Ce livre est pour moi le début d'une lecture de
la trilogie écossaise de l'auteur,
Peter May. Auteur que j'avais découvert par hasard et apprécié, et mon ami Babéliaute Morin m'a conseillé de m'intéresser à cette trilogie. Merci, ami(e)... excellent conseil.
Il me reste cependant à lire les deux volumes suivants.
Celui-ci est génial.
On se dirige vers un "polar" et c'est ce qu'on n'a pas, mais au final, si on l'a quand même un peu. Moi j'aime beaucoup, on casse les genres.
Car au fond, l'essentiel, l'essence, c'est que l'auteur veut raconter, conserver aussi la mémoire, l'histoire, les traditions, le quotidien, les luttes (même si dans ce volume celles-ci n'apparaissent pas trop), de ces territoires excentrés, oubliés, tant qu'ils ne rapportent pas de grosses richesses.
J'apprécie l'ancrage familial et des traditions dans des microcosmes, baignés de la culture gaélique/écossaise.
Et oh ! que ce livre vous apprend sur cette culture et cette organisation sociale (religieuse).
Bref, sous le couvert d'un roman policier, collection oblige "babel noir", ce roman utilise le fil "polar" que pour, de mon point de vue, nous amener sur un territoire, les Hébrides extérieures, l'ile de Lewis, et marquer ainsi son histoire, sa mémoire, son abandon, sa tristesse d'y vivre, et en même temps, sa beauté. Je dirais que c'est une forme de roman écologique. D'ailleurs, un chapitre est consacré à une implantation folle d'éoliennes et un autre chapitre est également consacré au massacre des bébés des fous de bassan, c'en est tellement écoeurant, que j'ai sauté les pages.
Le fil directeur du roman est son héros, Fin. J'ai beaucoup apprécié l'approche de l'auteur par rapport à son héros. le livre alterne des chapitres où Fin s'exprime à la première personne et des chapitres où Fin est mis en abîme. Abîme est le mot car Fin est un homme encore jeune massacré par la vie. Comme ces îles des Hébrides et ses habitants.
Et puis il y a aussi la religion. Sans entrer dans les détails, là aussi l'auteur rappelle des traditions qui ont perdu leur sens mais qui continuent (comme pour la chasse aux petits oiseaux).
Donc en fait, ce livre qui s'habille en polar, a été publié comme un polar, ne l'est pas tant que cela.
Si, si... il y a bien une intrigue, intéressante, qui tient la route et que Fin, le policier mandaté résout.
Mais ce roman est sociologique d'abord et avant tout, et même, si j'utilise un gros mot, anthropologique et social surtout. Et écologique (mais c'est social).
J'ai apprécié les personnages et surtout le fait que chacun, tous, soient ambivalents. Les personnages importants sont assez nombreux, tous valent le détour, tous sont décrits précisément, aucun n'est rejetable, sauf à la fin pour un ou deux, (un en fait).
Ce qui veut dire que tout est bien plus compliqué.
Fin est le héros (?), je ne l'ai pas trop compris au départ, puis au fur et à mesure, l'auteur a montré ses fractures,
ses traumatismes, ses dysfractions psychiques. J'ai apprécié la graduation dans le livre par rapport à tout ce qu'avait dû subir Fin, qui au final nous amène à une belle sympathie pour lui, alors qu'en début de lecture il était moyennement sympathique.
Par contre, j'avoue :
- le départ de ma lecture a été difficile, étais-je en manque de concentration ? il m'a fallu lire les 4 premiers chapitres d'un coup pour être lancée. Donc débuter la lecture, peut-être, avec un peu de temps, de manière à rester dedans un certain temps...
- le chapitre sur le massacre, la description détaillée, des oisillons, j'ai passé, pas pu. A part cela,
un excellent livre, je saute de ce pas sur le volume suivant,
L'Homme de Lewis.