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3,45

sur 111 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
O.K ! J'ai envie d'être ce qu'on appelle bon public. Ce livre me semble toutefois déconcertant de par son style. Comme le dit Sitam, le narrateur, plutôt que d'un roman il s'agit d'un soliloque que caractérise fort bien la citation suivante : « Coup dur sur coup dur, je m'en vais me noyer dans le langage. [...] Le presque cabé gratte encore. Les ongles remplacent la plume. La jouissance ? Un judas sur un cercueil ! La littérature c'est l'antichambre de la mort. La mort celle de l'absolu. L'écrivain cherche à griller les étapes en trompant l'ordre des choses pour aller chatouiller l'infini. C'est la seule ambition qui se respecte. Parler d'absolu avant de mourir. Des centaines de pages et parfois plus pour échouer lamentablement. Voici ma tentative… » (p. 152-153).
Le sentiment d'urgence devant la fatalité de la maladie impose l'écriture comme une évidence (« La maladie avait tout bouleversé, les choses ne suivraient plus jamais la même logique. », p. 147) pour rester « aux prises avec le réel, lui tordant le cou jusqu'à la fiction... » (p. 189) et évoquer entre autres ces détraqués dont la vie n'est que « déception sur déception. Clope sur clope. Demi sur demi jusqu'à plus RSA. » (p. 184)
Sitam entend aussi rendre hommage à des confrères dans la galère, ce qui est tout à son honneur.
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Je n'ai pas été mise K.O. par cette lecture car je suis restée en dehors. C'est le principal reproche que l'on peut faire à Hector Mathis.
Il nous donne à voir ou à entendre mais on n'est pas pris aux tripes, embarqués ; comme avec Calaferte par exemple, qui, dès la première phrase, vous ferre et ne vous lâche plus que cela vous plaise ou non. Et alors vous émergez de votre lecture complètement déboussolés, transformés et le monde n'est plus comme avant. Il vous a contraint à le suivre et vous le détestez et l'adorez pour cela.
C'est un peu ce que j'espérais en entamant ce livre.
J'ai toutefois aimé cette lecture qui comporte de beaux passages comme
« Qu'est-ce que c'est beau l'horizon quand il bave ses couleurs jusqu'au délire. On commettait comme une indiscrétion à ce moment précis. Ce ciel-là on n'étaient pas censés le voir. On était entrés sans frapper, au moment le plus délicat.(…) On ne parlait pas, on laissait résonner les couleurs… »
Je dirais peut faire mieux, plus percutant, plus charnel, laissant des traces, réveillant de vieilles blessures mal cicatrisées. J'attends le prochain…
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GUÈRE PLUS O.K. QUE K.O.

Être un jeune homme de vingt-quatre ans, "sortir" de la banlieue (sous-entendue : parisienne, puisqu'il est connu que, définitivement, il n'est de bon bec que de Paris et de "vraie" banlieue, sans avoir à citer laquelle, que d'Île de France), avoir été parolier et écrire du rap mais croire, encore, en la force du livre, sans pour autant crier au "courage", comme il est habituel de le faire, souvent par facilité, souvent parce qu'on a rien d'autre à dire (comme si l'expression d'un art devait absolument ressortir et avant tout de cette qualité-là), on peut tout de même estimer cela méritoire. D'autant qu'il y croit, Hector Mathis, à la pérennité de l'oeuvre écrite, à sa primordialité, quand bien même la musique est de tous ses environs, qu'elle aussi est affaire de style et, bien plus encore, de rythme ; il y met du sien pour nous montrer, nous rappeler comme cet acte lui est essentiel, viscéral, inhérent et constitutif de tout son être. Urgent. Rien moins. Et à condition de prendre ce texte pour ce qu'il est en large part, quoi que jamais totalement : un roman intensément intime sans être forcément auto-biographique. du moins, jamais tout à fait.

Mais reprenons.

K.O., c'est, avant toute autre chose, l'histoire de Sitam, un jeune un peu pommé, un peu artiste (dans l'âme), un peu sans le sous et qui, son désir de littérature mis à part, se fiche éperdument des représentations et obligations de notre monde "post-moderne", conchie ses poses et ses rêves bourgeois, aime rien moins que l'errance, la gratuité des relations - et son corollaire : l'absence d'attachement total, définitif, du moins en apparence -, la liberté - jusqu'à un certain point -.
Mais K.O., c'est aussi le roman d'une - longue - fuite. Fuite devant les remous que vivent nombres de pays d'Europe (on nage dans une vague ambiance d'apocalypse mal définie quoi que, semble-t-il, générale), sans qu'on en sache beaucoup plus ; fuite du coeur de Paris dont on apprendra au détour d'une phrase que les bombes y ont fait entendre leur souffle de mort et que les forces de l'ordre y pullulent ; fuite de la banlieue - "La Grisâtre " - devant les risques de poursuites judiciaires inopportunes, après que son ami barman ait pris une balle des mains de sa maîtresse oublieuse et alcoolisée ; fuite dans un autre pays, un lieu dont on ne connait pas la langue (la Hollande), une capitale dont il ne sait aucune règle, où il ne connait personne en dehors de sa "môme" qui l'a accompagné-là ; fuite de soi-même et de ce que les éventuelles racines peuvent dire de vous (à commencer par les mots, inéchangeables désormais) et vous renvoyer à la trogne. Fuite de l'autre, l'aimée, l'aimante, "la môme", comme on disait "la môme Piaf" au temps jadis, en ces temps si lointains où une môme, c'était déjà plus qu'un flirt mais moins qu'une épouse, avec toute la tendresse (un rien paternaliste et sexiste) en dedans, mais qu'il va abandonner par peur de lui, de ce qui vient de lui tomber dessus, oui, c'est vachard, un truc dont on sait qu'on ne guérira jamais, à quelques vingt piges. D'ailleurs, ce coup de semonce médical (un rien ridicule, hors contexte. Et d'ailleurs assez maladroitement, naïvement conté, derrière le besoin de s'essayer à du Kafka hospitalier, comme s'il s'agissait d'un nouveau Château en blouses blanches - l'hommage est visible. Trop -), ça va être le point de départ de son ultime fuite : celle au cours de laquelle il abandonne môme, ami blessé retrouvé, relation de travail forte d'avec un imprimeur libertaire, intellectuel et apôtre résolut du jeu de mot et de la charade à tiroirs (avec, en prime, une plongée dans les classiques du genre dont l'auteur aurait pu se passer sans dommage : "Vic tue Ail", et compagnie). Cependant, cette fuite terminale lui permet aussi de se retrouver en compagnie d'Archibald, un de ces derniers "mange-poussière" que l'embourgeoisement généralisé n'a pas encore atteint - n'atteindra jamais -, un "détraqué" comme Sitam, saxophoniste cacochyme ayant loupé sa carrière (et sa fille) mais pas totalement aveugle puisqu'il sait comme la place du jeune littérateur en herbe n'est pas ici, perdu dans le parc d'un château aux fausses et baroques féeries en ruines et que le jeune homme surnomme de manière générique "le domaine" (une autre interprétation de l'Extension du domaine de la lutte ? La filiation ne plairait peut-être pas à son auteur mais, à une génération d'intervalle, les points communs sont évidents).

Roman du désenchantement, roman de la fuite face au temps présent, invariablement moche et violent, face aux engagements pour soi-même ou pour les autres, roman d'une révolte sans révolution possible, ou l'aigreur le cède souvent à une forme de politiquement correct de l'incorrect qui refuse de se voir tel : les envolées contre les bourgeois, contre nos souffreteuses démocraties, contre la vulgarité et la médiocrité ambiantes, la "modernitude" technologique, l'idée que nous en sommes à la fin d'un monde - DU monde ? - dont il ne resterait plus qu'à rédiger l'épitaphe (je reprends les propres mots de Sitam/Mathis en verlan) sont très certainement sincères et, pour une large part, nous les partageons... Mais elles sont exprimées avec une telle naïveté - niaiserie ? - qu'elle finissent souvent à plat ou, pire encore, parfaitement hors contexte et sans grande profondeur car donnant généralement dans l'expectoration malhabile, dans l'expression un rien convenue d'un mal être qui peine à se définir pour ce qu'il est réellement : l'impossibilité fondamentale à être dans cet univers désenchanté. Roman du Je (du moi-je) comme ultime fin - même terne, déprimé et sombre - de tout, O.K. pourrait presque passer pour une auto-fiction, n'était que cela se déroule dans des temps qui ne sont pas tout à fait les nôtres - voire ! Car en étirant un peu le propos, l'Europe qu'Hector Mathis décrit, sans détail précis, ce pourrait-être celle de l'après Charlie Hebdo, cette Europe qui oscille entre peur horrifique à l'égard du terrorisme, réel ou "ressenti", et reprise en main liberticides des gouvernants sous prétexte, véridique et fallacieux à la fois, de la lutte contre les précédents cités -, un texte dans lequel les proches, supposés ou de passage, de Sitam n'en sont, finalement, que les faire-valoir très flous, aux visages et aux psychologies très peu définis, quasiment interchangeables, comme si ce soleil terne qu'est le narrateur n'avait plus assez de force pour éclairer les reliefs de ses semblables avec la force d'une lumière intérieure en sursis, tellement pâlichonne et auto-centrée.

Certes, il ne se passe pas grand chose au cours de ces quelques deux cents pages tenant autant du road-movie sans cheminement réel (puisque notre narrateur finit par tourner globalement en rond) que du roman grisâtre - à l'instar de cette banlieue elle-même très floue - à défaut d'être noir. Mais, en soi, cela n'est aucunement la marque d'un mauvais ouvrage. On peut exprimer une foultitude de choses, être passionnant, bouleversant parfois, avec un personnage totalement immobile, par le biais d'une oeuvre contemplative, onirique, dense ou en ne décrivant qu'une seule et même action jusqu'à en atteindre l'acmé. La littérature contemporaine est pleine de chef-d’œuvres de ce type-là. Pour cela, il faut aussi du style. Mieux : un style. De fait, Hector Mathis mise beaucoup - tout ? - sur le sien, sur cette langue mi-verte, mi-blette (parce que cherchant absolument ses racines dans un argot antédiluvien) qui, il est vrai, surprend plutôt agréablement au cours des trente premières pages mais qui finit par devenir trop évidente, trop attendue, redondante, systématique au fur et à mesure où l'on avance dans cette absence d'avancée. C'est vrai, cette langue est très travaillée, très construite derrière ses perceptibles et, souvent, intelligentes déconstructions. Tout cela est très référencées et l'on y sent de manière permanente l'hommage à quelques grands anciens - tellement. Trop. - à quelques uns des auteurs de son Panthéon intime : Céline, bien évidemment. Mais aussi le méconnu (bien qu'en vogue dans certains milieux depuis une petite dizaine d'année) Jehan Rictus, poète des miséreux et du parler populaire. On pourrait aussi déceler, mais c'est une simple hypothèse, une certaine connaissance du cinéma réaliste et populaire de l'entre deux guerres, au moins en ce qui concerne les passages dialogués. Il faudrait, nous explique la presse, y reconnaître la violence sensuelle et lumineuse d'un Louis Calaferte, mais nous n'avons pu nous y résoudre, tant il est difficile de retrouver ici les fulgurances de l'auteur de Septentrion ou de la mécanique des femmes. Quant à Louis-Ferdinand Céline, cité plus haut et, indubitablement, le premier des inspirateurs d'Hector Mathis... Il écrase tant le jeune écrivain de son génie atrabilaire et aigre que cela en devient parfois gênant. Il y le jazz, enfin, dont il est question presque page après page, à la manière d'une litanie destinée à faire venir sur le texte sa force brute, sauvage et sa poésie endiablée, dont on peine pourtant à ressentir l'intensité élémentaire, car ce n'est pas tout d'invoquer sempiternellement les Mannes, encore faut-il savoir leur donner un visage... Et c'est un long chemin pour y parvenir vraiment.

Pourtant... Oui, pourtant, il y a de l'envie, du désir de bien faire (et de le faire sincèrement, avec le cœur et la tripaille), de l'intention pure et, ne le dénions pas, les prémices d'une voix dans ce premier roman, dont nous remercions au passage les éditions Buchet-Chastel, via une Masse Critique spéciale - et visiblement d'importance pour l'éditeur, vu le nombre de contributeurs - à l'initiative de Babelio, de nous l'avoir fait découvrir. Malgré des mots sans doute invariablement durs d'une critique plutôt à charge, il y a ce sentiment d'avoir - peut-être- découvert un romancier en devenir, à l'oeuvre première pétrie de bonnes intentions quoi que gâchée, presque de bout en bout, par toutes les erreurs de jeunesse possibles, les chausse-trapes dans lesquelles il s'agit pourtant de ne pas se fouler l'encrier. Ni K.O debout, ni "OK c'est génial", sans doute pour ce texte au chaos bien raisonnable une fois passée la surprise du style et de la forme ; un chaos thématique tellement fourre-tout dans lequel Hector Mathis essaie de (dé)ranger presque tout, tellement, tellement : l'amour, le désenchantement, l'art, le sexe, la musique, l'écriture et la littérature, la mort, la misère, l'amitié, l'égotisme, la maladie, l'errance, l'absence d'avenir sur fond d'apocalypse, de fiction moderne, d'auto-fiction, de roman crépusculaire, d'apprentissage... Certains des plus grands y ont mis l'entièreté de leur existence à traiter tout ce que ce jeune écrivain tente de résoudre en deux cent pages. Maladresse ou prétention, le résultat est à l'image de notre avis : en demi-teinte, et c'est, réellement, bien dommage car il y a du désir vrai chez cet Hector Mathis. Pour plagier Julien Gracq, on a ici de la littérature, sans nul doute, mais on n'a pas encore l'estomac. Espérons pour lui comme pour nous autres, humbles lecteurs, que cela lui viendra !
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Roman de la solitude, de la débrouille, de la pauvreté, du désespoir. Mais aussi de l'amitié, de la solidarité avec ces laissés –pour-compte qui deviennent des marginaux. Un couple qui fuit une ville d'attentats. J'ai aimé l'écriture façon Slam, mais j'ai trouvé l'histoire un peu juste qui m'a laissée en lisière. Jeune auteur prometteur, je pense.
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Un nouveau roman de la rentrée littéraire en ce jour de première salve ; l'oeuvre d'un tout jeune auteur dont l'irruption est aussi soudaine que punchy..

Un premier roman d'un tout jeune auteur qui sort ce jour en librairies dont il est important de comprendre la plume, qui apporte énormément à l'ensemble.

Autant qu'un roman, KO- qui porte parfaitement son nom- a tout d'un slam scandé sur 150 pages ou d'une partition de jazz, genre musical que l'auteur semble beaucoup aimer et qu'écoute d'ailleurs les protagonistes de ce road trip aussi virevoltante que poétique.

À travers l'errance de Citam et Capu, de jeunes marginaux et révoltés dans une Europe aussi désillusionnée que ravagées par les attentats et les faillites en tous genres, Hector Mathis tisse une épopée qui aborde des thèmes aussi profonds que la maladie, la solidarité, l'amitié, le deuil.

Beaucoup de style et d'excès en tous genres : dommage que le fond, un peu trop mince, ne soit pas aussi fouillé que la forme, mais ce poème plein d'urgences et de trip porte en lui une voix aussi singulière qu'intense…

Une des bonnes premières surprises de cette rentrée littéraire, qui on l'espère en recouvrera plusieurs autres !!

Un road trip(pes) qui nous met KO debout !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Rien de bien original à découvrir la vie de Sitam qui traîne dans Paris aux côtés de sa petite amie Capu et qu'il surnomme la môme. le contexte est sombre car on est à l'époque des attentats notamment celui de novembre 2015. On découvre le thème de la Fuite en trame de fond et on se demande bien comment celle-ci sera vécue par notre personnage.
J'ai pu découvrir une écriture fine et ciselée ce qui donne du rythme au roman mais je n'ai pas été réellement transportée par le récit, tout m'a paru sombre et glauque et le personnage m'a fait songer à l'alter ego qui prend le relais de la personne pour mieux la diriger voire empirer son destin sans qu'elle puisse assumer ses responsabilités.
Bref, ce fut un roman court, intense et pour lequel mon avis reste encore mitigé.
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Cela fait dix jours que je tourne autour de cette chronique et que je n'arrive pas à l'écrire.


Aujourd'hui, je suis encore incapable de dire si j'ai aimé ou pas ce livre.


À certains moments, j'étais subjuguée par l'écriture que je trouvais très percutante et poétique, puis, lorsque le monologue durait sur plusieurs pages, j'étais envahie par la lassitude.


Certains passages ont retenu mon attention, en particulier lorsqu'il y avait de l'action, mais d'autres ne me captivaient pas, je ne voyais pas où l'auteur voulait en venir.


Je n'ai pas eu vraiment d'attachement aux personnages, aussi, je suis restée en dehors de l'histoire. Il n'y a que la fin qui m'a beaucoup touchée et émue.


Je pense que c'est la première fois que cela m'arrive, dans ma vie de lectrice, mais j'ai eu l'impression de ne pas avoir compris l'histoire. Je me suis beaucoup questionnée sur ce livre. En effet, certains éléments de ce livre sont restés opaques pour moi, je n'ai pas saisi le sens.


Je remercie beaucoup les Éditions Buchet Chastel et Netgalley pour ce service presse et je suis vraiment désolée de ne pas réussir à en dire plus sur k.o.

#Ko #NetGalleyFrance

Lien : http://www.valmyvoyoulit.com..
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Ce court roman, à peine plus de 200 pages, est percutant, extrêmement rythmé. On pourrait penser à une dystopie, tout autant qu'à un roman ancré dans notre réel. L'auteur nous emmène dans une fuite en avant aux côtés de Sitam, directement dans sa tête, le jeune homme étant le narrateur. le résumé m'attirait énormément, mais le roman m'a perdue… Les références de l'auteur ne sont pas forcément les miennes, et si j'avais lu ou entendu une interview d'Hector Mathis, j'aurais clairement su que ce livre risquait de me passer au-dessus.
Il y a une chose que j'ai adoré dans ce livre, c'est sa musicalité. Quand je lis un livre, j'aime m'en lire des passages à voix haute, pour mieux apprécier son rythme. C'est une habitude de musicienne sans doute^^ Et on a ici un roman qui se déclame comme un slam. le texte est vivant, le rythme entraînant… C'est un beau travail de composition.
Mais je n'ai pas accroché à l'intrigue. Sûrement parce que je n'ai éprouvé aucune empathie pour Sitam. Je ne suis pas persuadée que l'auteur ait considéré comme un prérequis d'éprouver ce genre de proximité avec le lecteur, mais je ne suis pas capable d'apprécier un roman rédigé à la première personne si je n'accroche pas avec le narrateur.
Aussi, si j'ai aimé en lire des passages à voix haute, ce n'est pas un roman qui m'a convenu. Je l'ai trouvé trop alambiqué, avec un protagoniste principal trop pédant par rapport au monde qui l'entoure. Peut-être suis-je passée complètement à côté, mais il est clair que ce livre n'était pas pour moi...
Lien : https://leslecturesdesophieb..
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J'ai vraiment failli refermer ce livre au bout de quelques pages, désagréablement impressionnée par le style - kalachnikov, des mots et expressions qui me semblaient abscons et une totale absence d'envie de m'immerger dans une eau qui ne m'apporterait rien. Croyais-je. En fait j'étais surtout déstabilisée par le choc de passer du Quattrocento à la « grisâtre », c'est-à-dire la banlieue populaire qui entoure Paris.

Heureusement, laissant de côté les Italiens de Florence, j'ai continué ma lecture. Et bien m'en a pris !

le personnage qui raconte, c'est Sitam, (Mathis, évidemment en verlan), rappeur amateur de jazz et surtout de mots et d'écriture. Son discours s'adresse à Archibald, clochard crachoteur de sang qui ne doit plus en avoir pour longtemps.

Sitam ne supporte plus très bien sa vie morose en banlieue et c'est finalement grâce à son copain Ben que l'occasion lui est donné de partir. N'importe où, lui dit Capu, sa copine, pourvu qu'on n'y parle pas français, car selon elle, les mots, c'est ce qui tue.

Ben ayant disjoncté « grave » en essayant de cambrioler sa patronne tenancière de bar - par ailleurs raide dingue de lui - il a été blessé par l'amoureuse dépitée. Et les copains Sitam et Capu de partir à Amsterdam, se refaire une vie.
Sitam aime les mots, il joue avec : « je fignole, je sculpte, j'écroule la matière en trop, c'est une question de légèreté. », dit-il. Aux Pays-Bas, seuls locuteur francophone avec sa copine, il prend du recul par rapport à sa langue: « C'est drôle comme on apprend de la vie aux côtés des malades, de la marche auprès des hémiplégiques, et de la langue avec les étrangers. »

Mais le sort ne lui est pas tendre : à 22 ans, il découvre qu'il perd la vue d'un oeil, que ses jambes bientôt ne répondront plus. A l'hôpital on diagnostique une maladie auto-immune rare ; à moins de se piquer chaque soir, il va devenir aveugle et infirme. Voulant épargner cela à Capu, il retourne en France, tout près d'un château de banlieue auprès duquel vit le clochard Archibald, dont les poumons s'effilochent chaque jour un peu plus. Et enfin, il parle, il raconte son histoire, ses rêves d'auteur, sa musique, son amoureuse.

K.O. est le roman d'un parcours chaotique à la découverte de l'écriture, de la musique, des sentiments, sur le chemin d'une construction laborieuse et courageuse, entre clairvoyance et désespoir. C'est aussi un regard acéré et sans concession sur ce qui fait notre quotidien, sans rêves, sans logique, sans vision à long terme. Pas très gai...On espère juste que l'auteur,qui fut réellement malade aussi, recouvre à la fois la santé et le désir d'être. Quoi qu'il en dise, la vie n'est pas seulement « une foutue partition pour détraqués. »

En tous cas, moi, je ne regrette pas de m'être accrochée et de l'avoir lu jusqu'au bout !
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En pleine panique face à une situation de guerre ou d'attaques terroristes, le narrateur / héros fuit la ville avec la la môme Capu ( !). Direction, le nord, du moins pour un temps. K.O. se veut donc une sorte de road movie sur fond de conflit (nombreuses références littéraires, dont Les saisons de Maurice Pons pour la littérature ou le transperceneige de Rochette et Legrand pour la BD, Céline et le voyage étant hors compétition). Il ne s'y passe pas grand-chose mais on y fait de belles rencontres dont un clochard céleste jazzeux, un vieil ami garçon de café amoureux de la patronne du bistrot (ce qui ne lui, portera pas chance) ou une voisine charitable (« Il y a des gens comme ça qui se mettent au service de la moindre ambition, ça leur donne l'impression de participer à quelque chose de moins médiocre que leur anéantissement différé. ») le héros / narrateur conte par ailleurs son expérience du monde du travail (bistrot, imprimerie) et livre quelques réflexions sur l'existence, tout en poursuivant la rédaction d'un premier roman.

Roman très sombre sur la fuite en avant, constat sans appel d'un mode qui change pour le pire, portraits de quelques losers plus ou moins magnifiques, K.O. se laisse lire sans déplaisir mais donne une impression de déjà lu ou déjà vu. Certains seront sensibles aux phrases courtes et simples (Proust est mort depuis belle lurette), très syncopées (« C'était du ska ce que j'écrivais, ça sautillait sans cesse, puis ça frôlait le jazz avec les cuivres pour faire la liaison. »), proches de l'écriture cinématographique de Dos Passos, On regrettera que l'auteur n'évite pas toujours le cliché (« Qu'est-ce-que c'est beau l'horizon quand il bave ses couleurs jusqu'au délire. »).

Cela étant, le premier roman d'Hector Mathis n'est pas à négliger. Ce livre très écrit sur le pouvoir des mots contre le désespoir et la mort (de la charade à tiroirs au slogan publicitaire en passant par le toman en gestation) révèle un réel désir d'écriture qui augure bien des prochaines livraisons. Une fois digérées toutefois les influences trop présentes de Céline et de certains auteurs de la Beat Generation.

Merci à Babelio et à Buchet-Chastel pour leur confiance.
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