Marc Aurèle a écrit ses
Méditations comme une série de
pensées ou d'exercices spirituels. Dans quelle mesure peuvent-ils nous aider à nous sentir mieux dépendra de notre croyance dans le progrès humain. Marc est clair sur le point. Tout cela s'est déjà produit auparavant - la même intrigue du début à la fin, la même mise en scène. Les gens se répètent de génération en génération - "se marier, élever des enfants, tomber malade, mourir, faire la guerre, organiser des fêtes, cultiver, flatter, se vanter, se méfier, comploter, espérer que d'autres vont mourir, se plaindre..."
Rien de nouveau sous le soleil , et rien que nous puissions faire pour le changer : "Vous pouvez retenir votre souffle jusqu'à ce que vous deveniez bleu, mais ils continueront à le faire." La vie n'est pas belle. C'est comme de la viande pourrie dans un sac. Ou comme les bains - "l'huile, la sueur, la saleté, l'eau grisâtre, tout cela dégoûtant". Bref, c'est une "vie misérable de singe pleurnichard". Mais une fois que vous acceptez cela, dit Marc, vous retrouverez le moral.
Tout est né pour mourir : c'est son deuxième grand thème. Mourir est un processus naturel, aussi nécessaire que le sexe et l'accouchement, et que nous mourions aujourd'hui ou dans 50 ans n'a pas beaucoup d'importance, puisque nous ne sommes qu'une goutte dans l'océan du temps : « Avant longtemps, nous serons tous disposés côte à côte." Célébrités, présidents, médecins fronçant les sourcils devant des lits de mort interminables - ils doivent tous partir. de Pompéi à Herculanum, les villes aussi doivent connaître leur fin. "Les vies humaines sont brèves et triviales. Hier une goutte de sperme; demain fluide d'embaumement, de la cendre." Pourquoi pleurer la mort ? La vie est si mesquine et si fatigante - "l'agitation inutile des cortèges, des airs d'opéra, des troupeaux de moutons et de bétail, des exercices militaires, un os jeté aux caniches de compagnie, un peu de nourriture dans l'aquarium" - la mort devrait être accueillie comme une précieuse libération. C'est l'esprit qui compte, pas la "caisse battue" du corps. "Vous avez embarqué, vous avez mis les voiles, vous avez fait le passage. Il est temps de débarquer."
Les problèmes arrivent. Les dieux sont insondables. Personne n'est à blâmer. La ligne de Marc à ce sujet pourrait sembler induire une certaine passivité. Mais stoïcisme ne veut pas dire quiétude. "Faites tout comme si c'était la dernière chose que vous faisiez dans votre vie", conseille-t-il - vous pouvez commettre des injustices en ne faisant rien. Avant tout, efforcez-vous de devenir une meilleure personne. Contrôlez votre arrogance. Arrêtez de vous fâcher avec des gens stupides et désagréables. Soyez droit, modeste, direct et coopératif. Lorsque vous avez du mal à sortir du lit le matin, rappelez-vous que ce qui vous rend humain, c'est de travailler avec les autres. Et quand les gens deviennent pénibles et que vous voulez vous éloigner de tout, à la campagne, à la plage ou à la montagne, rappelez-vous que vous pouvez vous échapper à tout moment, en allant à l'intérieur, sur "les petites routes de vous-même".
Dans l'univers de Marc, tout a un but, des chevaux aux sarments de vigne. le but de l'homme, en tant qu'animal pensant, est de vider son esprit des déchets - de se débarrasser des illusions. L'acclamation des pairs est une illusion. L'acclamation de la postérité - "des gens que vous n'avez jamais rencontrés et que vous ne rencontrerez jamais" - en est une autre : "être rappelé ne vaut rien. Comme la gloire. Comme tout." Abandonnez vos vaines ambitions, acceptez que vous êtes "minuscule, éphémère, insignifiant", et vous pouvez commencer à jouer votre petit rôle dans le tout interconnecté : "Les choses se poussent et se tirent, et respirent ensemble, et ne font qu'un."
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