AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,96

sur 205 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'auteur nous plonge dans la ville De Marseille, en 1973, avec toute l'ambiance que ça sous-entend historiquement, et on s'y croit : on entend parler de figures politiques réelles (Pasqua, par exemple), d'évènements qui ont marqué L Histoire (guerre d'Algérie), on est vraiment embarqué dans cette ville en pleine ébullition. Je n'étais pas née mais je suis quasi sûre que ça devait vraiment être l'ambiance de la ville à cette époque. Ce climat raciste qui ne veut pas dire son nom, ces jeux de pouvoirs, de copinage, de domination et les rapports entre police, journaux, associations, entre Arabes et Blancs. Rien n'est simple quand on est un jeune inspecteur plein d'idéaux !

J'ai apprécié les personnages que j'ai trouvé attachants. L'inspecteur Daquin est idéaliste, intègre, intelligent, peut-être trop ou pas assez pour s'intégrer dans cette police qui préfère jouer la carte de l'avantage et du favoritisme plutôt que la vérité. Ses deux co-équipiers apportent la touche humour du roman, tout en permettant d'avoir un pied dans les rouages complexes de cette enquête où on leur fait bien comprendre qu'il y a des choses qui se font, d'autres non, tout est sous-entendu et autorisation implicite.

L'intrigue est également complexe, peut-être un peu trop même, j'ai été perdue quelques fois au milieu de tous ces sigles, toutes ces associations, tous ces acteurs qui ont pourtant leur rôle à jouer dans l'omerta qui règne. On suit plusieurs personnages, on est promené de droite à gauche, on est propulsé dans plusieurs lieux, tout ne fait pas toujours sens immédiatement et il faut s'accrocher un peu pour suivre ! Et en même temps, c'est ce qui fait la richesse de ce polar, j'ai été embarquée et je voulais absolument connaître la suite. Ca soulève d'autres problèmes, notamment le racisme et la corruption, les thèmes sont multiples.
Commenter  J’apprécie          20
Direction le Marseille des années 70 pour un polar historique pétrifiant. Dominique Manotti nous rappelle, ou fait découvrir, une période sombre de l'histoire de France marquée par la Guerre d'Algérie.

C'est dans un contexte historique et géographique bien précis, Marseille étant l'épicentre du terrorisme raciste, que l'on fait la connaissance d'un ensemble de personnages. Ils font partie d'organisations variées, allant des différentes forces de police sur Marseille aux organisations de soutien des Algériens. Ils vont nous raconter un Marseille que l'on ne soupçonne pas. On découvre les tréfonds de la police de cette époque entre arrangements, violence et racisme.

Manotti signe un roman noir troublant d'une société tendue, à vif. On découvre avec documention et différents points de vue une situation très dure. Un récit social vif et stupéfiant.
Commenter  J’apprécie          00
Un ton en dessous de Racket, peut-être parce que trop près de l'histoire réelle et moins d'élans romancés. Comme « Meurtre pour mémoire », un retour sur la France et une police raciste qui résonne avec les violences et l'impunité d'aujourd'hui. Les mots de Pompidou auraient pu être prononcés par Macron ? le bref intermède entre le flic homo et une femme d'un livre précédent arrive comme un cheveu sur la soupe, mais il est heureusement très bref… On avait fini par oublier ces ratonnades, et que 1973, ce n'est que 10 ans après la fin de la Guerre d'Algérie, tandis que les rapatriés étaient revenus en nombre avec leur esprit revanchard. Et j'ignorais tout de cette circulaire (dite Marcellin-Fontanet), qui a bien mis de l'huile sur le feu. Quant à Gaston Deferre, il aurait pu être davantage présent, puisqu'il fut bien absent en la matière des pieds-noirs, d'abord contre leur installation, avant de s'en saisir comme électorat.
Commenter  J’apprécie          10
Dominique Manotti revient sur les agressions et les meurtres de Maghrébins qui ont eu lieu dans le sud de la France au début des années 1970. C'est aussi à cette période qu'est fondé le Front National.

Le commissaire Daquin, fraîchement nommé à l'Evêché, se trouve confronté à un monde politique corrompu, des collègues véreux, des vétérans du Service d'Action Civique (SAC), de l'Organisation Armée Secrète (OAS), sans oublier la pègre locale.

Un livre, inspiré de faits réels, édifiant.
Commenter  J’apprécie          10
En décembre 1972, la circulaire Marcellin-Fontanet ouvre l'histoire du contrôle de l'immigration, transformant les travailleurs immigrés en clandestins. C'est dans ce contexte que Dominique Manotti décrit le recyclage des anciens fonctionnaires de l'Algérie coloniale dans la police marseillaise, et à l'UFRA où se côtoient des pieds noirs nostalgiques de l'Algérie française. Racisme à tous les étages !
Théodore Daquin, jeune commissaire de la PJ, nouvellement nommé à Marseille, épaulé par Grimbert et Delmas, enquêtent sur l'UFRA des Bouches du Rhône, à la demande du SRPJ de Toulon. Sont visés Asensio, responsable de l'UFRA, et Picon, de la Sûreté marseillaise. Des évènements gravent viennent brouiller l'enquête : l'assassinat de Guerlache, tramino, par un algérien (authentique), des ratonnades dans Marseille. Survient le meurtre par balle du jeune Malek Khider. La police locale et la justice ne se hâtent pas pour élucider l'affaire, voire font tout pour l'étouffer. La presse locale, sauf un journaliste isolé, suit les discours ambiants, constitués de rumeurs, de fausses informations. Berger, jeune avocat militant sera chargé de défendre la famille Khider.
Daquin et son équipe avancent à contre-courant pour démêler l'enquête.
Un polar noir, très documenté au plan historique, qui m'a fait découvrir le racisme anti algérien de l'époque et dont Marseille était l'épicentre, mêlant avec grand talent fiction et vérités historiques qui font froid dans le dos. Et un suspense garanti.
De nombreux personnages dont la liste et les rôles sont précisés en fin de roman. Bonne idée !
Un polar très bien écrit qu'on ne lâche pas avant de l'avoir terminé.

Pour compléter les informations, on peut consulter utilement l'article « La flambée raciste de 1973 en France » d'Yvan Gastaut, in Revue européenne des migrations internationales, vol 9, n°2, 1993

Commenter  J’apprécie          04
Ce polar est percutant : je n'imaginais pas qu'il régnait une telle tension à Marseille dans les années 70. La fin de la guerre d'Algérie, encore dans toute les mémoires, exacerbe les tensions entre immigrés, arabes ou français, et métropolitains. Certains ne pensent d'ailleurs qu'à "casser" de l'arabe (pardonnez moi l'expression mais pour moi c'est vraiment ça). le nouveau commissaire Daquin va se retrouver dans une situation très délicate entre flics "honnêtes", ceux qui savent tout sur la maison et ceux qui sont partisans de renvoyer les arabes chez eux. D'ailleurs les intrigues politiques vont tellement loin que certains espèrent récupérer l'Algérie. Nous avons une galerie de personnages qui va du pire au meilleur ; heureusement que certains restent droits car cela fait froid dans le dos, d'autant que ce roman a un côté très réaliste.
Nous sommes à la fois dans un polar d'ambiance, qui nous restitue un lieu et une époque au point que l'on a l'impression d'y être, violence, racisme et omerta règnent, et un polar politique où les enjeux sont immenses et les protagonistes protégés par leurs relations et leur argent. Justice sera t'elle rendue à Malek, assassiné parce qu'il était au mauvais endroit au mauvais moment ? J'ai été très touchée par sa famille et surtout par la dignité de son père.
Ce genre de roman est essentiel : il nous rappelle une réalité historique récente par le prisme de la fiction pour nous permettre de mieux comprendre des situations actuelles. Un véritable roman noir.
Lien : https://www.facebook.com/sea..
Commenter  J’apprécie          10

Vous voulez du polar ?

En voici l'exemple parfait : tout y est.
Un cadre évocateur, théâtre de l'intrigue : ce sera Marseille, en 1973, alors que France et Algérie n'ont pas refermé les plaies de la guerre ( les refermeront-elles un jour?).
Une actualité qui se mêle au roman et lui donne son authenticité : ce seront les crimes racistes perpétrés alors dans les rues marseillaises. Et les réactions dans la population qui s'en suivent.
Enfin, l'attelage infernal politique / police / justice / presse sert de ressort à ce roman extrêmement documenté qui en dit long sur la complexité de ces affaires criminelles et rappelle de sombres pages où les limites morales et légales sont allégrement dépassées par bon nombre de puissants.
" La ville pue l'impunité et la violence. L'impunité engendre la violence ", analyse l'auteur par la bouche de son enquêteur.

S'ajoute à ces ingredients déjà salés une pointe d'originalité avec le personnage qui mène l'enquête : Daquin, ce flic qui ne cadre pas avec les habitudes et les attitudes locales.

Seul élément malvenu à mes yeux : dans ce roman à la 3eme personne, l'auteur insère des pensées intérieures ( une sorte de voix off) de Daquin qui dit alors je.
Mais c'est un détail.

Si vous aimez les polars purs et durs, lisez "Marseille 73".
Si vous êtes ( ou pas ) de Marseille et êtes curieux de son histoire, lisez "Marseille 73".
Si vous aimez que fiction et réel se nourrissent l'un l'autre, pour le meilleur - et surtout pour le pire -, lisez "Marseille 73".
Si vous êtes scénariste et que vous cherchez un roman à adapter au cinéma ou en mini-série pour la télé, lisez "Marseille 73".

Bref, lisez "Marseille 73".
Commenter  J’apprécie          21
Redoutablement efficace ce polar!L'air de rien avec sa couverture rouge et noire digne des thrillers racoleurs, son écriture sobre et sèche, ses personnages inscrits dans une logistique huilée, je pensais me laisser porter légèrement dans une intrigue ficelée.
Et bien derrière cette présentation,se trame toute l'histoire des crimes racistes contre les premiers immigrés algériens au décours de l'aire pompidolienne,période de l'histoire après la guerre d'Algérie, passée sous silence.
La description de l'intérieur, de la police et la justice marseillaise ainsi que leurs liens avec la presse montre avec une grande habileté littéraire les compromissions, négociations, régulations qui sous-tendent la vie sociale phocéenne, carrefour de l'immigration.
Le tout jeune commissaire Daquin , extrêmement efficace et intuitif l'a bien compris et se protège comme il peut.
Encore une belle découverte d'un auteur de polar français contemporain qui nous rend intelligent!
Commenter  J’apprécie          30
Au début de la lecture on croit être face à un roman historique anachronique écrit par la gaucho de service, d'autant que 1973 est encore assez frais dans ma mémoire, mais une simple vérification sur Wikipedia permet de découvrir que tout est vrai et que 20 ans après la fin de la guerre d'Algerie des flics ripoux et des anciens du SAC et de l'OAS s'en sont donnés à coeur joie sur les immigrés à Marseille . le roman est bien enlevé même si les caractères des personnages ne sont pas très fouillés et notamment les motivations des tueurs, qui ne sont pas des demeurés, restent assez incompréhensibles. le fonctionnement des services de police de la ville et de la justice sont bien décrits. La fin du roman a un rythme et un souffle qui manquent à son début. Bien enlevé.




Commenter  J’apprécie          41
Sixième lecture dans le cadre du Prix du Meilleur Polar Points 2023. Un roman qui ne m'a pas emballé outre mesure au niveau de l'enquête et des enjeux mais un très bon document sur une période historique qui mérite d'être connue et rappelée.

Nous sommes en 73. 10 ans après l'indépendance de l'Algérie, les esprits sont encore marqués par l'arrivée des pieds-noirs contraints de fuir en 62, par les horreurs de l'OAS sur le sol algérien et par une histoire globale non digérée.
Dans ce contexte tendu, une circulaire modifie la situation des travailleurs immigrés en France qui jusque là n'étaient pas trop inquiétés quand ils n'avaient pas de papiers et travaillaient au noir. du jour au lendemain ils deviennent clandestins et sont expulsables. Dans la région de Marseille c'est le branle-bas de combat. Les travailleurs se mettent en grève et les usines ne tournent plus ou peu. Quand un Algérien assassine un chauffeur de bus, les esprits s'échauffent. Les nostalgies de l'Algérie française se mêlent au racisme, à la rancoeur et aux dérives extrémistes. Une série d'assassinats visant des jeunes Algériens survient mais n'intéresse ni vraiment la presse ni même les services de police qui ont alors tendance à classer ces crimes, à l'évidence racistes, en "règlements de compte"
Le commissaire Daquin et son équipe, ainsi que le jeune Berger, avocat de la famille d'une des victimes, vont tout faire pour trouver le ou les meurtriers et rendre justice dans une société qui préfère fermer les yeux.

C'est un roman très dense dans lequel on se perd un peu. Il y a beaucoup de personnages, beaucoup d'informations à retenir, les différents services de police de l'époque, les associations en pagaille, et un volet social et historique très fouillé. Si l'enquête ne m'a pas totalement passionné malgré une conclusion édifiante, je retiens le côté très instructif de ce polar. Une page honteuse et assez méconnue qui conclut, plus de 10 ans après, la Guerre d'Algérie.
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (468) Voir plus




{* *}