliste et pas très éloignée de notre vécu. Heureusement il y a aussi quelques petites lueurs de poésie et d'espoir (la rencontre de la tigresse blanche de la ménagerie, le rendez-vous au café). Days, le gigastore, est une affaire familiale dirigée par les sept fils de Septimus Days, son fondateur mégalo, coupés du monde et du réel. Rien de ce qui se passe dans les murs de Days n'est extrêmement différent de notre univers, juste poussé à l'extrême, jusqu'aux discrets agents de sécurité qui deviennent des fantômes. Et jusqu'aux ventes flash,qui, si elles paraissent caricaturales, n'en sont pas moins assez proche de certaines scènes de soldes, d'émeutes autour d'une certaine pâte de noisette lors d'une promotion (en 2018 en France !), ou de bagarres pour du papier hygiénique (en France mais aussi dans d'autres pays en 2020). La caricature du conflit entre le rayon librairie et le rayon informatique, pour les besoins de l'intrigue, est juste un peu trop caricaturale, quasi burlesque. J'aurais apprécié un peu plus de légèreté. Dans ce roman deux leitmotivs dominent, omniprésents : le chiffre 7, comme les 7 fils du fondateur, auquel il est fait référence de façon anecdotique en tête de chaque chapitre, et puis le regard (qui a beaucoup d'importance pour plusieurs personnages). Ce roman m'a fait irrésistiblement penser à l'apparition des premiers hypermarchés et centres commerciaux en Russie (vers l'an 2000, le premier supermarché à l'occidentale étant apparu en 1995) : impossible de payer en liquide ou par chèque (inexistant), les seuls moyens de paiement possibles étant les cartes de crédit (très rares alors) ou des cartes de paiement du magasin préalablement chargées par le client (c'est à dire que le client place beaucoup d'argent pour charger une carte qui ne permet d'utiliser cet argent que dans un seul et unique magasin!) Je me rappelle aussi avoir lu vers la même époque en cherchant s'il y avait un courant altermondialiste en Russie que le summum de la rébellion consumériste était de rentrer dans un hypermarché, de le parcourir et de ressortir sans achat ! Apparemment c'était tellement saugrenu qu'au minimum c'était deux heures à passer avec des vigiles qui ne comprenaient pas pourquoi un client se comportait d'une façon si aberrante! Bref, on n'était alors pas loin de Days. A lire avant d'aller faire les soldes !
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Days , le plus beau , le plus grand , le magasin ou vous trouverez tout et n'importe quoi , mais il vous faudra la carte pour y accéder ...
6 étages ou les clients vont jusqu'au pugilat pour obtenir une bonne affaire . Au 7 ème les grands patrons qui regardent ça en hommes d'affaires ...
Un très bon roman passionnant de bout en bout , qui nous montre un tableau peu reluisant de la société de consommation .
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En quatrième de couverture, Lovegrove se retrouve comparé à Ballard… me voilà bien, je n'ai pas lu ce dernier ! Mais quand celui-ci est décrit comme l'auteur d'une oeuvre « étrange et sophistiquée », je me dis, qu'en effet, il se pourrait qu'il existe un lien entre Ballard et Lovegrove.

Dans ce « gigastore », caricature à peine exagérée de nos grandes surfaces – le seul rayon, parmi ceux qui sont décrits, qui parait manquer dans nos grandes surfaces est le rayon Plaisir… -, tout est possible. Et les « ventes flash » déclenchent de véritables scènes d'émeute. Jusque-là, on est en terrain connu.

Et, en fait, ce qui à la fois provoque une sorte de malaise et, en même temps, de désintérêt, c'est que, même si Days n'existe pas dans la vraie vie, en réalité, ce concept existe, qu'il s'appelle Dubaï, Monaco, Davos…

Franck, dans son incapacité à parler avec les autres, est un peu fatigant… d'autant qu'il lui en fait très peu pour, tout d'un coup, tourner casaque. du coup, quand on prend son personnage du début à la fin du livre, on est assailli par un sentiment du type « tout ça pour ça ».

Linda et Gordon, franchement, font plus mal au coeur qu'autre chose. Avons-nous vraiment besoin de ces deux personnages pour comprendre que la consommation est un piège, dans lequel la plupart des victimes se précipitent de leur propre volonté ?

Les frères Day ont tout de la « pauvre petite fille riche », et, en plus, ils sont représentés de façon tellement caricaturale… La gravure de mode, le leader, le raté / alcoolique…

La seule qui tire un petit peu son épingle du jeu, c'est Madame Shukhov. Elle seule parait un peu sortir des codes classiques du genre.

Là où le pamphlet aurait pu être enlevé, la critique reste au raz des personnages. Il m'a manqué de ce souffle épique, de cette dimension imaginative qui pouvait élever le débat. Mais non… on reste à fleur de pavé…
Lien : https://ogrimoire.com/2021/1..
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Magasin aux mille promesses, bousculades... Ça ne vous dit rien, surtout en cette période ? (Par ici en tout cas, les achats de Noël commencent et c'est la folie dans en boutiques...)

Days décrit justement ces types de comportements ! Acheteurs et acheteuses compulsives, violence sous-jacente chez ces personnes comme chez les vendeurs ou PDG, lassitude des vigiles...

J'aime beaucoup lorsque les auteur.e.s intègrent le fruit d'études sociologiques et les poussent à l'extrême (coucou Zola - bon OK, pas de comparaison, ce serait abuser) et c'était tout à fait le cas ici, je n'ai pas été déçue !

Point négatif en revanche, le point de vue du vigile sur le départ. J'ai carrément sauté les passages à la fin parce que son histoire ne m'intéressait plus, je trouvais qu'on tournait en rond... Sûrement le but recherché d'ailleurs, mais j'étais juste agacée...

J'avais assez à faire avec les frères Days, héritiers de l'entreprise, un couple de nouveaux acheteurs ignorants confrontés à la sauvagerie, et enfin la cheffe de rayon livres dont l'espace est réduit par le rayon informatique (tient ça me rappelle deux autres guéguerres puériles...).

En bref, une lecture qui s'est faite d'une traite et que j'étais frustrée de quitter sur une telle fin ! Un bon livre en somme !
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Waouh ! Que dire de plus ? Après cette lecture, je suis restée sous le choc. Ce livre est un vrai coup de poing. Je ne parviens pas encore à déterminer dans quel sens il a redéfini ma vision du monde et des êtres humains, mais il l'a fait, c'est certain. Ce fut passionnant et terrifiant de bout en bout. Quelle leçon !
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L'histoire est celle d'un magasin, un énorme et gigantesque magasin, qui contient sur six étages tout ce qu'il faut pour qu'on puisse consommer sans se préoccuper de ce qu'on achète. Tout, des femmes aux cravates, des livres à la nourriture. Et bien évidemment, tout cela à un prix. Days est le magasin dans lequel on ne rentre qu'avec une carte. Et cette carte indique votre niveau de richesse.

Dans ce temple de la consommation moderne, quatre destins se croisent. L'un est celui d'un simple employé, un fantôme. Un homme qui traque les voleurs en les repérant dans ce qui est le plus grand lieu de vol possible du monde. Une autre est cette dame qui tient le rayon de la littérature dans le magasin, et qui voit, jour après jour, son espace disponible diminuer au profit de celui de l'informatique. C'est également le destin d'un couple, qui vient inaugurer en cette brillante journée sa carte du magasin. le premier jour pour eux dans le monde de la sur-consommation. Et enfin, c'est le destin de la famille dirigeante, des sept frères Days qui tiennent ce magasin.

J'ai beaucoup aimé ce roman, qui ne s'étale que sur une seule journée tout en nous présentant quatre points de vue différents dans un même magasin, plus grand que n'importe quel autre dans le monde. Sans même évoquer la surconsommation ou la déviance des hyper-marchés, ce livre nous offre également une belle fable sur l'homme et les dérives qu'il peut connaître dans sa vie, entre les couples qui ne peuvent pas s'accorder ou encore les frères Days, entrepreneur du magasin, qui doivent à la fois tenir quelque chose de trop gros, s'accorder entre eux et en même temps sont prisonniers d'un joug parental. D'autant plus oppressant que le père n'est plus là.

Ce roman est assez brillant dans son genre, et j'ai énormément apprécié de le lire, avec le foisonnement de ce qui est présenté, tout en ne s'enlisant pas dans une critique massive. le livre sait retrouver l'histoire quand il le faut, et retombe sur ses pieds d'une belle façon, en concluant de façon assez magistrale, puisque chaque arc narratif aura sa propre fin, ce qui fait qu'on ne peut y voir une fin heureuse ou malheureuse.

Un beau livre, qui est assez unique dans ce que j'ai pu lire pour l'instant, mais qui est bien typique de ces fantaisies urbaines qui dépeignent notre société sous un jour peu glorieux. Les différents personnages sont à la fois touchants et glaçants d'effroi par leur apathie face à la vie, mais ce roman sonne bien réaliste, et c'est là tout l'intérêt. Et je ne parle pas de la façon dont les histoires se croisent pour finir par avoir chacun sa propre identité, finissant dans plusieurs nuances de tons. Un bon roman, qui se lit agréablement et qui invite à réfléchir. Une belle découverte qui m'a bien fait plaisir.
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Satire sociale sur l'hyperconsommation
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Bienvenue dans le magasin où tout s'achète (même des animaux sauvages).
Imaginez un giga store de plusieurs étages, situé au centre-ville d'une grande mégapole, 666 rayons où vous trouverez tout article qui suscite l'envie de le posséder. Un roman d'anticipation qui montre les dérives poussées du consumérisme. Avec un endettement certain qui va jusqu'à l'expulsion voire le bannissement des clients. Car chez Days , le client est roi à condition qu'il ait un compte bancaire bien garni.
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Accompagné d' un couple lambda, fiers détenteurs de la carte privilège, nous déambulons dans ce magasin et vivons cette aventure au plus près. Il y a également le vigile désabusé, attendant de prendre sa retraite très prochainement, et la tête pensante de ce conglomérat, les sept frères héritiers.
A travers le prisme de cet échantillonnage, l'auteur dénonce les travers de nos concitoyens. La consommation à outrance décrite ici avec finesse et cynisme n'est plus de la science-fiction malheureusement.
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Une fable contemporaine intéressante sur le plan sociologique.
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Days est un gigastore, le plus grand et peut-être le plus beau du monde où tout ce qui peut s'acheter légalement se vend. Frank est un Fantôme, un vigile silencieux et efficace qui arpente le grand magasin toute la journée pour y débusquer le moindre voleur, aidé en cela par l'Oeil, le dispositif de vidéo-surveillance. Mais à cinquante ans passé, il a décidé aujourd'hui de démissionner pour vivre enfin et ne plus voir son reflet disparaître dans le miroir. Sept frères dirigent le gigantesque centre commercial depuis la mort de leur père Septimus Day, le fondateur. Mais quand le petit dernier complètement saoul, Sonny, envenime plutôt qu'il ne calme une guerre ouverte entre le rayon Livres et le rayon Informatique, l'inaltérable gigastore Days vacille sur ses fondations…
L'histoire se déroule sur une journée et dans un lieu unique mais multiple. Elle fait entrer un couple qui découvre le gigastore et nous le fait découvrir à travers leurs yeux et ceux de Frank. le roman dénonce l'ultra consommation, le fait d'acheter pour acheter sans réel besoin, les offres de promotion à durée limitée qui rendent les clients complètement fous, les dirigeants peu au fait et peu soucieux des conditions de travail de leurs employés… Ecrit en 1997, Days est une critique de la société de consommation un peu datée (il y manque la dimension internet) mais dotée d'une intrigue efficace et plaisante à suivre.
Lien : https://puchkinalit.tumblr.c..
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