A vrai dire, la quatrième de couverture est un brin trompeuse. Elle nous promet une fresque de la décolonisation et l'on suit surtout les déambulations d'un enfant et jeune adolescent dans les ruelles de Pointe Noire, ville tentaculaire du
Congo de son enfance. Et de son retour, une fois adulte, dans cette même ville.
Il est notifié Roman sur la couverture et j'ai un peu du mal à le croire. L'inspiration autobiographique en imprègne franchement les paragraphes, chaque page.
Cette enfance africaine et le retour de l'écrivain reconnu, de l'homme qui a réussi, sont les médias de
Alain Mabanckou pour partir de l'anecdotique familial, de la spiritualité locale pour nous parler du fracas de la décolonisation, des errements dictatoriaux des potentats qui ont suivi et de leur doxa marxiste catastrophique. J'ai lu que LE MANIFESTE des pères Engels et Marx fut même l'une des sources d'inspiration de ces CIGOGNES. Cela ne m'a pas sauté aux yeux.
Le pari n'est pas réussi pour parler franchement. Parfois trop allusif, rarement plus direct,
LES CIGOGNES SONT IMMORTELLES ne dépassent pas du cadre stricto intime pour déboucher sur quelque chose d'universel.
Néanmoins, ce livre n'est pas désagréable, loin de là. La plume précise, empathique de Mabanckou fait merveille et transpire par moments les regrets d'occasions manquées, toujours sans se départir de cette distance, cette nuance ironique, sans verser dans le panégyrique de "l'Afrique éternelle", sans en nier la beauté ni les travers ni les effets pervers d'une décolonisation qui perpétue une dépendance toujours présente. Et s'il se cantonne au petit bout de la lorgnette, la vue est belle.
Immortelles ces cigognes ? Non, peut-être pas. Mais elles volent droit et juste. C'est déjà ça.
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