Daphné du Maurier est une référence dans la littérature anglaise et j'ai commencé ma lecture confiante et pratiquement sûre de vivre un joli moment de littérature anglaise. Dans sa bibliographie
Manderley for everTatiana de Rosnay parle du roman
Mary Anne qui m'était totalement inconnu, même de nom et j'avais besoin d'une lecture de pur plaisir…… Déception !
L'auteure construit son roman autour du portrait de son arrière grand-mère,
Mary Anne Clarke, de basse extraction et qui devint grâce à ses charmes et son intelligence, la maîtresse du Duc d'York, Frédéric, fils du roi George III et en charge des armées à la fin du XVIIIème siècle mais aussi de biens d'autres hommes afin de pouvoir mener grand train et pour assurer à ses enfants un avenir.
C'est pour moi une déception car je n'ai pas retrouvé le style qui fit la renommée de l'auteure avec surtout en 1938,
Rebecca, dont l'intrigue et le côté « gothique » et mystérieux du récit ainsi que son style la propulsèrent sur le devant de la scène de la littérature anglaise. J'ai failli à plusieurs reprises laisser tomber surtout à partir de la moitié du roman (il comporte 519 pages)…..
Pourtant tout démarrait bien : une ouverture en forme d'album souvenir de
Mary Anne dans l'esprit des trois hommes qu'elle dit avoir « vraiment » aimés puis son enfance puis son installation comme courtisane et son histoire d'amour avec le Duc d'York jusqu'à leur séparation. J'étais sous le charme de cette femme ambitieuse, sûre de ses charmes, volontaire à vouloir sortir de sa condition. Et ensuite, et c'est là que l'ennui est survenu, pendant près de 200 pages, à tenter de suivre les nombreux procès dans lesquels elle se trouvait mêlée que le Duc d'York l'ai abandonnée.
Que ce fut long, mais long, pourquoi donné autant de noms, de détails, ce sont presque les minutes complètes des actions en justice. J'ai fermé parfois le livre en voulant laisser
Mary Anne à son triste sort, lui soufflant d'arrêter cet acharnement, et puis quoi c'est tout de même
Daphné du Maurier, alors je l'ai repris, continué mais avec distance, sans plaisir mais presque comme une obligation, sans grand intérêt pour cette héroïne entêtée à vouloir se faire reconnaître ses droits et les devoirs de ceux qui lui avaient promis argent et sécurité.
J'avoue, oui j'avoue, j'ai parfois sauté des paragraphes entiers, voir quelques pages tellement je ne voyais pas l'intérêt de s'éterniser sur tout cela et vous savez quoi et bien je n'ai eu aucun mal à comprendre la dernière partie (qui suit son dernier procès jusqu'à son exil en France). Ce qui prouve, pour moi, qu'il n'était pas nécessaire de s'appesantir sur cette période qui ne fait qu'alourdir et perdre le lecteur.
Daphné du Maurier veut, je pense, à travers cette biographie, réhabilitée son aïeule, mettre en avant son intelligence, sa vivacité face aux événements et son sens des « affaires » mais j'ai trouvé l'ensemble soit trop fouillé soit par moment « bâclé » quant à l'écriture. Je n'ai pas retrouvé la patte de cette écrivaine de talent. On peut être une excellente romancière mais pas une bonne biographe. Il faut avoir une certaine habilité pour donner à l'ensemble une fluidité, savoir doser les informations sans alourdir le récit. Là j'ai eu l'impression qu'elle alignait les renseignements collectés et cela donnait un ensemble assez brouillon, sans liaison, je me perdais dans tous les noms des personnages cités etc…. A sa décharge il faut avouer que la dame avait eu beaucoup de « relations ».
A travers ce portrait on peut imaginer que l'auteure a voulu parler d'une femme à la forte personnalité mais c'est une narration assez froide, sans sentiment que ce soit de la part de Daphné du Maurier mais aussi vis-à-vis du personnage principal. Elle lui fait dire qu'elle a aimé trois hommes dans sa vie mais ce n'est pas ce qui ressort de
Mary Anne. Je l'ai trouvé calculatrice, revancharde mais pas très sentimentale. Tout n'était que calcul et intérêts….
De l'attachement à ses enfants, à leur avenir, à sa propre condition… Oui mais je l'ai trouvée parfois écervelée et inconséquente. Oui les hommes l'ont utilisée puis reniée et abandonnée mais il faut lui reconnaître également un art de la manipulation, du mensonge, des falsifications etc…. pour obtenir ce qu'elle voulait.
J'ai été jusqu'au bout, parce que j'ai cru jusqu'au bout que j'allais retrouver
Daphné du Maurier mais si ce ne fut pas le cas ici ce sera ailleurs, dans un autre de ses romans.