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4,16

sur 898 notes
Cela faisait plusieurs années que ce livre traînait dans ma PÀL. Je me souviens du jour précis où il l'a rejointe d'ailleurs... J'étais en région parisienne pour le week-end, j'étais entrée dans une librairie inconnue pour y acheter l'un de mes derniers coups de coeur (Luc Lang) à offrir à mon hébergeante. J'en profitais pour flâner et glaner quelques recommandations auprès du libraire. Parmi lesquelles le dernier Colson Whitehead (bijou !), et cet ouvrage donc. Pour lequel je n'ai pas trouvé l'élan avant, avant... Avant la récente et énième ré-intensification du conflit israélo-palestinien, avant la parution du dernier coécrit de Colum McCann. Alignement des planètes et de mes intérêts littéraires, je me suis donc lancée...

J'y ai plongé, à corps et coeur perdus. J'ai découvert une prose magnifique, un exercice de style qui ne s'y restreint pas. Un hommage à la paix, à l'intelligence des hommes avec un petit h mais qui sont grands par leur justesse, par leur amour, par leur capacité à vivre et à agir de façon inconditionnelle, au-delà et en dépit des émotions.

Une trame pointilliste, qui dessine admirablement le paysage complexe de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants. Une leçon de vie, pour se prémunir de tout jugement hâtif, de tout raisonnement à l'emporte-pièce, de toute conclusion manichéenne. Ah si, une seule : les principales victimes sont simplement des êtres humains.
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Je suis impressionnée par les qualités d'écriture de ce roman. C'est le premier livre que je lis de cet auteur et je n'ai jamais rien lu de tel. Cette lecture est une expérience à part entière. L'auteur nous propose un récit à la frontière entre la fiction et le documentaire.
C'est l'histoire de deux familles, une israélienne et une palestinienne dans lesquelles nous suivons plus particulièrement la vie des pères Rami et Bassam. le conflit israélo-palestinien constitue la toile de fond du récit. On pourrait croire que tout oppose ces familles mais la perte d'une fille encore enfant dans chacune d'elle va les rapprocher. Les deux familles ne vont pas chercher à se venger comme on pourrait s'y attendre mais les pères vont s'engager ensemble pour tenter de faire changer les choses en racontant ensemble leur histoire.

La narration n'est pas linéaire, elle fait constamment des aller-retours entre les différents temps du récit. A cela il faut ajouter les nombreuses informations scientifiques, historiques, religieuses… qui ont toujours un lien plus ou moins proche avec ce qui est raconté. Pas toujours facile de s'y retrouver dans ces 1001 parties dans lesquelles le livre est coupé. On peut même avoir l'impression que l'auteur s'est prêté à un exercice de style que j'ai trouvé très bien réussi mais qui demande un effort intellectuel. On est clairement pas ici dans une lecture détente. Mais il faut aussi des livres comme celui-ci qui nous rappellent la complexité de la situation entre Israël et Palestine et la multiplicité des angles et points de vue avec lesquels on peut l'aborder.

L'auteur n'est là ni pour juger ni pour prendre parti pour un des deux camps mais bien pour rappeler l'importance de la parole et du témoignage pour éduquer et porter un message de paix.
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Très intéressant de se plonger dans le quotidien des familles vivant au coeur de cette guerre... Cela reste neanmoins compliqué quand même de réaliser, de matérialiser, de se situer dans ce conflit.

La structure n'aide pas vraiment, passant d'une famille à l'autre, d'un côté ou de l'autre de la frontière, dans le passé ou le présent.
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Roman surprenant qui prend une saveur particulière dans le contexte géopolitique actuel.
Est-ce l'histoire de deux pères, l'un israëlien, l'autre palestinien, qui ont pour principal point commun d'avoir perdu leur fille dans ce conflit? Ou simplement une manière de parler de cette guerre qui n'en finit plus et dont la fin semble impossible? Il n'y a pas de bons et de méchants, mais des victimes.
Le récit se découpe en très courts chapitres agrémentés de digressions mais tout en effet miroir. On monte de 1 à 500, un plateau et on redescend à 1.
On ne peut qu'être touché par ses familles qui survivent, ses enfants dont l'innocence est rapidement volée et pourtant le lien humain existe. Il reste donc l'espoir.
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Cette biographie romancée raconte la vie de deux pères de deux nationalités différentes ayant perdus leurs jeunes filles qui se retrouvent pour échanger et témoigner. Ce livre est puissant, violent comme la réalité de ces pays, Israël et Palestine, mais remplit de poésie aussi. le style particulier, en petits chapitres, permet de changer de sujet rapidement, de diffuser la violence, la douleur et de respirer avec l'auteur et les protagonistes. Un livre fort.
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2016 : un homme sur sa moto est en route vers un rendez-vous dont il ne sait quoi attendre ni espérer. Sa fille Smadar, treize ans, a été tuée en 1997 lors d'un attentat-suicide, sur une rue fréquentée de sa ville. Malheureusement fréquent en Israël. Un autre homme a vécu la même chose que lui. Il est Palestinien et a perdu en 2007 sa fille Abir, dix ans, atteinte par un tir de balle en caoutchouc derrière le crâne. Les deux vont se rencontrer au cours de cette réunion des Combattants pour la paix, des parents endeuillés des deux côtés du mur, Arabes et Juifs unis dans un seul but : apprendre à connaître l'autre et amorcer le dialogue. Comme sur cet autocollant apposé sur la moto de Rami « Ça ne s'arrêtera pas tant que nous ne discuterons pas. »
C'est un livre admirable que je viens de terminer. Construit de plusieurs courts chapitres dont la numérotation bascule à son mitan, Apeirogon aborde de multiples sujets, phénomènes et faits historiques qui tournent en orbite autour du thème principal, celui de l'amitié improbable entre Rami l'Israélien et Bassam le Palestinien.
J'ignorais, avant d'ouvrir cet ouvrage, de quoi il y serait question, car j'aborde toujours toute nouvelle publication de Colum McCann les yeux fermés. Cet auteur réinvente sans relâche son travail d'écriture, le peaufinant sans cesse et dans ce récit, il atteint des sommets dans la forme et dans le fond. Brûlant d'actualité, Apeirogon, devrait être lu par tous, inexperts et initiés confondus.
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APEIROGON /Colum Mc Cann
Il est bien difficile de résumer et commenter un tel ouvrage littéralement apeirogonal, un récit aux multiples facettes, évoquant sous tous ses angles, et surtout humain, l'épineux et dramatique conflit israélo-palestinien. Un livre monumental de 650 pages, riche de paradoxes, construit de façon très originale avec quatre personnages principaux, et qui ne peut qu'ébranler les certitudes.
Rami Elhanan est israélien, fils, d'un rescapé de la Shoah, ancien soldat de la guerre du Kippour en 1973.
Bassam Aramin est palestinien et n'a connu que la dépossession, la prison et les humiliations. Au cours des sept années d'emprisonnement, il a sympathisé avec un de ses gardiens, Saul Hertzl . Un Israélien et un Palestinien peuvent donc se parler.
Rami a perdu sa fille Smadar, victime d'un attentat-suicide perpétré par des kamikazes au coeur de Jérusalem. Smadar avait treize ans.
Bassam a perdu sa fille Abir, victime d'une balle perdue tirée par un jeune soldat israélien dans son village alors qu'elle allait à l'école. Elle avait dix ans. Elle était née l'année où Smadar perdait la vie.
Pour les deux pères, passé le choc brutal, la tragédie immense, la douleur infinie, les souvenirs obsédants, le deuil accablant, il y a l'envie de sauver des vies. Eux qui étaient nés pour se haïr, décident de raconter leur histoire et de se battre pour la paix dans le cadre de l'association des Combattants pour la paix.
À l'hôtel Everest à Jérusalem, au début, ils n'étaient que onze lors des réunions : quatre Palestiniens, sept Israéliens. le thème de l'Occupation (de la Cisjordanie) est sur toutes les lèvres. Bassam n'en revient pas d'entendre les Israéliens présents la dénoncer ouvertement, et se rend compte qu'un autre point commun est que tous avaient un jour voulu tuer des gens qu'ils ne connaissaient pas. Pour Rami, cette guerre n'est pas la sienne et cet Israël n'est pas celui dont il avait rêvé.
Rapidement, Rami et Bassam se retrouvent pour ainsi dire tous les jours et cela devient leur travail pour l'association du Cercle des Parents : raconter ce qui est arrivé à leurs filles. Pour devenir membre du Cercle, il faut avoir perdu un enfant, faire partie des endeuillés Israéliens, Palestiniens, juifs, chrétiens, musulmans, athées.
Rami, qui est graphiste confie les rênes de sa société à son associé. Il a soixante-sept ans, Jérusalémite de la septième génération. Il a épousé Nurit et ils ont eu quatre enfants, dont Smadar. Il est un Israélien hostile à l'Occupation.
Bassam, qui travaille au Ministère des sports et aux Archives palestriniennes, réduit ses heures de présence. Il a quarante-huit ans, il est Arabe, marié, originaire d'Hébron et habite à Jéricho. Il étudie l'Holocauste.
Les deux hommes deviennent les amis les plus improbables qui soient.
Pour Rami, avant, un Palestinien était un homme qui vivait sur la face cachée de la lune. Aujourd'hui, il a honte de cette époque. Il l'avoue.
le tournant, dans ce livre survient à la page 305 avec les prises de conscience exprimées longuement de chacun des deux hommes.
Une oeuvre grandiose, étonnante, un peu longue par moment, mais très bien documentée et rappelant que la douleur due à la perte d'un enfant est universelle.
Extrait : « Tant de choses relevaient du récit historique, mais ce qui le préoccupait, sans cesse, était la durée du présent, combinée aux échos du passé, au moment où on essayait de négocier un meilleur avenir. »


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Meilleur livre lu en 2022.
Comment une douleur partagée peut se transformer en opportunité d'oeuvrer pour la paix entre deux pays qui se déchirent depuis si longtemps.
L'histoire réelle de deux pères, l'un juif israélien, l'autre musulman palestinien,
qui perdent une fille, l'une victime d'un attentat palestinien, l'autre d'un tir de militaire israëlien. Ils se rencontrent et surpassent leur douleur pour témoigner et inciter à une solution au conflit, écouter l'autre...

Ce livre devient d'une actualité criante. A lire de toute urgence
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Des terres plurimillénaires.
Deux peuples sémites.
Un holocauste au XXème siècle.
Une résolution des Nations-Unies en novembre 1947.
Qui, tous deux, facilitent la création d'un État juif en 1948.
La "Catastrophe" pour les palestiniens (la "Nakba"), un exode de 900.000 personnes.
75 ans de guerres.
Bassam, palestinien, et Rami, israélien, qui comme tant d'autres veulent et oeuvrent ensemble pour la paix.
Bassam et Rami qui s'appellent l'un l'autre "mon frère".
Une "solution à deux États" de moins en moins crédible.
Des dirigeants qui manifestement n'en veulent pas.
Des implantations illégales de plus de 600.000 colons.
Qu'en faire en cas de "deux États" ? Les renvoyer ?
En hébreu "Catastrophe" peut aussi se dire "Shoah".
Une actualité épouvantable.
Qui, chaque jour depuis le 7 octobre, efface l'avenir.
Un apeirogone infini de causes et de conséquences.
M. Antonio Guterres, Secrétaire Général de l'ONU : "le monde et l'Histoire nous regardent. Il est temps d'agir."
32 vetos américains sur des résolutions liées au conflit depuis 1967.
L'institution des gens de paix tourne en rond.
Lorsque le nombre de côtés de l'apeirogone tend vers l'infini, ce polygone ressemble à un cercle.

Au fait, concernant le livre "Apeirogon" de Colum McCann je vous conseille de lire les critiques de :
> HordeDuContrevent
> afriqueah
qui parlent merveilleusement de ce roman hors normes de l'écrivain irlandais.
Un livre à relire plusieurs fois pour en ressentir la profondeur et en comprendre la compassion absolue. Compassion qui serait une clef de paix, si les hommes aux manettes le voulaient vraiment.
Un livre unique, rare, indispensable.

Rami et Bassam : "ça ne s'arrêtera pas tant que nous ne discuterons pas."
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Apeirogon, de Colum McCann, est un magnifique plaidoyer pour la paix en Palestine-Israël. Un de ces livres qui me retournent le coeur et me donnent de l'espoir malgré le chaos. C'est l'histoire de deux hommes que tout prédispose (un contexte historique et géopolitique) à être ennemis: Rami Elhanan est israélien et Bassam Aramin palestinien. Colum McCann dans son Apeirogon (figure géométrique au nombre infini de côtés) convoque les oiseaux migrateurs, les poètes, les écrivains (Borgès), les peintres, Einstein, Freud, l'histoire de cette terre promise et occupée, les différents protagonistes qui y habitent, les récits bibliques, les mathématiques, la chimie... Et avec tous ses ingrédients essaimés le long de son récit il esquisse l'antidote aux violences subies et infligées, la paix. La paix portée par deux hommes, qui infuse inlassablement, silencieusement. Très beau livre.
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