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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pourquoi suis-je moins enthousiaste que la plupart des gens à propos de Pelléas et Mélisande, alors que j'aime beaucoup le premier théâtre de Maeterlinck ? Je viens de relire la pièce et ça se confirme : je préfère définitivement Les Aveugles, L'intruse, Intérieur et La Mort de Tintagiles. Je n'arrive pas à considérer Pelléas et Mélisande comme le chef-d'oeuvre de Maeterlinck, ce qu'il semble être pour tout le monde - même si, ne nous leurrons pas, l'aura de l'opéra de Debussy n'y est souvent pas pour rien. Pelléas et Mélisande me semble un condensé du premier théâtre de son auteur, c'est peut-être un peu ce que je lui reproche. Mais pas seulement. Et d'un autre côté, c'est aussi ce qui fait sa force.


Au moment où Maeterlinck publie Pelléas et Mélisande (1892), il n'en est pas précisément à son coup d'essai. Il a écrit des récits courts, des poèmes, et quelques pièces : La Princesse Maleine, qu'on présente souvent comme un "brouillon" de Pelléas et Mélisande, et L'Intruse, Les Aveugles ainsi que Les Sept Princesses, trois pièces courtes. Or, l'étiquette de dramaturge du morbide lui collait à la peau. Et pour cause ! La mort est le sujet le plus évident de ces pièces, et Maeterlinck a donc cherché, tout en continuant à explorer ses thèmes de prédilection, à se renouveler avec un drame qui serait non seulement celui de la mort, mais aussi un drame passionnel. Rien de nouveau sous le soleil, me direz-vous ; et, effectivement, on pense vite à la légende arthurienne, notamment aux personnages de Marc, Tristan et Yseut, et à un tas d'autres histoires mêlant amour et mort. Ce n'est pas pour autant que Maeterlinck n'était pas novateur.


Ici, l'histoire commence avec une étrange jeune fille perdue, puis "trouvée" dans la forêt, donc on se connaîtra jamais les origines, et qui a visiblement vécu une histoire traumatisante - on devine que, peut-être, un roi l'aurait épousée contre son gré, car elle est assise au bord d'une fontaine où elle a laissé tomber la couronne qu'elle portait. On n'en saura pas davantage, ce qui n'empêchera pas Golaud - qui n'en sait pas plus que nous -, petit-fils du roi d'Allemonde, de l'épouser rapidement. Aux références arthuriennes viennent s'ajouter celles des contes de fées (et bien d'autres), comme presque toujours chez Maeterlinck. Les choses se gâteront vite pour les personnages (à supposer qu'elles aient bien commencé, ce qui est fort douteux), ne serait-ce que parce que le château d'Allemonde est vieux, décrépi, moisi, lézardé, pourri, et que la jeunesse de Mélisande, tout comme celle de Pelléas, demi-frère de Golaud, ne pourra guère s'y épanouir. du début à la fin, on sentira l'oppression qui pèse sur tous les êtres vivant au château, du grand-père à l'arrière petit-fils.


"Dès que nous exprimons quelque chose, nous le diminuons étrangement." écrira quelques années plus tard Maeterlinck dans le Trésor des Humbles. C'est presque là tout le programme de son premier théâtre, qui repose sur des non-dits, des phrases interrompues, des paroles incompréhensibles ou encore complètement banales, des répétitions et des silences. Pelléas et Mélisande ne déroge pas à la règle, bien au contraire. On peut en tirer une lecture psychanalytique (à mon sens plus évidente que dans d'autres pièces), ou spirituelle, ou les deux à la fois. Parce que bon, Mélisande qui joue, aux côtés de Pelléas, avec son alliance jusqu'à la perdre définitivement dans l'eau, on aura du mal à affirmer que ça ne relève pas d'une volonté inconsciente de Mélisande de se débarrasser de son mari, hein ! Et je ne vais pas m'attarder sur tous les motifs qui jouent aussi bien sur l'aspect psychanalytique que sur l'aspect spirituel, des souterrains à l'eau omniprésente, en passant par les cheveux de Mélisande ou par la fameuse porte qui peine à s'ouvrir. Au final, on se retrouve perdu au milieu de personnages perdus, à la recherche de... C'est là que ça se complique. Sont-ils à la recherche de la connaissance d'eux-mêmes, comme le laisse penser le vieux roi Arkël, ou bien à la recherche d'une connaissance plus universelle, plus métaphysique ? le regard, la clairvoyance ou l'aveuglement, voir ou ne pas voir, ça semble finalement être la grande question de Pelléas et Mélisande... pour changer ! Déchirer le voile du visible pour accéder à l'invisible, ce fut la grande affaire des symbolistes, et des surréalistes après eux, et cette pièce ne déroge pas à la règle, encore une fois.


Du coup, qu'est-ce qui me dérange dans Pelléas et Mélisande, puisque ces sujets, l'atmosphère et le langage employé (auxquels on accroche ou pas, c'est un peu comme Duras) fonctionnaient très bien pour moi dans les pièces précédentes ? C'est l'histoire d'amour ! Pas parce que je n'aime pas les romances (j'aime pas trop les romances, surtout au cinéma, c'est un fait), ou les histoires d'amour tout court (je mets sur un piédestal Les Hauts de Hurlevent, donc bon), mais parce que les personnages de Maeterlinck sont complètement désincarnés. Ne cherchez pas de drame psychologique ici, il n'y en a pas - on pourrait même se dire que les personnages réagissent de façon très étrange, si on devait les considérer comme des êtres de chair et de sang. Mais Maeterlinck a pensé son théâtre comme "non psychologique", et il tenait à ce que les acteurs jouent à la façon de marionnettes (d'où l'appellation "Trois petites pièces pour marionnettes" pour Intérieur, Alladine et Palomides et La Mort de Tintagiles), ou de coquilles vides, c'est-à-dire sans apporter à leurs personnages le moindre élément psychologisant - ce qui aurait nui à l'essence symboliste de ses pièces. Or, le drame passionnel sans la psychologie, je trouve que ça a ses limites. Pour que ça fonctionne parfaitement (en tout cas dans mon cas), il aurait fallu que je ressente que la quête initiatique, spirituelle, mystique, métaphysique, ou appelons ça comme on voudra, était autant générée par la passion amoureuse que par la mort. Or, il m'a semblé que la mort - et les mystères qu'elle soulève - prenait largement le pas sur l'amour, au point que l'histoire d'amour m'a semblé presque secondaire.


Je note tout de même un élément très intéressant, qui mériterait sans doute qu'on s'y attarde davantage et dont j'ai discuté brièvement avec Meps, lecture commune oblige. Il semble que la pièce soit pensée en boucle. Mélisande aurait-elle vécu la même histoire avant que celle-ci ne débute ? Et l'histoire va-t-elle continuer à l'infini, comme pourraient le laisser penser les derniers mots de la pièce, prononcés par le vieux roi Arkël ?
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Je m'y connais très peu en théâtre, mais j'imagine à quel point cette pièce porte à la fois de nouveauté, voire de révolution à sa sortie tant elle brise les codes tout en s'en jouant, mais aussi de potentialités de mises en scène différentes, classiques, baroques ou débridées.
Bien différente de L'oiseau bleu, seule autre oeuvre que je connais de cet auteur, elle me donne néanmoins cette même sensation d'un univers sous psychotropes. Mais que les oiseaux bleus sont beaux quand on les admire dans les yeux de Mélisande, et que les forêts sont sombres dans lesquelles elle se débat, tout comme le destin de son amour aussi sombre qu'un grotte peuplée de trois vieillards.
Cette pièce est enivrante, exaltée, haletante, mais en même temps étouffante tant son atmosphère de fureur latente et e magie noire fait peur.
A relire, sans doute, pour découvrir de nouveaux sens cachés au premier regard.

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Pièce faite d'une succession de tableaux quasiment immobiles, qui permettent de comprendre petit à petit la trame de cette tragédie.

L'auteur de la préface indique que pour lui chaque personnage de la pièce incarne un personnage de Shakespeare. Je n'irais pas jusque là.

A mon avis, l'engouement pour une telle pièce dépendra avant tout de l'ingéniosité de la mise en scène et du talent des acteurs à faire vivre tout le symbolisme sous-jacent.

Mais comme c'est un auteur belge, j'ai mis un petit plus.
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Au début de la pièce, Golaud tombe amoureux de Mélisande et l'épouse alors qu'il ne sait rien d'elle. Il rentre ensuite chez lui auprès de son frère Pelléas, de sa mère et de son grand-père. Etant donné le titre de la pièce, on se doute de la suite : lors de leur première rencontre Pelléas et Mélisande tombent amoureux l'un de l'autre. Si l'intrigue est assez simple au premier abord, l'intérêt de la pièce réside dans sa construction dramatique renforcée par ses dialogues. Les différentes scènes présentent une succession de tableaux faisant évoluer la situation du trio amoureux. On assiste à l'amour naissant, au refoulement de cet amour mais également à la jalousie incontrôlable. le personnage central de Mélisande reste une énigme pour le lecteur. Est-elle une adolescente ou une jeune femme ? D'où vient-elle ? Est-elle aussi innocente qu'elle le paraît ? Présentée au début comme ayant subi un grand choc émotionnel, elle ne révèlera jamais ce qu'il en est réellement et toutes nos questions restent sans réponse. Comme à son habitude Maeterlinck use et abuse des répétitions dans les dialogues entre les personnages mais également pour un même personnage.
Je pense qu'il faut maintenant que j'écoute la mise en musique de cette pièce faite par Debussy pour en avoir peut-être ainsi une approche complémentaire.
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J'ai choisi cette pièce pour découvrir Maurice Maeterlinck, symboliste ayant inspiré les peintres  Spilliaert et Khnopff.
L'intrique: j'allais dire.... classique: le trio amoureux, " je t'aime, nous n'y survivrons pas"
La fin: prévisible..... s'agissant d'une tragédie.....

Ce qui m'a le plus intéressé est le personnage de Melisande. Femme enfant perdue, dont on ignore les origines, toujours à la recherche de lumière, souffrante d'un mal inconnu ( le spleen baudelairien?) : tout en elle reste mystérieux. A défaut de satisfaire la curiosité du lecteur, ce la permet de laisser vagabonder notre imagination.Plus largement le symbolisme est bien présent: les forets et châteaux sombres, l'eau omniprésente, la scène IV dédiée à l'observation par Palléas et Melisande d'un bateau qui s'en va vers la tempête ( et qui préjuge peut être de leur destin).
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J'ai l'habitude d'associer mes lectures à mes sorties et, depuis longtemps, j'avais envie de retourner à l'opéra-comique. J'ai donc choisi Debussy avec un livret de Maurice Maeterlinck, prix Nobel de littérature 1911. le livre contient la pièce et le livret de Pelléas et Mélisande, histoire d'un amour impossible. L'Univers fantastique de Maeterlinck est très beau avec des jeux de lumière et tous les ingrédients des contes : l'eau, la forêt, le château, les longs cheveux de Mélisande. Il ne manque plus que les fées. Je ne connais pas la musique de Debussy pour cet opéra mais il y matière à envoûtement avec un texte puissant aux élans shakespearien.

Challenge Nobel illimité

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J'ai trouvé cette pièce de théâtre par hasard en faisant mes derniers achats de Noël. Je n'avais jamais entendu parler ni de cette histoire, ni de cet auteur. J'aime me dire que les choses n'arrivent jamais pour rien, et que si mes yeux se sont posés sur ce titre en particulier, c'est qu'il fallait que je découvre ce qui se cachait derrière ce résumé énigmatique. Je l'ai donc lu en guise de troisième lecture de 2020 sans aucune attente particulière. Et je peux maintenant dire que je suis contente de cet achat. Cette lecture fut à la fois étrange et plaisante.

Il s'agit, donc, d'un drame symboliste en cinq actes joué pour la première fois 1893. L'histoire est simple, comme l'explique le résumé ci-dessous : il s'agit d'une histoire d'amour malheureuse entre une jeune fille mystérieuse et le frère de son époux, le Prince Pelléas.
J'ai précédemment dit que la lecture fut étrange. En effet, Maeterlinck diffuse une ambiance très particulière à travers son écriture. Ce n'est pas tant l'histoire que le style de l'auteur qui m'a beaucoup plu : il se dégage des dialogues et des scènes une poésie que j'aimerais beaucoup entendre et voir au cours d'une représentation de la pièce. En effet, l'auteur joue beaucoup avec les paysages : les différents endroits où se déroulent les scènes jouent un rôle très symbolique, qu'il s'agisse de la fontaine, de la forêt ou de la chambre des époux. On trouve également au sein même des dialogues un jeu de lumières habile qui sert à la matérialisation des sentiments de Pelléas et Mélisande au fur et à mesure de l'intrigue.

Un autre élément intéressant de cette pièce est l'absence d'information au sujet des personnages et de leur passé. Quand Golaud rencontre Mélisande dans la forêt, elle semble apeurée et en train de fuir quelque chose ou quelqu'un. Cependant, jamais nous n'apprenons pour quelle raison la jeune fille se trouvait là en cet instant. de plus, nous ne savons pas où ni quand se déroule l'intrigue - cet aspect intemporel sert, là encore, à donner au conte une atmosphère mystérieuse.

En bref, j'ai passé un bon petit moment de lecture et ne suis pas déçue d'avoir découvert cet auteur. Je me suis un peu renseignée sur lui et j'aimerais maintenant découvrir ses poèmes, réunis dans le recueil Serres Chaudes.
Lien : https://minuteplume.weebly.c..
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C'est une histoire d'amour et de jalousie entre trois personnes : Mélisande, Golaud et Pelléas. Avec le temps, Mélisande et Pelléas tombent amoureux, mais tout n'est que non-dits : ils ne s'avoueront leur amour qu'à la fin. Cet amour n'est que très virginal, à l'aune du caractère candide des deux jeunes gens. Dans cette pièce, l'amour s'avoue « à voix basse ». Golaud tente de la récupérer
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