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3,6

sur 208 notes
Lui Michel, c'est un gamin de Pointe-Noire, élevé par Maman Pauline et Papa Roger dans le culte du Parti Révolutionnaire Congolais.

Lui Michel, c'est ce gosse plein de vie, bavard et rêveur, fier de ses racines, qui déjà porte un regard curieux sur les turbulences politiques qui secouent son pays et l'ensemble du continent africain.

Lui Michel, c'est bien sûr le narrateur de cette histoire faussement légère, et (probablement ?) le double fictif d'Alain Mabanckou lui-même.

Et moi gabb, trois jours durant (19/20/21 mars 1977), je prends plaisir à m'asseoir en sa compagnie à l'ombre du manguier, sur la parcelle de Maman Pauline, et à écouter avec lui "la Voix de la révolution congolaise" sur le vieux transistor Grundig de Papa Roger.

Malheureusement les nouvelles sont mauvaises et, bien sûr, la radio ne peut pas mentir "puisqu'elle a coûté très cher et que les piles sont encore neuves".
Tout est donc vrai : le vénéré "camarade président" Marien Ngouabi vient d'être assassiné dans son palais de Brazzaville, le Comité Militaire du Parti assure l'intérim et les luttes intestines entre les ethnies nordistes et sudistes repartent de plus belle...
Pas de quoi effrayer pour autant notre géopolitologue en culottes courtes ! Il continue à ouvrir sur le monde un oeil plein de candeur et de naïveté, non sans délivrer au passage, avec ses mots d'enfant et à travers le prisme de son éducation socialiste, quelques vérités toutes simples sur les inepties du pouvoir, la corruption de la classe dirigeante ou les stigmates de la colonisation.

Mais voilà que je m'embarque (encore) dans des phrases pompeuses et emberlificotées, qui ne reflètent en rien la spontanéité de ce texte très "brut", truffé d'expressions mignones et de raccourcis enfantins.
Le contraste entre la légèreté du ton et la lourdeur du sujet est assez saisissant, et même si j'avoue m'être un peu perdu et vaguement ennuyé par moment dans la chronologie des coups d'état, l'historique des redécoupages territoriaux successifs et l'accumulation des noms propres, le petit Michel a quand même réussi à m'intéresser à l'actualité politique congolaise (et plus largement africaine et même, de loin, internationale) de l'époque, et surtout à m'attendrir avec ses propres déboires du quotidien (l'escapade de son chien, la petite monnaie perdue, la difficulté à déclarer sa flamme à la jolie Louise...).
Dommage que le récit plutôt amusant de ces quelques mésaventures personnelles soit à ce point noyé dans celui du désordre national ambiant. Les petites histoires se retrouvent diluées dans la Grande et auraient mérité, je trouve, que l'auteur s'y attarde davantage.

Il n'empêche qu'Alain Mabanckou nous livre là un roman à la fois tendre et tragique sur un grand pays ("qui fait du cheval sur l'équateur") : son Congo natal.
Voilà un drame qui nous rappelle immanquablement le "Petit pays" de Gaël Faye (même innocence et même incrédulité face aux mêmes fléaux de la violence aveugle et des guerres fratricides) en offrant là encore un point de vue original et décalé, à hauteur de môme, sur un continent en constante mutation.
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Mon avis est mitigé.
Certes, l'ambiance, le décor des rues de Pointe-Noire sont bien rendus. La description est toute sensorielle, du goût des plats de Maman Pauline aux bruits de la rue, à l'odeur du quartier. J'ai bien apprécié cette plongée dans la ville et dans le quotidien du jeune Michel.
Michel, le Narrateur, a cependant une voix singulière, qui m'a dérangée par moments, car pas assez - ou trop - caractérisée. Ainsi, on peut comprendre que c'est un jeune adolescent, collégien ou lycéen ; cependant, il parle parfois comme un petit enfant, puisque la satisfaction de ses besoins primaires est centrale chez lui : manger, dormir, regarder les filles, jouer avec son chien. Il paraît à première vue naïf, ignorant de ce qui se passe autour de lui ; mais en réalité, il a une certaine opinion politique, son père écoutant des radios étrangères et lui expliquant les choses. Cette naïveté n'est donc que feinte, Michel ne pleure pas véritablement la mort du camarade président, il feint de le faire, en cherchant à paraître le mieux habillé, allant même jusqu'à porter une chemise avec son portrait. Il a donc un regard critique et distancié. Je regrette que l'ironie, voire le cynisme peut-être, ne soient qu'effleurés, Michel aurait été plus intéressant en étant plus complexe, en montrant clairement ce qu'il pense. de plus, les réflexions sont trop didactiques, à visée pédagogique même : même si on ne connaît pas bien comme moi le contexte politique du pays, ni le président au pouvoir et les circonstances de sa mort, l'écriture cherche à tout nous expliquer, mais lourdement j'ai trouvé.
Autre reproche pour moi, le roman finit de façon assez abrupte, je n'ai pas senti la tension dans les dernières pages, le dilemme de Michel n'est pas assez creusé - alors qu'on aurait pu avoir une belle situation de dilemme cornélien, la famille ou la vérité.
J'aurai préféré finalement lire le roman de Michel, ses rencontres avec ses amis, sa famille, son quartier, plutôt qu'un roman qui mélange trop d'éléments si divers, en manquant de subtilité selon moi.
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Michel, adolescent de Pointe-Noire au Congo nous relate trois journées, du samedi 19 mars au lundi 21 mars 1977, autour de sa vie familiale avec Maman Pauline et Papa Roger perturbé par l'assassinat du camarade président Marien Ngouabi.

Je n'ai pas apprécié ma lecture. Pourquoi ? car je ne me suis attachée à aucun personnage, le faits historiques retracés par le personnage principal sur son pays et les pays alentours ont, à mon sens, gâché le récit romanesque et l'écriture à hauteur d'un adolescent m'a aussi lassée. J'aurais pu abandonner mais têtue comme je suis, j'ai persisté. Mais la sauce n'a pas pris.
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Ce regard à hauteur d'enfant de 12 ans fonctionne à merveille, ça permet une drôlerie, un détachement, des émotions vives, tout en permettant également à Mabanckou de nous éduquer un peu sur l'histoire, la culture, les vies de son Congo Brazzaville, et de cette Afrique centrale spoliée par l'Occident.
Ou comment parvenir à donner des leçons sans faire la leçon.
Tout à fait réussi pour moi, je remercie l'auteur pour ce livre qui fait du bien et qui a certainement aussi dû être émouvant et amusant à écrire. Ca se sent. C'est communicatif.
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Enfin un livre dont le narrateur est un enfant, qui pourrait VRAIMENT être écrit par un enfant! Certes, ce n'est pas un exercice facile pour un auteur de se mettre dans une plume enfantine, mais Alain Mabanckou réussit là une belle performance.

Michel est un jeune congolais, qui regarde son quotidien et les événements qui arrivent avec ses yeux curieux. Il réfléchit, il analyse, il décrit, parfois avec humour, toujours avec tendresse... Nous voilà plongés dans ce récit au coeur de l'Afrique noire belle, grande et intensément complexe aussi.
Ce roman est à la fois sensible et délicat, et raconte le quotidien banal et en même temps nous emmène dans des conflits parfois incompréhensibles...

Une très belle lecture encore qui nous est offerte par un écrivain que décidément, j'ai envie de découvrir encore davantage.
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A travers le récit de trois journées dans la vie d'un adolescent rêveur qui pourrait bien être le double de l'auteur, c'est une page d'histoire contemporaine qui se déroule sous les yeux du lecteur.
Le Congo-Brazzaville séparé de l'état voisin le Congo-Kinshasa à la suite d'un savant découpage territorial issu de la colonisation, a beau obéir au modèle communiste importé tout droit d'Union Soviétique, cela n'empêche pas la corruption de gangréner la vie politique, le tribalisme de régir les rapports sociaux et le recours à la violence et au coup d'état meurtrier de constituer le moyen de changer de dirigeants.
Quand une poignée de généraux estime que le chef de l'état n'est plus apte (ou plus digne ?) à exercer ses fonctions, on procède à son élimination et on profite de l'occasion pour pourchasser sa famille proche ou lointaine et même les membres de son ethnie...
En ces jours de mars 1977, le Président Marien Ngouabi est assassiné dans son palais, sous les yeux de son fils et cet évènement dramatique ne laissera personne indifférent, surtout pas le narrateur Michel accoutumé depuis le plus jeune âge à vénérer le défunt, soutenu par sa famille.
Le pauvre garçon voit ses parents se disputer (son père rejoint de temps en temps sa première famille et ses cinq enfants ), son chien se sauver, des oncles inconnus débarquer chez lui pour conseiller à sa mère de taire la douleur qu'elle éprouve à savoir un de ses proches parents assassiné.
C'est toute la vie quotidienne de ce petit quartier africain qui nous est présentée en même temps avec une indulgence amusée et un regard tendre. Michel le narrateur nous parle des siens, de leurs petites habitudes, de ses premiers émois sentimentaux, mais aussi des choix plus graves qu'il sera amené à faire et qu'il devra assumer, quittant définitivement les rivages de l'enfance.
Je découvre Alain Mabanckou avec ce roman et j'ai apprécié la langue simple et poétique qui décrit tellement bien la réalité quotidienne, les formules répétées telles des mantras qui parsèment le texte, les pointes d'humour qui font sourire.
Voici une intéressante incursion dans un pays à l 'histoire tourmentée, qui peine à sortir du colonialisme et qui se trouve ravagé par des luttes tribales impitoyables. Certes la vie est dure mais la solidarité omniprésente et la famille élargie sert de cocon protecteur. Un message transmis par l'auteur qui reste fier de ses racines mais bannit de son propos toute idéalisation réductrice.
Une belle découverte que je dois à un membre actif de mon club de lecture.
Merci Claude !
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J'avais lu petit piment il y a quelques années et j'avais suivi Alain Mabanckou avec un plaisir certain. J'ai donc de façon assez naturelle inaugurée ma rentrée littéraire par son nouveau roman les cigognes sont immortelles. On note certaines similitudes avec petit pays de Gaël Faye. La petite et la Grande histoire racontés par les yeux innocents d'un enfant. Ca se déroule dans des pays d'Afrique ou les conflits ethniques, les instabilités gouvernementales et les grosses ficelles tirées par les occidentaux sont éternelles. Alain Mabanckou est un poète de l'instant présent et il arrive admirablement à nous guider dans les quartiers de Pointe Noire et on voit les ruelles, les maisons, les boutiques sans jamais y avoir mis le moindre orteils. Ce n'est pas donné à tout le monde de nous offrir un voyage sans billet d'avion.
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Mabanckou nous fait partager un épisode de son enfance à Pointe Noire, capitale économique du Congo. Avec une multitude d'anecdotes, il nous raconte la vie de collégien de Michel (son double romanesque) et celle du quartier Voungou où il habite avec Maman Pauline et Papa Roger.

La routine est rompue avec l'assassinat du président Marien Ngouabi en mars 1977, ce qui donne l'occasion de retracer l'histoire des décolonisations et des espoirs des différentes révolutions « démocratiques » qui se sont transformées en dictatures. le roman s'insère dans cette trame historique car le Capitaine Kimbouala-Nkaya, collaborateur du Président tué lui aussi lors du coup d'État, est un « frère » de Maman Pauline. La rivalité politique s'accompagne d'une lutte tribale où l'opposition Nordistes-Sudistes prime sur tout et Pauline devient un héros de tragédie grecque.

J'aime la langue riche et colorée de Mabanckou mais le style de ce roman est presque trop sage. le thème historique, très embrouillé, finit par prendre le pas et gâcher le romanesque de ce livre.
Lien : http://jimpee.free.fr/index...
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Pour ouvrir cette rentrée littéraire, on retrouve un auteur qui a su s'imposer comme l'un des grands romanciers francophones d'aujourd'hui : Alain Mabanckou. Il est un des rares écrivains contemporains à construire, livre après livre, une oeuvre. Avec Les cigognes sont immortelles, Alain Mabanckou se penche à nouveau sur l'histoire de son Congo natal, pour la rendre personnelle. Non pas autobiographique, mais personnelle dans le sens qu'il arrive à ancrer des enjeux politiques et sociétaux dans le quotidien d'un personnage de fiction, Michel, sans que ce soit démonstratif. Comme à son habitude, Mabanckou nous brosse le portrait d'un pays en pleine mutation historique sous un ton léger, parfois badin. À Pointe-Noire, dans le quartier Voungou, la vie suit son cours. Autour de la parcelle familiale où il habite avec Maman Pauline et Papa Roger, le jeune collégien Michel a une réputation de rêveur. Ces personnages, nous les avions découverts dans Demain j'aurai vingt ans ! Par petites anecdotes, on découvre la vie du quartier et ses habitants, leurs querelles et leurs petits commerces. Mais bien vite, leurs existences tranquilles sont troublées par un fait majeur. En ce mois de mars 1977 qui devrait marquer l'arrivée de la petite saison des pluies, le camarade président Marien Ngouabi est brutalement assassiné à Brazzaville. Dès lors tout change pour Michel et sa famille. Des oncles surgissent de nulle part, les relations avec les voisins sont plus tendues… Pour Michel le rêveur, c'est un apprentissage brutal qui commence. L'apprentissage du mensonge aussi…

C'est avec une habileté remarquable qu'Alain Mabackou nous fait vivre les tensions qui émaillent le Congo en cette année 1977. Sans avoir l'impression d'assister à une tournure politique majeure, nous assistons aux répercussions directes de celle-ci sur le quotidien d'habitants sans lien apparent avec le régime. Puis peu à peu la fresque se dessine et c'est un pays morcelé entre le Nord et le Sud, entre le colonialisme et la décolonisation, entre les rivalités et luttes des différentes tribus qui se dévoile. Un Congo familier, aux odeurs et saveurs du souvenir. Mêlant l'intimisme et la tragédie politique, Mabanckou explore les nuances de l'âme humaine à travers le regard naïf d'un adolescent qui, d'un coup, apprend la vie et son prix. Il use d'un processus romanesque assez commun — en partant du microcosme, il élargit peu à peu au macrocosme — mais le fait si intelligemment qu'on ne perçoit pas le glissement. S'attablant à rendre des faits historiques aussi limpides que percutants, Mabanckou s'attache à rendre la grande histoire aussi transparente que possible, jusqu'à la faire croiser les destinées particulières. Ainsi ce qui n'était que des détails insignifiants au niveau historique prend une importance capitale en façonnant différemment la vie des personnages. À travers une langue marquée par son oralité, il construit des personnages qui ne s'estompent pas. le petit Michel, rêveur maladroit, va se retrouver pris dans l'engrenage des faux-semblants de la révolution bien malgré lui… Que l'on s'intéresse ou non à l'histoire ou la politique, on se laisse emporter par la prose de Mabanckou et on dévore ces pages d'histoire sans même avoir l'impression d'être face à un récit de source historique. En mêlant politique, histoire et tranches de vie, le romancier les fait se croiser pour construire un autre événement charnière ; celui de l'enfance. Mabanckou est passé maître dans l'art de nous livrer des fresques historiques sous l'apparence d'histoires simples. Et c'est le propre des grands romanciers je pense que d'avoir une telle fluidité au risque de passer pour trop simple.
Lien : https://eterneltransitoire.w..
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Alain Mabanckou nous emmène une nouvelle fois à Pointe-Noire pour ce nouveau roman.

J'avoue avoir eu un peu de mal, au début, à rentrer dans le roman, car la description du quotidien de la petite famille constituée de Papa Roger, Maman Pauline et du petit Michel est parfois un peu longuette, mais tout s'arrange très vite, à partir du moment où les références politico-historiques entrent en jeu et dominent le récit, même si la fin laisse un petit peu sur notre faim, car le récit laisse une fin (trop) ouverte.

Néanmoins, les personnages sont hauts en couleur, ce qui fait que, du début à la fin, on a envie de connaître la suite de leurs "aventures".

Du point de vue de la prose, je retrouve petit à petit le Alain Mabanckou que j'aime, celui de Verre Cassé, de Black Bazar...avec ses petites phrases drôles, incisives et percutantes qui me manquaient un peu dans son dernier roman.

En bref, un bon roman, agréable à lire et bourré de références, mais qui ne demeure intéressant qu'à condition d'aimer L Histoire en général et l'Histoire de l'Afrique postcoloniale en particulier. Ceux que cette période de l'Histoire n'intéresse pas risquent d'être vite perdus voire de s'ennuyer.
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