Tea-Bag est le nom que s'est inventé une jeune africaine dans un camp de réfugiés situé au Sud de l'Espagne. Pour quitter son pays, elle a dû faire appel à des passeurs, se prostituer, échapper de peu à la noyade… Mais au bout de son voyage, elle n'a trouvé que des hommes en armes et un camp qui ressemble à une prison. Elle ne sait pas grand chose de l'Europe et ne sait pas vraiment dans quel pays elle va pouvoir trouver asile. Mais parce que des journalistes suédois ont manifesté de l'intérêt aux réfugiés de son camp espagnol, elle décide que c'est en Suède qu'il va falloir qu'elle tente sa chance…
Parallèlement à l'histoire de
Tea Bag, nous suivons celle de Jesper Humlin, un poète suédois que son éditeur tente de convaincre d'écrire un roman policier. Harcelé par sa mère qui exige trois visites hebdomadaires, par sa maîtresse qui lui réclame un enfant, et par son éditeur soucieux de rentabilité, Jesper Humlin ne songe quant à lui qu'à prendre des vacances dans des endroits paradisiaques et entretenir son bronzage. Caricature de l'écrivain imbu de lui-même et indifférent aux malheurs du monde, il va voir son système de valeurs bouleversé par sa rencontre avec
Tea-Bag, Tania et Leïla, trois immigrées en provenance du Nigéria, de Russie et d'Iran.
Tea-Bag est selon moi à classer dans la littérature humanitaire.
Henning Mankell, sans doute sincèrement touché par des histoires dramatiques de réfugiés, essaie de dénoncer un système cruel et absurde. Malheureusement j'ai eu l'impression en le lisant, qu'il ne faisait qu'enfoncer des portes ouvertes. Je n'ai pas non plus été très convaincue par le personnage de l'écrivain auquel l'auteur n'a pas réussi à donner la moindre épaisseur. J'ai tout de même un peu souri devant la description que fait Mankell des tournées de l'écrivain dans les collèges et les lycées, ses séances de lecture dans les bibliothèques devant un public de femmes entre deux âges venues applaudir poliment et chercher des autographes. J'ai d'ailleurs presque autant compati au sort de Humlin-Mankell et à celui de tous les écrivains contemporains, qu'au sort des jeunes réfugiées. Enfin, et c'est là le plus gros reproche que je ferai à
Tea-Bag, la langue de Mankell ne me plaît pas beaucoup. Elle est trop neutre, peut-être trop journalistique, parfois un peu heurtée. Je ne sais bien sûr pas quelle part de responsabilité incombe à la traductrice, mais je ne peux que constater que le plaisir de lecture n'a pour moi pas été au rendez-vous.