Cette pièce est très prenante et très déroutante à la fois. La trame simple, du rapport à l'autre, au monde, à son projet de vie, à l'art, à l'éducation... se métamorphose en quelque chose de bien plus symbolique tout en restant ancré dans une forme douce de critique sociale. Et oui, tout cela en moins de 100 pages. La forme y est pour quelque chose ! Un personnage identique, mais à âge différent, parlant presque de lui-même à des âges qu'il n'est pas censé connaître, des commentaires en didascalies intégrés dans le dialogue des personnages, des didascalies presque absentes, laissant libre à toute mise en scène ou bien insistant sur un point de détail qui n'en est pas un d'un point de vue symbolique : la pomme ! On s'y perd un peu, comme dans la galerie d'art "Le labyrinthe du Minotaure" (tenue par l'une des protagonistes) et pourtant on se retrouve bien face à une réflexion moderne, prégnante, importante sur notre rapport à l'art, au sens de la vie, au snobisme, à la littérature, au peuple loin de tout ça et à la manière de grandir là-dedans... C'est beau comme un songe éveillé. Je n'ai pas vu le film de F.Ozon, mais j'imagine bien la voix de Luchini dans certaines tirades. Un dramaturge que je ne connaissais pas et qu'il faudrait que je découvre davantage encore. Sacré défi quant à mettre en scène cette pièce. C'est pour cela qu'on peut aussi lire le théâtre.
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CLAUDE : C’est vous qui nous avez demandé d’écrire et maintenant, moi, je ne peux plus m’arrêter.
Germain. - Pour qui est-ce que tu écris ? C'est très facile de dévoiler le pire chez quelqu'un, pour que les gens médiocres qui se croient supérieurs se moquent de lui. C'est très facile d'attraper une personne et de la regarder sous son angle le plus ridicule. Ce qui est difficile, c'est de la regarder de près, sans préjugés, sans la condamner a priori. Trouver ses mobiles, sa faille, ses espoirs, son désespoir. Révéler la beauté de la douleur humaine n'est à la portée que de l'artiste véritable.
Germain. - Les gens sortent très cultivés de tes expositions. A condition qu'ils trouvent la sortie.
Mon salaud. Alors, c'est ça que tu lui as donné, un poème. Personne ne lui a jamais écrit de poème à cette femme. Tu en fais trop. Ces gens sont quasi analphabètes. Il n y a pas un gramme de poésie dans cette maison. Tu leur balances un vers et c'est comme si tu leur larguais une bombe. Le nez dessus, ils ne reconnaîtraient pas la queue d'un symbole."Même la pluie ne se déchausse pas pour danser..." tu parles de cette femme ? Ce n'est pas d'elle que tu parles,ce n'est pas possible.
Une odeur retint mon attention : l'odeur si singulière des femmes de la classe moyenne.
Bande annonce de "Dans la maison" , libre adaptation cinématographique de la pièce espagnole "Le Garçon du dernier rang" de Juan Mayorga.