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Citations sur L'archipel d'une autre vie (227)

 À cet instant de ma jeunesse, le verbe “vivre” a changé de sens. Il exprimait désormais le destin de ceux qui avaient réussi à atteindre la mer des Chantars. Pour toutes les autres manières d’apparaître ici-bas, “exister” allait me suffire. 
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Tout autour, dans les camps que cachait la taïga, des milliers d’ombres meurtries peuplaient des baraquements à peine plus confortables que mon abri. Que pouvait proposer un philosophe à ces prisonniers ? La résignation ? La révolte ? Le suicide ? Ou encore le retour vers une vie… libre ? Mais quelle était cette « liberté » ? Travailler, se nourrir, se divertir, se marier, se reproduire ? Et aussi, de temps en temps, faire la guerre, jeter des bombes, haïr, tuer, mourir… Nulle sagesse ne donnait une réponse à cette question si simple : comment aller au-delà de notre corps fait pour désirer et de notre cerveau conçu pour vaincre dans les jeux de rivalités ?
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Ratinsky descendit dans l'eau, pressé d'étaler sa proie devant le chef. Je me souvins d'avoir éprouvé cette même joie de brute sur la colline où j'avais trouvé la blouse du prisonnier...Oui, moi aussi j'avais pensé au trophée !
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L'évadé, n'avait pas changé de position mais, à présent, il serrait dans ses mains de grosses jumelles et nous dévisageait calmement.
Oui, c'était les jumelles de Louskass!
p 124
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Il avait compris qu’il nous fallait le prendre vivant et que le chien ne serait pas lâché à ses trousses, mais surtout que personne parmi nous n’avait hâte de s’exposer à ses balles. Il ne donnait pas l’impression de vouloir nous distancer ni de se réfugier dans une cache… et, pour la nuit, choisissait (un lieu assez exposé où nous ne pouvions pas l’aborder sans être vus.
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La mer soudée par la banquise bordière qui arrimait l'archipel des Chantars au littoral, formant un désert blanc que les bêtes traversaient en arrivant sur l'île. La saison sans neige qui commençait au mois de juin et se terminait en août.
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Dans des bouffées de fièvre, ma pensée se brouillait, brassant des paroles qui se croisaient, des visages qui empiétaient les uns sur les autres. J’entendais Boutov parler pendant l’une de nos beuveries, après notre tentative de violer l’évadée. Conscient de notre ignominie, il maugréait : « C’est ça qui fait de nous un troupeau – notre envie de baiser. Ceux qui nous gouvernent n’ont pas besoin d’un fouet, ils nous tiennent par les couilles. Nous avons peur de perdre nos petits plaisirs et, du coup, nous sommes prêts à obéir à n’importe quel salaud… »
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À la fin de l'année scolaire, notre classe fut coupée en deux et l'annonce tomba: le premier groupe recevrait une formation de grutiers, le second- celle de géodésistes...Âgés de quatorze ans, nous manifestions des aptitudes inégales et, malgré le nivellement de la vie en orphelinat, on trouvait parmi nous des surdoués et des cancres, des stakhanovistes teigneux et des fainéants convaincus.Un oukase du Parti aplanit ces différences. De la Sibérie centrale, on nous expédia à trois mille kilomètres à l'est, en Extrême- Orient, où un chantier avait besoin d'apprentis grutiers et de géodésistes débutants.
" Embrigadement totalitaire, glosaient les soviétologues.La dictature qui nie l' individualité humaine."
Oui, sans doute...Sauf que nous ne le vivions non pas en théorie, mais dans la chair de nos âmes, pleines d insouciance et de chagrins, de soif amoureuse et d'espoirs blessés. Notre départ se confondit avec l'éblouissement du ciel et les senteurs de la taïga renaissante. Rétifs aux doctrines, nous n'avions qu'une envie : nous enivrer de ce nouveau printemps (...)


( Points,2020, p.13)
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Il y avait juste le silence ensoleillé de la rive que je longeais, la transparence lumineuse du ciel et le très léger tintement des feuilles qui, saisies par le gel, quittaient les branches et se posaient sur le givre du sol avec cette brève sonorité de cristal. Oui, juste la décantation suprême du silence et de la lumière.
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Je pensais aux philosophes que j’avais étudiés… Tous apparemment avaient ignoré l’essentiel : ce noyau de l’homme, cet alliage bestial et tribal qu’aucune idée absolue ne pouvait transcender, aucune révolution ne parvenait à mâter. P 55
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