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Ce livre est intéressant car il parle de ceux dont on ne parle jamais, les oubliés de la terre. En l'occurrence, Colum McCann évoque la vie de ceux qui ont fait New York au travers de ses tunnels de métro et de ses gratte-ciels, mais également des SDF qui habitent sous terre.
Est évoqué également le racisme qui sévissait (et sévit encore ?) dans cette cité-monde et le problème des couples multi-ethniques.
On ne peut qu'être reconnaissant vis-à-vis de ces gens qui ont risqué leur vie (voire l'ont perdue) pour fournir les infrastructures dont nous avons pu ensuite bénéficier.
L'écriture est simple et efficace.
L'ensemble est en revanche un peu long et l'on a quelque fois du mal à s'y retrouver entre tous les personnages du roman.
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"Je veux me réveiller
Dans une ville qui ne dort jamais
Et constater que je suis le roi de la colline"
Franck Sinatra New York New York

Le beau mirage que ce New York faiseur de reines et de rois d'un jour !
C'est une tout autre ville que nous fait découvrir Colum Mc Cann dans son roman : Les saisons de la nuit. L'envers du décor en quelque sorte... Nous partons à la rencontre de ceux qui ont bâti N.Y et qui ont construit, au début du XXe siècle, au péril de leur vie, le tunnel ferroviaire sous l'East River reliant Manhattan à Brooklyn. Migrants de toutes nationalités, ils ont creusé dans le froid glacial de l'hiver, dans la chaleur de fournaise des puits souterrains ce tunnel qui sera le début d'un réseau labyrinthique !
Dans une écriture précise et minutieuse, l'auteur nous donne à voir, à sentir l'habileté de ces hommes, leur fierté face au travail de titan qui est le leur, leur courage et leur solidarité dans les moments de joie et de peine...
Car le tragique fait souvent irruption dans leur quotidien : moments forts que l'auteur évoque avec brio dans une écriture qui s'emballe comme dans cette scène haletante où Mc Cann évoque un terrible accident survenant en plein creusement du tunnel !
Même courage, même détermination chez les bâtisseurs du ciel, ceux qui vont ériger les premiers gratte-ciel... Même talent de l'auteur, qui là encore, brosse des tableaux saisissants, où la maîtrise technique de ces voltigeurs du ciel le dispute à la formidable ivresse qui s'empare d'eux, lorsqu'ils s'élèvent dans le ciel new-yorkais, à la conquête d'un espace aérien encore vierge !
Tunnels et gratte-ciel de New York... le Ciel et l'Enfer !
Tous ces travailleurs anonymes qui ont bâti cette cité mythique paient un lourd tribu à sa construction : addiction à l'alcool et autres substances psychotropes pour oublier la fatigue, le danger et les douleurs d'un corps prématurément vieilli. Ces conduites à risque sont omniprésentes dans le roman et concernent encore plus les "damnés de la Terre", ceux qui vivent dans l'Enfer, le vrai : l'underground new yorkais, ce monde des tunnels construits par des prédécesseurs qui n'avaient pas atteint le niveau de déchéance humaine qui est le leur...
L'évocation de ce monde invisible au grand jour, de cet univers d'immondices, de bouteilles d'alcool, d'aiguilles et de graffiti iconoclastes et vengeurs est proprement terrifiant et hallucinant. Non moins saisissante est l'évocation de ceux qui y vivent : Treefrog, Papa Love, Elijah, Angie, la seule femme, tous ont touché le fond du désespoir et survivent dans ce cloaque où la violence est présente sous toutes ses formes : viols, bagarres, insultes, automutilation, Mc Cann ne nous épargne rien sans jamais tomber dans le voyeurisme car il y a dans la trajectoire de ces êtres humains une violence du destin qui confine au tragique.
Un destin inéluctable que le leur ? C'est en tout cas ce que j'ai ressenti à travers la trajectoire des deux héros principaux : Nathan Walker, venu de sa lointaine Georgie pour bâtir le tunnel sous l'East River et Treefrog, un bâtisseur du ciel tombé dans ce monde souterrain que sont les tunnels new yorkais.
Qu'ont en commun ces deux hommes ? C'est la question qui se pose tout au long du roman et la structure en deux temporalités - le début du 20ème siècle et la fin - maintient le suspense narratif jusqu'à la fin. Elle nous enferme dans un étau qui peu à peu se resserre et nous laisse pressentir le drame final. le caractère inéluctable de la convergence de ces deux trajectoires de vie, mis très subtilement en lumière par la structure narrative ne donne que plus de poids au déterminisme social dont Mc Cann dénonce le côté implacable et destructeur tout au long du roman. Qu'il s'agisse du racisme largement évoqué et des violences policières présentes dans tout le récit, Nathan Walker et Treefrog ont été confrontés plusieurs fois à des événements liés à ces deux thématiques, d'où le caractère tragique de leur vie en dépit des moments de bonheur qu'ils ont connu...
Les saisons de la nuit : un roman fort, puissant avec des héros dont la violence du destin nous renvoie souvent à l'actualité qui est la nôtre, non moins violente sous d'autres formes...
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« Les saisons de la nuit » où les deux récits croisés de deux afro-américains : « Treefrog », sans abri vivant dans les bas-fonds new-yorkais au début des années 1990. Et celui de Nathan Walker, terrassier, travaillant à la construction d'un tunnel sous la rivière Hudson à partir de 1916. Et dont la vie sera rythmée par les nombreux changements sociaux qui ébranlent les États-Unis tout au long du XXÈME siècle. Deux récits dont on devine assez vite qu'ils ne feront plus qu'un, et qui emmènent le lecteur dans l'abîme de la misère et de l'exclusion.

C'est un tout autre New York que l'auteur nous invite à découvrir. Celui que le lecteur est habitué à connaître est, pour ainsi dire, inaccessible. Seul compte les méandres des sous-terrains, de la construction des tunnels, et de leur occupation des décennies plus tard par les sans-abris. Et passant de l'horizontalité à la verticalité la plus extrême, l'écrivain nous invite à suivre le quotidien des bâtisseurs des gratte-ciel. le New York fantasmé n'existerait pas sans ces deux réalités que l'auteur choisit de mettre en lumière.

Bien qu'irlandais, expatrié à New York, Colum McCann s'inscrit dans une tradition américaine. J'admire particulièrement la faculté qu'ont les auteurs anglo-saxons (et particulièrement les américains) à mêler divers niveaux de lecture. À la fois, restituer avec fidélité un environnement social, interroger la place des personnages, tout en émettant un jugement critique sur l'Histoire américaine qui ne tombe jamais dans une indignation forcée.
Et quand la réalité crue est portée par une plume aussi poétique que celle de McCann c'est un pur bonheur de lecture.
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Les saisons de la nuit.
Colum Mc CANN

New York de 1916 à 1991, nous suivons le destin de Nathan Walker, et son fils.
Le père était de ceux qui ont creusé à la pelle et la pioche les profondeurs abyssales de NY pour y faire passer des métros, des conduites d'eau ou canalisations d'égouts pendant que s'autres étaient les hommes araignées construisant les gratte-ciel.
Payés une misère et risquant leurs vies au quotidien , nous suivons quatre amis à travers ces épreuves.
Walker a un double handicap puisqu'il est noir et pauvre.
Le suivre dans ces sous-sol est une visite incroyable.
Soixante dix ans plus tard nous suivons le surnommé Treefrog, un sdf qui vit sous la ville comme un rat, comme une taupe et nous découvrons alors que le dessous de cette ville grouille de pauvres, d'exclus, de drogués, d'alcooliques, de malades psychiatriques.
Nous y rencontrons l'obscurité absolue, le bruit infernal du trafic ferroviaire et la crasse la plus noire.
La violence pour garder le peu de possessions matérielles, la recherche d'amitié et le besoin de solitude.
Nathan Walker en 1916, Treefrog en 1991, même combat ? Même histoire ?


Un roman extrêmement bien écrit sur ces conditions de travail abominables et la violence de la pauvreté.
Tout y est jusqu'aux odeurs que l'on peut se représenter.
Il y a aussi le terrible accident de 1916.
Une fresque familiale et sociale sur le racisme et les mariages mixtes, les conditions de travail, la précarité de ces emplois et les conséquences sur la santé de ces hommes.
C'est un livre qui met en lumière ceux d'en dessous qui ont tout donné et tout perdu pour que New York brille et que s'élève ses beaux gratte-ciel.
Je ne l'oublierais pas.
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Un superbe roman qui nous plonge dans le New-York du XXe siècle. Il alterne entre la vie d'un terrassier (dont l'histoire débute en 1916) et celle dans les années 1990 d'un homme SDF qui utilise les tunnels creusés par ces mêmes terrassiers près d'un siècle auoaravant.

Column McCann dresse un somptueux tableaux d'un New-York oublié mais qui possède aussi ses histoires. L'atmosphère est vraiment immergeante et bouleversante. Les personnages sont extrêmement réalistes. On sent le soucis de réalisme par les dialogues très soignés, en particuliers ceux entre les SDF mis en lumière par l'auteur.

La double trame narrative est très plaisant et offre un très beau final ! J'ai été totalement conquis par ce roman !
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Dans les 3 romans de Collum McCann que j'ai eu l'occasion de lire , j'ai retrouvé comme chez Steinbeck ou Dos Passos, cette manière identique de parler des petites gens , des gens ordinaires, au plus près de leur quotidien, de leur trajectoire et en les inscrivant comme les héros ordinaires qui ont fait l'Amérique.
Mais ici encore une fois, comme dans Transatlantic , Colum McCann s'attache à une séquence temporelle beaucoup trop longue et l'on a guère le temps d'approcher la galerie de personnages présents notamment dans le premier de ce récit en alternance qui couvre plus d'un demi-siècle. Personnages trop vite esquissés comme une promesse de rencontre qui ne se réalisera pas .
Ce sentiment de frustration s'atténue néanmoins à la lecture du second récit qui s'attache moins aux trajectoires des personnages qu'à la description poignante du quotidien de survie de ces êtres que la vie a jeté à la rue.
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J'ai lu ce roman LES SAISONS DE LA NUIT comme un surfer attaque une vague : au commencement en recherche d'un grand auteur américain, j'ai scruté Babélio et le flot d'avis sur la littérature américaine, j'ai repéré cet auteur, COLUM McCANN, avec l'espoir qu'il m'offrirait l'adrénaline tant attendu et je me suis lancé sur LES SAISONS DE LA NUIT, en confiance, grâce à son grand succès parmi vous les Babéliotes.
Et là, le bonheur total : un démarrage au ralenti avec un texte au style fluide et rassurant, suivi d'un plongeon sur la vague à un moment clé du roman, celui au-delà duquel le retour ou l'abandon n'est plus possible. L'histoire de ces terrassiers, creuseurs de tunnel pour le métro à New york au début du XXème siècle, se précipite et vous emporte, avec ses personnages truculents, ses rebondissements incroyables ( pourtant des faits réels) qui vous transportent au coeur du récit comme si vous y étiez. Être de ces héros-là, c'était vivre une expérience humaine marquante par sa brutalité et par le dépassement de soi qu'il imposait.
Puis dans le flot des pages qui se tournent, entrainées par le souffle régulier d'un vent marin, je me suis laissé enivré tout au long du roman par l'acuité de l'auteur, avec ses choix des mots et des tonalités de son texte, à nous faire prendre conscience de l'existence d'un monde souterrain qui grouille de vie, une vie intense, souvent dure, parfois violente, et même surhumaine. On rit comme on pleure, en compagnie des héros qui rient et qui pleurent avec nous.
Pour enfin laisser le temps au récit d'adoucir son histoire, poser les destins, préparer la chute, la mienne, vertigineuse, à comprendre que ma vie, bien tranquille, ressemble à l'allure d'un surfer qui a fini sa vague et qui retourne à la plage, bien tranquille, avec le souhait tout au fond de lui de recommencer l'expérience, de s'immerger à nouveau au milieu de la déferlante, avec l'eau qui l'englobe, la vie qui l'embrasse.
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Je souhaitais lire un livre américain, certes, mais, celui-ci a un petit quelque chose en plus.
Que ceux qui pestent sur les réseaux sociaux doivent se demander ce qu'ils mettent dans leurs suivis, car, c'est en ayant sous les yeux la page de la librairie Millepages à Vincennes que j'ai pu avoir ce conseil. Effectivement, ils avaient filmé la visite impromptu de François Busnel dans leurs rayons.
Et, je le rejoins complètement après cette lecture, c'est un livre sur New York et sa construction. Les ouvriers qui se sont occupés des tunnels sous l'Hudson, ou, des gratte-ciel ont été complètement oublié aujourd'hui. D'ailleurs, c'est un sujet malheureusement d'actualité avec le projet du Grand Paris où il y a encore eu un décès dernièrement.
Effectivement, on est plus à la même époque, cependant, les patrons qui ne pensent qu'au profit aux dépens de ceux qui creusent, c'est toujours le cas.
Il y a de la poésie du quotidien entre ces lignes, même quand on suit ce personnage vivant sous la terre. Des fois, on s'ennuie avec lui, jusqu'à la toute fin où tout s'enchaîne en même temps que le levé du voile sur son identité. On lit en parallèle le destin de Walker qui m'a complètement fasciné. Il est donc temps de remettre sous la lumière du jour, les saisons de la nuit de Colum McCann.
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On devine parfois, dès les premières pages, que l'on tient entre les mains un grand roman. Il y a une force dans le récit, une puissance, des personnages si vivants. Peut-être aussi cette scène spectaculaire ouvrant l'histoire, que l'imagination, en dépit des mots, peine à concevoir, contribue-t-elle à cette première impression...

"Les saisons de la nuit" évoque New-York, ses bâtisseurs anonymes, ses sans-abri. Il y a dans ce récit de la crasse, de l'amour, de la simplicité, du racisme, l'idée de rédemption. Et il y a des tunnels qui relient les époques, participant à la construction magistrale du roman.
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Les saisons de la nuit/Colum McCann
Les différents thèmes qui constituent l'intrigue de ce beau roman ont New York pour cadre.
D'abord les terrassiers, immigrants irlandais ou italiens, qui vers 1916 creusent les tunnels pour le futur métro avec les moyens de l'époque. Puis leurs descendants qui construisent les gratte-ciel. C'est le noir Walker originaire de Géorgie qui est notre héros, victime d'un racisme à tous les instants de sa vie et que les hasards dramatiques vont conduire à épouser la veuve de son collègue O'Leary, mort tragiquement au chantier, un mariage d'amour qui doit rester clandestin :
« L'obscurité les dérobe aux regards : bien que mariés, ils vivent une histoire d'amour illicite. »
Mais aussi le monde des sans-abri qui dans ces mêmes tunnels ont recréé un univers à leur dimension sous la cité prospère. Nous sommes alors à l'époque moderne, 1991 et Treefrog, curieux pseudonyme, est notre héros des profondeurs obscures hanté par le souvenir de sa femme Dancesca et de sa fille Lenora qu'il n'a plus revues depuis des années.
Plusieurs générations de travailleurs, leurs amours, leurs tragédies et les vexations dues à leurs origines sont évoquées en une fresque admirable par l'auteur dans un style qui adoptant le présent propose du rythme et de l'immédiateté au récit.
Des amours délicates ou sauvages, bercées par la musique de Louis Armstrong ou le passage régulier des trains dans un vacarme de fin du monde avec la drogue, l'alcool et la violence en guise de viatique. Un paysage d'amour et de haine, de brutalité et de férocité, mais aussi de tendresse dans la douleur.
Et puis, habileté du récit, les deux histoires vont se rejoindre dans le temps et l'espace.
Un livre dur, très noir, passionnant, abordant le thème rarement évoqué du monde des sans-abri.
Colum McCann est un écrivain irlandais né à Dublin en 1965. Il a écrit plusieurs romans et des nouvelles qui ont obtenu divers prix littéraires. Il vit à New York aujourd'hui.
Un chef d'oeuvre assurément.
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