AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,6

sur 208 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
A travers le récit de trois journées dans la vie d'un adolescent rêveur qui pourrait bien être le double de l'auteur, c'est une page d'histoire contemporaine qui se déroule sous les yeux du lecteur.
Le Congo-Brazzaville séparé de l'état voisin le Congo-Kinshasa à la suite d'un savant découpage territorial issu de la colonisation, a beau obéir au modèle communiste importé tout droit d'Union Soviétique, cela n'empêche pas la corruption de gangréner la vie politique, le tribalisme de régir les rapports sociaux et le recours à la violence et au coup d'état meurtrier de constituer le moyen de changer de dirigeants.
Quand une poignée de généraux estime que le chef de l'état n'est plus apte (ou plus digne ?) à exercer ses fonctions, on procède à son élimination et on profite de l'occasion pour pourchasser sa famille proche ou lointaine et même les membres de son ethnie...
En ces jours de mars 1977, le Président Marien Ngouabi est assassiné dans son palais, sous les yeux de son fils et cet évènement dramatique ne laissera personne indifférent, surtout pas le narrateur Michel accoutumé depuis le plus jeune âge à vénérer le défunt, soutenu par sa famille.
Le pauvre garçon voit ses parents se disputer (son père rejoint de temps en temps sa première famille et ses cinq enfants ), son chien se sauver, des oncles inconnus débarquer chez lui pour conseiller à sa mère de taire la douleur qu'elle éprouve à savoir un de ses proches parents assassiné.
C'est toute la vie quotidienne de ce petit quartier africain qui nous est présentée en même temps avec une indulgence amusée et un regard tendre. Michel le narrateur nous parle des siens, de leurs petites habitudes, de ses premiers émois sentimentaux, mais aussi des choix plus graves qu'il sera amené à faire et qu'il devra assumer, quittant définitivement les rivages de l'enfance.
Je découvre Alain Mabanckou avec ce roman et j'ai apprécié la langue simple et poétique qui décrit tellement bien la réalité quotidienne, les formules répétées telles des mantras qui parsèment le texte, les pointes d'humour qui font sourire.
Voici une intéressante incursion dans un pays à l 'histoire tourmentée, qui peine à sortir du colonialisme et qui se trouve ravagé par des luttes tribales impitoyables. Certes la vie est dure mais la solidarité omniprésente et la famille élargie sert de cocon protecteur. Un message transmis par l'auteur qui reste fier de ses racines mais bannit de son propos toute idéalisation réductrice.
Une belle découverte que je dois à un membre actif de mon club de lecture.
Merci Claude !
Commenter  J’apprécie          80
J'avais lu petit piment il y a quelques années et j'avais suivi Alain Mabanckou avec un plaisir certain. J'ai donc de façon assez naturelle inaugurée ma rentrée littéraire par son nouveau roman les cigognes sont immortelles. On note certaines similitudes avec petit pays de Gaël Faye. La petite et la Grande histoire racontés par les yeux innocents d'un enfant. Ca se déroule dans des pays d'Afrique ou les conflits ethniques, les instabilités gouvernementales et les grosses ficelles tirées par les occidentaux sont éternelles. Alain Mabanckou est un poète de l'instant présent et il arrive admirablement à nous guider dans les quartiers de Pointe Noire et on voit les ruelles, les maisons, les boutiques sans jamais y avoir mis le moindre orteils. Ce n'est pas donné à tout le monde de nous offrir un voyage sans billet d'avion.
Commenter  J’apprécie          80
Pour ouvrir cette rentrée littéraire, on retrouve un auteur qui a su s'imposer comme l'un des grands romanciers francophones d'aujourd'hui : Alain Mabanckou. Il est un des rares écrivains contemporains à construire, livre après livre, une oeuvre. Avec Les cigognes sont immortelles, Alain Mabanckou se penche à nouveau sur l'histoire de son Congo natal, pour la rendre personnelle. Non pas autobiographique, mais personnelle dans le sens qu'il arrive à ancrer des enjeux politiques et sociétaux dans le quotidien d'un personnage de fiction, Michel, sans que ce soit démonstratif. Comme à son habitude, Mabanckou nous brosse le portrait d'un pays en pleine mutation historique sous un ton léger, parfois badin. À Pointe-Noire, dans le quartier Voungou, la vie suit son cours. Autour de la parcelle familiale où il habite avec Maman Pauline et Papa Roger, le jeune collégien Michel a une réputation de rêveur. Ces personnages, nous les avions découverts dans Demain j'aurai vingt ans ! Par petites anecdotes, on découvre la vie du quartier et ses habitants, leurs querelles et leurs petits commerces. Mais bien vite, leurs existences tranquilles sont troublées par un fait majeur. En ce mois de mars 1977 qui devrait marquer l'arrivée de la petite saison des pluies, le camarade président Marien Ngouabi est brutalement assassiné à Brazzaville. Dès lors tout change pour Michel et sa famille. Des oncles surgissent de nulle part, les relations avec les voisins sont plus tendues… Pour Michel le rêveur, c'est un apprentissage brutal qui commence. L'apprentissage du mensonge aussi…

C'est avec une habileté remarquable qu'Alain Mabackou nous fait vivre les tensions qui émaillent le Congo en cette année 1977. Sans avoir l'impression d'assister à une tournure politique majeure, nous assistons aux répercussions directes de celle-ci sur le quotidien d'habitants sans lien apparent avec le régime. Puis peu à peu la fresque se dessine et c'est un pays morcelé entre le Nord et le Sud, entre le colonialisme et la décolonisation, entre les rivalités et luttes des différentes tribus qui se dévoile. Un Congo familier, aux odeurs et saveurs du souvenir. Mêlant l'intimisme et la tragédie politique, Mabanckou explore les nuances de l'âme humaine à travers le regard naïf d'un adolescent qui, d'un coup, apprend la vie et son prix. Il use d'un processus romanesque assez commun — en partant du microcosme, il élargit peu à peu au macrocosme — mais le fait si intelligemment qu'on ne perçoit pas le glissement. S'attablant à rendre des faits historiques aussi limpides que percutants, Mabanckou s'attache à rendre la grande histoire aussi transparente que possible, jusqu'à la faire croiser les destinées particulières. Ainsi ce qui n'était que des détails insignifiants au niveau historique prend une importance capitale en façonnant différemment la vie des personnages. À travers une langue marquée par son oralité, il construit des personnages qui ne s'estompent pas. le petit Michel, rêveur maladroit, va se retrouver pris dans l'engrenage des faux-semblants de la révolution bien malgré lui… Que l'on s'intéresse ou non à l'histoire ou la politique, on se laisse emporter par la prose de Mabanckou et on dévore ces pages d'histoire sans même avoir l'impression d'être face à un récit de source historique. En mêlant politique, histoire et tranches de vie, le romancier les fait se croiser pour construire un autre événement charnière ; celui de l'enfance. Mabanckou est passé maître dans l'art de nous livrer des fresques historiques sous l'apparence d'histoires simples. Et c'est le propre des grands romanciers je pense que d'avoir une telle fluidité au risque de passer pour trop simple.
Lien : https://eterneltransitoire.w..
Commenter  J’apprécie          60
Alain Mabanckou nous emmène une nouvelle fois à Pointe-Noire pour ce nouveau roman.

J'avoue avoir eu un peu de mal, au début, à rentrer dans le roman, car la description du quotidien de la petite famille constituée de Papa Roger, Maman Pauline et du petit Michel est parfois un peu longuette, mais tout s'arrange très vite, à partir du moment où les références politico-historiques entrent en jeu et dominent le récit, même si la fin laisse un petit peu sur notre faim, car le récit laisse une fin (trop) ouverte.

Néanmoins, les personnages sont hauts en couleur, ce qui fait que, du début à la fin, on a envie de connaître la suite de leurs "aventures".

Du point de vue de la prose, je retrouve petit à petit le Alain Mabanckou que j'aime, celui de Verre Cassé, de Black Bazar...avec ses petites phrases drôles, incisives et percutantes qui me manquaient un peu dans son dernier roman.

En bref, un bon roman, agréable à lire et bourré de références, mais qui ne demeure intéressant qu'à condition d'aimer L Histoire en général et l'Histoire de l'Afrique postcoloniale en particulier. Ceux que cette période de l'Histoire n'intéresse pas risquent d'être vite perdus voire de s'ennuyer.
Commenter  J’apprécie          60
Un certain mois de mars 1977, le destin de la République du Congo bascule, avec l'assassinat de son président.
Le naïf et touchant Michel, alors adolescent, pose son regard sur ce pays bousculé.
Vie familiale et vie politique se rencontrent sans jamais totalement se rencontrer. Parce que le tremblement de terre se fait ressentir sous chaque pied, jusque chaque maison de planches et de tôles.
Michel est un rêveur mais plus le temps de rêver. La violence éclate, trop longtemps couvée.
Alain Mabanckou nous dépeint l'Afrique, son Afrique.
Un Congo fraîchement libéré du colonialisme et pris au piège par les guerres ethniques.
A travers celui de Michel, c'est un regard à la fois tendre et franc qu'il pose sur l'histoire.
Un roman voué à être, tel les cigognes, immortel.
Et à voyager de main en main, de pays en pays.
Lien : https://livresetbonheurs.wor..
Commenter  J’apprécie          40
Michel, jeune adolescent, vit à Pointe-Noire avec maman Pauline et papa Roger. Bon élève, Michel a aussi une autre école, celle sous le vieux manguier, où papa Roger passe son temps libre à écouter sa vieille radio et « la voix de la Révolution Congolaise » qui diffuse des chants soviétiques quand elle ne sait que raconter d'autre… le samedi 19 mars 1977, la radio annonce que le camarade président Marien Ngouabi a trouvé la mort lors d'une attaque par commando-suicide. C'est alors tout un peuple mais aussi la famille de Michel qui se retrouve touchée par ce drame national. Pour protéger sa famille, Michel devra très vite grandir et prendre des décisions cruciales.
Alain Mabanckou nous propose un très beau roman. A travers la voix de Michel, adolescent un peu naïf, il nous plonge dans le Congo des années 70, ses moeurs, sa politique, sa corruption,… en se penchant sur cet événement particulier qu'a été la mort du président Marien Ngouabi et de l'impact de ce drame sur le pays.
Ce livre au delà de l'aspect romanesque, m'a permis d'apprendre énormément de chose sur le Congo de ces années là, j'en ressort donc culturellement grandie. J'ignorais, par exemple, totalement l'influence soviétique qui y régnait.
En conclusion, un livre à mettre dans toutes les mains pour en apprendre un peu plus sur le Congo.
Commenter  J’apprécie          30
Bien sûr, Alain Mabanckou nous baigne dans l'ambiance du Congo de ce mois de mars 1977 et de l'assassinat du commandant Marien Ngouabi (ce chef de la révolution congolaise, marxiste modéré comme disaient nos diplomates français de l'époque).

Bien sûr, on croit y être, la jeunesse et la naïveté de Michel, sa vision de Maman Pauline, de Papa Roger et des multiples personnages sont attendrissantes.

Par contre, les effets de la post colonisation restent à peine effleurés. Seules quelques piques (méritées) contre la France.

Mais quelle fin abrupte !
Quel sentiment de "Quoi ? Cela se termine comme cela ? Rien sur la montée de Sassou-Nguesso ? Rien sur l'influence cubaine ? Etc...."

En résumé, un livre d'atmosphère, d'une lecture plaisante mais qui provoque un sentiment de manque et d'aller s'intéresser à l'histoire du Congo avant et après cet événement.

Si c'était le but de l'auteur, c'est réussi !
Commenter  J’apprécie          20
Dépaysement total, on est emporté (presque) dès les premières pages. Un fil narratif bien construit, fluide, un brin poétique, tendre de par la vision de cet enfant. Bel ouvrage, belles émotions, contexte historique méconnu.
Commenter  J’apprécie          20
Récit du coup d'état de 1977 au Congo à hauteur d'un collégien, clairvoyant et facétieux qui nous met face à nos incohérences d'adulte. Une belle plume chantante entre la réalité et les rêves d'un adolescent futé qui ne s'en laisse pas totalement conter.
Commenter  J’apprécie          10
Le narrateur est jeune (12 ans environ ?). Il raconte son quotidien au Congo-Brazzaville, et l'irruption de la violence dans sa vie quand le président sera abattu lors d'un coup d'état.
Le propos, parfois naïf, m'a un peu agacée, mais il ne faut pas perdre de vue l'âge du narrateur. Ce qui n'est pas évident, vu la complexité des informations politiques qu'il donne (on s'y perd un peu).
N'empêche que c'est agréable à lire, et intéressant de découvrir le vécu d'un jeune Congolais en 1977.
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (492) Voir plus




{* *}