L'Homme inquiet est le dernier roman des aventures du commissaire Wallenberg, paru sept ans après le précédent.
Henning Mankell écrira encore un livre de la série, mais dont l'action se déroulera avant le présent ouvrage.
L'Homme inquiet est un roman qui présente deux aspects.
Bien sûr, comme polar, il y a une intrigue. D'ailleurs, il ne s'agit pas d'une enquête officielle du commissaire Wallenberg, mais d'une enquête privée, qu'il mène pendant ses vacances. Håkan, le père de l'ami de sa fille a disparu dans des circonstance étranges. Son fils Hans, sollicite son beau–père, Kurt Wallender, pour savoir ce qu'il est devenu et donc, si c'est encore possible, le retrouver. Mais l'intrigue est davantage une histoire d'espionnage, où se mêlent la géopolitique et l'histoire de la Suède du temps de la guerre froide. On y côtoie les trois affaires les plus mystérieuses, qui ont concerné la Suède, depuis la fin de la guerre mondiale : l'arrestation de l'espion Wenneström, les incursions de sous–marins soviétiques dans les eaux territoriale du pays et l'assassinat du premier ministre Olof Palme en 1986.
Henning Mankell s'est mué en historien et présente ces faits sous un éclairage nouveau. La fin du roman est, à ce titre, surprenante et intéressante. Elle reprend l'une des thèses les plus crédibles, bien que impolitiquement correcte, sur ces affaires d'espionnage et notamment celle des sous–marins.
Le livre est aussi centré sur l'intimité de Kurt Wallender. Il a une soixantaine d'années et est hantée par la peur de la vieillesse. Cette peur est renforcée par des trous de mémoire, qui deviennent de plus en plus inquiétants ; l'une de ces défaillances a même failli lui coûter son poste. En lisant cet ouvrage, on image aisément que Mankell avait l'intention de terminer là, les aventures de son commissaire fétiche. C'est une sorte de testament qu'il écrit. Les pensées et réflexions de Wallander sont l'occasion de passer en revue l'ensemble des aventures précédentes, comme une sorte de bilan. A l'époque de la parution du roman, en 2009 en Suède et en 2010 en France, il est clair que ce roman est le dernier de la série. Comme l'ont fait certains auteurs, il ne fait pas mourir son « héros », mais il ne laisse pas, non plus, le lecteur dans une espèce de flou, qui laisserait place à une éventuelle résurrection si l'auteur devait revenir sur ses choix. Je ne dévoile pas les deux derniers paragraphes, points finaux des aventures de Wallender, que j'ai trouvés très tristes.
En refermant le livre, on se demande qui est
L'Homme inquiet. Est–ce Håkan, qui semblait avoir peur de quelque chose ou de quelqu'un et qui était sans cesse sur ses gardes ou est–ce Kurt Wallender, qui a peur de la vieillesse et constate son déclin physique et mental ?
L'Homme inquiet, à la fois roman intime sur la nostalgie du temps qui passe et traité d'histoire politique sur la Suède de la guerre froide est tout simplement sublime. Bien que triste, la façon qu'à
Henning Mankell de mettre un terme à la « carrière » de son personnage est admirable.
Lien :
http://www.polardesglaces.com/