AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,74

sur 228 notes
5
19 avis
4
21 avis
3
8 avis
2
4 avis
1
0 avis
Michel, gamin congolais des années 70 nous raconte avec son innocence et sa naiveté d'enfant sa vie dans ce Congo récemment indépendant et communiste. Il vit dans une famille recomposée et adore papa Roger, son beau père, qui a accueilli sa mère délaissée par son père parti avec une femme plus jeune. Maman Pauline travaille sur les marchés. Un gamin qui aime et lit Pagnol, il le cite à plusieurs reprises, et on retrouve dans ses mots, la fraicheur enfantine, la tendresse de "La gloire de mon père" ou du "Château de ma mère"......
Premiers émois amoureux, jalousie, vie simple de ces petites gens, de Michel émerveillé par le premier radiocassette. Il suit l'actualité : crise des otages américains à Téhéran, Vietnamiens chassant les khmers rouges, Idi Amin Dada fuyant l'Ouganda, combat de boxe Mohamed Ali contre Georges Foreman au Zaïre, Mesrine, San Antonio ....toute mon adolescence.
Il a 7 frères et soeurs, enfants de Roger, plus âgés pour certains d'entre-eux, et un grand copain, Lounes le fils du tailleur. Maman ne peut avoir d'enfant avec Papa Roger, les féticheurs ont donc dit que c'était la faute à Michel qui "gardait la clef du ventre de sa mère"...à lui de la trouver ...mais où est elle....?
Un grand voyage dans cette Afrique traditionnelle qui découvre l'indépendance et reste malgré tout attachée à la France, à Giscard, plus préoccupé par ses diamants.
Un roman autobiographique, très certainement, le roman d'un enfant devenu un homme qui aime passionnément son pays, qui a passé une enfance heureuse, sans luxe, modeste, la tendresse d'une famille, une enfance au milieu de sa nombreuse famille. Une enfance racontée souvent avec des mots d'enfants, mais une réflexion toujours présente d'adulte sur les évènements de l'époque, la politique africaine. Un regard sans complaisance sur son pays, sur son peuple simple, l'arrivée de l'argent qui commence à le pourrir, et sur ses dirigeants corrompus : "Un ministre des finances c'est celui qui s'occupe de l'argent d'un pays, mais il est bien surveillé par l'État, alors que chez nous un ministre des finances c'est celui qui vole l'argent d'un pays ou qui aide le Président ou les membres du gouvernement à le cacher dans les banques de la Suisse. Chez nous l'État ne peut pas surveiller cet argent parce que chacun pique dans la caisse, depuis le sommet jusqu'à la base et tout le monde accuse tout le monde. Comme tout le monde ne peut pas aller en prison, alors on laisse tomber et on continue à piquer l'argent de l'État" (P. 263)
Un beau voyage dans le temps et au coeur de l'Afrique traditionnelle
A chacune de mes lectures l'écriture de Alain Mabanckou me ravit. Ne vous en privez pas!
Commenter  J’apprécie          40
Il y a quelques temps j'ai eu la chance de passer un petit moment assis pas loin d'Alain Mabanckou, de plaisanter un peu, de discuter et même de boire avec verre avec lui. Je ne le connaissais pas plus que ça, mais en plus d'être très sympa il était prix Renaudot, et quand on aime lire comme moi ça compte. On en a arrivé à parler de ses livres, et je lui demandé quel était le premier d'entre les siens qu'il me conseillait, et ce fut Demain j'aurai vingt ans. Voilà pour mon intro ; même si c'est un peu personnel, cela fait partie de mon histoire avec ce livre.

J'ai mis du temps à m'y mettre, mais une fois commencé je l'ai lu d'une traite. On ne rentre pas forcément facilement dans la tête du jeune Michel ; on met quelques dizaine de pages à s'imprégner de sa façon de penser, du contexte et de a façon dont se déroulait la vie dans le Pointe-Noire populaire de la fin des années 70 pour un gamin de 10 ans. Mais une fois que le déclic se produit – et cela vient rapidement – la magie opère et l'on se laisse porter, à mi-chemin entre le Petit Prince et un Vipère au Poing souriant et coloré, dans le coeur d'une Afrique qui suit son propre chemin avec, parfois, les outils des autres.

Quand je dis les outils des autres, c'est faux en fait. Les outils culturels que nous avons – avec d'autres et pas souvent avec humanité – laissés en Afrique ont contribué avec d'autres à façonner des pays, des façons de penser et et des êtres bien au-delà de ce que nous pouvons imaginer du fond de notre canapé. Et quand d'aucun ont peur (comme actuellement) de cette émancipation et de cette presque fraternité de pensée, je suis certain au contraire qu'elle est plus que précieuse. Et le petit Michel, depuis le bord de la rivière Tchinouka, me l'a confirmé page après page, avec l'humanité et le bon sens propres aux enfants, formé qu'il était par les traditions africaines et la radio, par les féticheurs et par par Arthur Rimbaud...

Une partie de l'Afrique est un peu française, la France est en partie héritière de l'Afrique, et les auteurs comme Alain Mabanckou sont des ponts plus solides que les autres entre nous.

Pour une fois ma critique a dépassé le simple contexte littéraire mais vous l'aurez compris : en plus d'être à lire, sans réserve aucune, Demain j'aurai vingt ans incite par sa profondeur faussement naïve à aller plus loin. Une oeuvre pas loin d'être majeure de la littérature française, à mon sens. L'Histoire le dira mais mon opinion est faite.
Commenter  J’apprécie          40
Ce roman d'Alain Mabanckou est une pure pépite. Truffé de poésie et d'une galerie de personnages tous plus hauts en couleurs les uns que less autres, on ne peut que vibrer au son de la voix de l'auteur. Michel est un narrateur auprès duquel il fait bon découvrir le Congo des années 70-80. Transportée véritablement d'une rive à l'autre dans cette lecture, j'ai vécu un moment de littérature comme très rarement. Pour les éclats de rire et la poésie si juste qui a serré mon coeur, je dirais que Mabanckou mérite amplement le succès qu'il a, et je pense que ses ouvrages sont des joyaux dont on aurait tort de se priver. Rien que pour un fou rire dans le train (Michel devient ami avec un SDF et ils ont une activité hilarante), je crois que Romain Gary est ici enfin égalé. Et quel bonheur. Merci Mabanckou pour ça.
Commenter  J’apprécie          30
Livre plein de qualités. Langue d'un enfant de 10 ans tenue de bout en bout, avec évidemment ses what-the-fuck amusants et ses naïvetés, accrues par des éléments de la culture congolaise (Brazzaville). Ca marche. C'est parfois émouvant. Enfin, un enfant qui évolue et grandit doucement, c'est toujours émouvant.
J'ai juste l'impression d'avoir lu pas mal de livres de cet acabit et valeur.s.
Commenter  J’apprécie          30
À onze ans, comment voit-on la vie devant soi ? Comment peut-on s'imaginer que celle-ci aura une fin, mais qu'avant cela bien des choses seront possibles, qu'on ne peut malheureusement pas réaliser. Aimer, être aimé, avoir de l'argent, de la notoriété, on oublie bien sûr que tout cela est loin d'être gagné d'avance et qu'il va falloir beaucoup d'efforts, et une bonne dose de chance, pour y arriver. Alain Mabanckou s'est glissé dans la peau de Michel, un jeune congolais vivant, comme lui-même l'a sans doute vécu, sous le régime marxiste-léniniste qui fit les beaux jours du Congo-Brazza dans les années postcoloniales. Ce savoureux récit d'enfance, fait des innombrables aventures et mésaventures de notre héros, jouant le candide au pays des mille diables (la croyance dans les pouvoirs des esprits est omniprésente), est aussi un astucieux artifice littéraire pour décrire au vitriol la duperie que constituent les idéologies lorsque règnent corruption et désordre généralisé. Un roman remarquable de fraîcheur et de sincérité, qui peut se lire à deux niveaux, l'un léger, l'autre d'une gravité allant bien au-delà de tous les essais que l'on a pu écrire sur l'Afrique noire.
Commenter  J’apprécie          30
Roman composé d'une succession d'épisodes du quotidien d'un petit congolais de 10 ans, Michel : la famille, l'école, l'amitié avec Lounès, ses tendres sentiments pour Caroline qui le mène par le bout du nez sont les thématiques abordées. Il y est aussi question de culture - la filiation ou encore la fécondité sont approchées ici au regard de la tradition. Ainsi, lorsque maman Pauline et papa Roger désespèrent d'être à nouveau parents, et après avoir épuisé tous les docteurs « blancs », c'est vers le féticheur Sukissa Tembé qu'ils finissent par se tourner. le Congo narré par le jeune Michel est un pays où les jeunes et les moins jeunes ont les mêmes centres d'intérêt et aspirations, les mêmes atermoiements, attentes et espoirs en l'avenir qu'en France à cette époque - c 'est juste que les moyens de les concrétiser diffèrent parfois. La place de la famille, des aînés, l'importance de s'acquitter de ses dettes quand quelqu'un vous est venu en aide restent des valeurs pilier de ce petit monde décrit par l'enfant.
Outre la couleur tendre et drôle de la chronique, elle est également intéressante car à travers le regard de Michel on redécouvre certains épisodes de l'actualité internationale des années 70 : la fuite d'Ouganda d'Idi Amin Dada, l'exil du chah d'Iran, l'épisode des diamants de Bokassa, etc. le papa de Michel écoute assidument tous les soirs La voix de l'Amérique, une radio américaine qui donne les informations en français. Ses explications et commentaires nourrissent le jeune Michel et son imagination - ce que comprend l'enfant de ces nouvelles est souvent drôle et impertinent. Dans un pays communiste, où chacun arrange la doctrine « à sa sauce », Roger est un homme lettré (il a son certificat d'études) et engagé qui a des convictions et les exprime, au risque de fatiguer un peu maman Pauline, pas vraiment intéressée par les tribulations du chah d'Iran ! Il jongle habilement entre ses deux familles, puisque papa Roger est également uni à maman Martine avec qui il a sept enfants – tous ont adopté Michel apparemment sans tensions.
Pour dire la vérité, j'ai sauté certains passages car la construction du livre – succession de tableaux ou de situations, sans toujours de lien – m'a un peu gênée. A part cela, on se laisse quand même entraîné par la joie de vivre de Michel et son regard naïf, et vif à la fois, sur la vie et les adultes qui l'entourent.
Commenter  J’apprécie          30
Tendre et drôle.
Commenter  J’apprécie          30
Je ne vais pas faire de résumé de ce livre car certains s'en sont chargés.
J'ai été charmée par les premières lignes mais ensuite agacée par le style trop bavard. J'ai bcp de mal à croire qu'un enfant de dix s'intéresse autant à la politique et les pages consacrées à ce sujet ont pesé. A la rigueur sur la situtation locale, je peux comprendre, mais la politique internationale...Les anecdotes concernant les amitiés enfantines sont touchantes, les pages sur les parents aussi. Mais pour ma part, j'ai trouvé l'ensemble brouillon et souvent inutilement bavard.
Commenter  J’apprécie          30
J'ai été enthousiasmée par le début de ce roman. Dès les premières phrases j'ai été charmée par l'humour et la musique qui se dégagent des mots d'Alain Mabanckou et le savoureux « parler africain ».

Dans les années soixante-dix, un petit garçon, Michel, raconte sa vie dans la ville de Pointe-Noire au Congo. de sa hauteur d'enfant (on ne connait pas son âge exact), il jette un regard étonné et (faussement) naïf sur son entourage, sur son pays et sur le monde, observe les adultes et pointe leurs contradictions.

Ce roman est une succession d'anecdotes piquantes, on y croise des personnages hauts en couleur : les copains de Michel, ses parents Papa Roger et Maman Pauline, son Tonton René, communiste et anticapitaliste mais qui vit comme un pacha…

Et, comme dans Black Bazar, Alain Mabanckou ne manque pas de rendre un petit hommage au « chanteur à moustaches qui pleure son copain le chêne, son alter ego ».

On imagine que ce roman est en grande partie autobiographique (l'auteur est né en 1966 à Pointe-Noire) tellement les personnages, les objets et les lieux y semblent pleins de vie, de couleurs, de saveurs et d'odeurs.

Un roman attachant qui met nos sens en éveil.
Lien : https://leslecturesdeclarine..
Commenter  J’apprécie          20
Maintenant je connais Yaya Gaston. Je ne connais pas que Yaya Gaston, mais également la belle Georgette et Dassin son fiancé, Marius le roi de la Sape, la minuscule Ginette, Mbombie qui aurait du s'appeler Marie France, Maximilien qui cache bien son jeu, Félicienne la petite dernière. Je connais aussi Caroline, Lounès, Mabélé et beaucoup d'autres habitants du quartier Savon, tout ça grâce à Michel, le rêveur. Je les connaitrai mieux quand j'aurai lu « Lumières de Pointe Noire », d'Alain Mabenckou, qui, sous une autre forme nous raconte la suite de « Demain j'aurai vingt ans ». Car je vais lire cette suite tellement je me suis régalé avec « Demain j'aurai vingt ans », ce livre frais, drôle et si émouvant quand le candide Michel s'inquiète du sort de sa soeur qu'il n'a jamais vue, cette Soeur-Etoile ou Soeur-Sans-Nom à laquelle il pense quand le sommeil le fuit…

. Ah ! Elles sont pleines de promesses les ruelles ensoleillées du quartier Savon, toutes envahies de jeunes pousses et d'herbes folles, là-bas, à Pointe Noire, au Congo.
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (570) Voir plus



Quiz Voir plus

Compléter les titres

Orgueil et ..., de Jane Austen ?

Modestie
Vantardise
Innocence
Préjugé

10 questions
20388 lecteurs ont répondu
Thèmes : humourCréer un quiz sur ce livre

{* *}