AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,95

sur 8775 notes
Ce premier roman de Guy de Maupassant m'a apporté un sentiment encore inconnu lors de mes lectures. Celui de porter des lunettes grossissantes où tout est particulièrement plus intense, plus vif, comme si on avait enlevé les filtres qui brouillent les images et qu'elles nous apparaissaient nettes à en faire mal aux yeux.

La faute au naturalisme parfaitement exécuté dont la force réaliste des descriptions de la nature et des personnages est comme un tableau aux couleurs éclatantes.
La vie de Jeanne nous est servie comme fil conducteur pour traiter des thèmes comme l'éducation des filles, le mariage, la religion, l'adultère, l'argent, les enfants et la famille.

La condition de la femme au 19ème siècle est abordée avec lucidité et une pointe de pessimisme. Une collection de malheurs et de désastres ponctuera la vie de l'héroïne. On pleure ses illusions déçues et ses désillusions de coeur dans sa recherche du bonheur.


Commenter  J’apprécie          653
« La vie, voyez-vous, ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit ». Ainsi Maupassant clôt-il par une pointe de lumière ce noir roman en mettant dans la bouche de Rosalie, la servante revenue soutenir dans ses derniers jours Jeanne, sa maîtresse moribonde, des mots de réconfort que cette dernière est bien en peine de savoir entendre.

Est-ce parce qu'elle est inapte à la résilience que la vie de Jeanne n'est qu'une suite amère de désillusions ? Il faut dire qu'elle n'est pas en reste de malheurs qui s'abattent sur elle les uns après les autres, et que de plus elle part de fort bas : de la jeune fille fraîche et pleine d'illusions, il ne reste plus rien vingt plus tard, après la découverte de la violence, de la duplicité, de la trahison, de la manipulation, et la confrontation au vide et à la mort.
L'eut-elle été, résiliente, que cela n'aurait que peu adouci sa condition de femme, bourgeoise engluée dans le bocage normand du début du 19ème siècle. Et l'on peine à la voir perdre chaque fois un peu de l'espoir qui lui reste, et qui s'amenuise au rythme des saisons.

Une relecture qui ranime et colore d'une teinte plus profonde les impressions laissées lors de ma découverte à l'adolescence et me confirme dans mon admiration De Maupassant, aussi virtuose dans le drame que dans la peinture de moeurs.
Commenter  J’apprécie          643
30 ans que je dois le lire. Enfin, c'est fait. Parce qu'à une époque, je refusais ce que tout le monde avait lu et mis dans les classiques. Je suis vite plongée dans ce roman à l'écriture fluide et prenante. Tout est dit dans ce titre tout simple. La vie de Jeanne de la naissance de l'amour jusqu'à la vieillesse. Ses parents, aristocrates, lui lèguent un château à sa sortie de couvent. Son espoir en la vie est immense. Elle craque au charme de Julien. Ils se marièrent et... Eh bien non. Elle a affaire à un goujat. Déception aussi avec son fils qui sera sa merveille. Une bonne analyse de ce que l'on attend de l'amour et de la vie et des déceptions de cette même vie et de son entourage. On a quand même envie de la secouer parfois. Livre sur la désillusion de la vie
Commenter  J’apprécie          623
En 1819 Jeanne a 16 ans, elle vient se sortir de couvent et a hâte de découvrir le monde et de vivre enfin.

Mais, à peine a t'elle eu le temps de contempler tout ce que la nature lui offre à découvrir ; que ses parents invite le Vicomte de Lamare qui va lui faire la cour et la marier.

Elle croit à l'amour et à cette fièvre idyllique qui ravit les jeunes couples.

Elle ne s'attend pas à cette nuit de noce brutale qui la projette d'un coup dans une réalité quotidienne qu'elle aura bien du mal à accepter.

Son mari infidèle comme le sont la majorité des hommes, en ce temps là, va l'ignorer et la rendre malheureuse.

En plus d'être brutal et violent il s'avèrera être un homme intéressé et fera en sorte de régenter toute la maison d'une main de pingre.

Elle reportera un amour possessif sur le fils qu'il lui donnera.

Très triste vie que celle de Jeanne qui verra tous ses rêves s'écrouler un à un.

Une petite lumière, cependant, sera là au bout du tunnel.
Commenter  J’apprécie          615
Une vie, c'est la vie de Jeanne, de 17 à 47 ans, fille d'un baron qui possède un petit château à Yport, charmant village de pêcheurs sur la côte normande.
Jeune fille, elle est heureuse à Yport, entre Petite Mère et Petit Père, tendres et généreux.
Mais bientôt les soucis arrivent, sous la forme de Julien qui épouse Jeanne, mais veut régenter la vie du château, et la trompe ; puis Paul, leur fils qui, envoyé faire ses humanités dans la grande ville, Le Havre ( mon lieu de naissance ), y rencontre une femme, fait des dépenses folles ; est-ce elle qui l'entraîne là-dedans ?
.
Guy de Maupassant, avec une écriture simple et fluide, décrit merveilleusement les défauts et qualités des gens qui entourent Jeanne ; et elle qui est hypersensible passe par des hauts et des bas très prononcés :

"La vie, voyez-vous, ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit".

C'est d'ailleurs dans la fin du livre où l'on passe d'espérances en désillusions avec Jeanne, comme si l'on accompagnait une amie, que ce roman a, pour moi, acquis sa 4è étoile. Maupassant emmène Jeanne au bord de la folie ; cette folie ne ressemble pas à celles décrites avec intensité par Stefan Zweig : Zweig nous embarque dans des folies de passion ; Maupassant dans des folies de rêves, de songes, de nostalgie, de désespérance et d'espoir.

RACINES.
Maupassant est du pays De Caux, c'est mon pays !
C'est aussi le pays où se déroule le roman : Le Havre, Rouen, Goderville, Montivilliers, Beuzeville... sont des communes qui me parlent : ce sont les lieux pratiqués par mon grand-père et ma mère, elle qui montait la côte de Gainneville à vélo pendant la guerre...
Après 30 ans hors de la métropole, j'ai eu besoin de respirer l'air normand, mon air, de m'imprégner des odeurs du pays, et même si maintenant je demeure chez les "cousins" picards, j'ai besoin, de temps en temps, de faire ma virée à Rouen ou à Bagnoles de l'Orne !
C'est donc pour ça mais aussi parce que c'est un classique que je me suis lancé dans Une Vie : il faut que je connaisse les écrivains de mon pays, quand même !
J'ai pris quelques conseils auprès d'une amie babeliote, et je pense lire deux autres Maupassant.
Commenter  J’apprécie          6021
Jeanne, libérée du couvent, a soif de bonheur.
En ce mois de mai, l'eau du ciel se déverse sur Rouen mais peu importe, elle désire rejoindre la campagne et la mer normandes, faire exploser sa liberté dans ce vieux château d'Yport.
La campagne dégoulinante et trempée n'entache en rien son exaltation. Elle va, pleine de la fougue de ses dix-sept ans, accomplir ses rêves peuplés de joies, de désir, de bonheur et d'amour à venir.
Cette vaste demeure qui l'attend, avec son admirable description, on la voit, on la sent. Ses tentures, ses vieux meubles sculptés, ses tapisseries de scènes légendaires, elles sont là, devant mes yeux éblouis et ravis par cette prégnance des lieux.
Un premier chapitre si riche, qui contient tant d'amour de l'environnement normand, arbres dressés ou tordus, senteurs mêlées de fleurs, d'herbes, et la côte de falaises avec ses joncs marins, ses effluves iodées. Ah, quel délice littéraire !
Griserie des lieux et de l'impatience de Jeanne à voler vers son destin de rêve, jusqu'à en défaillir de bonheur.

Dès les premières pages, je suis irrésistiblement séduite par cette écriture raffinée, par ces paysages en mouvement où nature et espoirs de Jeanne sont indissociables. Tous les sentiments de notre héroïne trouvent écho dans le décor environnant.

Et lorsque l'automne arrive, après son voyage de noces en Corse, la désolation de cette même nature lugubre se marie avec les désillusions cruelles de Jeanne. La froidure du temps s'allie à celle du coeur. Souffrance muette, résignation, le temps des larmes succède bien rapidement aux temps des rêves. Des rêves brisés, une vie piétinée.
L'infidélité de son mari cloue définitivement Jeanne dans une vie monotone, dans une léthargie maladive, dans une vie douloureuse dénuée de tout bonheur.

Cette magnifique plume envahissante dépeint avec émotion et férocité cette noblesse provinciale. Les portraits des deux prêtres avec leurs implications sacerdotales plus que douteuses font grincer des dents. Et la tante Lison dont la présence, pourtant précieuse, est complètement ignorée. Elle nous étreint le coeur par ce cruel et poignant manque d'attention et d'affection dont elle souffre en silence.

« Le vaste bâtiment grisâtre avait ce jour-là sur ses murs ternis des sourires de soleil. »
C'est beau non ?
Je ne comprends vraiment pas pourquoi les écrits de Maupassant ne m'attiraient pas. Mais ma joie d'avoir découvert aujourd'hui ce classique est immense. Je vais courir acheter Bel-Ami.
Commenter  J’apprécie          5718
Ecouté lors de mes balades, lu par Anny Duperey (dont j'ai beaucoup apprécié la voix, et l'interprétation).

Je suis assez partagée... j'ai adoré, comme par le passé, l'écriture De Maupassant, sa capacité à peindre les paysages, les gens, une touche par ci, un peu de couleur par là, il donne à voir et m'en a mis plein les yeux !

Mais, petit à petit, et de plus en plus (!), j'ai été terriblement agacée par Jeanne, le personnage principal dont Maupassant nous raconte la vie !
Je sais bien qu'elle a passé toute sa jeunesse au couvent, je sais bien qu'elle est idéaliste et qu'elle aspire au beau... Mais trop c'est trop, elle ne voit rien, elle ne soupçonne même pas les coucheries de Julien, son mari, lorsque sa bonne met son fils au monde, au pied de son lit à elle...
Elle est désarmante de stupidité (désolée... je sens que je ne vais pas me faire que des amis)...
Et elle n'est pas meilleure en tant que mère, étouffante, égoïste...
Tout au long du roman, j'ai eu envie de la secouer, de l'obliger à réagir un peu !

Mais vous avez raison, je vous entends d'ici, c'est facile de dire ça depuis mon confortable XXIème siècle, j'aurais peut-être fait moins la maligne si j'étais née à l'époque de Jeanne...
Commenter  J’apprécie          517
Que c'est bien écrit mais que c'est triste! Ca pourrait être triste comme le sont certains romans traversés d'épreuves, de vies trop pleines, trop intenses... mais cette vie que dépeint Maupassant est au contraire une simple vie qui passe, promise au bonheur et qui pourtant ne rencontre ... rien. Ou si peu. Un amour tué dans l'oeuf, qui n'a pas éclos.
Jeanne, à l'aube de sa vie d'adulte, est pourtant si remplie d'enthousiasme pour cette vie qui l'attend, et si curieuse, si rieuse qu'un rien ne l'amuse. C'est justement cette peinture de cette jeune femme qui rend le roman si cruel car cette bonne nature ne lui servira pourtant pas et elle dégringolera tout doucement, presque silencieusement, sans ne pouvoir rien y faire.
Ce premier roman de Guy de Maupassant, exquis dans sa qualité littéraire, est déjà, comme ses autres écrits, d'une modernité absolue autant dans son thème que dans son style, court, concis tout en restant harmonieux, sans circonvolutions poussées. Mais donc, quelle cruauté pour cette pauvre Jeanne qu'on aurait envie de pousser à prendre un amant comme toutes les femmes autour d'elle! Et tout commençait si bien...

Commenter  J’apprécie          494
J'ai beaucoup lu Maupassant, et j'aime beaucoup son style, ses descriptions. La lecture de ce roman a été une révélation, j'ai été bouleversé par le destin de Jeanne. Il n'était pas facile d'être une jeune fille à marier au 19ème siècle surtout lorsqu'on quittait à peine le couvent. Jeanne était une victime toute désignée, car trop naïve, trop pure, inexpérimentée. "Une Vie" reste mon roman préféré de Guy de Maupassant. Un superbe roman qui peut tirer des larmes, et ne laisse aucunement indifférent.
Lien : http://araucaria.20six.fr/
Commenter  J’apprécie          490
Roman de moeurs qui nous narre le désenchantement d'une jeune fille devenue épouse puis mère. Certains penseront ici : « Mais cela doit être d'un ennui abyssal, sauve qui peut ! » Et bien sachez que j'ai depuis longtemps perdu la crainte d'ouvrir un livre arborant le prestigieux nom De Maupassant, peu importe son titre ou son thème. Et en effet, j'ai apprécié celui-ci autant que les autres. La vie de cette jeune femme contient bon nombre de scènes marquantes, rendues par l'auteur avec son talent ordinaire (je veux dire ici le talent que je lui connais, talent bien sûr extraordinaire) qui prouve à nouveau son acuité à déchiffrer l'âme humaine. Je lui dis donc : « À la prochaine fois ! »
Commenter  J’apprécie          484





Lecteurs (40288) Voir plus



Quiz Voir plus

une vie de guy de maupassant

l'histoire commence en

1858
1763
1819
1985

11 questions
678 lecteurs ont répondu
Thème : Une vie de Guy de MaupassantCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..