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sur 688 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Il s'appelle Bernard mais tout le monde en ville le surnomme Feu-de-Bois, tellement l'odeur âcre du charbon, du tabac, de la crasse, de l'alcool et de la négligence ont imprégné son grand corps d'homme à la dérive.
Ici, tous se méfient de lui, de son regard mauvais, de ses gestes erratiques d'alcoolique notoire, de ses accès d'humeur et ses débordements.
Trop brutal, trop rustre, trop sale, solitaire et taciturne, voilà ce qu'est Feu-de-Bois, cet homme de 63 ans vivant comme un clochard, aux crochets des uns et des autres, et voilà pourquoi on se défie de lui tout en le craignant, l'évite tout en le tolérant.
Pourtant, le soir de l'anniversaire de sa soeur Solange, il a fait un effort.
Tous l'ont vu entrer dans la salle des fêtes et ont pu constater que, pour une fois, il ne sentait pas trop mauvais et avait l'air sobre.
Dans son gros poing serré, Feu-de Bois tenait une petite boîte de velours bleu, un cadeau pour sa soeur. Un présent, source de drames, qui va attiser les curiosités, délier les langues, raviver les vieilles rancoeurs et faire resurgir un passé qu'on croyait à jamais enfoui.
Un temps depuis longtemps révolu que Feu-de Bois n'a pourtant jamais oublié, à l'instar de tous ceux qui ont fait l'expérience de la guerre.
Un passé qui a gravé sa marque dans les chairs, le coeur et l'âme du jeune homme qu'il était alors, lorsqu'il s'appelait Bernard…. il y a plus de 40 ans, sous le ciel d'Algérie…

Au fil d'ouvrages remarqués, forts et profonds, Laurent Mauvignier a construit une oeuvre riche et dense et fait désormais partie des auteurs français avec lesquels il faut compter.
Dans « Apprendre à fuir », couronné par le Prix Inter 2001, « Loin d'eux » ou « Dans la foule », l'auteur avait déjà pleinement manifesté une sensibilité à fleur de peau, s'inscrivant dans une langue singulière, chaotique, étonnamment puissante et évocatrice.
Ce septième roman de l'auteur, s'il prend pour cadre la guerre d'Algérie, n'est pas pour autant un ouvrage sur la guerre, mais plutôt un livre sur le pouvoir destructeur, les blessures secrètes et les marques indélébiles que la guerre laisse dans les consciences des hommes. Ces hommes qui « pleurent dans la nuit parce qu'un jour, ils ont été marqués par des images tellement atroces qu'ils ne savent pas se les dire à eux-mêmes »
Les mots de Mauvignier jaillissent comme des jets de pierre, heurtés, bousculés, à la façon de pensées fulgurantes qu'on tenterait de mettre en ordre.
Un flot rapide et saccadé, haletant, précipité…souffle rauque de l'urgence dessinant les contours de drames anciens jamais occultés ; qui dit à flux tendu, les choses horribles qui se devinent au fond des yeux embués d'alcool. Fantômes et spectres qui hantent les consciences et qui finiront par surgir, sourds et mugissants, souvenirs traumatiques trop longtemps contenus.
Ce sont ces douleurs anciennes, réprimées, serrées, grossissantes que Laurent Mauvignier, de son écriture hachée, syncopée comme un coeur qui s'emballe, donne à voir, à palper, à toucher avec cette impression d'arme froide et lourde entre les mains et le sentiment d'être sans cesse sur la corde raide, surplombant l'abîme que l'on sait pourtant inéluctable.
Cette atmosphère contractée à l'extrême, cette tension survoltée, électrique, annonciatrice de tragédies, si elle est souvent oppressante et vous coupe parfois le souffle, n'en est pas moins puissamment suggestive des traumas que peut causer la guerre…qu'elle soit d'Algérie…ou d'ailleurs.
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Il s'appelle Bernard mais tout le monde le surnomme Feu de Bois, tellement l'odeur âcre du charbon, du tabac et de la crasse ont imprégné ce grand corps d'homme de 63 ans vivant comme un clochard. Pourtant, le soir de l'anniversaire de sa soeur Solange, il a fait un effort.Dans son gros poing serré, il tenait une petite boîte de velours bleu, un cadeau pour sa soeur. Un présent qui va attiser les curiosités, délier les langues et faire resurgir un passé qu'on croyait à jamais enfoui.
Les mots de Mauvignier jaillissent comme des jets de pierre à la façon de pensées fulgurantes qu'on tenterait de mettre en ordre.Flot rapide et saccadé; souffle rauque de l'urgence dessinant les contours de drames anciens; qui dit à flux tendu, les choses horribles qui se devinent au fond des yeux. Cette atmosphère contractée à l'extrême,si elle vous coupe souvent le souffle, n'en est pas moins puissamment suggestive des traumas que peut causer la guerre, qu'elle soit d'Algérie…ou d'ailleurs.
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Comme il est dur d'avoir trop lu. Tout me semble une redite, tout est référence. Dans ce roman, par exemple, impossible de ne pas penser à Céline - avec cette phrase qui se cherche, qui chemine avant d'aboutir. le monologue intérieur heurté, hésitant. Pas tellement moins réussi que celui du Voyage. Combien d'éloges mériterait cette oeuvre ! Plus jeune, j'aurais adoré.

L'histoire de jeunes ruraux qui ont été appelés durant la guerre d'Algérie et qui sont restés marqués par ce qu'ils ont vécu. La construction est parfaite. Même la dysharmonie entre la première partie du roman (le premier tiers), où le propos du narrateur est dans un grand désordre, à la limite du touffu, et la suite du récit organisée de manière plus classique : changement justifié par la progression de l'histoire.

J'ai été particulièrement sensible à l'évocation des années soixante. Tableau impeccable de la vie rurale, de vie sociale d'un petit village, des moeurs de l'époque - tableau d'autant plus magistral que Mauvignier nous épargne l'énoncé des marques de l'époque, à quelques nécessaires exceptions près, comme des obligations matérielles - internet et bien d'autres choses n'existent pas encore. En fait-il trop ? Est-ce une caricature ? Je ne sais pas, il ne me semble pas.

Alors, doit-on critiquer la description des cruautés de la guerre ? Mauvignier n'en abuse pas - assez pour faire comprendre l'état d'esprit du troufion égaré dans les environs d'Oran. Et puis Jonathan Little, dont j'ai encensé le livre, a fait bien pire.

Bref, malgré le style que j'ai trouvé trop désarticulé au début (et donc parfois indigeste), je reconnaît énormément de qualités à ce roman. Sobriété, adéquation, construction, richesse de l'évocation historique - il n'y a rien de trop, le projet de l'auteur est parfaitement servi.

Alors pourquoi ne suis-je pas content ? Pourquoi ne pas voir en Mauvignier un genre d'Homère moderne ? Son livre se bornant à la narration d'une guerre telle que la vivent quelques anti-héros contemporains ? L'art de raconter ?

Non. Ce n'est pas encore cela.

Parce qu'il y a un message en filigrane. La guerre, c'est moche.

Un message un peu décevant. Ce n'est pas pour autant une thèse pacifiste. Ni un roman politique. Il ne dit pas qu'il y a des planqués, des profiteurs, des politiques irresponsables, des colonisateurs, des colons, une logique financière (oui, bien sûr, il y a la garde des citernes de pétrole, mais Mauvignier n'en fait pas tout un plat). Il dit : "la guerre, c'est moche, mais c'est comme ça".

Et il y a ce contenu insidieux. Cette humanité qui sourd, avec son odeur de vieilles chaussettes, la bière pression qu'on boit au bar en parlant avec la patronne qui essuie des verres, et qu'on connaît - on connaît la patronne, mais on a aussi lu Simenon. Ça me dérange. Oui, "ces gens-là" existent et ont le droit d'exister. Et alors ? Je vais en vouloir à Zola d'avoir raconté les cuites de Lantier ? Non, ce n'est pas ça encore que je reproche à ce livre. Sa description trop partielle de l'humanité - trop abstraite en fin de compte. Non.

Il y aurait même motif à un nouvel éloge : quand le narrateur revient sur son passé, on le sent "à la recherche du temps perdu". Le passage des années, l'abrasion sélective qui en résulte, les tricheries de la mémoire, Mauvignier les décrit avec finesse.

Difficile de cerner ce que je reproche à ce livre. Injustement, sans doute, car il remplit son contrat, et fort bien, il dit sobrement, fidèlement ce que l'auteur veut dire.

Mais oui ! Ça y est. J'ai trouvé. Ce que dit l'auteur ne m'intéresse pas. Il ne pose pas de question. Il dit : il y a eu une guerre. Atroce. Et l'homme se l'est infligée et il en a souffert des décennies après le retour des soldats au pays. Bravo... mais encore ?

Little a une thèse. Il pose la question de l'irresponsabilité de l'homme. Mauvignier se borne à déplorer. Déplorer en beauté, avec beaucoup d'art et de maîtrise. Mauvignier est un grand écrivain. Mais son roman prend fin à la dernière page. Il n'y a pas de point d'orgue. Ni de vision. Il restera une impression. Mais on ne pense plus quand on a fermé le livre.
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Brillamment, l'écriture de Laurent Mauvinier se déroule, lyrique avec des phrases longues, puis sèche avec des phrases pas terminées.
Mauvignier écrit non pas en se calquant sur le langage parlé, mais en choisissant de ne pas dire ce qui est inutile. « un miracle a eu lieu, et c'est elle, là, qui est venue vers lui, elle dont il s' étonne de ce qu'elle peut bien lui trouver de si, de tellement, enfin de, il ne comprend pas, il ne voit pas, mais bon, tant mieux, seulement tant mieux ».
Dans un monde de paysans pauvres du Nord de la France, qui parlent des bicots et des négros sans en avoir jamais vu un seul, une réunion de famille se trouve être le révélateur d'un racisme de la part du plus pauvre, Bernard, presque clochard. Puis l'incident arrive, et les langues se délient, son cousin rappelle le jour où Bernard avait traité sa soeur mourante de salope, les souvenirs remontent et c'est tout l'art de Mauvinier de nous faire assister à cette lente remontée pleine de questions sur le passé. Nous cherchons, au fil des pages à comprendre pourquoi ce Bernard soulève tant de questions, ce qui a pu se passer pour qu'il soit raciste de façon si bête et si inacceptable:
« Et lui il peut être là. Lui, le.
Arrête.
Le bougnoule ».
Et le souvenir de la guerre d'Algérie arrive, la « pacification », qui commence par l'intrusion dans un village où les recrutés français cherchent les hommes, et ne trouvent que femmes, enfants et vieillards. Ils sont où les hommes ?
Personne ne trouve les hommes.
Ces recrues qui n'ont rien choisi voudraient bien s'opposer à une résistance, trouver ces fameux fellahs qu'ils ont la mission d'achever, mais rien, que le silence des civils, parfois un meurtre horrible et le silence alentour. Ils voudraient bien finir, rentrer enfin chez eux au lieu d'être obligés de vivre cette parodie de guerre sans combat et sans ennemi déclaré. La destruction des villages continue donc, à la recherche des hommes. En repensant au meurtre d'un médecin, un des protagonistes (là dessus, je n'ai pas du tout compris qui parlait) se demande quel genre d'homme il faut être pour en arriver à cette ignominie: « pas des hommes qui font ça. Et pourtant. Des hommes. Il se dit pourtant parfois que lui ce serait un fellaga ». A la guerre il n'y a pas de type bien, tu es obligé de tuer et de détruire, tu n'es qu'un homme.
Et Mauvignier, par l'intermédiaire d'un de ses personnages, Rabut, ou Fevrier,( ?) se pose la question du pourquoi de la violence absolue, le meurtre sans pitié, sans rien d'humain, mutiler à coups de hache une famille algérienne innocente, fait très certainement par un harki lui aussi déboussolé. Ils se trouvent tous ces jeunes appelés comme dans un entonnoir, et décident d'arrêter de parler des fells, et de parler de bougnoules ou de moricauds, « on avait décidé que c'était pas des hommes ».
Mauvaise réponse à une bonne question et conclusion selon moi un peu ratée de ce livre qui n'en finit pas, pour exposer le racisme sans pourtant l'expliquer. Des jeunes, sans formation, jetés sans rien comprendre dans un conflit qui les dépasse, incapables de comprendre pourquoi on les oblige à y participer. La bonne question, c'est sur l'inanité de cette pacification qui a cassé tant de jeunes et leur ont même insufflé le racisme. La mauvaise réponse, c'est que l'on ne comprend pas vraiment ce qui a pu précipiter ces jeunes paysans dans le racisme. Car, de Bernard, et des raisons de son accès de fureur contre le « bougnoule », on ne sait rien, Ou alors je n'ai pas compris. Autant Mauvinier est un grand écrivain, avec un phrasé particulier et remarquable, autant son histoire ne tient pas debout. Et même, l'idée m'est venue que son écriture était remplie de tics de langage. Comme une particularité qui lui faisait faire l'économie d'écrire une vraie histoire. Je sais, c'est pas gentil ce que j'écris.
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"Il se demande si une cause peut être juste et les moyens injustes. Comment c'est possible de croire que la terreur mènera vers plus de bien. Il se demande si le bien."

"APRES-MIDI". Années 2000. le roman s'ouvre sur le pot de départ à la retraite de Solange. Son frère Bernard dit "Bois-de-Feu", un marginal sans le sou, lui offre une broche somptueuse, provoquant un incident qui débouche sur une attaque raciste d'une violence inouïe et disproportionnée.

Je l'avoue, le début m'a donné un peu de fil à retordre. Je m'attends à un roman sur la guerre d'Algérie, et je tombe dans une anecdote sans rapport apparent, étirée en longueur (quoique l'écriture soit superbe ... presque trop pour des évènements "banals", ce qui crée un sentiment inconfortable de décalage).

"SOIR". Un cousin est convoqué par le maire, pour essayer d'aplanir l'incident. Ce cousin a été, tout comme Bernard, appelé en Algérie dans sa jeunesse. En évoquant le caractère de Bernard, il est amené à replonger dans des souvenirs qu'il aurait préféré tenir à l'écart.

"Et Rabut peut bien se retrouver assis au fond de son lit, avachi par les années et la famille, tous ces mariages, ces naissances, ces communions et ces gueuletons avec les anciens d'Afrique du Nord, les méchouis, la nostalgie de quelque chose perdu là-bas, peut-être la jeunesse, parce qu'à force, peut-être on embellit même les souvenirs qu'on préfèrerait oublier et dont on ne se débarrasse jamais, jamais vraiment ? Alors on les transforme, on se raconte des histoires, même si c'est bon aussi de savoir qu'on n'est pas tout seul à avoir été là-bas, et, de temps en temps, pouvoir rire avec d'autres, quand la nuit c'est seul qu'il faut avoir les mains moites et affronter les fantômes".

"NUIT". Et là, c'est la claque. On bascule, brusquement, dans la guerre. C'est puissant, bouleversant. C'est d'abord la bête horreur de la guerre. Mais c'est aussi l'incompréhension entre les hommes. Et l'épouvante de ces malentendus.

Tout y est. Les fellagas, les appelés et les Pieds-Noirs. La terreur, la résignation, la pitié. Les villages brûlés et les sentinelles égorgées. La torture et l'inconscience. L'ennemi invisible et l'OAS. Les Harkis : "Parce que tous les deux doivent serrer les mâchoires et savoir se taire lorsqu'ils entendent les gars parler des Arabes en disant des chiens, tous des chiens, rien que des chiens - et ils ne parlent pas des fells lorsqu'ils emploient ces mots-là, non, ils parlent des Arabes, comme si tous les Arabes, comme si. Et les deux harkis ne disent rien. Ils attendent. Ils regardent. Comme si eux seuls n'avaient pas oublié où ils étaient nés".

Un drame à l'antique sous le soleil de de l'Oranais et à l'ombre d'un passé qui, décidément, ne passe pas. C'est beau, violent, poétique et magistral.
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Ce livre, l'un des plus connus que Laurent Mauvignier ait publié, a un sujet grave: les ravages engendrés par la guerre – pas seulement dans les corps, mais aussi dans les esprits, longtemps après les événements. Je savais d'avance que l'écrivain a un style très particulier, qui le singularise parmi les auteurs contemporains et… qui me rebute, ainsi que j'en avais conclu autrefois en lisant "Apprendre à finir".

La première partie de "Des hommes" évoque la déchéance de Bernard, le personnage principal, alcoolique et aigri, maintenant sexagénaire; on le voit "déraper" lors d'une fête de famille. Et là, d'emblée, j'ai failli péter les plombs: l'écriture de Laurent Mauvignier m'a semblé particulièrement caricaturale. On y lit par exemple des phrases comme: « Oui. Oui, oui, bien sûr. Oui, évidemment, je vais ouvrir, il faut que je l'ouvre, je suis bête. Sacré Bernard, hein, il est fou, non ? Quand même. Je. Je » (p. 22). Ces lourdes redondances sont évidemment voulues: c'est pour nous faire entrer dans la subjectivité de ses personnages. Mais, à titre personnel, je ne supporte pas les excès de l'écrivain. De plus, il s'est fait une spécialité d'une forme de langage populaire utilisant abondamment le mot « ça », ou l'expression « nous on », etc... ça m'énerve !

Puis la partie centrale du roman évoque le vécu de plusieurs militaires français (dont Bernard) dans l'Algérie des années '60. Il y a une grande force dans l'évocation de ces jeunes "troufions" jetés sans ménagement dans la guerre cruelle qui conduisit le pays à l'indépendance. L'auteur accorde une grande place aux exactions de l'Armée, ainsi qu'aux meurtres atroces commis par le FLN. Ce sont des hommes qui ont commis ces crimes inhumains, des hommes tout à fait ordinaires et pourtant capables du pire... Bernard et les autres soldats avaient l'immaturité de la jeunesse, un esprit de banale camaraderie, un intérêt superficiel pour l'exotisme du pays, mais généralement pas d'opinion précise sur cette guerre. Ils se soumettaient sans discuter à l'autorité militaire, mais aussi ils crevaient parfois de peur - non sans raison, car la mort rôdait constamment autour d'eux. Leur vie était en même temps ennuyeuse et tragique. A mon avis, cette ambiance est très bien rendue. C'est parfois noyé dans une logorrhée pâteuse, mais celle-ci m'a semblé ici bien moins irritante que dans la première partie.

La fin du livre correspond au retour dans le présent: c'est l'épilogue de la séquence inaugurale du roman. Quand j'ai achevé cette lecture, je me suis senti épuisé et presque "sonné" par l'évocation de ce trop lourd passé, mais aussi… par l'écriture de Mauvignier. Je mets la note de ***, mais pour moi elle n'a pas grande signification.
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Laurent Mauvignier - «Des hommes» - éditions de Minuit, 2009 (ISBN-13: 978-2707320759)

Terrible et probablement irremplaçable récit tournant autour de la Guerre d'Algérie. «Autour» est bien le terme exact, puisque le roman commence par une évocation des conséquences de cette guerre, des décennies plus tard, dans un milieu de paysans très pauvres du Sud-Ouest de la France. Et ce n'est que vers la moitié du livre que l'auteur revient en arrière, avec des scènes tirées du vécu des appelés dans le bled.

Avec en permanence le contrepoint des deux guerres précédentes (1914-1918, 1939-1945). L'horreur des agissements de part et d'autre. Une technique narrative très accomplie, maîtrisée, bien vue (voir citation).
(attention : Ames sensibles s'abstenir ?)
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C'est un livre encensé par la presse.
Moi je dirais que l'auteur a le don de tourner longtemps autour du pot avant d'en venir au fait, et ça, franchement, ça m'agace. En tout cas dans la première partie du roman. Après, le rythme est tout autre...
Sinon, le thème (que dis-je, le sujet lui-même de la guerre d'Algérie) est si peu abordé que cela fait du bien que, pour une fois, soit évoqué ce que taisent si bien ceux de la génération de nos parents. Eux ont vécu ces évènements, qui les ont profondément marqués, je le sais : j'ai un tonton bien plus bavard que mon père ne l'était sur le sujet... Des personnages presque réels, les conversations, quasi tangibles, l'horreur de la guerre qui tombe sur la figure de ces jeunes hommes en les sidérant. Oui, l'écriture est belle, sûrement, le récit impossible à abandonner, la vie de ces hommes si émouvante....
Mais laissez-moi préférer des sujets plus joyeux, en tout cas moins graves. Si je n'ai pas aimé, cela ne vient que de moi : la cruauté des hommes me fait mal, même dans un roman...
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Je savais que ce livre évoque cette guerre d'Algérie dont les conséquences m'interpellent à titre personnel, c'est la raison pour laquelle j'ai persévéré dans ma lecture alors que l'écriture chaotique adoptée par l'auteur avait tout pour me rebuter. Peut-être faudrait-il lire ce récit, brisé et déstructuré à l'image des protagonistes, à haute voix ?
La description de l'état de délabrement du personnage principal, Bernard dit Feu-de-Bois, s'étale sur la moitié des 280 pages du roman, comme la partie émergée de l'iceberg qui puise son origine dans la guerre d'Algérie, laquelle n'est réellement abordée qu'à partir de la page 133, au début du chapitre intitulé "Nuit", nuit de violences extrêmes dans laquelle les jeunes appelés sont plongés dès leur arrivée sur le terrain d'un conflit dont ils ignorent tout ou presque.
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Plusieurs points positifs pour ce livre : la très belle plume de l'auteur, le thème de la guerre d'Algèrie (il n'y en a pas tant que ça) et la facilité avec laquelle l'auteur peut faire monter la pression en quelques lignes. Mais j'ai trouvé le récit inégal de très bons moments et d'autres beaucoup moins (surtout la 1er partie).
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