Ce tome fait suite à
Batman Détective Comics, tome 3 : La ligue des ombres (épisodes 950 à 956) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 957 à 962, initialement publiés en 2017, écrits par
James Tynion IV, dessinés par
Alvaro Martinez, encrés par Raúl Fernández, avec une mise en couleurs de Brad Anderson, pour les épisodes 958 à 962. L'épisode 957 a été coécrit par
Christopher Sebela, dessiné et encré par
Carmen Carnero, avec l'aide de
Richard Friend et
Karl Story pour l'encrage, avec une mise en couleurs réalisée par Javier Mena.
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- Épisodes 958 à 962 - Un individu en pardessus sort d'une bouche de métro à proximité du stade Dixon Center, en laissant des traces de sang derrière lui. À l'intérieur du stade, Lucas Fox et Jean-Paul Valley sont en train d'assister au match de volley qui s'y déroule. Fox semble plus accaparé par sa tablette que le jeu. Il explique à
Jean-Paul qu'il teste un algorithme pour prévoir les déplacements des joueurs. Ils sont rejoints dans les gradins par Kate Kane qui n'a d'yeux que pour une actrice de film de vampires, installée dans le public. le blessé fait irruption dans la salle ; il s'agit de Nomoz, une sorte de nain créé par l'ordre de Saint Dumas. Il est venu trouver Azrael, pour le prévenir. de son côté, Bruce Wayne se trouve à bord de la plateforme flottante dans le port de Gotham, qui supporte l'Iceberg Lounge, le palace et casino d'Oswald Cobblepot. Il explique à ce dernier qu'il est venu pour assister au spectacle de la soirée. Cobblepot lui répond qu'il n'y a plus de place disponible, mais que l'artiste donne ensuite une prestation privée à des joueurs de poker misant gros et qu'il reste une place à la table. Wayne accepte d'y participer.
Pendant ce temps-là, Orphan (Cassandra Cain) répète une pièce de
Shakespeare (
La tempête) avec Basil Karlo (Clayface). Alors que ce dernier la félicite, ils sont interrompus par l'arrivée de Nomoz sur un brancard, amené par Valley, Fox et Kane. Jean-Paul Valley explique à Kate Kane ce qu'est l'ordre de Saint Dumas, la manière dont ils l'ont éduqué, et ont détruit sa vie, ainsi que l'existence du Système. Nomoz reprend connaissance et explique à Jean-Paul Valley que les membres du Conseil ont été exécutés, et que c'est le fait d'Ascalon, une intelligence artificielle dans un corps d'androïde. Bruce Wayne se retrouve à la table de poker, à jouer avec Harry Davis junior, Funky Flashman, Drury Walker, Maximum Tyrell et Frère Kobo. En pleine partie, Ascalon fait irruption avec perte et fracas et s'en prend à Frère Kodo. L'artiste tant espérée fait son apparition pendant cet affrontement physique.
Étant arrivé au quatrième tome de la série le lecteur en a maintenant bien assimilé son principe. À chaque tome, le scénariste développe une menace qu'il a évoqué dans le tome précédent. Dans le tome 3, il était question d'une intelligence artificielle fonctionnant à partir du Système, et effectivement dans ce tome c'est au tour de Jean-Paul Valley d'affronter son passé, comme Orphan affrontait le sien dans le tome précédent, et Batwoman dans celui encore avant. C'est l'occasion pour
James Tynion IV d'inclure un petit rappel sur l'histoire personnelle de Jean-Paul Valley telle qu'elle est en cours de validité cette année-là. Il ne s'appesantit pas trop dessus, restant bref et concis. le lecteur sait aussi qu'il peut s'attendre à découvrir un lien avec les tomes précédents au détour d'une case, basé sur l'existence d'une conspiration d'encore plus grande ampleur, conçue par un groupe encore plus mystérieux. Effectivement il y est rapidement fait allusion. Comme dans les tomes précédents, il suppose qu'il aura la possibilité de voir un autre membre de la famille Batman élargie. Effectivement c'est le cas, et le personnage en question apparaît même sur la couverture, désamorçant le suspense quant à son identité.
Même si elle respecte ce formatage, l'écriture de
James Tynion IV n'est pas si automatique que ça. Il sait établir des liens entre les personnages et mettre à profit leur histoire personnelle. À nouveau le fan de Cassandra Cain peut savourer la manière dont le scénariste sait mettre en valeur sa personnalité, grâce à son duo avec Basil Karlo. La personnalité de Lucas Fox rayonne d'assurance méritée, et de capacité de réflexion. Pour ce tome, Kate Kane est reléguée aux seconds rôles. Jean-Paul Valley profite de fait de plus de temps d'exposition, mais le lecteur peut finir par s'agacer de sa posture en retrait, de son manque d'assurance, de sa forme de défaitisme. Il s'attend moins à ce que l'auteur consacre un temps significatif à la relation entre Bruce Wayne et Zatanna Zatara. Tynion IV s'en sort avec les honneurs pour l'écriture de leurs interactions personnelles, avec une réelle amitié crédible, même si elle n'est pas très originale, reprenant l'essence de ce qu'avait développé
Paul Dini. le lecteur trouve donc son content dans la direction d'acteurs, à la fois pour sa cohérence avec leur histoire personnelle et pour leur comportement conforme à leur personnalité, avec l'impression qu'il s'agit de vraies personnes. Cela aide à faire passer ce qu'annonce le titre Deus ex machina, à savoir 2 artifices bien pratiques. le premier se trouvait déjà dans les 2 tomes précédents, à savoir l'évocation de la mort de Tim Drake, absolument impossible à avaler. le second artifice prend la forme d'une orbe magique sortant de nulle part et bien pratique pour mettre un terme au récit.
Même si le rythme de parution continue à être bimensuel, le lecteur a le plaisir de voir que les 5 épisodes du récit principal ont été réalisés par une seule et unique équipe artistique :
Alvaro Martinez, Raúl Fernández et Brad Anderson. Comme dans le tome précédent, il est tout de suite sous le charme de la mise en couleurs. Brad Anderson a pris le parti d'utiliser des teintes assez denses, et de renforcer la dimension spectaculaire des dessins, ce qui est en phase avec un récit de superhéros. Il utilise une approche naturaliste en appliquant des couleurs conformes aux éléments représentés, que ce soit les étoffes, les matériaux ou les épidermes. Il densifie les dessins en jouant sur les nuances pour accentuer le relief des surfaces, pour figurer les ombres portées. Il utilise les capacités de l'infographie pour inclure des effets spéciaux spectaculaires, que ce soit pour les explosions, les utilisations de pouvoir ou l'aura lumineuse dégagée par l'artefact bien pratique. Il habille les arrière-plans de camaïeux au point que le lecteur ne se rende pas compte du pourcentage de cases dépourvues de décors.
Alvaro Martinez et Raúl Fernández réalisent des dessins de nature descriptive, avec une bonne densité d'informations visuelles. Ils gèrent sans difficulté la distribution conséquente de personnages et leur costume propre. Ils prennent aussi soin de différencier les tenues vestimentaires des civils. Ils sont aussi à l'aise dans les scènes en civil que pour les scènes de superhéros. Ils soignent particulièrement les paysages urbains en extérieur que ce soit les différentes façades de gratte-ciel à Gotham, ou la vue générale de Las Vegas. Ils s'investissent pour représenter les aménagements intérieurs de quelques lieux, comme l'étude de John Zatara, ou la grande salle de la cloche du Beffroi. Ils savent donner une saveur particulière à l'utilisation de chaque superpouvoir des différents membres de la famille à l'emblème de la chauve-souris. le lecteur apprécie aussi bien la silhouette mangée d'ombre de Batman, que les gestes théâtraux de Zatanna, ou encore la silhouette plus discrète d'Orphan. Lors des affrontements, ils assurent le spectacle avec un solide savoir-faire, et quelques planches somptueuses, que ce soit Clayface donnant l'impression de s'élancer sur le lecteur, l'apparition de l'armure classique d'Azrael, ou encore un superhéros dont Ascalon semble briser le dos sur son genou, comme Bane le fit en son temps avec Batman.
L'appréciation de cette histoire dépend de ce que le lecteur est venu chercher. S'il espère une histoire de superhéros innovante, et un schéma narratif différent des tomes précédents, il en ressort déçu.
James Tynion IV donne l'impression d'avoir trouvé sa recette et de l'appliquer de tome en tome. Cette recette est efficace et aboutit à une histoire rondement menée, ménageant des scènes pour chacun des personnages, et apportant une clôture satisfaisante à l'intrigue. Les dessins sont plus que compétents, énergétiques et plein d'entrain, avec une mise en couleurs de premier ordre, sans avoir de prétention artistique. 3 étoiles. Mais comme dans les tomes précédents, le lecteur se laisse prendre par des personnages tous bien distincts, chacun avec leur manière de faire, dégageant de ce fait une empathie substantielle. 4 étoiles.
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- Épisode 957 - Harvey Bullock surveille le Bat-signal, se tenant à côté de lui sur le toit du commissariat principal. Une fois de plus, un petit malin s'approche subrepticement et le vandalise. le soir même, Spoiler (Stephanie Brown) intervient dans une prise d'otages ayant lieu dans un studio de télévision, mais sans se faire connaître. Harvey Bullock et la section de police arrivent sur les lieux et se tiennent à l'extérieur pour essayer de négocier avec les preneurs d'otage, menés par le supercriminel Wrath (Elliot Caldwell).
Dans le tome précédent, Batwoman avait eu le droit à 2 épisodes en guise de prélude à sa propre série, coécrits par
Marguerite Bennett. C'est autour de Spoiler de bénéficier de ce traitement de faveur, même si aucune série mensuelle à son nom n'est annoncée.
Christopher Sebela &
James Tynion IV effectuent un bon travail pour établir le nouveau modus operandi de Spoiler qui a donc quitté le giron de la famille Chauve-Souris. L'histoire est basique et le lecteur n'a pas de doute quant à son déroulement et son issue, mais les coscénaristes savent donner de l'épaisseur aux choix e Stephanie Brown. La dessinatrice
Carmen Carnero est moins méticuleuse qu'
Alvaro Martinez & Raúl Fernández, avec des accessoires et des éléments de décors moins précis et moins consistants, mais la narration visuelle reste satisfaisante. 4 étoiles pour une étape dont la dernière page promet la constitution d'un tandem intéressant.