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4,05

sur 700 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Lecture bouleversante...
C'est un voyage au bout de la nuit qu'accomplissent ces hommes revenus de la guerre d'Algérie. Une guerre qui ne ressemble en rien à celles qu'ont connues leurs pères ou leurs grands-pères. Une guerre larvée où l'horreur et la violence ont été là aussi très présentes et dont eux, ces jeunes gens devenus vieux, ne peuvent pas parler. Une vie à se taire, essayant tant bien que mal d'enfouir ces visions imprimées au fond de leurs pupilles. Une vie qu'ils auraient voulu autre, une jeunesse qu'ils auraient voulu pouvoir changer, rendre plus légère. Retrouver l'insouciance de leurs vingt ans... Mais rien, aucun retour en arrière n'est possible et il faut continuer et porter le poids de ses douloureux souvenirs.

Quelle puissance dans l'écriture, quelle douleur transmise par des mots simples, des phrases inachevées, des paragraphes chamboulés ! Des hommes, ni bons ni mauvais, qui préfèrent se taire pour cacher la vérité. Coupables ? Innocents ? Mais c'est quoi être un homme ? Comment ça se comporte un homme ?
Un sacré roman qui n'explique rien, qui ne prend pas partie mais qui dit la douleur des souvenirs, la peur de la guerre et le regret de la jeunesse perdue et non vécue.

« Ils ont été appelés en Algérie au moment des « événements «  en 1960. Deux ans plus tard, Bernard, Rabut, Février et d'autres sont rentrés en France. Ils se sont tus, ils ont vécu leurs vies.
Mais parfois il suffit de presque rien, d'une journée d'anniversaire, en hiver, d'un cadeau qui tient dans la poche, pour que, quarante ans après, le passé fasse irruption dans la vie de ceux qui ont cru pouvoir le nier. »
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Bernard offre à sa soeur pour ses 60 ans et son départ à la retraite une belle broche, achetée chez le bijoutier, dans une petite boîte bleue nuit. Lui qui est sans le sou, qui vit de l'aide des autres, comment peut-il faire un si beau cadeau à sa soeur ?
Le livre commence ainsi, par ce repas dans la salle des fêtes. Bernard sera accusé par certains d'avoir dépouillé sa mère. Soûl, comme à son habitude, et courroucé, il s'en prendra à Chefraoui, un collègue de sa soeur, et le traitera de bougnoule. Jeté dehors, il partira mais ne trouvera rien de mieux qu'aller agresser la famille de Chefraoui.
Ce n'est qu'en lisant les parties suivantes du livre que l'on comprendra pourquoi Bernard en est arrivé à cette existence. Appelé dans les années soixantes pour aller combattre en Algérie, il sera confronté à une guerre particulière et devra revenir de ce cauchemar avec des images de viols, de tortures, de massacres pleins la tête. Les traumatismes vécus laisseront des traces indélébiles chez tous les rescapés, et pour la plupart, ils seront dans l'incapacité de parler de cette période de leur vie.
Surprise au début de ma lecture par le style particulier, les phrases hachées, j'ai finalement enchaîné par une deuxième lecture du livre voulant relire la première partie en connaissant le passé.
C'est un livre poignant sur la guerre d'Algérie, ainsi que sur les secrets de famille et les regrets ou la culpabilité qui peuvent en découler.
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Magistral! Un livre choc sur la guerre d'Algérie qui n'est pas celle des livres d'histoire, ni celle relatée par euphémisme dans les journaux de l'époque, mais celle restée enkystée dans le coeur et le corps des revenus quarante ans après et encore traumatisés à vie.
Avec sa manière si personnelle de raconter l'histoire d'une famille, Laurent Mauvignier livre les intrusions du passé des "événements de 1960" qui surgissent lors d'un anniversaire.
Il décortique avec une précision de psychologue -chirurgien le retour du refoulé dans les actes incompréhensibles d'un pauvre diable appelé avec bien des jeunes de l'époque et qui a échappé au massacre de sa troupe en commettant une faute passible de prison .
Le poids d'une famille qui empêche tout avenir autre que celui de paysan, le manque de communication vraie et de soutien, la perte de la fiancée qui n'a pas attendu, l'impossibilité de parler de ce qu'on a vécu dans les horreurs de la guerre, tout cela mène à une tragédie annoncée dès les premières pages.
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J ai attendu un peu pour venir parler du livre pour plusieurs raisons. La première est qu apres l avoir fini, j ai passé la nuit à en faire des cauchemars et qu'une fois le matin arrivé je n ai eu de cesse que d en parler a mon mari au réveil (le pauvre) tant ce livre m a bousculée, interpellée et dérangée. Je le mets tout en haut de mon palmares littéraire. La guerre sans nom, celle dont on ne parlait pas, que l'on minimisait, qui a duré si peu de temps, faite uniquement avec des appelés soit des gamins entre 18 et 20 ans.... oui voilà. Ceux qui en sont revenus ont laissé la-bas une partie de leur psychisme à jamais détruit. Personne ne voulait entendre ceux qui avaient vécu "les événements d Algerie" : ni les anciens de Verdun : "oh ça va c etait pas Verdun votre affaire ... " ni ceux qui sont restés en France bref personne. C est un grand livre très dur et tres beau a la fois sur l après et sur comment on ne vit pas avec ce marasme dans la tête, c est un chef oeuvre !
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Un livre qui laisse des marques. Il m'a été conseillé par un ami en réponse à mes interrogations et mon incompréhension concernant le silence qui est entretenu parfois par ceux qui ont vécu cette période. J'en ai tiré des "pistes" et des possibilités de compréhension de certaines réactions.
Un livre que je garde précieusement et conseille aussi parfois ...
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Un livre humain. Une description des émotions juste et percutante. Une écriture qui, de la formation d'une phrase, d'une scène, d'un chapitre et jusqu'a l'entièreté de l'oeuvre reproduit la structure psychologique de ces anciens soldats traumatisés, en quête d'oubli mais aussi de mémoire. Un livre bouleversant, autant émotionnellement qu'historiquement que je recommande fortement.
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C'est ma seconde rencontre avec l'auteur dont j'avais aimé Continuer.
Ce texte est plus ancien, et de l'avis de certaines, son meilleur.
Quels hommes et quel style !Commençons par le style époustouflant à la fois proche de l'oral dans l'enchaînement des idées mais si bien travaillé que l'on ne perçoit pas ce travail. le récit coule et l'on a envie de continuer d'écouter petite musique du narrateur.

Un narrateur qui sait si bien décrire ses émotions que je les ai vécu avec lui même si je ne le voulais pas.

Et pourtant ce qu'il nous raconte glace le sang. Oh, pas tout se suite, l'auteur installe ses personnages dans la campagne française le jour desn60 ans de Solange. On devine les liens familiaux compliqués.

Puis vient Feu-de-bois par qui le scandale arrive.

C'est le bachelier qui nous raconte l'histoire depuis l'après-midi jusqu'au moment où il va se coucher, et que ses souvenirs l'assaillent.

L'Algérie, pas aussi terrible que Verdun, mais qui à détruit une génération de jeunes hommes dans leur tête, même si ils sont revenus avec tous leurs bras.

Des hommes qui ont fait comme ils ont pu entre la peur et l'amour, l'espoir et la barbarie.

Des hommes humains trop humains et que l'on n'oublie pas.

Merci, Monsieur Mauvignier, les heures passées avec vos personnages et la voix de votre narrateur me resteront longtemps en mémoire.

L'image que je retiendrai :

Celle des cachets que prend le narrateur et tous les anciens d'Algérie car ils n'ont jamais pu parler des atrocités qu'ils ont vu.
Lien : https://alexmotamots.fr/des-..
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C'est l'histoire d'un homme, Bernard, soixante-trois ans, dit «Feu-de-Bois» qui commet un acte odieux en s'attaquant à la famille d'un maghrébin après une fête familiale particulièrement humiliante pour lui. Scène banale du racisme ordinaire de la France profonde ? Ce n'est pas si simple que ça. Au fil des pages, le narrateur, l'un des cousins de « Feu-de-Bois », remonte le temps et raconte leurs vingt ans, là-bas, en Algérie, pendant une guerre qui à l'époque n'avait pas de nom et pour laquelle on partait sans donner son avis. C'est d'anciens appelés du contingent dont il s'agit. Des hommes partis, avec leur naïveté printanière, maintenir l'ordre, comme on disait, et revenus, certes physiquement intacts, mais minés et lacérés de l'intérieur.

Des blessures secrètes sur lesquelles aucune psychanalyse nationale ne s'est penchée. Des blessures secrètes dont la France, celle des Trente glorieuses, du twist, des yé-yé, de Salut les Copains et des crédits à la consommation, ne voulait absolument pas entendre parler. Des meurtrissures qui ont saccagé des familles, influencé des comportements et pourri des vies comme celle de Bernard, fringuant appelé, devenu quelques décennies plus tard ce repoussant «Feu-de-Bois», cette homme fait de « crasse et d'odeur de vin », les « cheveux jaunes et gris à cause du tabac et du charbon de bois », ressassant à l'envi sa colère, sa haine des autres en général et des arabes en particulier.

Toute une génération, celle dont les filles et fils ont aujourd'hui entre quarante et cinquante ans, est passée par l'Algérie. Ces gens, ces anciens appelés ont une « histoire algérienne » dont ils ont très peu parlé contrairement à ceux qui, au nord de la Méditerranée, assument la leur et la mettent même en avant, qu'ils aient été militaires de carrière, pieds-noirs, partisans de l'Algérie française ou porteurs de valises. A travers la fiction, et le destin de quelques personnages-c'est là la force de la littérature-Laurent Mauvignier restitue ainsi à la perfection ce que fut le destin de nombre d'appelés en Algérie.

Certains d'entre eux quittaient leur village pour la première fois de leur vie (la France était encore un pays rural). Ils débarquaient du bateau à Alger ou Oran et ne tardaient pas à se rendre compte de la réalité sordide d'une terre où régnait un ordre colonial implacable.

le roman restitue bien leur dépaysement, leur détachement, leur gouaille forcée et puis, petit à petit, leur peur face aux «fell'», leur insignifiance face à l'immensité du bled, leur hantise d'y laisser la peau avant la quille, et, souvent aussi, leur sympathie pour ceux que l'on désignait alors par indigènes, arabes ou musulmans car ils n'avaient pas le droit d'être appelés algériens.

Et puis, survenait ce que les témoignages d'appelés, notamment ceux recensés par Bertrand Tavernier et Patrick Rotman dans «La Guerre sans nom», mentionnent presque toujours. Un jour, une nuit, l'embuscade, l'attaque sanglante, le copain passé au fil du poignard, et la naissance de la haine, de la violence pour la vengeance, de la volonté de tuer, de la sauvagerie. Et au final, le retour sans gloire ni reconnaissance en France. Un retour en et dans le silence. Rideau.

Des milliers d'appelés ont alors tus leurs fêlures, ne les partageant même pas avec leurs entourages familiaux. Fin de leur histoire algérienne ? En apparence.

Après la parution de son livre, Laurent Mauvignier a expliqué que son père avait été soldat en Algérie et qu'il en était revenu traumatisé mais silencieux. Au début des années 1980, cet homme s'est suicidé et son fils, devenu écrivain, se demande aujourd'hui encore quelle part de responsabilité a eu cette guerre devenue lointaine dans ce geste désespéré. En France, en cherchant bien, on trouve toujours une histoire algérienne cachée derrière la personne qui vous parle...

Dans le roman, il est aussi question de retour de mémoire et de ces catalyseurs qui font remonter haines et peurs à la surface. Voici un extrait qui décrit bien ce qu'ont dû éprouver d'anciens appelés lorsqu'ils ont vu arriver dans leur pays des migrants venus d'Algérie : « Oui, les premiers jours, les premiers mois, cette drôle de découverte et de curiosité. Et puis, pour nous autres, ça avait été comme de revoir surgir des morts ou des ombres comme elles savent parfois revenir, la nuit, même si on ne le raconte pas, on le sait bien, tous, à voir les autres, des anciens d'Algérie et leur façon de ne pas en parler, de ça comme du reste. »
On se dira, la lecture terminée, que rien ne vaut la littérature quand il s'agit d'explorer un passé douloureux et de le mettre à jour.
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Tout est là. La même écriture, le même style que j'aime tant chez Mauvignier, la même question qui revient : comment des évènements tragiques vont-ils influencer et abattre des hommes ? Car ici, le sujet est la guerre d'Algérie ou plutôt le traumatisme universel de la guerre qu'ont subi des milliers d'homme. Comment vivre après ? Comment retrouver sa vie d'avant ?

On suit les pas de Bernard dit « Feu de Bois », qui, a 20 ans s'engage dans l'armée parce que chez lui, dans le Nord de la France, à la Bassée, il s'ennuie. le narrateur, Rabut le cousin de Bernard lui aussi vétéran, raconte comment « Feu de Bois » l'alcoolique, le fou du village est devenu ce qu'il est. Et à travers cette histoire, l'auteur nous dessine la vie de ces hommes très jeunes qui sont partis faire la guerre contre l'invisible, contre un ennemi qu'ils ne verront pour la plupart jamais.

Ne vous attendez pas à ce qu'on vous parle véritablement du conflit entre les Français et leur colonie. Non. de même que pour Dans la foule et le drame du Heysel, Mauvignier utilise la guerre d'Algérie comme un prétexte pour parler des hommes, toutes origines confondues. Il y a de très beaux passages, certains même par la force de la plume font froid dans le dos, des images terribles nous envahissent à la lecture, capables de nous donner des cauchemars.

Cependant, je n'ai pas retrouvé cette émotion, cet attachement pour les personnages que j'avais eu pour Dans la foule. le début commence lentement, j'ai dû attendre le milieu pour que cela devienne véritablement intéressant, pour qu'on entre vraiment dans le coeur du sujet. Je me suis même surprise à penser que le livre aurait pu être plus long ou plus développé, je suis restée un peu sur ma faim.
Lien : https://leslecturesdumonstre..
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Un après-midi d'hiver dans la campagne française, un malentendu fait basculer la vie de Bernard, Solange, sa soeur, Rabut, son cousin et Février, un voisin. Cet après-midi n'est que le miroir d'un après-midi passé, quarante ans plus tôt, dans un bar d'Oran où Bernard, Rabut et Février profitait d'une permission. Là aussi, un malentendu va changer à tout jamais leur destin. Extrêmement bien amené lors du déroulement d'une journée, il faut attendre la nuit pour comprendre ce qui tourmente et gâche la vie de Bernard car les insomnies sont le lot quotidien de ces hommes qui n'avaient pas demandé à combattre en Algérie et qui ne peuvent oublier les horreurs de la guerre. Roman sur les sentiments de culpabilité et de honte et la manière dont chacun les digère (ou pas).
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