Titre événement de cette rentrée post-covid chez Ki-Oon, l'éditeur semble vraiment miser dessus à voir les superbes kits presse qui circulent et ils ont raison car, sur le marché français c'est un titre au thème original car encore peu présent, donc il y a un public attendant potentiellement ça. Pour ma part, je suis restée sur ma faim avec cette lecture mais surtout j'ai noté une grosse influence d'un titre que j'ai déjà lu et préféré autrefois...
Tatsuya Matsuki et
Shiro Usazaki, voilà un duo de nouveaux venus sur la scène du manga. le premier a débuté sa carrière comme scénariste dans le milieu du cinéma avant de se tourner vers le manga. En 2016, il a publié un premier oneshot sur le parcours d'une apprentie cinéaste, illustré par
Shiro Usazaki qu'il a repérée quelques années plus tôt sur Twitter. Cette première collaboration fonctionne très bien et le retour des lecteurs est bon, ils remettent donc le couvert en 2018 avec une série plus longue toujours en cours au Japon,
Act-Age, 11 tomes à son actif, que nous retrouvons cette année chez nous.
En France, c'est l'un des rares titres que l'on peut lire et où l'on traite du thème du cinéma et du jeu d'acteur. de mémoire, je n'ai lu que Kasane, Skip Beat et The Red Rat in Hollywood qui l'abordent aussi. Pour un amateur non éclairé, ce titre peut donc faire figure de Saint Graal et on peut se dire, chouette enfin un titre qui parle de cinéma et de jeu d'acteur ! Sauf que les auteurs se sont allègrement appuyés sur un titre ultra connu au Japon, dont nous n'avons connu que la version animée chez nous : Glass no Kamen de
Suzue Miuchi (Laura ou la passion du théâtre en vf) et malheureusement, ce titre a une tout autre puissance dramatique. Forcément, je n'ai pas pu m'empêcher de comparer les deux, au détriment du petit nouveau, ce qui a grandement joué sur mon appréciation de celui-ci.
Cette grosse influence de Glass no Kamen se ressent d'entrée de jeu pour ceux qui connaissent le titre.
Tatsuya Matsuki et
Shiro Usazaki réutilisent exactement les mêmes ingrédients : une actrice à la méthode très personnelle qui s'immerge totalement dans rôle, ce qui la fait sortir du lot, écrasant les autres rien que par sa présence ; une fille pauvre découverte pour un(e) metteur(se) en scène pas/plus connu, qui va se retrouver face à une star montante épaulée par l'élite du milieu ; un maître qui l'entraine et lui fait d'abord réaliser ses limites pour la faire grandir, puis l'utilise pour lui faire jouer LE grand rôle qu'il a imaginé. Tout ça est vraiment repris tel quel, comme ça l'était dans Glass no Kamen, il n'y a aucune nouveauté ici, les auteurs ont fait preuve de zéro imagination et je suis très déçue.
En plus, comparé à Glass no Kamen tout est surjoué, exagéré mais lissé aussi dans un sens car calibré pour le public shonen actuel. Dans le titre d'origine, il y a une dramatisation qui prend place dans le contexte de création et de publication de l'oeuvre ainsi que dans la vie des personnages qui est bien plus rude que celle des personnages d'Act-Age. Ici, ça fait très artificiel en comparaison. La preuve, on retrouve dans Act-Age un humour léger de shonen, où ça crie et braille à tout va, faisant encore perdre en impact à la série.
Pour autant, malgré mes critiques acerbes (parce que le recopiage m'agace ainsi que le fait que personne ne le souligne sur la blogosphère...), je n'ai pas détesté cette lecture. Je l'ai juste trouvé lisse et standardisée.
La narration va vite mais au moins on ne s'ennuie pas. Après un premier chapitre assez long, les chapitres suivants sont deux fois plus courts, ce qui permet de dynamiser la lecture. On vit par exemple déjà la rencontre entre l'héroïne et son mentor, ses premiers entraînements, ses premiers castings, ses premiers rivaux, l'apparition de sa future grande rivale. Les auteurs ne chôme pas pour maintenir notre attention. La narration et la mise en scène sont donc classiques mais efficaces et si ça manque d'impact, ça reste sympa à lire car on découvre le milieu du cinéma et ses rouages de l'intérieur à travers le regard d'une gamine qui rêve de faire parti de ce milieu et qui aime vraiment se mettre dans la peau des personnages qu'elle joue, ce qui est très positif. On en découvre également les magouilles parce que sinon ce serait trop beau pour être vrai, et il fallait au moins ça pour titiller le lecteur.
Les dessins étaient l'un de mes gros arguments pour tester le titre, il suffit de voir les couvertures pour comprendre. Cependant quand j'ai ouvert le tome, j'ai été assez déçue. J'ai trouvé le trait de la dessinatrice fort moyen en dehors des visages des personnages principaux. J'aime beaucoup par exemple le côté tout en angles, tout en amande comme ses yeux, de l'héroïne. Cependant le reste fait vide et fade. On sent qu'elle n'a pas trop prêté attention aux décors et arrières-plans. C'est dommage pourtant parce qu'on sent qu'elle a un trait prometteur et les capacités pour faire mieux mais elle semble ne pas avoir envie de s'embêter à faire plus ou ne pas avoir le temps.
Ainsi même si je ne peux pas dire que ce fut une lecture déplaisante, on est loin du coup de coeur car le titre manque de profondeur et d'impact comme on peut en trouver dans Kasane (dispo en vf) ou Glass no Kamen (dont le titre s'inspire clairement), mes références dans le genre. Même Skip Beat, malgré son côté barré, est meilleur dans l'intensité dégagée par l'héroïne car l'autrice laisse plus le temps à celle-ci de construire ses rôles, on suit vraiment sa construction, alors qu'ici tout va trop vite et on n'a quasiment aucune explication. Je ne suis donc pas convaincue par ce premier tome. Il n'est pas vraiment marquant pour moi, contrairement à la majorité des avis sur le net, car déjà lu mieux dans le genre. Je suis un peu déçue après tant de battage.
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