Citations sur Entre mes mains le bonheur se faufile (119)
Je resterais coupée en deux à vie L’Iris de Pierre. L’Iris de Gabriel. Deux hommes, deux amours. Je rirais au nez de quiconque me dirait que l’on ne peut aimer deux personnes à la fois. Si, c’était tout à fait possible. Sauf qu’on n’aimait pas de la même façon. Avec Pierre, c’était un amour routinier, rassurant. Avec Gabriel, un amour explosif, sur le fil, un amour en terre inconnue.
Comme tous les dimanches midi, je ne voulais pas y aller. Comme tous les dimanches midi, je traînais des pieds, je faisais tout pour gratter un peu de temps. Sauf que...
- Iris! appela Pierre. Qu'est-ce que tu fais?
- C'est bon, j'arrive.
- Dépêche-toi un peu, on va être en retard.
Pourquoi mon mari était-il si pressé d'aller déjeuner chez mes parents? Alors que moi, j'aurais donné n'importe quoi pour y échapper. Seul avantage, cela me permettait d'étrenner ma dernière robe. J'avais réussi à mettre la touche finale la veille au soir, et j'étais satisfaite du résultat. J'essayais tant bien que mal de ne pas perdre la main et d'entretenir mon doigté de couturière. Et puis, dans ces moments-là, j'oubliais tout : mon travail à la banque d'un ennui mortel, la routine de ma vie, le délitement de mon couple. Je n'avais plus l'impression de m'éteindre. Au contraire, j'étais vivante; lorsque je faisais équipe avec ma machine à coudre ou que je dessinais des modèles, je palpitais.
Je me regardais dans le miroir une dernière fois et soupirai.
Avec mon mari, c'était le statu quo. Pas de disputes, mais pas de rapprochement notable. Pierre n'avait pas connaissance de mes tête-à-tête avec Gabriel. Je m'enfonçais dans le mensonge de peur de réveiller l'eau qui dort. Il n'avait pas montré de jalousie lorsque j'avais évoqué le premier dîner, mais on ne savait jamais, vu ce qu'il pensait du monde dans lequel j'évoluais.
Comme tous les dimanches midi, je ne voulais pas y aller. Comme tous les dimanches midi, je traînais des pieds, je faisais tout pour gratter un peu de temps. Sauf que...
- Iris ! Appela Pierre. Qu'est-ce que tu fais?
- C'est bon, j'arrive.
- Dépêche-toi un peu, on va être en retard. Pourquoi mon mari était-il si pressé d'aller déjeuner chez mes parents? Alors que moi, j'aurais donné n'importe quoi pour y échapper. Seul avantage, cela me permettrait d'étrenner ma dernière robe. J'avais réussi à mettre la touche finale la veille au soir, et j'étais satisfaite du résultat. J'essayais tant bien que mal de ne pas perdre la main et d'entretenir mon doigté de couturière. Et puis, dans ces moments-là, j'oubliais tout : mon travail à la banque d'un ennui mortel, la routine de ma vie, le délitement de mon couple. Je n'avais plus l'impression de m'éteindre. Au contraire, j'étais vivante ; lorsque je faisais équipe avec ma machine à coudre ou que je dessinais des modèles, je palpitais.
Je savais pertinemment ce que l’on attendait de moi ; que je sois une petite femme gentille et docile, souriant béatement aux exploits professionnels de son cher et tendre, et bientôt une mère au foyer exemplaire, enchainant les grossesses et accompagnant les sorties scolaires.
J'écarquillai les yeux. De grands rideaux de velours noir séparaient les cabines, un mur entier de miroirs, une méridienne et des poufs en velours pourpre meublaient cet étrange boudoir. Ensuite, je découvris le stock, une vraie caverne d'Ali Baba. Des rouleaux de soie, de coton, de satin, de brocart, de jersey, de lamé, de crêpe, de tissus tous plus soyeux les uns que les autres entraient en concurrence avec des boîtes débordant de boutons, de plumes, de dentelles, de perles, de rubans et de passementeries. Un salon attenant était dédié à la découpe. L'appartement avait été repensé pour l'atelier, tout en conservant son esprit typiquement parisien.
Le bonheur est un rêve d'enfant réalisé dans l'âge adulte
Deux hommes, deux amours. Je rirais au nez de quiconque me dirait que l'on ne peut aimer deux personnes à la fois. Si, c'était tout à fait possible. Sauf qu'on n'aimait pas de la même façon. Avec Pierre, c'était un amour routinier, rassurant. Avec Gabriel, un amour explosif, sur le fil, un amour en terre inconnue.
Je rirais au nez de quiconque me dirait que l'on ne peut pas aimer deux personnes à la fois. Si, c'était tout à fait possible. Sauf qu'on aimait pas de la même façon.
Je m'habillai avec soin, ne pensant qu'à lui : être belle pour lui encore une fois. Avec un peu de chance, je ne disparaîtrais peut-être pas tout de suite de sa mémoire.J'enfilai une jupe crayon et un chemisier noirs. Je mis mes stilettos de luxe pour la dernière fois avant très longtemps, je n'aurais pas l'occasion de les porter à la maison. Je lissai mes cheveux, les laissai libres dans mon dos, et me maquillai. Je mis mon imperméable en toile et cuir noir, fermai la ceinture. Un coup d’œil dans le miroir. J'étais prête à lui dire au revoir.