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sur 209 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai déjà chroniqué deux romans de Joyce Maynard sur ce blog, Prête à tout et L'homme de la montagne. J'ai lu aussi récemment Baby love, et je suis devenue au fil du temps une inconditionnelle de cette auteure.



Et devant moi, le monde est une autobiographie. le prétexte, ou ce que la presse en a souvent retenu, c'est sa relation avec J.D Salinger alors qu'elle n'était qu'une toute jeune femme et lui un homme déjà mûr.

Joyce Maynard n'a jamais été une enfant "normale" : élevée par des parents artistes, universitaires dans une vie bohème et exigeante intellectuellement. Pourtant la jeune femme qu'elle devient est rongée par le manque de confiance en elle, l'anorexie, et en même temps, la reconnaissance de ses talents littéraires est très précoce.

Elle se trouve sur le devant de la scène littéraire, grâce à une publication et une Une dans le New York Times Magazine où son article est censé être la voix d'une génération, elle qui vit pourtant à l'écart des fêtes et amitiés étudiantes, qui n'a pas de vie sentimentale ni sexuelle...

Une identité tellement fragile, avec ce père alcoolique dont elle ne parlera jamais, même avec sa mère, et pourtant une telle force dans la création. Tel est le paradoxe de l'auteure, qui se laisse aspirer par les névroses alimentaires, médicales ou encore sociales de Salinger, tyrannique concernant ses publications et le contenu de ses oeuvres.

Rejetée du jour au lendemain, Joyce Maynard mettra des années à se libérer du joug intellectuel que cette relation a imposé, malgré un mariage rapide avec celui qui va devenir son mari, donnant naissance à sa fille aînée tout aussi vite.

L'écriture et les contrats accumulés comme moyens de régler les factures, la publication de ses romans semble davantage répondre à des nécessités financières, c'est avant tout une femme qui se livre dans ce récit, plus qu'un écrivain : Un peu fantasque, excessivement brillante, mère aimante, c'est une personne complexe et fragile qui a intimement lié l'écriture à sa vie (j'aurais aimé lire une de ses chroniques si personnelles en tant que femme/mère dans un quotidien). Ses lectrices devenant elles-mêmes des amies, s'insurgeant ou la félicitant lorsqu'elle annonce qu'elle divorce et déménage.

Pas d'esprit de revanche ni de comptes à régler. Mais il est incontestable que cette autobiographe éclaire l'oeuvre romanesque de Joyce Maynard avec un autre angle, une émotion décuplée.

Quelquefois, j'ai en effet, tendance à oublier que les auteurs que je prends un plaisir infini à lire, sont aussi des êtres faits de chair et de sang, avec leurs émotions, leurs chagrins, et qu'au-delà de cet infini talent, il y a une vie, dont les histoires qui l'ont façonnée sont à la mesure de celles romancées.

Lien : http://leslecturesdalice.ove..
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a carrière officielle d'écrivain de Joyce Maynard commence en 1972. Elle a 18 ans et vient d'écrire un article dans le New York Times, suscitant l'admiration des lecteurs du journal, notamment celle de J.D. Sallinger avec lequel s'instaure une relation épistolaire. Quand ils se rencontrent "pour de vrai", Joyce est séduite par cet homme charismatique, plus âgé qu'elle de 35 ans. Laissant ses études en plan, elle s'installe avec lui. Un an plus tard, l'écrivain la met dehors brutalement, la laissant anéantie... Vingt-cinq ans plus tard, alors que sa propre fille a dix-huit ans, Joyce Maynard éprouve le besoin de revenir sur cette période marquante de sa vie. Dans ce long récit de 500 pages, elle tente de comprendre comment et pourquoi elle est tombée amoureuse de cet homme. Puis, elle revient sur "l'après Sallinger".
Les personnages principaux des romans de Joyce Maynard sont des adolescents ou de jeunes adultes. La romancière est fascinée par cet âge de la vie. Dans ses romans, les personnages reviennent souvent en arrière pour comprendre leur parcours de vie. C'est le cas dans "Et devant moi le monde". Joyce Maynard évoque une mère envahissante et impudique, un père alcoolique. Des parents peu protecteurs mais aimants, qui la stimulent intellectuellement et l'incitent à écrire. Fragile et peu sûre d'elle, Joyce aurait besoin d'être valorisée et encouragée et c'est tout l'inverse qui se produit quand elle vit avec Sallinger. Après la rupture, une longue reconstruction l'attend, avant de devenir la femme épanouie qu'elle est aujourd'hui.
On peut reprocher à Joyce Maynard de dévoiler une histoire d'ordre privée. Elle écorne l'image de Sallinger, ne cache pas les défauts de ses parents et ne présente pas son ex-mari sous le meilleur angle. Toutefois, je ne suis pas choquée par ces révélations parce qu'elles interviennent longtemps après les faits et qu'elles n'ont pas de caractère revanchard. Joyce Maynard a pris le temps de la réflexion, offrant à ses lecteurs une analyse construite et dépassionnée. L'écrivaine a longtemps été présentée comme la porte-parole de sa génération sur un malentendu. Elle s'est servie d'une partie de sa vie pour écrire des chroniques dans les journaux, passant sous silence les moments difficiles, les erreurs, les égarements, les traumatismes. En révélant la vérité, elle cesse d'être une icône et permet aux femmes de se reconnaître en elle, de réfléchir à leur propre parcours de vie.
J'aime vraiment de plus en cette auteure...
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Cinq étoiles pour ce livre mais je ne suis pas objective, les récits autobiographiques d'écrivains me fascinent anormalement. Difficile d'expliquer pourquoi. Peut-être espéré-je y trouver le secret de leur talent ? C'est presque ce qui arrive dans ce texte car Joyce Maynard nous livre une petite phrase anodine, qui n'a l'air de rien et qui pourtant j'en suis sûre contribue grandement à la réussite de ce récit "quoiqu'il m'arrive dans la vie, je pourrais considérer ça comme du matériau". Et elle obéit à ce principe pour nous livrer un texte sans langue de bois, un texte qui ne la met pas souvent en valeur, un texte cru parfois parce qu'elle touche à l'intimité personnelle et familiale de l'auteure. Mais comme elle nous le fait comprendre tout au long de son histoire, c'est au prix de la vérité qu'elle pourra se sortir d'une vie faite de non-dits et de sujets tabous, cause de son mal-être et certainement de son anorexie. Cet écrit est un hymne à la sincérité même si nous savons tous que chacun a sa vérité et son point de vue et qu'il n'est pas forcément celui de l'autre. Alors, cette vérité n'est pas glorieuse pour le célèbre écrivain qui a croisé le chemin de Joyce Maynard, le drame est surtout que cette rencontre a eu lieu alors qu'elle était encore une très jeune fille de 18 ans, fragile, et qu'elle n'a pas su se dépêtrer de la toile d'araignée tissée par un homme apparemment manipulateur, d'une froideur excessive et qui ne souhaitait qu'une chose : qu'elle déteste le monde autant que lui... Il faut dire qu'à plus de 50 ans, on a souvent de bonnes raisons d'être désabusé. Salinger aurait-il souhaité rencontrer Joyce si elle avait eu 10 ans de plus ? Je vous laisse deviner ce que j'en pense...
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Encore un fois j'ai eu du mal à quitter l'écriture et l'histoire que nous livre Joyce Maynard. Quel talent de conteuse et sa vie se révèle riche en émotions, faits, déceptions et reconstruction. J'ai été impressionnée par son rapport à l'écriture vers laquelle sa mère l'a encouragée toute petite, l'écriture qui paraît comme une évidence. La facilité avec laquelle elle contacte les journaux dès 18 ans pour leur proposer des sujets m'a enthousiasmée. L'écriture est une discipline autour de laquelle elle organise sa vie et, bien sur, son gagne pain mais elle est aussi comme un point de repère vers lequel elle gravite toute sa vie. 

S'il s'agit d'une biographie, c'est aussi un roman passionnant grâce à la plume de l'auteur qui livre toutes ses émotions, son enfance, son rapport à la nourriture, le sexe, la maternité et fait graviter autour d'elle ses parents, sa soeur, ses amants, son mari, ses enfants. 

Elle se livre sur sa relation dévastatrice avec Salinger qui se révèle être un homme austère et sombre.

Tout cela avec une très belle plume comme toujours. On ne voit jamais les pages défilées avec cette auteur, c'est magique.

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une très belle écriture. une histoire hors du commun. aucune empathie pour Salinger, qui a enfumé le monde non ? un livre considéré comme une oeuvre majeure de la littérature américaine, et puis plus rien... ou si... un homme détraqué qui aime les très jeunes filles, les abuse moralement et physiquement, tente de les modeler à son image, puis les jette sans crier gare. un type détestable à mon avis - à l'image de la citation que j'ai retenue. Mais un très beau livre.
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formidable écrivain que Joyce Maynard !
Formidable conteuse, et quelle vie !
Son autobiographie se lit d'une traite.
Ce qu'elle a eu à affronter le siècle dernier est toujours d'actualité (emprise, violence...), et son talent aussi.
Cette règle des 250 caractères est bien chiante pour qui veut partager son enthousiasme !
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Il ne s'agit pas pas d'un livre "littéraire", pas d'effets de style ni de constructions savantes, mais d'une autobiographie linéaire. Joyce Maynard, dotée d'une mémoire impressionnante, nous décrit de manière très honnête et réaliste son parcours, en nous livrant notamment ses secrets plus ou moins honteux. Sans jugement, et même avec une grande bienveillance, elle porte un regard lucide sur ceux qui ont jalonné sa route, notamment ses parents. On a beau être très éloigné d'elle en termes de caractère et d'origine, c'est très facile de s'identifier à elle et de la comprendre, voire de la trouver inspirante et même fascinante. Quelle femme !
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Écrivaine
Ce qui traverse ce livre c'est la volonté à tout prix d'écrire.
Tout débute par l'histoire familiale, une famille atypique, unique ou les deux figures du père et de la mère vont la conduire à l'écriture.
Chez Joyce Maynard, l'écriture se conjugue à la première personne le "Je" Et la vérité, voilà ce qui va constituer le centre de son travail. Sa famille, sa formation universitaire, son ambition, ne seront que des étapes pour y arriver.
Elle est une jeune écrivaine en devenir lorsque sa route croise celle de JD Salinger, il est un écrivain qui se terre déjà.
Ce qu'elle décrit c'est une rencontre qui débute par une correspondance épistolaire, suite à la parution dans le Times d'un article de J Maynard. Article, Lu par Salinger, et qui va établir la renommée de Maynard en 1972, il figure en fin du récit, c'est un article sur la jeunesse du début des années 70, toute la vie universitaire de Maynard à ce moment est passionnante, lorsqu'elle débarque à New York dans les bureaux de presse.
J'ai attendu un certain temps avant de lire ce livre, j'apprécie tellement les écrits de Salinger, l'authenticité du propos de Joyce Maynard ne m'a pas déçu
Ce qui est décrit dans sa relation avec Salinger reste factuel, une relation basée dur leurs goûts communs culturels, qui évolue assez vite vers une complicité amoureuse. Si Salinger salue son talent, elle semble décliner à son contact émotionnellement et professionnellement, des troubles alimentaires s'installent ainsi que des névroses.Très vite elle perd pied face à l'Homme qu'il est, leur relation périclite très vite. Sa douleur semble vive lorsqu'ils se séparent à Daytona Beach, lieu où j'ai eu l'occasion de séjourner qui m'a laissé un souvenir d'ennui mortel. Et chacun va suivre sa route, celle de Salinger est déjà tracée, il continue d'écrire décidant de ne plus être publier,. Elle va continuer d'écrire pour faire bouillir la marmite, leur parcours sont dissociés.
Il y a chez Joyce Maynard le talent D'observatrice, d'écrire le vrai à travers des chroniques quotidiennes, que j'ai pu lues - vu que seuls ses romans sont traduits- Son parcours la rend très attachante, entre sa vie familiale et son métier d'écrivain. Elle en tire un récit construit authentique et juste, confirmant que la vie vécue est un sujet d'écriture foisonnant, autant que sa relation avec Salinger.
Sur Salinger, rien de neuf, qu'il souhaitait à tout prix protéger sa vie privée ne m'a pas surprise. Deux points m'ont marqué dans le récit de Maynard, avant d'écrire sur lui elle le relit, indiquant qu'elle le reconnaît dans ses nouvelles. L'autre point est sa confrontation avec Salinger, en tant qu'écrivaine accomplie elle comprend qu'il s'est intéressé à son travail d'écriture, la dénigrant presque, comme une évidence que sa rencontre avec Salinger à marquer sa vie de femme, pas forcément son travail d'écrivain. J'ai beaucoup aimé ses fines remarques sur le recueil de nouvelles Nine Stories de Salinger.
Je vais pouvoir lire d'autres romans, sachant que j'ai déjà Lu Long Week-end.
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Après avoir lu "L'homme de la montagne" que je vais acheter à mes meilleurs amis, voici que cette auteure, que j'admire déjà, devient aussi mon amie proche (si je puis dire) pendant la lecture de son autobiographie. Je referme le livre et suis triste de la quitter. Quelle femme étonnante. C'est bien de lire son exemple. Je trouve fou que malgré tout ce qu'elle traverse elle continue à écrire. Je crois que c'est ce qui m'a le plus émue, le plus parlé. (Mais comment on fait en vrai?)
Pour moi c'est bien sûr l'histoire d'un chemin pour sortir de l'emprise. Celle dont on parle beaucoup en ce moment. Celle exercée par un homme bien plus âgé sur une jeune fille.
C'est aussi l'histoire d'une femme pleine de ressources, vibrante et intelligente.
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J’avais adoré le livre Long Weekend, j’ai donc acheté le premier roman de l’auteur que j’ai trouvé en occasion, le hasard a fait qu’il s’agissait de son autobiographie.
Je n’avais pas anticipé le fait que ce livre contenait tout ce qui me plait le plus dans un roman : un destin de femme, une famille dysfonctionnelle, des thèmes intellectuels, une période historique et des lieux intéressants, des passions peu orthodoxes, une héroïne aussi talentueuse qu’abîmée... Jackpot ! Tous les ingrédients étaient là pour m’envoûter ! J’ai dévoré ce roman. Il m’a rappelé L’amant de Marguerite Duras, le destin de ces écrivaines est si étonnant qu’on ne sait plus si leur vie est un roman ou si le roman est leur vie.
En dehors de mon intérêt pour le sujet, j’ai adoré retrouver le style de l’auteur, qui est à la fois facile à lire et recherché.On dévore les chapitres sans retenue !
J’ai également apprécié de pouvoir percevoir l’évolution psychologique de l’héroïne, que nous accompagnons de la naissance jusqu’à la quarantaine. Nous suivons son parcours sans perdre le fil conducteur, l’auteur a trouvé le juste équilibre entre narration et réflexion.
Des thèmes difficiles sont abordés (alcoolisme, anorexie, vaginisme, pervers narcissiques...) toute fois, l’écrivaine trouve le ton juste et apporte une réflexion très ouverte sur ces sujets. Je n’ai pas ressenti de colère derrière ce récit d’événements douloureux (ce qui est souvent le cas dans les
autobiographies) l’auteur est pudique, détachée et semble avoir réussi a tourner la page. Cela pourrait cependant déranger les amateurs de pathos et guimauves.
Ayant aimé L’attrape cœur je suis assez déçue de savoir quel ignoble personnage était J.D. Salinger... même si cela ne m’étonne pas vraiment non plus...
Le récit d’une vie incroyable et un vibrant témoignage sur les violences psychologiques et les relations toxiques. Un très bon livre facile à lire que je conseille à tous !
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