Gabrielle Danoux, auteure et traductrice rencontrée sur Babelio, m'a fait découvrir quelques auteurs roumains et je l'en remercie vivement.
Il y a déjà quelques mois, elle m'a mis entre les mains un recueil de
poèmes de
Daniel Marcu, en édition bilingue roumain-français. Ce livre intitulé
L'Académie de l'air est illustré par
Maria Marcu-PopArt…
J'ai d'abord lu ces
poèmes dans le courant de l'été, une lecture difficile, laborieuse… Disons que je n'étais pas dans les meilleures dispositions pour m'approprier les textes de
Daniel Marcu. La poésie est affaire d'émotion et de sonorités et, pour moi, ce recueil restait assez incompréhensible.
Je l'ai repris récemment et l'ai redécouvert très différemment.
Un sous-titre à toujours garder en tête : « Survols et autres manifestes artistiques de l'avant-garde nouvelle »… Nous voilà prévenu(e)s ! Ce sera novateur… L'auteur veut nous exposer une théorie, lancer un mouvement. En même temps, ce sera bref, survolé.
La quatrième de couverture évoque « un concert de ah » avec des « gens enthousiasmés par leur propres respirations » et place l'ensemble du recueil sous le signe de l'élément primordial AIR. Faut-il y lire l'élément indispensable aux êtres vivants ou la notion de
paroles en l'air, de semences à tout vent ?
Un découpage en courtes parties avec toujours une page-titre illustrée de très beaux collages ou compositions picturales. C'est sans doute ce que j'ai préféré dans ce recueil car les illustrations, très colorées et actuelles, me paraissaient plus parlantes que les
poèmes.
Les titres m'ont intriguée, surtout ceux en anglais ou en latin, non traduits puisque tels dans la version originale.
Que dire de cette poésie complexe, à la langue recherchée, un mélange de lyrisme, de références épiques, d'ambiances urbaines et connectées ?
Pour ma part, ce seront quelques mots, en vrac, qui n'engageront que moi… Une sorte d'inventaire à la
Prévert aux accents baudelairiens :
- Les imperfections du dieu créateur et les états d'âme du Christ…
- Des peurs et des cauchemars nocturnes…
- La futilité de l'existence…
- Un place importante donnée aux objets : papier-alu, perceuse, bulldozer, drone…
- Quelques mots rares…
- Une variation sur la mort, sur l'état d'anarchie…
- Une fascination pour la beauté du sordide et du fétide, les charognes, les rats, la putréfaction et le spleen…
- Une étrange absurdité…
- L'inhumanité de l'Homme…
- Des commandements, un message…
Certains
poèmes m'ont fait l'effet de logorrhées incompréhensibles… Je pense avoir plus ou moins saisi tout ce qui touchait au côté intime de la poésie, à son déclin actuel.
Les calligrammes et les acrostiches de la fin du recueil apportent un côté faussement original, une posture de figure imposée qui m'a intriguée ici précisément.
En ce qui concerne les enjeux particuliers de la traduction, je mesure l'immense travail de
Gabrielle Danoux qui a traduit ce recueil, reproduisant parfois des allitérations et des assonances.
Personnellement, j'ai toujours du mal à m'approprier la poésie traduite d'une langue étrangère que je ne maitrise pas. Ici, même si j'ignore tout du roumain, j'ai parfois regardé les lignes des pages de gauche, juste pour repérer des sonorités, des rythmes.
Pas de conclusion générale sur mon ressenti car je n'avais pas toutes les clés en main pour appréhender notamment la part propre à la société roumaine ; en effet, j'ai plutôt été sensible à une forme d'universalité.…
Juste les titres des deux textes que j'ai préférés : « L'Homme libre conjugue
L Histoire avec le manifeste-perceuse » et « Je marche sur une voie de disparition »…