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sur 805 notes
Un gamin débile parce que sa mère le voit ainsi. Sa mère, qui reporte sur ce fils le dégout qu'elle a pour son mari. Son père, faible et dépassé. Sa grand-mère, fantôme d'une époque révolue. Tous les personnages de ce huis-clos sont en place pour le drame final. Il manque l'instituteur, le « rouge », seul espoir de salut pour le gosse, et qui se défaussera parce qu'il est issu d'une famille de nobliau. L'écriture est sobre ; point de pathos, point de mièvrerie. Mauriac au sommet de son art.
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François Mauriac (1885-1970), lauréat du Grand Prix du roman de l'Académie française (1926), membre de l'Académie française (1933) et lauréat du prix Nobel de littérature (1952) a été décoré de la Grand-croix de la Légion d'honneur en 1958. Son roman, le Sagouin, date de 1951.
Dans le Bordelais. Paule Meulière a voulu se sortir de son milieu petit bourgeois en épousant le baron Galéas de Cernès. Las, du fiasco de cette union est né Guillaume, dit Guillou, un gamin pas trop aidé par la nature, physiquement et intellectuellement, dans lequel sa mère ne voit que « des genoux cagneux, des cuisses étiques » et surtout « cette lèvre inférieure un peu pendante, beaucoup moins que ne l'était celle de son père, - mais il suffisait à Paule qu'elle lui rappelât une bouche détestée. »
Je lis souvent à propos de romans récents, polars américains ou autres, qu'ils sont très noirs et blablabla, mais ce n'est qu'une grosse rigolade à côté de ceux de Mauriac, comme celui-ci qui en moins de 150 pages dresse un portrait épouvantable de l'âme humaine, en mettant un malheureux enfant au centre du débat.
Un baron de père dégénéré et faible qui s'occupe du cimetière du village, une mère qui déteste son fils car il lui renvoie l'image de sa vie ratée, une belle-mère, la vraie baronne, qui dirige la baraque avec fermeté et mépris pour Paule. Des ragots qui circulent à tort sur une éventuelle liaison passée entre Paule et un prêtre qui a dû être muté ailleurs ; Paule qui biberonne un peu en cachette. Fräulein, la gouvernante, elle a élevé le baron et reste très attachée au père et au fils, contre Paule. Ajoutons une dernière paire de personnages, les époux Bordas, instituteurs, après un essai il refusera de donner des cours particuliers à Guillou, ce qui hâtera le dénouement tragique de ce roman d'une épouvantable noirceur.
Le bouquin est très court, chaque mot compte et il n'y a pas un pouce de gras comme vous l'imaginez mais pourtant François Mauriac réussit à en faire une oeuvre d'une intensité incroyable. Tout est parfait, l'atmosphère des petites villes provinciales d'alors, les clans sociaux, notables, clergé, instituteur forcément communiste « La lutte des classes, ce n'est pas une histoire pour les manuels. (…) Elle doit inspirer toute notre conduite » et ennemi naturel des hobereaux. Les détestations familiales, le qu'en dira-t-on, etc. Et au milieu, notre pauvre sagouin, attardé certainement mais inoffensif et différent, trouvant refuge dans les rares livres mis à sa disposition, comme ces Jules Verne dont il peut citer des passages par coeur.
Une fois encore je retrouve chez l'écrivain son esprit torturé, ses obsessions et les ambiances troubles qu'on ne fait que deviner, mais toujours latentes, liées à la sexualité étouffée de l'auteur, « il y a ceux qui peuvent toujours et ceux qui ne peuvent pas toujours… (…) Et ceux qui ne peuvent pas toujours (…) ceux-là se donnent à Dieu, ou à la science, ou à la littérature… ou à l'homosexualité. »
Un excellent roman pour les lecteurs et de ceux qui devraient servir de modèle pour les écrivains : court, d'une puissance inouïe et d'une noirceur atroce.

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le sagouin ou l'histoire d'un enfant privé d'amour.

François MAURIAC nous présente un enfant qualifié de dégénéré par sa propre mère, vivant coincé auprès d'adultes haineux et égoïstes.

Jusqu'à la 1ère et unique rencontre avec l'instituteur du village, nous avons une approche misérable du petit Guillaume/Guillou ; mais lors de leur entrevue, on découvre un petit garçon qui certes a des difficultés, mais qui est tout de même curieux et a plaisir à lire ; il a juste besoin d'être mis en confiance, d'être sécurisé.
Le comportement craintif et imbécile de l'enfant en incombe à son proche entourage ; à la mère, tout d'abord, femme envieuse, qui en épousant le fils du château aspirait à devenir baronne, et qui a très vite déchanté ; puis la grand-mère, la baronne en titre, qui sous ses airs précieux, déteste sa belle-fille ; les conflits ouverts entre ces 2 femmes sont fréquents, conflits auxquels assistent passivement les hommes du château, Galéas, l'inexistant père et le petit Guillou, victime innocente.
De l'instituteur pourrait venir le salut de l'enfant, mais là encore, les adultes font défauts. Pour ne pas aller à l'encontre de ses idéaux et trop occupé par ses états d'âme, l'instituteur se dérobe et refuse de s'occuper de Guillaume.

Voilà le drame de cet enfant, il est venu au monde alors qu'il n'était pas désiré ; il a été privé d'amour et n'a point reçu de soutien auprès de ceux qui, de part leur filiation, auraient dû l'aider, l'encourager et tout simplement l'aimer. Mais les intérêts et la haine des adultes ont broyé et emporté l'innocent petit.

Le sagouin est un petit livre très intense et touchant.
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Lutte des classes au sein d'une famille dysfonctionnelle

Guillaume, surnommé Gillou, une enfant un peu arriéré renvoyé des collègues où l'on a essayés de l'instruire, navigue entre la haine de sa grand-mère, la baronne sur le déclin et la rejet de sa mère. Celle-ci originaire de la bourgeoisie bordelaise a fait un mariage d'opportunité pour intégrer la noblesse avec un mari aussi arriéré que leur fils avec une mauvaise réputation dans la baronnie où elle vit dû à une histoire avec un curé. La baronne ne supporte pas sa belle-fille et est en opposition permanente avec elle.
La dernière chance d'offrir une instruction à Gillou est de demander à un instituteur, au penchant communiste, qui le recevra un soir mais refusera par la suite pour marquer une opposition à la noblesse.

Dans cet ouvrage, François Mauriac propose un drame noire en vase clos sur fond de divers lutte des classes avec un fin tragique laissant deux femmes perdantes dans leur lutte interne.
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Le sagouin c'est cet enfant sale, arriéré, né par erreur, détesté par sa mère et négligé par son père. Dans ces conditions, il ne peut pas fréquenter l'école du village, mais l'instituteur ce "rouge", accepterait peut-être de lui donner des cours, le soir, puisque Guillaume (c'est le nom du sagouin, comme celui du Kaiser, ce qui ajoute à sa malchance) sait quand même lire, écrire et un peu compter. Sur fond de lutte des classes (la grand-mère de Guillaume, qui vit avec son fils et sa bru est baronne), c'est toute la difficile enfance de ce petit garçon qui est saisie sur le vif.
Le texte est court et va à l'essentiel des personnages, tellement court d'ailleurs, que je n'avais pas vu arriver la chute.
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Je le dis d'entrée: j'ai beaucoup aimé ce bref roman (presqu'une nouvelle : 139 pages à gros caractères!).
Quelle efficacité narrative dans un tel format. Un drame familiale dans une veille de petite noblesse. Une lignée à bout de souffle et d'argent.
Des haines et des destins gâchés qui s'entrecroisent avec , au centre, le sagouin.
A un moment, on crois entrevoir la lumière ... pour aussi plonger dans davantage de noirceur.
Magistral.
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Dans "Le Sagouin" François Mauriac nous plonge dans un univers privé d'amour et dans lequel les adultes obnubilés par le rôle qu'ils entendent tenir dans la société saccagent l'enfance.
Il décrit également la lutte des classes que la société de l'époque , celle de l'après grande guerre , a vécu .
Chronique de vies ratées emplies de haine et de suspicion qui conduit à un dénouement tragique .
Ecrit en 1951 ce roman n'a pas pris une ride.

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Le meilleur roman de François Mauriac, pour moi.
L'implacable récit d'une tragédie annoncée.
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Je n'aime pas les auteurs de cette époque et ce qu'ils écrivent (oui, je sais, c'est dur mais c'est comme ça !)
Cependant, il y a quelques exceptions et le Sagouin en fait partie.
Quelle claque sur le coin du visage, là ou ça fait mal.
Un texte court, rapide, précis.
Il (Mauriac) aurait pu faire 500 pages en plus mais ici quelle concision dans l'histoire.
Une compréhension de l'âme humaine, du ressenti et de l'amour paternel envers son fil, l'idiot de la famille.
Un texte qui fait mouche, encore à l'heure actuelle.
en dire plus, ce serait dévoiler l'histoire, ce dont je ne veut pas.
Mais un conseil, pour celui qui n'a pas envie de perdre son temps en digression d'une époque révolue, d'une étude humaine d'un autre temps... Lisez ce livre.
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J'aime beaucoup Mauriac d'une manière générale, mais ce livre est vraiment intense. Il est très court mais ce n'est pas une nouvelle. Comment fait-il pour peindre si rapidement mais aussi justement la cruauté? C'est à fendre un coeur de pierre et la fin, décrite, voire esquissée, très simplement est foudroyante.
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