Ma super Grand-mère

Ne m'en veuillez pas, mais je n'ai pas bien compris cet album. J'ai eu un sentiment désagréable, comparable à celui qu'on éprouve quand on prend conscience de ses propres insuffisances. Imaginez. Quelqu'un raconte une blague ; les deux ou trois personnes autour de vous rigolent de bon cœur ; pour ne pas paraître trop godiche, vous faites un large sourire et vous mimez le ricanement…

Mais au fond de vous-même, un petit quelque chose vous tracasse : c'était quoi le truc drôle ou la chute à comprendre dans cette blague ? Vous n'avez pas fait le lien, la connexion n'a pas eu lieu ; vous restez en rade.

Eh bien, c'est un peu ça qu'il m'est arrivé avec Ma Super Grand-Mère. J'ai vraiment bien aimé les illustrations, faites de dessins au trait en noir et blanc en guise de fond agrémenté de deux ou trois personnages en couleurs et en texture qui ponctuent l'espace et animent la composition.

Le tout est vraiment très mignon avec très peu de texte par page et un fonctionnement de type comptine qui revisite les jours de la semaine. Bon, jusque là, ça va, j'arrive encore à suivre.

En revanche, là où l'affaire se corse, c'est quand on s'aperçoit qu'à chaque page, ladite grand-mère prend la forme d'une manière de mastodonte chaque fois différent : qui éléphant, qui diplodocus, qui baleine bleue, etc.

(sauf le jeudi où la grand-mère se métamorphose en petite souris. Ne cherchez pas à comprendre, c'est comme ça, le jeudi, point de géant marin ni de colosse aux pattes épaisses, le jeudi, c'est petite souris. Je me suis pourtant creusée, j'ai même essayé de voir s'il n'y avait pas des liens cachés avec la première trilogie Star Wars et son fameux retour du jeudi, mais il semble après un premier examen que non. Des analyses complémentaires sont en cours et je vous en informerai dès que le laboratoire m'aura remis ses conclusions définitives.)

Bon, il semble tout-à-fait établi que chaque jour la grand-mère se transforme, soit, c'est un fait acquis. Pourquoi éléphant, crocodile et tutti quanti, ça… mystère. Comment s'effectue cette transformation ?… Nouveau cul-de-sac cognitif de la Nastasia.

J'en viens même à questionner le pourquoi de toutes ces transformations. On nous précise que c'est, — il est vrai —, une SUPER grand-mère et qu'elle fait tout son possible et même un peu plus pour éviter l'ennui à sa petite fille. Mais pourquoi se transformer en pieuvre pour jouer aux échecs…, là…, là, mes braves amis…, je seiche… euh, je sèche.

À ce stade, j'ai pris une grande inspiration, je n'ai rien bu, ni fumé, ni sniffé d'illicite car, comme par un fait exprès je n'en avais pas sous la main, mais c'eût été probablement bénéfique. Alors, je me suis cherché quelques excuses classiques : une fin de cycle pénible, des journées harassantes, l'abrutissement du quotidien, etc…

Mais à ce jour, à cette heure, à cette minute, je vous affirme avec la plus grande sincérité que je n'ai rien compris à cette histoire, ni même, ce qui est pire encore, s'il y a quelque chose à comprendre à cette histoire. À n'en pas douter, je suis fautive.

Il me reste une série de sympathiques illustrations et la perception de plus en plus claire désormais, qu'il va me falloir me rabattre sur les albums d'éveil premier âge pour parvenir à les comprendre dans toutes leurs dimensions philosophico-sociétales. Tu te fais vieille, Nastasia, et d'ailleurs, tout ceci n'est qu'un fort modeste et très personnel avis, c'est-à-dire pas grand-chose. Le mieux sera toujours que vous vous fassiez votre propre opinion par vous-même.

Rythmée par les jours de la semaine, l'histoire de cette petite fille et sa grand-mère est plaisante à lire. Néanmoins, le texte reste très succinct et manque un peu de fantaisie à mon goût.

De la fantaisie, il y en a en revanche dans les illustrations, et plus particulièrement la représentation de la grand-mère. En effet, cette dernière enchaîne les transformations spectaculaires. Éléphant, dinosaure, baleine, souris, pieuvre... Elle en a sous le pied la mémé ! Avouez que ça ne court pas les rues les mamies magiques.

Trêve de plaisanterie, ces transformations m'ont un peu déconcertée, d'autant plus qu'on ne les voit pas s'opérer et qu'on en ignore la raison. Pendant un moment, je me suis demandé s'il ne s'agissait pas uniquement de l'imagination de l'enfant. Les vacances que passe la petite fille se déroule de manière assez classique (goûter, piscine, cache-cache) alors pour les pimenter, elle s'imagine que sa grand-mère se transforme en animal.

Ma seconde hypothèse part du principe qu'il s'agit d'une histoire fantastique. Sur la première page intérieure de l'album, on aperçoit un chapeau pointu (turlututu), une robe étoilée et une baguette. Tout ça ressemble fort à un déguisement de fée. Au départ, j'ai cru qu'il s'agissait d'un déguisement pour la petite fille. Mais finalement, je me demande si ces vêtements ne révèlent pas la véritable nature de la grand-mère, une sorte de "marraine la bonne fée". Dans ce cas, l'histoire relève du fantastique, pas besoin de chercher une explication logique. Un autre indice pourrait appuyer cette hypothèse. Sur la dernière illustration, on aperçoit un tentacule de pieuvre (dernière transformation) dépasser de la jupe de la grand-mère. Je pense donc qu'elle possède des pouvoirs magiques. Qui plus est, le titre est "Ma super grand-mère". le superlatif peut appuyer l'idée qu'il s'agit vraiment d'une grand-mère pas comme les autres.

Mais tout cela n'est que suppositions, le mystère reste entier ! Quoi qu'il en soit, les illustrations sont mignonnes et les couleurs pastel sont à croquer !

Magique ce livre ! Très belles illustrations colorées. Qui ne serait pas heureuse de passer ses vacances avec une grand-mère qui se transforme en tout ce que l'on souhaite ? Jouer, partager et rire, c'est l'essentiel !

Magique ce livre, avoir une grand-mère qui se transforme en ce que tu désire, pour pouvoir jouer, inventer et rire ! Quel bonheur ! Mention spéciale à mon illustratrice préférée !