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Citations sur L'archipel d'une autre vie (227)

Je pensai aux philosophes que j'avais étudié. Les grecs, les Romains, les mystiques du Moyen Âge, Kant, Hegel, les inévitables Marx et Lénine ... Tous apparemment avaient ignoré l'essentiel : ce noyau de l'homme, cet alliage bestial et tribal qu'aucune Idée absolue ne pouvait transcender, aucune Révolution ne parvenait à mater.
Tout autour, dans les camps que cachait la taïga, des milliers d'ombres meurtries peuplaient les baraquements à peine plus confortables que mon abri. Que pouvait proposer un philosophe à ces prisonniers ? La résignation ? La révolte ? Le suicide ? Ou encore le retour vers une vie ... libre ? Mais quelle était cette "liberté "? Travailler, se nourrir, se divertir, ,se marier, se reproduire ? Et aussi , de temps en temps, faire la guerre, jeter des bombes, haïr, tuer, mourir ... Nulle sagesse ne donnait une réponse à cette question si simple : comment aller au-delà de notre corps fait pour désirer et de notre cerveau conçu pour vaincre dans les jeux de rivalités ? Que faire de cet animal humain rusé, unique, toujours insatisfait et dont l'existence n'était pas si différente du grouillement combatif des insectes qui s'entre-dévoraient dans les fentes de mon abri ? La "légitimité de la violence ", comme je l'écrivais dans ma thèse ...
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À cet instant de ma jeunesse, le verbe "vivre" a changé de sens. Il exprimait désormais le destin de ceux qui avaient réussi à atteindre la mer des Chantars. Pour toutes les autres manières d'apparaître ici-bas, "exister" allait me suffire.
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Un matin, en reprenant ma marche, je me rappelai les coups que j'avais reçus au visage, et, très clairement, je compris qu'il n'y avait plus, en moi, aucune envie de vengeance, aucune haine et même pas la tentation orgueilleuse de pardonner. Il y avait juste le silence ensoleillé de la rive que je longeais, la transparence lumineuse du ciel et le très léger tintement des feuilles, qui saisies par le gel, quittaient les branches et se posaient sur le givre du sol avec cette brève sonorité de cristal. Oui juste la décantation suprême du silence et de la lumière.
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Conscient de notre ignominie, il maugréait : «C'est ça qui fait de nous un troupeau — notre envie de baiser. Ceux qui nous gouvernent n'ont pas besoin d'un fouet, ils nous tiennent par les couilles. Nous avons peur de perdre nos petits plaisirs et, du coup, nous sommes prêts à obéir à n'importe quel salaud ... » ... je n'aime pas ces récits de soldats. On enjolive, on décrit des exploits et des victoires. La nouvelle génération écoute, puis se met à rêver de sa propre guerre ... »
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Les philosophes prétendaient que l’homme était corrompu par la société et les mauvais gouvernants. Sauf que le régime le plus noir pouvait, au pire, nous ordonner de tuer cette fugitive mais non pas de lui infliger ce supplice de viols. Non, ce violeur logeait en nous, tel un virus, et aucune société idéale n’aurait pu nous guérir. P 131
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La belle démence de leur évasion…
Il m’a fallu de longues années pour comprendre : non, c’est notre vie à nous qui était démente ! Déformée par une haine inusable et la violence devenue un art de vivre, embourbée dans les mensonges pieux et l’obscène vérité des guerres.
[…]
Ce n’était pas les deux fugitifs mais l’humanité elle-même qui s’égarait dans une évasion suicidaire.
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"Marcher dans la taïga est une façon de parler...
En réalité on doit s'y mouvoir avec la souplesse d'un nageur;
Celui qui voudrait foncer, casser, forcer un passage s'épuise vite, trahit sa présence et finit par haïr ces vagues de branches, de brande, de broussailles qui déferlent sur lui..L'homme à capuche le savait......."
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… je n’aime pas ces récits de soldats. On enjolive, on décrit des exploits et des victoires. La nouvelle génération écoute, puis se met à rêver de sa propre guerre…
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Dans ce monde confus, l'unique constante s'imposait : la haine. Elle pouvait résulter du désir, de la peur ou bien des idées apparemment nobles et, curieusement, les plus meurtrières.
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De nouveau, je sentis en moi un frisson de lâcheté, la présence du « pantin de chiffon » qui me suggérait l’obéissance, l’effacement de toute parole imprudente, en fait, le bannissement de tout ce qui nous rendait vivants.

(Seuils, p.87)
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