[critique initialement rédigée pour Manga Sanctuary, en version illustrée (voir lien) ]
Comment aborder la critique d'un OLNI (objet littéraire non identifié) tel que Miriya et Marie ?
Premièrement, sachez que vous n'aurez jamais rien vu d'aussi ROSE de toute votre vie. Intégralement en couleurs, l'ouvrage en décline à peu près toutes les teintes imaginables, du pêche au bonbon en passant par le fuchsia. Tout, absolument TOUT, est rose, des cheveux de Miriya en passant par ses tenues ou les décors qui baignent dans un filtre rose permanent.
Et le pire, c'est que ça a méchamment de la tronche.
Clairement, le principal intérêt de Miriya et Marie, c'est la patte graphique de son autrice, car si vous voulez une histoire, passez votre chemin, c'est scénaristiquement aussi creux que les cases sont surchargées. Il n'y a pas la moindre trace de fil rouge, le manga étant composé d'une succession de chapitres pour la plupart de quatre pages où les protagonistes rencontrent un personnage qui a des problèmes, les résolvent en un coup de magie déclenchant généralement une orgie de sucre ou de froufrous avec parfois un peu de morale (ne polluez pas les océans, faites toujours de votre mieux, ne jetez pas les légumes biscornus, être soi-même...), et hop, au suivant ! du Paris de 1910, vous ne verrez absolument rien passé le chapitre d'introduction, le truc pourrait tout autant se dérouler sur la Lune en 3020 qu'on ne verrait aucune différence. Bon, certes, les thèmes explorés dans les chapitres (les pâtisseries, le parfum, la mode, encore la bouffe, le chocolat – c'est pas pareil –, l'art...) sonnent très « raffinement à la française », mais ça ne va pas plus loin.
Et le côté Disney ? Eh bien, sans le fait que Marie des Aristochats soit professeure de magie sans qu'on ne sache le pourquoi du comment et qu'elle suive Miriya partout, on ne se douterait absolument pas qu'il s'agit là d'un manga Disney.
Donc c'est nul alors ? Eh bien, étonnamment, non. Surtout parce que l'intérêt est ailleurs, à savoir dans le trait de Maya. Comment mentionné plus haut, c'est beau. Mais alors vraiment très très beau. Les personnages changent de tenue à chaque chapitre, Miriya de coiffure, et c'est absolument blindé de détails. Des froufrous, de la dentelle, des perles, des pierres, des drapés, des rubans... Sans parler des décors et de la bouffe. du sucre, partout, tout le temps, de quoi choper le diabète à toutes les pages ou presque. du chocolat. de la crème. Des fruits. Des gâteaux. Des biscuits. Une chose est sûre, on ressort de là sacrément affamé.
Le tout baigne donc dans une ambiance étrange, où l'on sauve des bébés dauphins avant de mettre l'odeur du soleil en bouteille, créer des robes en chocolat, se décorer les ongles, redonner sa jeunesse au Père Noël ou aider une baleine en plein déni de grossesse. Bon, d'accord, ce chapitre-là est méga bizarre.
Bref, entre débauche de sucre et défilé de mode, il se dégage une certaine magie de ce petit livre tout rose, pas celle que pratiquent les personnages, mais plutôt une atmosphère, une certaine originalité, qui fait qu'on se laisse embarquer aux côtés des personnages sans trop se poser de questions, pour mieux profiter d'un voyage 0% cérébral et 100% la vie en rose. Rose bonbon, bien sûr !
A côté de ça, quelques mini jeux sont glissés dans la trame même de certains chapitres. Rien de fifou, mais c'est varié : un labyrinthe, des objets cachés, des différences à trouver, des éléments à compter, des points à relier, un coloriage... le jeune public appréciera sûrement.
Dans le même ordre d'idée, on a droit en fin d'ouvrage à une mini-BD racontant le voyage de l'autrice à Paris ainsi qu'une galerie d'illustrations.
Et l'édition par
Nobi-Nobi ? A la hauteur de la débauche visuelle des planches, c'est à dire impeccable !
Lien :
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