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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Plus qu'un nécessaire bol d'air frais, ce recueil bilingue nous démontre que l'Absurdistan (page 51) est si proche de nous : on l'atteint presque en tendant la main.
Daniel Marcu manifeste dans les rues poétiques avec la véhémence non résignée de l'artiste qui s'évertue de ramener à la surface des vérités par ces temps chaotiques que nous vivons tous, mais qui chez lui, en Roumanie, prennent d'autres proportions encore. Ces vers résolument engagés pour la vie revêtent cependant une évidente dimension universelle.
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L'Académie de l'air est un recueil de poèmes et manifestes de Daniel Marcu, poète anarchiste roumain se définissant comme étant de l'avant-garde nouvelle. Tiens, me direz-vous, je croyais que tu n'aimais pas la poésie ? Il est vrai que je n'en suis pas friande et encore moins lorsqu'il s'agit de poésies modernes. Mais ici, on suit un cheminement, absurde, peut-être, encore que l'artiste doit y suivre sa voie, mais cela reste des messages, des dénonciations sur notre époque. Il y a quelque chose d'universel là-dedans. Et même si parfois je n'ai pas dû en saisir toute la teneur, peu importe. Ce n'est pas en voyant un tableau une première fois que l'on en comprend toute la portée. D'ailleurs, en parlant de cela, les illustrations sont superbes.

Je vous laisse avec deux vers qui donnent à réfléchir :

« Je lègue la liberté à ceux qui n'ont jamais pleuré la liberté,

mais sont morts des milliers de fois avant de la vivre » (P55)

Un grand merci à Gabrielle Danoux, la traductrice, pour m'avoir offert ce recueil. On ne met pas assez en avant les traducteurs, je m'en rends bien compte et moi la première d'ailleurs, je ne mentionne jamais leur nom. Mais je vais le faire à présent car il y a un vrai travail derrière tout ça et je n'ose même pas imaginer le casse-tête pour arriver à retranscrire des idées poétiques dans une autre langue !

Lien : https://promenadesculturelle..
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Des mots qui ont un goût de comète
Ils prennent l'air dans les trous noirs
Dans l'invisible silence
Ils plongent dans les abysses d'un langage atomique
Ils sont libres et obscurs
Ils portent sur leurs ailes un univers de lumière qui flotte, d'obscurité qui pleure
Là où les réponses n'ont pas de questions
Là où l'impensable est permis
Peut-être y trouvera-t-on la clé

De ce recueil étrange, presque extra- terrestre, on en ressort ébouriffé
On se dit que le poète a souvent la tête à l'envers
Et c'est pour cela qu'il sculpte des images évanescentes, impalpables, à peine des images, juste des ondes, des vibrations de couleurs
Des fantômes qui surgissent, nous éblouissent un instant
Puis nous rebondissent, nous "parachutent", les racines dans le ciel

On flotte

Sans essayer de tout déchiffrer, de crainte de percer l'effleurement d'une pensée

À lire et relire, à toucher d'un éclair noctambule la pensée furtive, rebelle
La pensée d'un monde où l'homme voudrait survivre, réagir, se libérer, voler

Couverture céleste, mise en page aérienne, mots épinglés sur la corde sensible, entre deux étoiles, traduction universelle des maux en mots.

Merci Gabrielle pour tes élans de générosité et félicitations pour tes talents de traductrice. Un livre-objet venu jusqu'à moi qui ne l'attendais pas.

Daniel Marcu le "Manif-artiste", poète anarchiste et Maria Marcu-PopArt artiste peintre, forment un étonnant duo.


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Je remercie Gabrielle Danoux de m'avoir permis de découvrir la poésie roumaine contemporaine à travers les textes incandescents de Daniel Marcu.
L'incandescence du verbe et de la pensée, tous deux traduits dans un français lui-même éblouissant, laissera durablement une trace dans l'esprit chamboulé du lecteur qui s'en emparera. Car il s'agit d'une poésie retentissante, marquée par une adéquation entre la forme et le contenu, telle qu'elle est définie dans l'Esthétique de Hegel; poésie parfois submergée par son contenu, à l'image de la poésie romantique.
Une symphonie aux positions critiques sans demi-mesure, qui taille dans le vif de la chair et du politique, engage la voix du poète, le consume dans son manifeste de braise.
Sans concession, la poésie de Daniel Marcu transfigure le lecteur à travers ses nombreuses saillies fulgurantes, lumineuses, tel que le final somptueux du poème Des comètes recouvrent les ombres des pas : « Et que reste-t-il des traces de pas et des curieuses ombres ? / Imagine-toi la comète / qui secoue sa lumière dans l'obscurité / dont tu veux sortir. »
Au poète, qui s'interroge sur son devenir d' « objet inutile qui ne peut être monnayé, ou coté en bourse… » on voudrait qu'il soit assuré que sa poésie est au contraire essentielle, irremplaçable.

L'édition bilingue de cet ouvrage a été déjà amplement décrit, je ne m'y attarderai donc pas, et saluerai plutôt l'exceptionnel travail de traductrice et de passeuse de Gabrielle Danoux, dont on connaît déjà le talent d'auteure, et qui, de traduction en traduction, met entre nos mains de lecteurs français des auteurs roumains, qui, sans elle, nous demeureraient inconnus.
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Libre, indocile, revendicateur, énigmatique, habité, engagé, éruptif, exigeant, ce manifeste de l'avant-garde nouvelle est un OVNI. L'expression d'une liberté, d'un souffle qui emporte, déroute, bouscule le rapport que nous avons aux mots. J'aimerais répondre à l'énergie et au talent de Daniel Marcu par cet extrait de poème si célèbre :

Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom

Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom

Sur chaque bouffée d'aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l'orage
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J'écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J'écris ton nom

Sur la lampe qui s'allume
Sur la lampe qui s'éteint
Sur mes maisons réunies
J'écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J'écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J'écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J'écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J'écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom

Sur l'absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'écris ton nom

Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

liberté.

Paul Eluard

Voilà un livre qui incarne incontestablement cette liberté chérie. Les illustrations originales de Maria Marcu-PopArt sont magiques. Toute mon admiration à Gabrielle Danoux pour cette traduction très pointue !
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Voici un magnifique recueil de poèmes que j'ai reçu il y a quelques jours, grâce à la générosité de Gabrielle Danoux. (Tandarica) . Je peux dire que c'est une belle surprise.
L'académie de l'air est un livre bilingue avec une belle mise en page.
L'auteur à travers ses poésies, exprime ses sentiments, s'interroge et nous fait réfléchir sur l'évolution du monde, sur notre condition, nos craintes, notre inconséquence. Il y a des vérités qui ne peuvent pas passer inaperçues comme dans le poème : ‘ Dieu est un enfant la tête dans les nuages' où on croise autant les ‘navires de croisés que les colonisateurs et sous-marins nucléaires où
‘les cadavres en plastique voguant à la dérive, portés par le Gulf Stream, vers l'île mystérieuse de l'homme nouveau'.
Il y a encore beaucoup plus à découvrir dans ce recueil. Les citations déjà publiées donnent une idée précise.
Les 16 illustrations de Maria Marcu PopArt apportent de la lumière au recueil et reflètent bien les pensées de l'auteur. Ça vaut la peine de s'y attarder, c'est un plaisir.
Je ne peux pas terminer ma petite chronique, sans parler du talent de la traductrice qui a fait un travail extraordinaire. J'ai eu l'occasion de la découvrir à travers la traduction d'une grande oeuvre de la littérature roumaine ‘ La poupée russe' de Gheorghe Crăciun.
Encore un grand merci Gabrielle. Je vous souhaite beaucoup de succès dans votre travail. Vous le méritez!
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Il me faisait de l'oeil depuis un moment nonchalamment alangui sur mon étagère. Mais qui donc ? Cet éléphant présenté sur la couverture du recueil bilingue intitulé « L'Académie de l'air ». M'attendait ainsi un drôle de pachyderme, né des fulgurances du poète roumain contemporain Daniel Marcu.
Je disais donc avoir mis un certain temps avant d'ouvrir ce recueil de poésie mais comme je ne cesse de le répéter, aucune date de péremption n'a jamais été vue sur un livre. J'ai donc estimé ce début d'année propice pour me lancer. Une fois ma lecture achevée, et si on veut bien me pardonner ce jeu de mots facile, je dirais que cet ouvrage résonne singulièrement avec « l'air du temps ». Seize collages aussi évocateurs que saisissants signés Maria Marcu-PopArt viennent de plus l'illustrer. Et chose inouïe les mots qu'il contient semblent presque nous scruter tant la force du message invite justement à réfléchir sur cet « air du temps », à l'heure où le monde entier ose croire que l'an qui vient de débuter ne sera pas dans la continuité de son prédécesseur.

Superbe métaphore que cet éléphant qui se hisse jusqu'aux nues pour nous emporter dans son souffle poétique ; spectaculaire exercice d'équilibriste que de rester en suspension dans l'air pour un mastodonte. Et pourtant il flotte notre bel éléphant ! Défiant la pesanteur, il nous observe et il attend.
Créatif, visionnaire, inspiré, les qualificatifs ne manquent pas pour rendre hommage à Daniel Marcu, ce poète de l'extrême. Ainsi son verbe puissant, diablement moderne, nous interpelle tant sur l'introspection personnelle, la capture de l'instant, le ressenti d'une atmosphère que sur des sujets d'une brûlante et oppressante actualité.
Deux mots pour conclure : superbe découverte.

Extraits :

« Sur la ville s'est déposée la couverture électrisante qui chauffe l'insurrection de masques en carton, le convoi est en marche dans les rues sans fin, au rythme des tambours infernaux,
comme un serpent à clochettes qui glisse sans le savoir dans l'abysse. » (Du poème « La ville vue du drone »)

« Parfois, je m'observe avec dépit, car je ne me retrouve dans aucun miroir du monde, car mes pieds sont aussi fermement ancrés dans la sève de la parole, car mes bras gesticulent comme des battements de coeur supplémentaires, car mes yeux ne se ferment pas à chaque sursaut du jour, car mon esprit refuse de perdre la bataille contre les déformations de la vérité, me laissant tout nu sur une place où personne ne tente plus de m'acheter, mais seulement de me peser du regard. » (Du poème « Des comètes recouvrent les ombres des pas »)

« Les savants ont démontré que l'air entretient la vie, que, sans lui, la planète ne serait qu'une boule de feu, une armure de glace, aussi, je proclame unilatéralement que nous sommes ce que nous sommes uniquement grâce à l'air qui tolère nos indécisions, attise nos sens et supporte nos migraines porteuses de désastre. » (Du poème « La proclamation de la création de l'Académie de l'air »)

Petit aparté

Je salue au passage l'élégance de la traduction de Gabrielle Danoux dont j'avais pu apprécier la qualité du travail avec la découverte d'autres auteurs roumains dont l'oeuvre appartient désormais au domaine public, en l'occurrence Max Blecher (chronique du 26 mai 2020) et Anton Holban (chronique du 6 juin 2020). En effet la passion communicative de l'intéressée m'avait alors permis de capter toute la quintessence de ces textes, certes classiques mais à leur manière d'une étonnante modernité par les thèmes universels qu'ils abordent.

Lien : http://scambiculturali.over-..
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Des manifestes d'amour à l'humanité qui se laisse dépérir. Un bel objet-livre conçu et réalisé avec soin pour une poignée de destinataires. Merci les amis pour ce cadeau précieux.
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