Décidément, nous allons de charybde en scylla avec ces transpositions des romans de
Jane Austen dans le monde moderne !
On retrouve dans celui-ci les mêmes défauts que dans les deux précédents ("
Northanger Abbey" de
Val McDermid et "Raison & Sentiment" de
Joanna Trollope) : aucun effort et aucune recherche dans l'adaptation à notre époque, les auteurs se contentant de réécrire bêtement, en moins bien, l'histoire en y mettant des portables et des allusions sexuelles en guise d'indices de modernité, psychologies passées à la moulinette (personnages parfois méconnaissables, à se demander si les auteurs ont lu les romans d'origine) et un style passe-partout parfaitement ennuyeux, voire mauvais (d'ailleurs je n'ai vu aucune différence entre les trois auteurs, on dirait une écriture générée automatiquement par un ordinateur).
Par exemple, dans celui-ci,
Emma devient "méchante" (pour reprendre mot pour mot la description psychologique du personnage par le narrateur, pour vous dire le niveau de subtilité !...), voire vipérine et antipathique, plus proche d'une Mrs Elton que de l'
Emma Woodhouse originale.
Ici, Alexander McCallSmith devait vraiment être en panne d'inspiration, car il met la moitié de son livre à arriver au moment où celui de
Jane Austen commence (enfance d'
Emma etc), et du coup tout le reste est condensé en une seule moitié ! Il manque donc plus des deux tiers des évènements du roman (on passe par exemple directement de l'arrivée de Frank
Churchill au pique-nique de Box Hill et à la fin !). le choix n'est même pas judicieux car tout perd en intensité, en crédibilité et en intérêt (Mr Knightley à peine évoqué et inexistant et n'ayant aucun échange avec
Emma, idylle de Frank et Jane évoquée et résolue en trois pages etc) Que reste-t-il alors de "
Emma" ? Mr Woodhouse lisant les articles de science du journal,
Emma se demandant si elle veut coucher avec Harriet Smith (si si !) et les domestiques qui la détestent.
Bâclé, sans intérêt, et même affligeant.