Avoir vingt ans, est –ce identique sous toutes les latitudes ? le processus de maturation d'un enfant dépend-il de constantes ?
Il semble que oui à la lecture de l'ouvrage d'Alain Mabanckou
Demain, j'aurai vingt ans ,qui relate l'enfance dans le Congo des années soixante-dix , d'une jeune garçon âgé de dix ans nomme Michel .Ce dernier est ainsi informé par son père adoptif , réceptionniste à l'hôtel Victory Palace , des échos de la politique internationale et de la situation de son pays , le Congo, qui accueille des touristes excessivement tristes selon son père : « C'est pas tout : il faut aussi bien faire rire les clients. Papa Roger a donc toujours un mot pour que ces Blancs rient car, dit-il, avec le froid qu'il ya là-bas en Europe les Blancs ne rient pas beaucoup. »
Michel est étonné des récits de son oncle tonton René, militant marxiste convaincu, qui tente en vain de l'initier aux rudiments d'un marxisme-léninisme transposé à grand-peine au cadre local congolais .Il éprouve de l'affection et de l'admiration pour cet oncle décidément infatigable, dont la force de conviction emporte son admiration d'enfant.
Un autre personnage du roman aiguise beaucoup sa curiosité, c'est Roger Guy Folly, journaliste à La Voix de l'Amérique, dont les interventions contredisent celles de l'oncle Roger, mais font connaître à cet enfant les premiers contours de la géographie mondiale, et le familiarisent avec les conflits et drames de l'époque : « Oui , Idi Amin Dada est vraiment un monstre plus méchant que le dragon .Moi, je n'ai plus envie de suivre son histoire que papa Roger veut nous forcer à écouter(…) Je ne peux pas quitter la table, on dirait un impoli sinon on va croire que moi Michel je ne veux pas m'informer sur ce qui se passe dans un pays de notre continent. »
Le jeune Michel est éveillé au sentiment amoureux par Geneviève, jeune fille séduisante mais inaccessible var promise à un autre homme, Yaya Gaston et de surcroît sensiblement plus âgée que lui .Il surprend un soir leurs ébats amoureux : « Ils parlent tout bas pour que je n'écoute rien. Mais pourquoi au lieu de crier au secours se met-elle à rigoler ? »
La fausse naïveté du personnage, le comique des situations, l'évocation de l'Afrique des années 70, et ses enthousiasmes postcoloniaux rattachent ce roman à la catégorie des Bildungsromane, les romans d'initiation, et le rendent hautement recommandable.
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