A travers le récit de trois journées dans la vie d'un adolescent rêveur qui pourrait bien être le double de l'auteur, c'est une page d'histoire contemporaine qui se déroule sous les yeux du lecteur.
Le
Congo-Brazzaville séparé de l'état voisin le
Congo-Kinshasa à la suite d'un savant découpage territorial issu de la colonisation, a beau obéir au modèle communiste importé tout droit d'Union Soviétique, cela n'empêche pas la corruption de gangréner la vie politique, le tribalisme de régir les rapports sociaux et le recours à la violence et au coup d'état meurtrier de constituer le moyen de changer de dirigeants.
Quand une poignée de généraux estime que le chef de l'état n'est plus apte (ou plus digne ?) à exercer ses fonctions, on procède à son élimination et on profite de l'occasion pour pourchasser sa famille proche ou lointaine et même les membres de son ethnie...
En ces jours de mars 1977, le Président Marien Ngouabi est assassiné dans son palais, sous les yeux de son fils et cet évènement dramatique ne laissera personne indifférent, surtout pas le narrateur Michel accoutumé depuis le plus jeune âge à vénérer le défunt, soutenu par sa famille.
Le pauvre garçon voit ses parents se disputer (son père rejoint de temps en temps sa première famille et ses cinq enfants ), son chien se sauver, des oncles inconnus débarquer chez lui pour conseiller à sa mère de taire la douleur qu'elle éprouve à savoir un de ses proches parents assassiné.
C'est toute la vie quotidienne de ce petit quartier africain qui nous est présentée en même temps avec une indulgence amusée et un regard tendre. Michel le narrateur nous parle des siens, de leurs petites habitudes, de ses premiers émois sentimentaux, mais aussi des choix plus graves qu'il sera amené à faire et qu'il devra assumer, quittant définitivement les rivages de l'enfance.
Je découvre
Alain Mabanckou avec ce roman et j'ai apprécié la langue simple et poétique qui décrit tellement bien la réalité quotidienne, les formules répétées telles des mantras qui parsèment le texte, les pointes d'humour qui font sourire.
Voici une intéressante incursion dans un pays à l 'histoire tourmentée, qui peine à sortir du colonialisme et qui se trouve ravagé par des luttes tribales impitoyables. Certes la vie est dure mais la solidarité omniprésente et la famille élargie sert de cocon protecteur. Un message transmis par l'auteur qui reste fier de ses racines mais bannit de son propos toute idéalisation réductrice.
Une belle découverte que je dois à un membre actif de mon club de lecture.
Merci Claude !