C'est après la lecture de «
Où vivaient les gens heureux », que j'ai personnellement élevé
Joyce Maynard au rang de Queen J, convaincue qu'un jour, j'aurais tout lu d'elle.
Je m'avance doucement vers ce chemin et comme une évidence «
Et devant moi, le monde » s'est présenté à moi. Cette autrice qui semble facilement créer un lien de proximité avec les lecteurs, qui est-elle, quelle a été sa vie avant d'être ma Queen ?
Joyce ou Daphne ? Journaliste, Autrice, Pigiste ? J'ai toujours pensé que ce qui faisait un bon livre, qu'il soit de fiction ou pas, est la capacité de l'auteur à écrire avec ses tripes. Mais alors, est-ce qu'écrire avec ses tripes nécessite une part de vulnérabilité ? Doit-on forcément dévoiler un peu de notre vie aux lecteurs pour que l'histoire devienne plausible ?
En 2011, alors que Maynard a déjà été reconnue comme journaliste de talent par le NYTimes, publiée plusieurs romans, elle décide d'écrire son autobiographie. La vraie, sans tabou, pas celle qu'une maison lui a commandé à la veille de ses 19 ans. Ici, elle va parler avec le coeur. Elle va nous raconter l'histoire de sa famille, de l'exigence quotidienne qui était posée sur elle, des rêves avortés de sa mère, de l'alcoolisme de son père, de ses problèmes alimentaires, de son manque de confiance en elle, de la maternité.
Surtout, elle va nous raconter comment à 18 ans, elle va débuter une relation avec l'écrivain américain le plus en vogue de sa génération :
J. D. Salinger, de 35 ans son ainé. Tout d'abord épistolaire puis réelle, cette relation va autant abimer que forger notre autrice. Analysée avec notre conscience de 2024, cette relation ne peut ne nous procurer que du dégout. Bien plus que ça, la perversité et la manipulation dont fait preuve Salinger est infecte. Oh Salinger, auteur du tant acclamé « L'attrape-coeur », oh chef-d'oeuvre. Ouaip… l'auteur n'en est pas moins un pédophile.
Control-freak, pervers narcissique, doux en apparence mais détestable en privé. Les pages se tournent et sont difficilement acceptables. Nous pouvons facilement imaginer les dommages qu'une telle fréquentation peut faire sur la confiance, l'estime et le futur d'une adolescente.
Bref, Joyce s'expose, dévoile, dénonce et le mieux, c'est qu'elle se moque des répercussions. On aime son franc-parler, on adore qu'elle souligne que dans n'importe qu'elle histoire, c'est la parole de la femme qui sera toujours remise en question. Depuis le début, elle répond à ses lectrices, elle aime les rencontrer, et surtout, elle met un peu d'elle dans chaque roman.
Si vous avez lu « Où vivaient les gens… », vous allez même faire quelques découvertes pour votre plus grand plaisir. Je suis heureuse d'avoir décelé des le premier livre que Maynard n'était autre qu'un diamant brut. Je suis heureuse d'avoir pu lire ses failles, ses blessures, son histoire. Ça ne la rend que plus humaine. Je recommande ++