Après avoir côtoyé les horreurs de Cthulhu pendant trois livres,
Sherlock Holmes et Watson se frottent depuis au fantastique et à ses limites.
Sherlock Holmes et les Trois Terreurs d'Hiver est le sixième ouvrage de cette série que l'auteur britannique
James Lovegrove consacre depuis près de sept ans au fameux détective. Plus de monstres à tentacules donc, mais des cas qui épousent les formes du surnaturel. Au fameux détective de vérifier si tout cela est vraiment dû à une intervention des esprits ou de l'au-delà, ou si la main humaine est seule responsable.
En fait, ce roman n'en est pas vraiment un. Il s'agit plutôt de trois nouvelles réunies en un seul ouvrage et dont certains personnages reviennent de texte en texte. Trois histoires indépendantes dans l'esprit, mais reliées entre elles et avec une conclusion qui vient clore le début du livre. Un vrai dénouement. Et des personnages que l'on retrouve de l'un à l'autre, qui grandissent, vieillissent, meurent. Une famille, essentiellement, avec ses drames et toute sa complexité. Les récits se déroulent de 1889 à 1894. On commence dans l'ancienne école de Watson, avec un de ses anciens camarades de classe confronté à un suicide étrange. La victime est un élève retrouvé noyé dans une mare proche de l'établissement. Sans doute un banal accident. Mais on accuse une ancienne malédiction : une sorcière l'aurait lancée deux cents ans plus tôt et, depuis, les noyades se multiplient. Coïncidence ou réel sortilège ? Notre détective préféré va devoir, une fois de plus, creuser dans le passé et derrière les apparences pour parvenir à la vérité. Et typique des récits de ce livre : l'auteur oppose systématiquement l'apparence étrange, fantastique, magique à une possible réalité plus prosaïque. Laquelle des deux s'avérera la bonne ?
C'est l'une des qualités de ces textes : onduler régulièrement entre le fantasme et le réel, l'horrible et le bassement tragique. Les trois intrigues, si elles ne sont pas d'une complexité folle, proposent tout de même certaines subtilités et retournements de situation qui font de cet ouvrage une lecture très agréable.
James Lovegrove est parvenu, pour chacune, à tenir la distance entre les différentes pistes. Il nous propose de revisiter le thème de la malédiction lancée par une sorcière des siècles avant le drame actuel ; mais aussi celui des fantômes et de leur pouvoir dévastateur ; et enfin, celui du cannibale reclus loin de la société des autres hommes, mais cependant pourchassé par ceux-ci, révulsés à l'idée de cette différence par trop extrême. On finit par se douter, au fur et à mesure, du côté duquel penche la balance, plutôt réel, plutôt fantastique. Cependant, les ressorts des personnages, leurs motivations et les tenants et les aboutissants de chaque histoire ne manquent pas de finesse et peuvent même surprendre. Et l'auteur sait distiller des indices, parfois utiles, parfois perturbants, fausses pistes avérées, tout au long de sa narration, maintenant l'intérêt de son lecteur. Si on ajoute l'avantage d'avoir trois récits séparés, donc qui ne s'étirent pas en vain sur des dizaines de pages (comme cela arrive quand un auteur tient une idée mais ne parvient pas à la développer raisonnablement) superfétatoires, le temps passé en compagnie de notre couple de détectives si célèbre est fort distrayant.
Lecture agréable que celle de
Sherlock Holmes et les Trois Terreurs d'Hiver de
James Lovegrove. L'écrivain britannique ne fait pas honte à l'un des plus célèbres personnages de la littérature de genre en lui offrant des enquêtes originales et de bonne tenue. le style est alerte, sans précipitation, les descriptions éclairantes, sans être lourdes. Au final, un bon cru. Je ne peux cependant que tiquer devant le prix du livre français. Certes, c'est de la belle ouvrage, avec tranche dorée et tout et tout. Mais 28 euros, même en ces temps d'inflation, cela fait toujours un peu mal au porte-monnaie, électronique ou pas. Pour ne pas finir sur une note négative, je dis à nouveau combien les moments passés auprès de
Sherlock Holmes et du docteur Watson ont été pour moi source de distraction et de joie. J'ai frissonné de plaisir devant ces trois terreurs d'hiver.
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