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3,79

sur 805 notes
Pauvre gamin ! Dès la première page l'ambiance tyrannique dans laquelle vit l'enfant est posée. Première action de Paule, la mère, giflée Guillaume, le fils. le petit se plaint de la douleur et il s'en reprend deux autres. Choquant mais c'est encore doux par rapport à la suite.
Il est court mais brutal, et efficace car je n'ai pas eu envie de lever le nez du roman avant la dernière ligne. Ma naïveté m'a souvent laisser croire à une amélioration, un geste tendre, c'est comme cela que j'ai pu finir ce livre. Les violences faites aux enfants me mettent dans tout mes états et j'ai souvent bien du mal à lire ce genre de propos, cela dit je suis content de l'avoir découvert.
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Encore et toujours enchanté par le style littéraire de Mauriac mais aussi bouleversé par ce récit déchirant qui sait éviter avec un talent d'écriture rare le pathos facile dans lequel d'autres auteurs moins talentueux se seraient englués.
De la grande et belle littérature française !
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Le petit Guillou est un fils rejeté par sa mère, Paule. Elle le perçoit comme un être dégénéré incapable de la moindre vivacité d'esprit. Cet enfant incompris est le terrible reflet de son père, un être insignifiant que sa femme juge imbécile. Ce mari erre et s'occupe d'un cimetière sans donner de sens à sa vie. Pourtant, Paule s'est mariée avec Galéas de Cernès il y a treize ans afin d'obtenir le titre honorifique de baronne. Ce statut elle ne l'obtiendra pas car il n'existe qu'une seule baronne, sa belle-mère. Les relations entre les deux femmes sont électriques et Madame la Baronne voue une haine farouche à sa belle-fille. S'agissant de son fils même si elle ne dit mot, elle perçoit toute sa médiocrité.

Lorsqu'un nouveau professeur s'installe dans le village, Paule voit l'opportunité de lui confier son fils. L'instituteur a la réputation d'être un fervent communiste. Madame la Baronne est outrée par ce rapprochement qui jette le discrédit sur toute la famille. Jusqu'où l'humiliation perpétuelle d'un fils et de son père les conduiront-ils ?

Avec justesse, François Mauriac explore le désamour maternel. Il nous dresse un portrait criant d'humanité d'un être sensible à l'écart du monde et soumis au regard intraitable de sa mère. En quelques pages, il parvient avec brio à explorer ce drame familial et à donner un véritable relief à ses personnages.


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Ce très court roman est, en quelque sorte, un concentré de François Mauriac. le décor (la région du Bordelais), le milieu (la vieille aristocratie déclinante), les relations interpersonnelles (saturées de mépris et/ou de haine), sont partie intégrante du monde particulier que l'écrivain a stigmatisé dans son oeuvre.
Le « sagouin » s'appelle Guillaume. Il est le fils de Paule, une femme issue d'une grande famille bourgeoise qui a voulu absolument s'introduire dans la noblesse en épousant Galéas… qui, lui-même, n'est que l'ombre d'un homme. le jeune garçon est considéré comme un dégénéré qui ne peut pas être scolarisé normalement. Il se trouve ballotté sans ménagements entre sa mère, sa grand-mère (la baronne) et la gouvernante autrichienne Fraülein; Galéas compte pour du beurre. C'est Paule qui se montre la plus agressive: elle m'évoque le terrible personnage féminin d'Hervé Bazin; mais ici sa tête de Turc est sans défense, contrairement aux enfants de la célèbre Folcoche.
L'élément déclencheur du drame, c'est la volonté de Paule de confier l'instruction de son fils à l'instituteur du village. Pendant les deux heures qu'il passe chez lui, Guillaume va croire qu'il sortira de son marasme. Illusion ! L'instituteur, qui est un "rouge", finit par refuser tout contact avec les "ennemis de classe" que représentent une famille de nobles. La conséquence ne se fait pas attendre: Guillaume et Galéas se suicident ensemble. Un triste dénouement qui conclut une situation familiale jusqu'ici désespérément bloquée.
Mauriac écrit sobrement, ce qui ne dissimule pas la cruauté qui règne souvent dans les familles. Ce texte, très bref, se lit vite.
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A la lecture du Sagouin, on pourrait penser que le spectacle du genre humain ne suscitait chez François Mauriac qu'amertume et désillusion. Aucun des personnages qui orbite autour du petit Guillaume -le "sagouin" en question- ne semble trouver grâce à ses yeux. Lorsqu'ils ne sont pas habités par une froide cruauté ou un manque totale d'empathie, ils sont au mieux sans flamboyance, au pire plombée d'une profonde lâcheté qui les rend insignifiants et surtout complètement démunis pour faire face à leurs responsabilités.

Le couple de Cernès cumule à lui seul tant de disgrâces physiques et de médiocrité morale, qu'il en acquiert une dimension presque caricaturale.
Paule Meulière, femme au physique ingrat issue de la petite bourgeoisie, a épousé Galéas de Cernés attirée par le titre de noblesse qu'allait lui apporter ce mariage. Elle n'a toujours éprouvé que dégoût pour cet homme quasiment difforme, veule, qui oppose au mépris que lui vouent conjointement sa mère et sa femme une passivité que sa grosse tête et sa bouche pendante et baveuse font passer pour de la débilité. Et le pire, c'est que Paule ne peut même pas se prévaloir de quelque statut nobiliaire, sa belle-mère, toujours vivante et bien présente, étant considérée comme la seule et indétrônable baronne de Cernès.

L'unique accouplement de ces époux mal assortis a engendré Guillaume, enfant que ses proches considèrent comme un attardé, sorte de petit animal perdu qui n'a trouvé qu'un moyen de survivre à la guerre que se livrent les adultes du foyer, qu'il voit comme des dieux terrifiants et colériques : se tapir dans les coins, ou chercher refuge dans le giron de "Fraulein", l'employée de maison qui est sans doute la seule à cumuler affection pour son petit Guillou et suffisamment d'aplomb pour faire entendre sa conviction que le garçon n'est pas aussi bête que sa famille veut le croire.

Sa mère et sa grand-mère ne voient plus qu'une solution pour tenter d'instruire un minimum cet enfant inadapté au milieu scolaire et à la fréquentation d'autres garçons, trop fragile pour le pensionnat : solliciter le nouvel instituteur du village. Malgré ses réticences -on dit au village que cet homme est un "rouge"-, la baronne a tenté de le convaincre de prendre Guillaume en cours particuliers, mais s'est vue opposer un refus. Qu'à cela ne tienne, Paule ira à son tour plaider la cause de son fils auprès du maître d'école...

Sans doute ce titre est-il le plus noir, le plus pessimiste de l'auteur. Sa lecture, au collège, m'avait profondément marquée, émue, tant l'auteur se montre implacable envers ses personnages, pour lesquels aucun espoir n'est permis. Texte par ailleurs très court, "Le sagouin" s'apparente à une épure : François Mauriac parvient, avec une économie de mots remarquable, à bâtir un univers prégnant, à nous engluer d'une atmosphère poisseuse, et à nous imprégner d'une tristesse infinie pour ce petit garçon privé d'enfance.
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Dans son essai le Roman et ses Personnages, Mauriac explique l'échec de ce genre qui cherche à "peindre la vie" et à être la "science de l'homme" mais qui pourtant ne parvient à isoler que quelques comportements et individus. Cela est bien visible dans son oeuvre le Sagouin, puisque presque tous les personnages sont représentatifs d'un vice: une mère froide, dure et sans amour, une grand-mère qui ne pense qu'a la renommée de sa famille, ou encore un instituteur qui fait passer des réalités politiques avant les sentiments humains. Et dans tout cela se retrouvent coincés Guillou, ce Sagouin qui feint l'indifférence mais qui pourtant souffre du manque d'amour de sa mère et son père, trop faible (du moins jusqu'à la fin) pour oser tenir tête à sa femme souvent assimilée à un démon.
Mauriac use d'une telle force dans son écriture pour dépeindre la déchéance de cette famille qu'il est impossible que le lecteur ne soit outré et touché par ce qui se joue sous ses yeux. Une très grande oeuvre.
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Ce livre nous plonge dans le puit de tristesse qu'est la vie du petit Guillaume. Rejeté par sa mère et par tant d'autres, il vit une vie sans joie. François Mauriac nous dresse le portrait cynique d'une famille cruelle envers ce garçon.
Un roman court mais dur, triste. le style est très joli mais l'histoire est amère. J'ai apprécié la lecture de ce livre et je voulais savoir comment allait se finir l'histoire du petit Guillaume. Étrangement une poussière s'est coincée dans mon oeil, c'est pour cela que j'ai pleuré:) .
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J'aime beaucoup cet auteur. Il a une écriture très différente des autres. Ces romans se déroulent toujours dans l'atmosphère de la vieille bourgeoisie avec ses petits secrets, ses petites haines. Ce roman est l'histoire d'un jeune garçon haï par sa mère, qui retrouve en lui le mari qu'elle déteste.
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De quoi ça parle ?

Guillou, décrit par tous comme sale, bête et laid, ce qui lui vaut de sa mère le surnom de « Sagouin ». Guillou, méprisé par une génitrice qui rêvait de noblesse en épousant l'héritier d'une ancienne famille aristocratique maintenant en déliquescence. Guillou enfin, malaimé par un père aussi méprisé que lui, qui ne sait comment lui témoigner son amour ; et traité avec condescendance par une grand-mère qui, bien que lui manifestant quelques tendresses, est persuadée au fond d'elle-même de son imbécilité.

C'est dans ce climat de décrépitude et de splendeur passée que grandit l'enfant ingrat et renfermé, rejeté par tous… À l'exception peut-être de l'instituteur du village qui semble témoigner un peu de gentillesse à son égard et permet à Guillou d'espérer.

Mais quand, bien vite, le rêve se brise, sans plus personne vers qui se tourner, il rend les armes. Après tout, qui se souciera de sa disparition ? Là encore, il se peut que le petit garçon ait oublié de considérer la présence d'un père, aussi silencieux et mis à l'écart que son fils…

Mon avis : … Mitigé.

Pour commencer, les personnages sont trop monolithiques et manquent par conséquent de subtilité. Une affreuse mégère de mère, une grand-mère sévère et intraitable, un instituteur au bon fond mais obsédé par une quête de gloire, et un duo père/fils soumis et maltraités par la nature qui, pourtant ne demandent qu'un peu d'affection pour s'épanouir. Certes, c'est un panel relativement intéressant (quoique manquant légèrement d'originalité), mais les traits de chacun sont tellement accentués que c'en devient grotesque.

Et ni les péripéties, ni les choix des uns et des autres ne font évoluer les personnalités. Entendez-moi bien, je ne déplore pas ici une soudaine effusion d'amour, mais au moins des caractères quelque peu nuancés quand arrive la dernière page, afin d'échapper à la malédiction des éternels personnages plats.

Cela étant, les péripéties ne sont pas sans intérêt et la fin aurait pu donner quelque chose de vraiment beau. Mais de même que leurs agents, les actions paraissent grossières et maladroites : un petit garçon inoffensif détesté par un village entier, cela me semble un procédé bien facile pour jouer avec les émotions du lecteur. Beaucoup de critiques ont qualifié ce roman de satire poignante, ou autres louanges du même acabit. Toutefois, conformément au dicton, trop de satire tue la satire…

Enfin, le style est raffiné et élégant, recourant au XXème siècle à un langage caractéristique d'un écrit du XIXème .Ce n'est pas déplaisant, j'en conviens, camouflant même parfois certaines balourdises narratives, mais cela renforce tout de même l'impression de décalé, de pas-tout-à-fait qui prédomine dans le livre.

En conclusion, une oeuvre non dépourvue de matière, mais trop pataude dans sa conception, et manquant au fond de subtilité. À confirmer ou infirmer par la lecture de quelques autres romans de Mauriac.

https://lirelandoulerevedunemontmartroise.wordpress.com/2022/11/04/le-sagouin-de-francois-mauriac/
Lien : https://lirelandoulerevedune..
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Court et - comme souvent - sombre roman de Mauriac qui explore à nouveau l'atmosphère pesante de sa bourgeoisie bordelaise natale, avec ses secrets de famille, notamment à travers les relations malsaines et glauques entre mère et fils, mère et belle-fille.

Probablement un de ses textes les plus intenses. Idéal pour découvrir cet auteur.
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