J'ai commencé 2022 avec le premier roman de la saga "Acotar" (A court of thorns and roses), et autant dire que je suis mitigée. Voire en colère sur certains points. J'ai entamé ce roman suite aux critiques incroyables qu'il recevait de toute part... Et j'avoue n'absolument pas comprendre l'effervescence.
Un résumé, tout d'abord : dans un monde où les êtres humains vivent séparés par une frontière des Fae, créatures surnaturelles et immortelles, Feyre tente de garder ses deux soeurs et son père en vie en chassant leur nourriture aux abords du village. Un jour, elle abat un loup gigantesque qui s'avère être en réalité un Immortel. La sentence pour ce meurtre est une vie de captivité dans le royaume de Prythian, terre des Fae. Feyre se retrouve donc recluse dans le palais du seigneur Tamlin...
On va commencer par les points positifs : le roman se lit facilement. J'avais besoin d'une lecture sans prise de tête, et "Un palais d'épines et de roses" correspond à cette description. La lecture est fluide, bien que l'autrice (en VO comme dans la traduction) a un style très simpliste, avec BEAUCOUP d'adjectifs qui sont répétés toutes les dix lignes, voire même au sein de la même phrase. Il n'empêche que j'ai terminé l'ouvrage en quelques jours seulement, il se laisse donc lire. L'univers est intéressant, le principe du mur rappelle certes le Trône de Fer, mais le world building est peut-être l'élément que j'ai trouvé le plus prometteur.
Le fait que l'histoire soit une réécriture de "La Belle et la Bête" ne m'a pas forcément déplût, mais j'ai retrouvé tous les tics communs ayant tendance à m'agacer dans ce type de fiction : j'y ai vu des facilités scénaristiques, des contradictions entre les scènes, des incohérences de caractères et de situations, une mise en avant essentiellement de la tension sexuelle entre les personnages, et une héroïne insupportable mais qui met tous les héros masculins en pâmoison.
Deux points m'ont vraiment BEAUCOUP énervé : le premier est l'héroïne. Déjà, elle s'appelle Feyre, il y a donc clairement d'office dans sa nomination les termes "fée" ou "Fae" ce qui sans grande surprise la prédestine. Dès le premier chapitre, l'histoire fait donc preuve de peu de subtilité... Et ce soucis se retrouve malheureusement tout le long du roman. A aucun moment je n'ai été surprise ou étonnée, on voit tout venir à l'avance...
Feyre donc, est ce que l'on appelle une "Mary-Sue" dans le jargon littéraire : c'est une héroïne "belle et rebelle", qui nous est vendue comme une femme forte, là où elle est en réalité plus que pénible. Toutefois, les personnages masculins la trouveront tous digne d'estime ou terriblement désirable, et ce même si elle ne fait rien de particulier ou qu'elle leur crache au visage (parce que oui, elle fait vraiment ça). Tout le long de l'intrigue, elle se fait aider et sauver par des tiers et au final le nombre de choses qu'elle accomplit de par elle-même se compte sur les doigts d'une main. Elle va tour à tour être colérique ou mièvre au possible ; elle va insulter et hurler sur les personnages venant à son secours, sans que les protagonistes s'en sentent offensés, ou ne cessent de l'aider. Taper du pied ne fait pas d'un personnage féminin une héroïne rebelle et badass : ça en fait une enfant, méritant une paire de claques.
Et ne parlons même pas du traitement de la méchante de l'histoire s'il vous plaît... Une antagoniste que l'on pourrait résumer par "Agrougrou, que je suis diabolique !".
Le protagoniste masculin de cette histoire, Tamlin, n'est pas mieux. Déjà, c'est forcément un adonis magnifique, avec une description davantage détaillée de ses muscles que de sa personnalité...
Et j'aborde le second point m'ayant beaucoup énervé : la "romance". J'ai beaucoup de mal avec ces histoires à la Cinquante Nuance de Grey, où tout se base sur l'attirance physique et sexuelle. C'est très bien la sensualité dans une romance, surtout si c'est bien manié, mais quand c'est ce qui définit le comportement entier des personnages, cela donne juste un côté à la fois malsain et superficiel à la relation... Et s'il vous plaît, ARRETEZ de romanciser des agressions sexuelles, surtout dans des romans accessibles à la jeunesse. Quand un mec te plaque contre un mur, te susurre à l'oreille qu'il vient de violer une meuf sans douceur, mais qu'avec toi ça va être différent et que tu vas adorer ça, ce n'est pas SEXY. C'est une agression sexuelle, et je trouve ça terrible de normaliser, et sensualiser ça. Ca m'a vraiment mise hors de moi. Et ce genre de scènes, c'est tout le long du roman.
Alors, on pourrait sortir le bouclier du "oui mais c'est du young adult" comme excuse, mais non. "Harry Potter" c'est de la jeunesse. "A la Croisée des Mondes" c'est de la jeunesse. Les romans de
Pierre Bottero sont de la jeunesse. "La Passe-Miroir" aussi, et pourtant la relation entre Thorn et Ophélie est une des plus belles que j'ai pu lire, tout en étant peu démonstrative. Ce que Sarah.J.Maas nous offre ici, c'est du Cinquante Nuance de Grey avec un skin fantasy, ou de la "romantasy" dans le jargon.
J'ai vraiment eu l'impression d'être prise pour une profonde idiote tout le long de ma lecture, ce qui fait que je ne suis aucunement tendre dans ma review. Je ne vais pas citer l'énigme de fin hein, évidente et cliché au possible, et qui nous est livrée comme un twist scénaristique...
On a tenté de me vendre un univers magique incroyable, une femme forte et une histoire d'amour ; j'ai l'univers magique au moins, même s'il n'est pas incroyable. Quant à la femme forte, Feyre n'est que l'ombre même de ce concept, et l'histoire d'amour se résume à du vent.
Alors beaucoup de gens m'ont dit "mais c'est mieux au tome deux". Certainement, mais je ne ressens pas l'envie de poursuivre mon avancée. Avec des bases comme celle là, je me contrefiche de savoir si Feyre va osciller entre Tamlin, Rhysand, et peut-être d'autres protagonistes lors des prochains tomes, je préfère me concentrer sur d'autres lectures. J'ai conscience qu'il s'agit d'une "unpopular opinion", et tant mieux si d'autres personnes ont passé un meilleur moment que moi. Peut-être ne suis-je pas le public, peut-être suis-je passée à côté de cette lecture ; ma conclusion toutefois est qu'à mes yeux, la hype autour de cette saga est clairement exagérée.