AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4

sur 5785 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Elles sont touchantes, toutes ces femmes dont le portrait est brossé par Victoria Mas.

Que de violence dans cette société du XIXème siècle, à l'égard des femmes. Eugénie Clery, jeune fille bourgeoise, éprise de liberté, a un don, elle voit et entend les morts. Elle se confie à sa grand-mère, quelle erreur !! En quelques heures, Eugénie est rayée de la vie de sa famille et jetée aux oubliettes sans que plus personne ne se préoccupe de son sort, ou de la façon dont elle sera traitée.

"Le père Cléry tend les papiers signés à Geneviève. Elle jette un coup d'oeil aux documents, puis regarde l'homme.
- Puis-je vous poser une question?
- Je vous en prie.
- Pourquoi faire interner votre fille, si vous n'attendez pas qu'elle soit soignée. Nous ne sommes pas une prison. Nous oeuvrons à guérir nos patientes.
...
- On ne converse pas avec les morts sans que le diable y soit pour quelque chose. Je ne veux pas de cela dans ma maison. À mes yeux, ma fille n'existe plus".

Impossible pour ces femmes de penser par elles-même, d'être différentes de ce que l'on attend d'elles, ou pire, encore, émettre un avis est une hérésie. Nombre d'entre elles, ont été victimes de ces hommes qui, à l'époque, avaient tous les pouvoirs.

Prenez conscience, Mesdames, des progrès accomplis...
Lien : https://monjardinleslivres.b..
Commenter  J’apprécie          260
Ce roman terrifiant et édifiant retrace l'histoire de quatre femmes toutes en lien (à des degrés divers) avec le terrible hôpital de la Salpêtrière (Paris, XIII) et où règne, en grand manitou, le très controversé docteur Charcot, les fameuses "folles" du titre : Louise - perso. calqué sur le modèle d'Augustine, patiente la plus illustre de Charcot et à laquelle il est d'ailleurs fait allusion dans le roman! voir aussi le film éponyme avec Vincent Lindon incarnant un Charcot beaucoup plus humain qu'il n'apparaît dans le Bal des folles -, Eugénie (qui perçoit l'âme des morts), Thérèse (prostituée dans une autre vie) et Geneviève, la surveillante en cheffe.. Si les personnages sont bien fictifs, l'autrice a su documenter son récit au plus près afin d'en aiguiser au mieux le propos, et lui donner toute sa force féministe. le style adopté par le narrateur est, quant à lui, également très intéressant, passant d'un point de vue à un autre sans transition, comme si un esprit tout féminin planait continuellement sur la narration, écrite, elle, dans un présent de l'indicatif très"clinique".
Aussi, plus on avance dans le récit et plus l'ambiance devient glaçante, glauque, grave, rendant l'urgence du combat féministe plus pertinente encore, urgent plus que jamais dans notre époque si incertaine. Un roman utile donc, et qui semble rappeler à toutes les pages, à tous les hommes, que tous, sans exception, sortent du ventre rond et magiquement beau d'une femme.
Prix Renaudot des lycéens 2019, le livre de Victoria Mas restera.
Lycéens, lycéennes, précipitez-vous ! C'est vous qui changerez ce monde !
Commenter  J’apprécie          250
Parfois on se demande pourquoi on a attendu si longtemps pour lire un livre !
Je m'étais dit je vais le lire cette semaine pour pouvoir regarder l'adaptation en suivant, j'ai ouvert le livre et..... je ne l'ai refermé qu'une fois terminé sans avoir vu le temps passer !
Quel roman terrible et passionnant ! Quelle écriture précise, sensible !

Le destin de Eugénie, Louise et Geneviève met en lumière avec quelle cruauté les femmes pouvaient être traitées au XIXe siècle, comment toutes celles qui gênaient un père, une belle-mère, un frère disparaissaient derrière les murs de la Salpêtrière dans le service du docteur Charcot dont j'ai découvert les expériences inacceptables... Maltraitance, violences physiques et psychologiques sont le quotidien de ces recluses abandonnées de tous.

Mais si le roman dénonce, il fait aussi trois beaux portraits de femmes :
Eugénie, intelligente, un brin rebelle avec un don encombrant qui lui vaudra bien des tourments. Trahie par les siens, elle ne baisse jamais les bras. Quelle force de caractère, quelle volonté !

Louise, l'adolescente naïve que les traumatismes subis n'ont pas brisée, c'est un personnage plein d'innocence qui rêve d'amour, de mariage, de bal et de flonflons, et les séances d'hypnose en public qu'elle supporte lui semblent être une aubaine.

Geneviève, l'infirmière froide et détachée au service de Charcot que la rencontre avec Eugénie va bousculer profondément mettant à nu ses douleurs...

Ce bal qui n'en a que le nom est l'événement attendu, rêvé par ces femmes hors du temps et de la vie, ce sera le point d'orgue pour Geneviève, pour Louise, pour Eugénie, l'une d'elles sera brisée, l'autre sera sauvée et la dernière accomplira son destin... Bouleversant !

Une mention particulière pour Théophile, frère indifférent dont la conscience s'éveille peu à peu, un contrepoint bienvenu qui amplifie par contraste la lâcheté et la cruauté du père... J'ai adoré ce personnage.

Une excellente lecture captivante, révoltante, émouvante ...

Il ne me reste plus qu'à regarder le film maintenant!
Lien : https://chezbookinette.blogs..
Commenter  J’apprécie          250
Quelle belle lecture ! Nous sommes à Paris, en 1885. Déjà, ça me plait... Et puis, plus précisément, nous nous retrouvons à la Salpêtrière, en compagnie de femmes internées pour maladies mentales. Là, je suis gagnée !! Charcot, psychiatre, spécialiste des maladies neurologiques, organise, chaque année le bal des folles, où tout le Paris mondain est convié... Les femmes attendent ce moment avec impatience... Un temps où, l'espace d'un instant, elles vont se sentir importantes... Tous ces gens qui viennent pour elle. Mas nous raconte leur préparation, servant de prétexte pour nous narrer autant d'histoires de vie bouleversantes. Ce qui les a conduit dans cet asile, leur quotidien entre les murs, les forces, leurs faiblesses, leurs mal-être, leurs envies, leurs désirs, leurs illusions perdues... Un roman très touchant, très captivant et une écriture déjà mature pour un premier roman... J'ai adoré.
Commenter  J’apprécie          250
J'ai trouvé ce roman tellement émouvant, un hommage aux femmes dites "aliénées" tout simplement car elles ne rentrent pas dans la norme de XIXeme siècle....

Nous nous retrouvons plongé à la Pitié Salpétrière avec du côté des soignants, Geneviève infirmière intendante qui laisse toutes ses émotions à la porte de l'hôpital, le docteur Charcot aux méthodes progressistes mais quelque peu controversés, et du côté des soignées, Louise, Eugénie et Thérèse, 3 femmes complètement différentes mais tellement touchantes et attachantes.
Quelques passages peu être un peu répétitifs mais dans l'ensemble c'est un très beau premier roman, bravo à l'auteure pour le sujet et cette mise en lumière des femmes.
Commenter  J’apprécie          240
Ce roman est absolument prodigieux et parle sans détour de la condition féminine au 19 e siècle où dès qu'une femme ne correspondait pas à la norme de l'époque, elle était internée. L'histoire se déroule à la Salpêtrière juste avant le bal annuel où l'on découvre quatre portraits croisés de femmes victimes du mépris des hommes. L'une a subi des abus sexuels de son oncle, la seconde est une ancienne prostituée qui a essayé d'assassiner son souteneur, la troisième parle aux défunts et la quatrième est une infirmière qui assiste le docteur Charcot qui dirige ce service. J'ai beaucoup aimé ce roman.
Commenter  J’apprécie          240
Quand on est fille de notaire parisien, en 1885.......il est de bon ton, voire impératif de bien se comporter, de ne parler à table que si Papa vous le permet, impératif de ne pas répondre, de ne pas être ironique...bref, d'être belle, de se taire, de prendre conscience que les seules opinions tolérées des femmes sont celles de leur père ou époux.
Mais Eugènie est beaucoup trop indépendante. Son esprit beaucoup trop libre déplaît fortement à François Cléry son père, engoncé dans son costume, qui vraisemblablement comprime sa bedaine...on ne peut pas être bourgeois aisé sans cette bedaine et cette chaîne en or retenant la montre gousset, signes extérieur de puissance, de richesse. Signes extérieurs imposant le respect.
Eugénie est incorrigible, elle irrite papa, qui n'hésite pas à la considérer comme folle quand il découvrira que sa pauvre fille voit des apparitions de défunts dans sa chambre et parle avec eux.
Trop c'est trop !
Alors en toute hypocrisie, Papa Cléry va proposer une promenade à sa fille...vers cet hôpital psychiatrique, La Pitié-Salpétrière, où un certain Docteur Charcot, met en scène devant un public béat ses miracles. Les bourgeois viennent, comme s'il se rendaient au cirque, se faire peur devant les crises d'épilepsie de certains patients....Crises provoquées par Charcot.
Peinture sordide de cette établissement, des conditions d'accueil et de "soin" des patientes, des salles communes, des chambres d'isolement, du temps qui passe, des jours qui se traînent, comme les veilles et lendemains..Des dizaines de femmes dans une même pièce, attendant le repas.. seulement des femmes...pas toutes folles, loin de là. Il est si facile pour un époux ou un père de faire interner son épouse, sa fille. .
Folie, hystérie, démence, hallucination, sont comme le mot Femme des mots féminins...
Faire parler les morts, des hommes en parlent, certains ont écrit des livres sur ce thème. On trouve sans difficulté dans les libraires "Le livre des esprits." d'Allan Kardec....qu'Eugénie a découvert avec passion.
Mais eux sont des hommes, ils ne risquent rien!
Le temps est long dans cet hôpital..Heureusement certaines soignantes ne sont pas des brutes. Heureusement, aussi, le Bal des folles approche. Un bal que le Tout Paris bourgeois guette...
Une préparation qui occupe ces femmes désoeuvrées.
C'est si amusant d'y participer, d'approcher pour un soir ces folles qui ont choisi leur belle robe, si amusant de faire partie de cette élite parisienne, si amusant d'y être vu.
Un bal des folles, que Jérôme Garcin évoque également dans "Le syndrome de Garcin"
On comprend qu'une jeune auteure, ait pu être indignée par ce bal et par ces conditions réservées aux femmes, ces femmes dont les époux ou pères voulaient se débarrasser, sans tracas, sans formalité. Indignée par les soins, le mot est bien mal adapté, apportés par la psychiatrie.
J'ai apprécié son texte, né de l'histoire, né de turpitudes masculines.
Une honte dénoncée avec force.
Une honte à partager
Lien : https://mesbelleslectures.co..
Commenter  J’apprécie          240
J'ai dévoré ce roman en un jour !
Encore une fois, j'ai découvert bien plus ce que ce à quoi je m'attendais : Charcot, les femmes enfermées dans les carcans du XIXe siècle, la quête de la liberté. Alors, oui, il y a bien tout cela, la dénonciation est claire et percutante, la réalité sordide devait être dévoilée.
Mais j'ai eu la surprise de découvrir une profondeur inattendue au fil de l'histoire, une interrogation sur la « normalité », une quête de la Réalité, au-delà des apparences et des certitudes.
Commenter  J’apprécie          231
En route pour la toute fin du 19ème siècle pour découvrir La Salpêtrière. Car c'est une vraie découverte pour moi. Alors je savais bien que "l'hystérie féminine" était traitée de manière assez particulière, pouvons nous dire. Mais c'est autre chose de lire un roman qui traite du sujet. C'est de la fiction, pas de soucis, mais on sent bien le travail de recherche derrière, que l'autrice a basé son travail sur de solides fondations.
La théâtralisation des cours de Charcot, le mélange sans distinction de toutes sortes de pathologies (quand il y en a une), le mépris des hommes, le manque d'amour familial créent une ambiance particulière, dérangeante, qui donne envie de se révolter. Ces hommes qui enferment les femmes de leur famille surtout. Faire enfermer sa fille parce qu'elle pourrait ternir la réputation de la famille. Rejeter sa fille en un clin d'oeil. Heureusement qu'il y a Timothée, le frère d'Eugénie pour relever le niveau, pour amorcer le changement.
Niveau personnages féminins, Geneviève a ma préférence. Une femme qui a l'air froide, dont la vie est vouée à la science, mais qui finit par accepter de laisser ses sentiments et ses émotions briser sa carapace. Elle évolue vers plus d'humanité. Louise et Thérèse sont celles qui m'ont le plus touché. Abandonnées, maltraitées, elles ont transformé l'hôpital en vrai lieu de vie, en refuge. Finalement, c'est peut-être Eugénie qui m'a le moins parlé, étonnamment.
Une écriture simple et fluide qui sert un sujet intéressant. Cela me donne envie de découvrir "La salle de bal" de Anna Hope, souvent cité dans les critiques.
A signaler, encore une fois, la très bonne qualité du livre audio chez Audiolib, lu avec talent par Audrey Sourdive.
Commenter  J’apprécie          230
me voici sur une piste de danse en robe au vu de toute cette bourgeoisie mal intentionnée qui vient me scruter, me regarder, se moquer ..moi la folle, qui ne suit pas plus folle que vous et moi...
poignant ce roman et hommage à toutes ces dames
très belle lecture qui ne laisse pas de marbre comme ces couloirs de la salpetrière
Commenter  J’apprécie          230




Lecteurs (10511) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3247 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}