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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai bien à l'esprit que ce livre pourrait faire l'objet d'un approfondissement de chaque thématique telle que l'histoire du peuple juif et russe, les notions de justice, la torture morale et physique, sur la falsification des faits et des témoignages pour faire condamner un homme mais trop c'est trop, et pourtant j'ai l'habitude de lire des livres « difficiles ».
Je ne sais si c'est ce temps gris de mai 2024 mais j'ai ressenti une profonde tristesse vis-à-vis de cette terrible injustice que je me demande encore comment cet homme a bien pu trouver assez de forces en lui pour résister et moi de même pour lire ce terrible récit.
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Il y a de ces livres dont on a l'impression qu'ils sont complets, qu'ils abordent tous les sujets de la vie. J‘ai ressenti cela avec Kundera et son Insoutenable ... et je ressens la même chose après cette lecture-ci.
Un roman russe écrit par un américain, être plus universel serait difficile. Ici les âmes tourmentées sont moins théâtrales et sont coulées dans un développement narratif extrêmement fluide.
L'histoire est très simple, mais elle est d'une force qui ne nous laissera pas indemne.
Yakov Bok est un pauvre réparateur juif à Kiev, qui à cette époque est une ville russe à part entière. Nous sommes en 1911. le régime des Romanov fête ses trois cents ans, mais devient de plus en plus chancelant.
Des revers militaires contre le Japon à la révolte populaire de 1905, qui est une répétition générale de celle d'Octobre, le régime est très contesté. Nicolas II, en politicien mal dégrossi qu'il est, se crispe et afin trouver de coupables pour ses déboires, qui désigne-t-il? Tout juste, les Juifs, appelés les zhids par les Russes. Il laisse faire la milice des Cent-Noirs, antisémite et d'extrême-droite, pour les persécuter et pour les chasser des villes par le biais de pogroms baignant dans la violence extrême.
Un garçon chrétien de douze ans est retrouvé assassiné, criblé de plus de quarante coups de couteau. Un funeste concours de circonstances fait que Yakov Bok passait par là. Parfaitement étranger à ce crime, il est néanmoins arrêté et jeté en prison, sans qu'un acte d'accusation ne lui soit présenté. Il passera trois ans dans les geôles russes, y subissant les pires exactions et humiliations.
Je vous en fais l'économie. L'appareil judiciaire et politique s'acharne sur lui. Les Juifs sont les boucs émissaires du régime et Yakov va cristalliser toute la haine des Russes chrétiens. Juif et libre penseur, adepte du philosophe Spinoza, il aura très peu de chances d' échapper à son étiquette de coupable idéal. Les quelques fonctionnaires ou gardiens qui lui témoigneront le moindre soutien moral, disparaissent et sont éliminés par le régime. Rien ne le libèrera de cette accusation fallacieuse.
Malgré les pressions qu'on lui assène, Yakov ne tombera jamais dans le piège de “l'aveu spontané”. Il résistera. Il ne s'est jamais assis pour attendre sa fin en acceptant sa condition. Juste avant l'assassinat de l'enfant, il avait quitté son shtetl (quartier juif en yiddish), où il vivait comme un misérable. Pour lui “la vie peut être meilleure qu'elle ne l'est”. C'est ce principe qui lui permet de tenir le coup dans sa cellule immonde.
L'absence d'un acte d'accusation réel et clairement rédigé donne des relents résolument kafkaïens au récit. Petit à petit, le cauchemar de Yakov devient celui du drame de la Russie toute entière et même du monde: l'humanité s'est fait la malle. Haine, violence et mensonge deviennent la norme.
Le personnage de Yakov est complexe et riche à la fois, c'est le destin d'un homme seul qui résiste à une machine bien plus puissante que lui. Comme Meursault, c'est homme qui dit “Non”, bien que la question posée n'est pas la même.
Si je dois résumer ce livre en une seule phrase, la voici “ on ne peut rester assis à se regarder détruire sans réagir”.
C'est un très grand livre, qui se termine sur un dialogue imaginaire extraordinaire entre Yakov et le tsar.
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Ce livre a démarré pour moi comme sur un malentendu. J'ai trouvé les premières pages très amusantes, je m'attendais dès lors une série de situations gaguesques, entre Pierre Richard et le Joseph K de Kafka. Puis petit à petit, j'ai bien dû me rendre compte que ce n'était pas du tout marrant.
Mais ce malentendu m'a donné peine à pleinement apprécier ce livre, et son contenu, et à le considérer à l'instar de beaucoup comme un chef d'oeuvre. J'ai l'impression d'avoir lu plus fort et mieux écrit. Bien sûr on pense à l'Affaire Dreyfus, j'ai aussi pensé au livre de Philippe Claudel, Les Âmes grises (qui a probablement dû s'inspirer de ce livre-ci, antériorité oblige), et on pense à Kafka. Et on pense à Koestler. Et on pense à Primo Levi et on pense et on pense...
Ce titre L'homme de Kiev est mal choisi. le titre original est The Fixer, le réparateur. Et c'est beaucoup plus juste. Vraiment dommage d'amputer du sens.
Reste un très bon livre.
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"L'homme de Kiev" est une lecture indispensable. Un peu comme "Si c'est un homme" de Primo Levi. Un livre qui traite de l'anti-sémitisme dans la Russie du dernier tsar. Un mal qui était bien enraciné, bien avant l'émergence du nazisme...

Je suis totalement fasciné par le maintien de forts courants anti-sémites dans notre société. On continue à stigmatiser les juifs pour avoir tué Jésus, alors que le christianisme s'étiole dans nos sociétés occidentales. le mal est ancien, il fait surface au moindre prétexte, et le conflit libano-palestinien n'est souvent qu'un prétexte pour faire ressortir la pieuvre de sa boite. Quel acharnement contre ce peuple !

"L'homme de Kiev", écrit par un auteur juif américain dans les années 60, est un livre coup-de-poing sur ce mal endémique qui était déjà virulent dans les années 1910. Les juifs étaient des boucs-émissaires faciles face aux échecs de la politique tsariste. Des mouvements nationalistes puissants luttaient contre ces parasites qui polluaient le sang russe. Et c'est de sang justement qu'il est question dans la mise en cause d'un artisan juif, Yakov Bov accusé d'avoir tué un jeune garçon russe, pour puiser son sang et en faire des gâteaux...

La seule erreur de ce juif est d'avoir voulu sortir de son quartier réservé en se faisant passer pour un chrétien et apporter son savoir-faire à un riche exploitant russe. Il connaît un semblant de succès qu'il vit mal comme un imposteur, allant jusqu'à repousser les avances de la filles de son patron. Jusqu'à la découverte d'un petit cadavre et les soupçons qui s'accumulent sur lui.

"L'homme de Kiev" est un livre qui parle d'enfermement. Près des trois quarts du livre se passent dans une prison austère où il ne se passe rien. le suspect y est enfermé avant son procès qui est reporté de mois en mois, et soumis à une pression psychologique terrible pour qu'il avoue. L'auteur Bernard Malamud nous fait partager les souffrances et les états d'âme de son Yakov, pauvre hère broyé dans la machine impitoyable d'une justice qui ne l'est que de nom. Il réalise au final que son affaire ne le concerne plus, elle concerne la volonté de mettre sur le dos des juifs tout le mal de la société. Et un juif qui ne participe pas à cette vision de la société doit se soumettre ou mourir à petit feu. Terrible, près de 30 ans avant Hitler...

Ce livre n'est pas une lecture facile. Tenir quelques centaines de pages sur un scénario si mince est éprouvant. On sent que l'auteur a voulu transmettre l'évolution psychologique de son héros où percent la souffrance, l'incompréhension, le rejet de soi. Son Yakov symbolise, à lui seul, tous ses compatriotes qui restent mal-aimés et souffrent des pires injustices. C'est puissant et cela reste une forte dénonciation.

Un livre à lire pour dénoncer définitivement le fait qu'un homme ne peut être jugé sur ses seules origines.
Lien : http://calembredaines.fr
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Livre très dur
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lecture émouvante d'un fait divers romancé qui se passe au début du XXème siècle mais qui fait encore écho au début du XXIème siècle (hélas pourrions-nous dire).
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J'ai eu du mal à terminer ce livre. Je cherchais désespérément une lueur d'espoir dans la vie de ce pauvre Yakov. La noirceur baigne de bout en bout le destin d'un homme dont l'existence n'est qu'une succession de mauvais choix, de malchances et de maladresses à répétition. Ceci ne serait qu'une pathétique descente aux enfers vouée à la compassion si l'essentiel ne se situait pas dans sa condition de juif, en Russie, au début du vingtième siècle. L'antisémitisme d'état qui sévit alors, la faiblesse du tsar, sentant sans doute la fin d'une époque donne en pâture au peuple russe misérable, une communauté juive que l'on stigmatise, utilisant le mysticisme le plus abject, provoquant des pogroms, massacres collectifs effroyables sans justification aucune. Dans ce contexte mortifère, un enfant est littéralement massacré, sordide histoire d'assurance-vie, le bouc émissaire est tout désigné et nous voici plongé dans un océan de mensonges, de preuves fabriquées, de faux témoignages et d'expertises religieuses, socio-historiques démontrant sans aucune honte que le juif est ainsi, pratiquant la sorcellerie, le meurtre initiatique censé lavé l'affront de l'existence de Jésus, juif traître à son peuple, etc, etc...
L'accusé Yakov, arrêté, emprisonné, humilié est un bouc émissaire idéal, en situation d'échec personnel, ayant par ailleurs enfreint la loi, il ne peut être que coupable . Mais celui-ci montre des ressources mentales et intellectuelles insoupçonnées, puise dans sa maigre culture les raisons d'espérer, où l'on voit apparaître Spinoza, remise en question de sa judéité, s'affranchissant de la pesanteur de la religion et de la liturgie hébraïque. Il se trouve un lien spirituel avec le philosophe, refuse d'avouer , gênant ainsi l'accusation, prolongeant l'attente de l'ouverture du procès, permettant une prise de conscience, légère, certes, mais suffisante pour mettre le pouvoir dans l'embarras.
La pirouette finale laisse espérer un sort moins funeste que prévu. La description de l'appareil d'état et de ses serviteurs antisémites fait froid dans le dos, la suite du vingtième siècle répètera ad nauseum l'ignominie d'un ostracisme séculaire.
Ce roman n'est pas facile, le sujet ne l'est pas, il donne quelques clés sur ce qui se passa par la suite.
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Zhenia Golov, un gamin âgé de 12 ans est retrouvé sauvagement assassiné par deux autres gamins. Son corps criblé de coups de couteau avait été saigné à blanc.
"Les Juifs" sont montrés du doigt....
Yakov Shepsovitch Bot, un homme simple, vivant de petits boulots, a été abandonné par son épouse infidèle, alors il part vers la grande ville, vers Kiev dans sa vieille charrette déglinguée tirée par son vieux cheval pour chercher du travail. Il accepte tout, il sait tout faire, notamment réparer tout ce qui est cassé. D'ailleurs il est "Le Réparateur".
Yacov n'est pas un homme inculte, il aime lire Spinoza
Il sauve un vieil homme riche, Nicolai Maximovitch Lebedev, qui s'était affalé dans la neige. Reconnaissant le vieil homme lui proposera de remettre en état un appartement qu'il loue, puis de surveiller sa briqueterie afin de réduire les vols de briques... Yakov se méfie de cet homme qui arbore l'insigne des "Cent-Noirs" épinglé à son manteau...l'insigne d'une groupe ouvertement antisémite et raciste.
Yacov est juif, il a besoin de travailler et malgré les risques qu'il encourt, il accepte ces deux propositions. Et donne toute satisfaction, sauf aux ouvriers et contremaîtres de l'usine...il gêne leurs petits trafics .
Il est juif...il devient donc également le suspect idéal, celui qui a tué le gamin pour récupérer son sang....le sang rituel qui sert à la fabrication des "matsots", ces galettes de pain azyme mangées pour Pessah, la Pâques juive.
Il est arrêté, emprisonné et interrogé par un juge d'instruction et un procureur général qui ne s'aiment pas...l'un fait honnêtement son travail, alors que Yakov est le coupable idéal aux yeux de l'autre. Lutte de pouvoir entre les deux magistrats, entre l'honnêteté et l'antisémitisme. Qui va vaincre selon vous?
Yakov résiste, et se rend compte que chaque geste de sa vie, que chacun de ses actes dans les jours précédant la mort du gamin, est mis a profit pour lui faire endosser la responsabilité de ce crime. Tous les moyens sont bons pour le faire avouer : l'isolement, la nourriture infecte, le froid, les privations de tout, les fers, l'humidité du cachot, l'obscurité...Aucun animal n'aurait résisté ! On s'enfonce dans le sordide, dans la haine, dans l'imagination et le dépravation des uns contre le Droit, contre l'innocence. Que d'imagination du pouvoir et de la "justice" pour avancer dans le pire, vers le paroxysme de la haine et du rejet de l'autre. IYakov va devoir faire face et résister à presque toutes les exactions nées de l'imagination humaine !
Admiration pour cet homme qui lutte pour obtenir un double de son dossier d'accusation et réfute les arguments qu'on lui oppose, admiration pour sa force de caractère.
Il devient un Dreyfus russe, Dreyfus que Bernard Malamud évoque, confirmant sans doute ainsi l'universalité de cette haine et de son propos.
Le procès arrive...
Réparateur....réparer. Oui il faut réparer notre monde, réparer ces cerveaux antisémites ou racistes qui s'estiment supérieurs aux Juifs, et maintenant aux Noirs, aux Arabes...N'est-ce pas le message de Bernard Malamud ?
Un roman sans doute inspiré de la vie de Menahem Mendel Beilis un juif ukrainien accusé d'avoir commis un crime rituel en 1911.
Il suffit de lire la presse, d'écouter les médias pour se rendre compte que cet antisémitisme, que ce racisme sont toujours présents dans de nombreux esprits.
Chacun peut devenir "le Juif" de l'autre : "Ouvrant brusquement un livre à une page couverte de croquis à la plume, il l'orienta de telle sorte que Yakov pût lire le titre imprimé : Nez juifs.
« Tenez, par exemple, voici le vôtre, dit Grubeshov en désignant un nez mince à l'arête busquée et aux narines fines.
— Et voilà le vôtre », répondit Yakov d'une voix rauque en désignant un nez court et charnu aux ailes épatées.." (P. 187)
Sourire à méditer !
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Yakov Bok porte sur lui le poids de malheurs divers : celui d'être pauvre, quitté par sa femme, et surtout juif dans une Russie tsariste à la veille de la Révolution où l'antisémitisme règne. Il quitte son village pour Kiev, une suite de circonstances lui fait diriger une briqueterie dans un quartier interdit aux Juifs. le meurtre d'un enfant à proximité lui est imputé, car c'est bien connu, les Juifs pratiquent les meurtres rituels, et la haine à leur égard permet d'évacuer d'autres sujets de mécontentements de la tête de la population. Malgré l'absence de la moindre preuve réelle, et la bonne volonté d'un juge d'instruction intègre, Yakov Bok est emprisonné dans des conditions de plus en plus inhumaines, pour le faire avouer le crime, et en faire porter le poids sur sa communauté. Il résiste d'une façon étonnante, gardant sa dignité et sa vérité.

Inspiré par un fait réel, L'homme de Kiev n'a rien d'une chronique de fait divers. Il s'agit d'un récit, qui malgré quelques aspects réalistes, transcende le réel, a des visées universelles et métaphoriques. le personnage de Yakov Bok est celui d'un homme libre, qui met d'une certaine façon à nu tous les rouages de l'antisémitisme, mais au-delà toute la violence et tous les mécanismes de domination d'une société, qui a besoin de boucs émissaire pour régner sur les foules. le sacrifice de Yakov Bok qui résiste à tous les supplices, en fait presque une figure de rédempteur, de celui qui va mettre en évidence les dysfonctionnements, qui les rend illégitimes. le tragique de sa situation, en dehors de la question de l'antisémitisme, pose la question de la liberté, de la place de l'individu, quel qu'il soit dans cette société. Bibikov, le juge d'instruction le dit explicitement :

« Car n'oubliez pas que du jour où votre vie est décrétée sans valeur, la mienne ne vaut pas cher non plus, et que si la loi ne vous protège pas, elle ne me protégera pas davantage. »

En allant encore plus loin, le livre interroge toute société, comme la société américaine des années 60 du dernier siècle dont date le livre, années marquées par la loi sur les droits civiques, sa difficulté à être appliquée, les exactions de Ku Klux Kla, des procès célèbres, certaines manipulations de la justice, finalement pas si éloignés de ce que décrit le livre de Bernard Malamud

Un grand livre universel.
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Difficile de croire qu'un primé du fameux Pulitzer, une sommité des lettres juives américaines, soit si peu connu en France. Bref, passons cette introduction en forme de coup de gueule.

Sans être un chef-d'oeuvre à mon sens (on y était presque), L'homme de Kiev vous met un uppercut direct dans votre frimousse de lecteurs trop naïfs. Il s'agit d'un de ces romans qui 50 ans plus tard, n'ont rien perdu de leur modernité, de leur message universel, cette grande leçon de morale contemporaine qui vous confronte à la laideur du monde (je ne suis pas d'un caractère optimiste je le confesse).

Bernard Malamud se saisit d'un fait divers qui eut lieu en Ukraine impériale au début du XXe siècle : un juif tout ce qu'il y a de plus tranquille, fut accusé (à tort précisons-le) du meurtre sauvage d'un pré-pubère ukrainien et chrétien. Il n'en fallut pas plus pour déchaîner la fosse aux lions de la vindicte populaire et antisémite de cette Russie, grande amatrice de pogroms et autre chasse aux Juifs. On doit s'ennuyer ferme dans ces pays froids...

Bernard Malamud compose le personnage de Yakov Bok, brave et simple réparateur, débarqué tout droit de son shtetl au mauvais endroit au mauvais moment. Yakov ne rêvait pourtant que d'une vie simple et paisible : un logis confortable, un revenu décent, une existence méditative loin de la pression de sa communauté religieuse, lui le libre penseur agnostique, adepte de Spinoza. Déjà cocu et quitté par une vile épouse infertile, la poisse semble lui coller aux basques. Les mauvaises rencontres, le fatum, bref, prenez-le comme vous voulez mais toujours est-il que le voilà accusé de meurtre rituel sur une victime chrétienne. La légende voudrait que les Juifs se nourrissent de sang de martyrs chrétiens pour célébrer shabbat, rien que ça ! Donc CQFD, Yakov Bok a tué pour cette raison. Je vous épargnerais les salamalecs et autres croyances transmises de génération en génération dans cette bonne vieille Russie tsariste mais cela fait froid dans le dos. Sans compter l'inaction de la justice du tsar bien décidée à lui faire tâter de la potence, les faux témoignages, les mensonges et omissions, et vous aurez le tableau saisissant d'une erreur judiciaire implacable de monstruosité. le pauvre Yakov Bok, pauvre bougre impuissant, assiste médusé, au terrible sort qui lui est destiné, broyé par une époque instable.

Je vous le disais en préambule, ce roman est intemporel, modernement absurde, saisissant de réalisme. Bernard Malamud aurait pu le transposer à n'importe quelle époque, à n'importe quel endroit, ça ne changerait rien au message sous-jacent. Lisez ce roman les amis, il ne vous fera que du bien. Et même si l'émotion n'est pas au rendez-vous, d'autres sentiments tels la colère, la frustration, la révolte mais aussi le désir de paix, vous accompagneront et ils sont bien nécessaires en ce temps troublés.
Lien : http://www.livreetcompagnie...
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