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4,18

sur 374 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'état du monde inquiète Amin Maalouf qui dans cet essai se questionne sur les raisons pour lesquelles celui-ci a tant dérivé. Où est passé le monde de nos rêves ? Pour quelles raisons, dans cette période d'évolution scientifique, technologique et économique sans précédent, se retrouve-t-on dans une telle situation de malaise moral et politique ?

Amin Maalouf appartient à une famille déracinée contrainte d'errer entre l'Égypte et le Liban, du Caire à Beyrouth, dans un Moyen-Orient désorienté. Il va s'installer en France en 1976.
L'essai commence par une courte partie autobiographique, afin d'expliquer comment l'auteur va livrer sa réflexion. Il s'inquiète de voir la dégradation qui s'est propagée partout dans le monde, à partir de son cher « Levant ». Il évoque les causes historiques de la radicalisation de l'Islam dans certains pays musulmans et son inquiétude se porte en particulier sur le monde arabe : « Ce qu'il y a de pire pour un perdant, ce n'est pas la défaite elle-même, c'est d'en concevoir le syndrome de l'éternel perdant. On finit par détester l'humanité entière et par se démolir soi-même. » Selon Amin Maalouf, c'est en 1967, avec la guerre des Six Jours, que tout a commencé. «Il y a […] un événement qui se détache de tout le reste, et qui marque un tournant décisif dans l'histoire de cette région du monde, et au-delà ; un affrontement militaire qui s'est déroulé sur une période incroyablement brève, et dont les répercussions vont pourtant se révéler durables : la guerre israélo-arabe de juin 1967.» Le monde arabe n'a jamais pu surmonter cette défaite, remplacé par un nationalisme fondé sur la religion qui a provoqué la montée de la violence et les attentats que l'on connaît, dont l’événement emblématique est le 11-Septembre. Amin Maalouf souligne l'influence accablante des appartenances religieuses qui rendent presque impossible toute tentative d'équilibre et d'harmonie.

Le livre oscille entre espoir, pessimisme et mélancolie. Lucide sur une réalité qui semble éloignée de nous, Amin Maalouf est capable de tirer une grande leçon de vie à partir de sa « petite » expérience de vie, et se livre à une réflexion concernant cette rage identitaire qui déchire la planète. Il fait une analyse assez pessimiste de la crise que traversent les mondes occidental et arabe. "Quels sont les tournants qu'il aurait fallu prendre ? Aurait-on pu les éviter ? Est-il encore possible aujourd'hui de redresser la barre ?"

La question fondamentale est celle de l'identité. Selon Amin Maalouf tous les problèmes que nous vivons sont dérivés de cette question. Il faut que les gens soient encouragés à assumer l'ensemble de leurs appartenances. Si l'on n'arrive pas à résoudre cela, comme c'est le cas aujourd'hui, on se dirige vers un naufrage. Il est plus que jamais nécessaire de tisser des liens solides entre les personnes afin de développer le sentiment d'une appartenance commune à une nation, un continent, un monde, où on peut être citoyen de plusieurs lieux à la fois.
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Le naufrage des civilisations est un essai d'Amin Maalouf pour parler de notre monde.
Depuis plus d'un demi siécle Amin Maalouf a parcouru le monde que ce soit à Saigon pour la chute du Vietnam ou encore à Téhéran pour le retour de l'Ayatollah Khomeiny en Iran.
Amin Maalouf d'origine libanaise a une réflexion experte sur le Liban , le Levant et le moyen Orient.
C'est à partir de ma terre natale que les ténébres ont commencé a se répandre sur le monde écrit Ain Maalouf.
C'est la base de cet essai qui depuis les années 45 jusqu'à maintenant va décrire le naufrage des civilisations.
S'appuyant sur les grands événements historiques comme l'arrivée au pouvoir de Nasser en Egypte , la guerre des 6 jours , la partition du Liban ou encore le retour de Khomeiny en Iran, Amin Maalouf nous fait revivre de façon passionnante cette histoire qui a modelé le monde.
Entre conservatisme et progressisme Amin Maalouf nous fait comprendre l'importance de l'année 1979/ 1980 avec l'arrivée au pouvoir de Margaret Tatcher , de Ronald Reegan et l'élection de Jean Paul II.
Ces années 1979 /1980 qui sont à l'origine des profonds changements qui mènent au naufrage des civilisations.
Naissance du terrorisme djihadiste , prédominance du conservatisme et du repli sur soi.
C'est clair , c'est net , c'est précis.
C'est grave , un peu noir mais c'est une réalité.
Il n'y a pas de lumière au bout du tunnel et sans être un oui-oui ou un ravi de la crèche il me semble que le constat est trop noir et qu'il laisse peu de place à une prise de conscience.
Elle sera sûrement tardive , mais pourquoi n'existerait-elle pas ?

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En revenant sur le parcours de sa famille et de lui-même, Amin Maalouf trace l'histoire du Proche-Orient des années cinquante à 2019 (date de parution de cet essai). Pour lui, la chute en cascade des civilisations prend naissance là-bas. Issu d'une famille de libanais ayant dû fuir l'Egypte après l'arrivée au pouvoir du Raïs (Nasser), il prend plutôt exemple sur Mandela qui a empêché la fuite des blancs après son accession à la présidence. le Liban a été longtemps un refuge pour les Egyptiens, les Syriens et d'autres peuples de la région. Pendant un cours laps de temps, l'Egypte et la Syrie réunies dans la république Arabe Unie ont tenu le pari de traiter égalitairement toutes les communautés, même les plus petites. Mais tout cela n'a pas duré, la date charnière étant, selon l'écrivain, 1967 et l'humiliation des Arabes lors de la guerre des six jours.
Une autre date très importante fut 1979, Amin Maalouf insiste beaucoup là-dessus : ce fut l'année des révolutions conservatrices, avec à leur tête Thatcher, puis plus tard Reagan mais aussi Khomeiny, Teg Siao Ping et Jean-Paul II.
L'auteur explique de même comment les Américains, pour contrer les Russes, ont favorisé la montée de l'islamisme radical et participé au massacre des communistes indonésiens (ce qui est moins connu).
J'ai trouvé ce livre intéressant et relativement instructif mais pessimiste, d'ailleurs il se conclut par l'évocation du naufrage du Titanic ; cependant, en constatant les évènements survenus après sa parution, n'y-a-t'il pas lieu de l'être et l'auteur n'est-t'il pas un véritable visionnaire dans son analyse ?
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J'aime beaucoup les romans d'Amin Maalouf, mêlant fiction et critique constructive. Voici que l'auteur va plus loin dans l'analyse des causes de la dérive nationaliste et intégriste de notre société.
Il n'est plus ici question de fiction, mais du plus affligeant des constats réalistes.
L'auteur met en avant des faits et des dates cruciales qui sont, pour lui, le point de départ du naufrage de notre société : L'abandon chaotique des "colonies" et autres "protectorats" et "l'invention" du capitalisme planétaire. La chute du communiste et de l'espoir qu'il apportait aux plus démunis. La monté des intégrismes et des nationalismes qui l'ont remplacé...

Je ne suis pas, loin de là, un spécialiste de politique internationale, mais j'ai vécu l'effondrement des espoirs comme tout un chacun. Je me sens plus que concerné par cet essai; J'ai l'impression d'avoir participé au naufrage.

Puissent les générations qui suivent la notre, réparer nos erreurs, à défaut de nous pardonner.
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Sorti en 2019, cet essai est criant d'actualité. On comprend mieux ce qui ce passe actuellement entre israéliens et palestiniens. Amin Maalouf est un humaniste, sa perspective est à la fois celle du monde arabe et occidental. Il spécule soit sur ce qu'aurait pu être l'histoire du moyen orient sans la guerre des six jours, événement central selon lui qui à scellé le sort du monde arabe et l'a plongé dans un prisme de négation sans issue. Mais les scénarios proposés de sorti se sont produits ailleurs dans le monde, alors pourquoi pas dans le monde arabe, scénarios qui ne recourent pas nécessairement à la confrontation armée , mais qui se fondent sur l'économie, le rayonnement culturel et la reconnaissance du savoir faire et spécificités du monde arabe.
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Amin Maalouf est né juste après la seconde guerre mondiale. le naufrage des civilisations est une analyse fine, précise, documentée des 70 dernières années de notre monde. Une triste constatation de sa dérive et quelques espoirs pour éviter le naufrage. Un livre pas très remontant, malheureusement réaliste, qui aide à prendre du recul. Quant à l'avenir, bien qu'inquiétant, tout est encore possible si chacun y met du sien en vue d'une humanité solidaire et unifiée.
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Voilà un court essai , qui n'atteint pas les sommets des Désorientés, et qui porte un regard dur, certainement très réaliste sur l'état de délabrement de "son" moyen-orient. Maalouf est pessimiste et désabusé sur sa fin de vie. Il n'empêche que son survol de l'histoire des 50 dernières années n'est pas dénué d'intérêt ni de pertinence. il m'a permis de redécouvrir la forte présence maronite en Egypte dans les années 50. le paradis perdu d'Alexandrie, ou la puissance du parti communiste...irakien après la deuxième guerre. Rendons à Maalouf ce qui lui revient: un point de vue pertinent sur le tournant qu'a représenté la guerre perdue de 67, entrainant la chute de celui qui aurait pu être un véritable leader arabe. Ainsi qu'une analyse subtile de l'année 79, autre charnière ( arrivée de Khomeiny, de Thatcher, de Deng Xiaoping , de Jean-Paul II .... et des russes en Afghanistan. Sans oublier l'attaque de la grande mosquée de la Mecque. Les populations locales ont perdu toute estime d'elles-mêmes, le communisme et son contraire ont laissé les pays exsangues, et les sunnites et les chiites ont réactivé leur haine ancestrale. le terreau est aujourd'hui prêt à accueillir tous les débordements, les intégrismes, les replis sur soi identitaires. Pas joyeux tout cela, mais si bien écrit.
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Amin Maalouf, journaliste et académicien, propose une très synthétique et stimulante observation des mouvements politiques internationaux au cours du XXe siècle.

S'inscrivant comme un « spectateur » de son siècle - qui fut aussi celui de ses parents, Amin Maalouf concentre son analyse sur des dates marquantes expliquant selon lui des tournants idéologiques qui marquent encore le début de notre XXIe siècle.

1979 est par exemple une de ces grandes dates marquant l'avènement de conservatismes puissants et révolutionnaires à travers le monde : au Royaume-Uni (Thatcher), à Rome (Jean-Paul II), en Iran (Khomeiny), et en Chine (Deng Xiaoping).

Ce postulat est intéressant et très bien argumenté par l'auteur. Il en va de même de son postulat plus fin encore concernant le marasme des populations arabo-musulmanes à se relever et à se moderniser après la défaite de la Guerre des Six-Jours.

Sa description de Nasser, des Palestiniens et des acteurs du Proche-Orient durant les Trente Glorieuses complète de manière pertinente les nombreux récits qu'on peut avoir lu sur cette région du monde à cette époque.

Le style de Maalouf est fluide et clair, à la fois personnel et ouvert sur le monde.

L'ouvrage perd néanmoins en crédibilité sur le fond et en force sur le récit à partir de la page 328 jusqu'à l'épilogue : l'auteur se perd dans ses « tristesses » qui sont légitimes mais tranchent avec son travail d'argumentation autour des révolutions conservatrices de 1979. On aurait aimé qu'il prolonge encore sa réflexion à ce sujet ou alors qu'il s'arrête dans son récit.
Après la page 328, le récit n'est donc pas nécessaire et n'aborde pas en plus la pandémie alors que l'ouvrage a été publié en novembre 2020.

On peut également se demander sur le fond si l'auteur ne transpose à pas à l'excès son analyse des divisions identitaires de son Liban paternel au reste du monde. Si son point de vue semble très bien vu à travers les luttes identitaires à l'intérieur des États comme au niveau supra-étatique, peut-on en faire une généralité ?

Amin Maalouf est sans conteste un excellent observateur (qualité fondamentale du journaliste), et un écrivain très agréable à lire.
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Synopsis : "Il faut prêter attention aux analyses d'Amin Maalouf : ses intuitions se révèlent des prédictions, tant il semble avoir la prescience des grands sujets avant qu'ils n'affleurent à la conscience universelle.

Il s'inquiétait il y a vingt ans de la montée des Identités meurtrières ; il y a dix ans du Dérèglement du monde. Il est aujourd'hui convaincu que nous arrivons au seuil d'un naufrage global, qui affecte toutes les aires de civilisation."

J'ai beaucoup aimé cet essai sur l'évolution des civilisations sur la fin du 20è et le 21è siècle, du point de vue de A. Maalouf. C'est un ouvrage très agréable à lire de par la qualité de l'écriture, très instructif et qui donne à réfléchir...
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Cet essai d'Amin Maalouf, académicien, n'est pas euphorisant. Il s'agit d'une sérieuse réflexion, bien argumentée. L'autorité que lui donnent son parcours et son âge contribue à conforter l'analyse de l'auteur.
le titre pourrait faire croire à un regard porté sur une très large palette de civilisations, de Sumer à nos jours (c'est précisément pour cela qu'il m'a immédiatement attiré). Non. Amin Maalouf examine la période contemporaine, des années soixante à nos jours. Il le fait en tant que Libanais ayant vécu enfant en Égypte, journaliste ayant suivi pendant des décennies les grandes secousses que notre monde a subies et en tant que résident en France depuis une quarantaine d'années,
le point de départ de cet essai est la terrible désillusion de la guerre de 1967 (dite des "Six Jours") qui, un demi-siècle plus tard, continue de maintenir le monde arabo-musulman dans un sentiment profond de frustration sous le joug du syndrome de l'éternel perdant. L'auteur prétend que cette crise au Levant a, par contagion, entraîné toute une série de conséquences pour l'ensemble de la planète, dont les chocs pétroliers et le terrorisme.
Il met en relief la conjonction, non fortuite selon lui, d'évènements à la fin des années soixante-dix (Révolution iranienne, avènement de Deng Xiaoping, de Mme Tatcher, de Reagan, et de Jean-Paul II et invasion de l'Afghanistan), ce qui conduira à l'effondrement de l'URSS, à la victoire du capitalisme (célébrée par Deng Xiaoping, lequel, "arbitre sur le ring, lève le bras du vainqueur !..".).
Amin Maalouf met en relief les occasions ratées, notamment quand la Syrie a dépassé la ligne rouge et que les USA d'Obama n'ont pas bougé. Il fait remarquer qu'un pays qui propulse à l'extérieur ou élimine ses minorités (ou son colonisateur), s'affaiblit et qu'un vainqueur qui ne tend pas la main au vaincu (cas des USA avec Gorbatchev) finit par y perdre lui aussi. Quand, au contraire, Mandela recompose l'État sud-africain en évitant le départ les Blancs, il permet le passage sans violence d'un régime à un autre.
Finalement, avec pas mal d'arguments, Amin Maalouf prétend que l'homogénéité d'un État est une faiblesse, un facteur de division et qu'au contraire, la cohabitation de minorités est source de richesse. Il pense au Liban , bien sûr, mais pas seulement....
Les pessimistes conforteront leur vision du monde futur à cette lecture, mais tous les lecteurs doivent faire la part des choses entre les faits objectifs et leur interprétation.
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